jeudi 21 août 2014

Lyanne était reparti sans attendre la fin de l’histoire. Il avait repris son vol. De signe en signe, il approchait de son but. Il le sentait. Le Dieu Dragon l’avait mené là où il désirait, donnant à Lyanne les signes dont il avait besoin. Il volait vers le pays des Cousmains. C’était un peuple guerriers. Y trouverait-il la paix ?
Les nuages étaient bas et Lyanne suivait son instinct. Il était capable de garder un cap même sans visibilité. Il sentait son corps jouissant du mouvement de ses muscles. S’il tenait cette vitesse, il estimait voir la terre dans deux jours ou trois s’il prenait le temps de chasser quelques poissons.
Sous la lune, le pays Cousmain lui apparut d’abord comme une longue ligne jaune orangée sur l’horizon. En s’approchant, il découvrit les profondes failles qui le parcouraient. C’était autant de ports naturels, chacune des failles pouvant être défendue par une poignée d’hommes résolus. Il pensa qu’en arrivant par là, il commencerait pas combattre et ce n’était pas son intention. Il jugea préférable d’arriver par la terre. Le vent lui était favorable. Il se laissa porter, survolant ces profondes vallées sans s’arrêter.
La pâle lumière nocturne lui montra un long plateau qui était barré très loin par une chaîne de montagnes, le désert des Cousmains. Il se posait la question de la vie dans ce monde minéral quand il repéra la petite lueur du feu d’un campement. Planant loin au-dessus, il repéra les étincelles vitales de toutes les créatures vivantes dans cette région. Il fut étonné d’en trouver autant. Il se concentra sur celles au moins de taille humaine. Hormis le petit groupe autour du feu, il n’y en avait pas. Il fut alerté par des sentiments de violence qui allaient et venaient comme le flux et le reflux de la mer. Il se concentra sur ces sensations, contactant de nombreux esprits animaux. Il y trouva le souvenir de la morsure de la chaleur et la sensation du froid de la nuit.  Si la faim tenaillait la majorité des estomacs, le besoin d’eau enflammait les gorges. Brutalement, il sentit l’exultation du chasseur attrapant sa proie pendant que disparaissait l’étincelle de vie anéantissant toutes sensations. Les hommes étaient plus calmes. La chasse avait été bonne, le repas copieux. Ils se reposaient tranquillement. Dans ce désert, il n’y avait nul besoin de sentinelle. Le sable et le vent suffisaient. Malheureux était celui qui ne connaissait pas les points d’eau. Ses ossements rejoindraient la poussière du sol.
L’aube pointait quand Lyanne se posa. Il était assez poche du groupe qui se reposait. Il souleva du sable que le vent emporta. Non loin de là, il découvrit des restes humains. Si le squelette était bien blanchi, les habits avaient moins mal supporté le séjour dans le désert. De la gourde, il ne restait que le système de fermeture et la lanière de portage. Le manteau était quasiment intact. Le cuir qui le composait avait été tanné avec art. Il était encore souple. Par contre l’étui de l’arme n’avait pas eu cette chance. Le long couteau de pierre à manche d’os reposait à terre. Les autres vêtements étaient composés de lambeaux plus ou moins abîmés. “Qui avait été cet homme ? Quand avait-il vécu ?” furent les questions qui vinrent à l’esprit de Lyanne. Il pensa qu’il était mort de soif, peut-être perdu dans une tempête de sable. Avec beaucoup de délicatesse, comme s’il craignait de déranger un dormeur, Lyanne dégagea le manteau. En le prenant, il comprit pourquoi il était ainsi conservé. C’était un objet marabouté. Le porter revenait à porter une armure. C’était un manteau couleur cuir naturel. Il se fondait bien dans le paysage. Les couleurs étaient en harmonie. Quand Lyanne avait posé la main dessus, il avait senti ce frisson particulier des forces magiques. L’objet s’était plié à sa volonté en ravivant ses couleurs. Il le tourna dans tous les sens et découvrit le dessin. Il sursauta. On voyait un grand oiseau rouge et jaune. Mais était-ce bien un oiseau ? Avec un petit peu, un tout petit peu d’imagination, on aurait pu y voir un dragon. Il le mit sur ses épaules, une petite fibule en or, petite forme ailée, fermait le col. Les premiers rayons du soleil vinrent jouer avec. Lyanne se mit en marche. Il gravit une première dune, suivie d’une deuxième et continua ainsi son chemin. En milieu de journée, il n’avait toujours pas atteint le campement qu’il visait. Il pensait pourtant s’être posé assez prêt. Il commença à douter. Se serait-il trompé de direction ? Un petit écart au départ pouvait avoir de fâcheuses conséquences. Il se remémora ce qu’il avait vu d’en haut. Pourtant il lui semblait bien reconnaître cette dune. À moins que ce ne soit la suivante. De nouveau, il escalada la pente mouvante. Arrivé en haut, il put sourire, devant lui se tenaient les restes d’un feu. Il descendit dans le vallon sans se presser. Les hommes étaient partis. Il se pencha sur le feu. Les cendres étaient encore chaudes.
- Ne bouge pas, étranger ! dit une voix derrière lui.
Lyanne leva la tête. Il découvrit un homme couvert d’un manteau de la même couleur que le sien, une lance à la main, prêt à l’embrocher. Lentement, il se retourna pour découvrir son compagnon dans la même posture. Les autres surgirent bientôt, l’encerclant de toutes parts.
- Les gens de ta race sont pas les bienvenus ici, reprit l’homme.
- Quelle est ma race ? demanda Lyanne maintenant entièrement enveloppé dans le manteau trouvé. 
- Fais pas l’idiot ! On connaît les marabouts comme toi. Ils sont toujours signe de malheur.
- Dis-tu cela à cause du manteau que j’ai trouvé ?
- T’as trouvé ça où ?
- Si tu vas à une demi-journée de marche par là, tu trouveras les restes d’un homme à qui appartenait ce manteau. Son arme était de pierre et sa gourde vide.
- Et tu dis que t’as ramassé son manteau ! T’es qu’un menteur ! Tous ceux qu’ont voulu le faire ont eu la main brûlée.
- Tu dis sûrement vrai. Je viens d’un pays où cette magie est sans pouvoir.
Il sentit les hommes autour de lui remuer. Celui qui était à sa droite prit la parole :
- L’est pire qu’les marabouts ! Faut l’tuer tout d’suite !
Celui qui était à gauche s’exprima à son tour :
- L’a pas d’eau ! Y a qu’à l’laisser ! Y va crever comme l’autre ! Même les marabouts doivent boire !
Le premier homme qui avait parlé, cria :
- SILENCE !  Chmaragon !
Et il partit à reculons en même temps que tous les autres. Bientôt Lyanne se retrouva seul. Il escalada de nouveau le flanc de la dune en suivant une des traces. Il la vit s’éloigner en ligne droite. Le vent qui soufflait déjà commençait à l’effacer. Il soupira. Il n’aurait même pas le temps d’en rattraper un avant que les traces ne soient emportées par le vent. Ce premier contact n’était pas ce qu’il espérait. Il soupira de nouveau et se remit en route. Le prochain point d’eau était assez loin, autant ne pas traîner. Il se doutait qu’il y retrouverait les hommes qui l’avaient encerclé. Le point le plus positif qu’il trouva dans les événements était qu’il n’avait pas été obligé de les tuer.
Le soleil commençait à décliner quand il entendit le bruit. C’était plus une vibration qu’un bruit. Plus que ses oreilles, il sentit vibrer sa poitrine. Quel animal pouvait avoir un tel cri ? Il perçut deux séries de sons et revint le silence. Il reprit sa marche, s’interrogeant sur ce qu’il venait de percevoir.
C’est parce qu’il était resté en alerte qu’il ressentit la faible vibration qui le traversa. Bien que différent dans sa modulation, c’était bien le même genre de cri, mais venant de beaucoup plus loin. Peu après vint une troisième vibration d’une autre direction. Ses oreilles de dragon l’aurait probablement mieux perçue.
Quand la nuit tomba, il avait ainsi entendu tout un échange. Il soupçonna les hommes de ce désert d’utiliser quelque chose pour pouvoir ainsi communiquer sur de longues distances. Lyanne ne s’arrêta pas de marcher malgré le manque de lumière. Il entendit autour de lui tous les petits chasseurs nocturnes se mettre en quête de proies. La chasse était ouverte, restait à savoir : qui chassait qui ?
Tous les sens en alerte, Lyanne avait marché toute la nuit. Le vent soufflait toujours, lui servant de boussole, tout en effaçant ses traces. Il avait repéré une ou deux fois des dessins dans le sable à demi effacés, qui pouvaient être le signe qu’un pied humain s’était posé là.
Au matin, le vent tomba et très vite la chaleur devint intense. Toute la faune du désert s’était réfugié à l’abri des rayons du soleil.  Lyanne continuait comme si de rien n’était. Dragon de glace et de feu, cette chaleur lui était seulement agréable, elle le nourrissait presque lui communiquant un surplus d’énergie. De nouveau, il entendit les étranges vibrations. Seulement, elles étaient maintenant toutes derrière lui. Il pensa à trois groupes différents qui communiquaient ainsi, trois groupes de chasseurs. Cela lui évoqua les meutes de loups. Une de leur technique favorite était de prendre en tenaille le gibier pour le rabattre sur une autre partie de la meute. Cela le fit sourire. Il n’était plus dans la tenaille.
Plus la journée avançait et plus le sable devenait chaud. Il entendit craquer les rochers se fendant sous la chaleur. Il vit les ondes de chaleur s’élever tout autour faisant danser le paysage. Ce fut une longue journée solitaire. Il marcha en évitant de monter au sommet des dunes. Il n’était pas nécessaire qu’il se fasse repérer. Quand arriva le soir, il sentit une odeur, une odeur mouillée. Il se dirigea en la suivant. Il vit les premiers arbres à la lueur de la lune. Ils dépassaient la dune qui était devant lui. Il l’escalada.
Arrivé à mi-hauteur, il entendit des mouvements de piétinement non loin de lui. Il vit un troupeau de bêtes qui lui étaient inconnues. Courtes sur pattes, râblées, elles avaient senti Lyanne et tentaient de s’éloigner. Il avait fait à peine deux pas dans leur direction qu’une lance l’arrêta.
- Qui t’es, toi ?
Immédiatement deux autres silhouettes jaillirent de l’ombre. Armés de lance, les gardiens le menacèrent. Lyanne s’arrêta.
- Je suis l’inconnu, répondit-il.
- Il a un manteau-oiseau, dit un des hommes derrière lui.
Les lances s’abaissèrent.
- Bienvenu, homme au manteau-oiseau. Nous avons entendu les cordes-son et nous craignons les hommes des sables. Ils viennent nous voler nos bêtes.
- Je suis la cause de leur alerte, répondit Lyanne. Je les ai rencontrés hier.
- Tu les as rencontrés hier ! Alors tu es un vrai homme-oiseau. Sinon tu ne serais pas là ce soir. Toi, dit le chef à un gardien, va prévenir le marabout.
Lyanne vit un homme saluer et partir en courant.
D’autres ordres fusèrent dispersant les hommes qui s’étaient rassemblés.
- Je suis Braeguen, homme-oiseau, dit l’homme qui était resté en s’inclinant. Viens, suis-moi.
Il descendit la dune vers le point d’eau. Lyanne le suivit. Les bêtes s’écartèrent prestement à son approche dégageant un large espace autour d’eux. Ils arrivèrent à un village de tentes qui ressemblait à une fourmilière dans laquelle on aurait donné un coup de pied.
- Suis-je la cause de cette agitation ? demanda Lyanne.
- Oui, homme-oiseau, voilà bien des générations que nous n’avions pas reçu d’hôte comme toi. Aujourd’hui nous sommes bénis de t’accueillir.
Braeguen s’arrêta devant une petite tente, plus haute que les autres, il s’effaça en faisant signe à Lyanne d’entrer.
Simplement éclairé par une petite lampe à huile, l’intérieur était sobre. Un tapis chamarré couvrait le sol. Dans un coin, un coffre patiné par le temps était ouvert. Un vêtement était posé à cheval sur le bord. Une table basse ronde, finement ciselée, occupait le centre de l’espace. Un homme se leva. Il était âgé, aux cheveux blancs et à la barbichette rare. Bien que courbé, il se déplaçait avec souplesse.
- Homme-oiseau ! Homme oiseau !
L’émotion semblait le paralyser.
- Jamais je n’aurais cru voir un homme-oiseau de mon vivant !
Se tournant vers l’extérieur, il cria :
- Qu’on amène le doormin, aujourd’hui est jour de fête !
Puis il se tourna vers son coffre et alla prendre le vêtement à moitié sorti. Il le leva et Lyanne put voir la reproduction infidèle de ce qui décorait le manteau. Le vieil homme le revêtit.
- Je sais, je sais, ce n’est qu’une bien pâle copie…  Assieds-toi, on va amener le doormin et on le partagera.
L’homme était tellement ému qu’il en tremblait.
- Vieil homme, j’ai trouvé ce manteau dans le sable…
- Oui, oui, répondit le vieux, mais tu es homme-oiseau. Nul autre que les hommes-oiseaux peuvent porter ces vêtements. Les couleurs sont vives. Tu es vie, tu es homme-oiseau. Ta venue est bénédiction.
Une femme entra faisant force courbettes, elle déposa un plateau sur la table, s’inclina profondément devant le vieil homme et s’aplatit quasiment devant Lyanne pour lui toucher les pieds.
- Que fait-elle ? demanda-t-il.
- Va, Nouscra ! N’embête pas notre hôte.
Relevant la tête pour regarder Lyanne, il ajouta :
- Nombreux sont ceux qui vont vouloir te toucher. Rares sont ceux qui ont vu de leurs yeux un tel événement. Le doormin est là, partageons-le pendant qu’il est chaud.
L’homme s’assit en tailleur invitant Lyanne à faire de même. Il servit le liquide brûlant dans des timbales en bois sombre.
- Qu’est-ce ? demanda Lyanne.
- Le doormin ! C’est la plante sacrée par excellence. Pour faire ce pot, il a fallu un an de récolte et des sacrifices. Nombreux sont les cueilleurs qui ne reviennent pas. Son rôle est indispensable dans le rite de la vie. Sans cette plante, nulle femme ne pourrait être femme, nul homme ne pourrait être homme. Chacun y trempe les lèvres et la timbale passe de l’un à l’autre.
- Aujourd’hui j’interromps le rite si je bois tout cela.
Le vieil homme éclata de rire.
- Ta présence est comme mille récoltes, homme-oiseau. Mais bois, bois…
Lyanne trempa les lèvres. La saveur était douceâtre. Il sentit l’énergie contenue et le poison qu’elle représentait. Il regarda le vieil homme qui se mouillait juste les lèvres. Lyanne continua à boire. Le doormin était feu. Sa nature dragon l’accueillit avec plaisir, tout en pensant que n’importe quel humain qui boirait cela s’écroulerait raide mort. Il posa la coupe et regarda le vieil homme :
- Quel est ton nom ?
- Je suis Storguez, homme-oiseau et je me prosterne…
Tout en parlant, il s’était incliné jusqu’à terre. Se relevant, il cria  :
- Il a bu le doormin ! IL A BU LE DOORMIN !
Autour de la tente, ce fut une explosion de cris de joie. Bientôt un tambourin se mit à résonner, une flûte se joignit à lui, puis ce furent des chants.
- Viens, homme-oiseau, allons faire la fête, dit Storguez, demain nous parlerons.

mercredi 6 août 2014

Quand Lyanne revint sur l’île de l’oracle, le soleil était encore derrière l’horizon même si l’aube éclairait déjà le paysage. Il repéra les bateaux qui approchaient. Il estima qu’ils toucheraient terre avec la marée. Sans attendre, il plongea vers le sol et vers la forêt se posant sur une branche basse. Autour de lui ce fut un sauve-qui-peut général. Tous les animaux mirent de la distance entre eux et lui. Il ne put s’empêcher de sourire de ce phénomène. Lui savait qu’il avait chassé sur les terres au-dessus de Tichcou. Ici l’odeur du dragon réveillait la peur chez tous les occupants de ces bois. Reprenant sa forme humaine, il se laissa glisser sans bruit à terre et se dirigea silencieusement vers la maison de l’oracle.
Trend l’attendait. Sa mine renfrognée trahissait la contrariété.
- L’Oracle m’a dit de vous attendre. Par votre absence, le doute est entré en sa personne m’a-t-il dit.
Lyanne ressentit tout le désagrément que Trend en retirait.
- Mais vous êtes là… Comme il l’espérait. Je dois vous transmettre sa demande. Quand les bateaux seront là, venez sur la plage.
Ayant dit cela, il s’inclina et repartit vers le bâtiment central.
Lyanne entra dans la maison qu’on lui avait réservée. Il y trouva des provisions pour le premier repas de la journée. Tout cela avait été préparé avec soin. Il prit un fruit pour le grignoter en attendant. Les bateaux seraient là avec la marée et lui aussi.
Il pensait à la suite quand on frappa à l’huis. Il se retourna pour voir la suivante de la princesse s’incliner profondément :
- Ma maîtresse demande votre présence, maintenant si cela est possible…
Sa voix était sévère, loin de la légèreté de la démarche de la nuit dernière. Lui faisant un signe montrant le chemin, il se mit en route.
Ils traversèrent l’esplanade. Beaucoup de gens s’y déplaçaient, armes au point.
- Que se passe-t-il ? demanda Lyanne.
- Les gardes disent que l’Oracle a vu passer l’aile de la puissance au-dessus de l’île et qu’elle s’y est posée. Les animaux de la forêt ont fui en masse. Tout le monde est inquiet.
- La princesse aussi ?
- Surtout la princesse...
Tout en regardant les gens au bord du mur extérieur, ils poursuivirent leur chemin. Arrivée devant la maison de la princesse, la suivante fit de nombreuses courbettes. Myinda l’arrêta :
- Si tu crois que cet étranger fera plus que nous, tu te trompes !
La suivante dégagea son bras que le soldat tenait d’une main de fer, releva la tête dans un air de défi et reprit sa progression. Myinda l’ayant lâchée, se tourna vers Lyanne :
- T’avise pas d’y toucher...
Après avoir jeté un regard noir à Myinda, la suivante souleva la tenture pour le faire entrer dans la pièce où était Vyovyolin. Il la trouva à peine couverte d’un fin voile, allongée sur une pile de coussins, l’air perdu...
Il s’approcha et lui prit la main :
- Quelle est cette peur qui vous occupe ?
Languissante, la princesse eut un certain mal à répondre.
- Ah ! Aaaah ! Ye prenais un bain dans la vasque là-bas quand un gros animal est arrivé, toutes griffes dehors… Y’ai crié pour demander de l’aide mais personne n’est venu. Le monstre s’est approché de moi avec un grondement sourd montant du fond de ses entrailles. Y’ai cru ma dernière heure arrivée. Et brutalement après avoir regardé autour de lui, il est parti à toute vitesse.
Lyanne lui tapota la main, comme on essaye de consoler un enfant.
- La bête est partie… la bête est partie… vous ne risquez plus rien. Les gardes de l’oracle vont repousser celles qui restent.
- Ye sais, mais l’oracle n’a pas prévenu. Elle aurait pu dire, puisqu’elle voit l’avenir. Mais là rien ! Elle se dit perturbée par une force qui semble ne pas faire ce qu’elle avait senti.
Lyanne remarqua que pour Voyvoylin, l’oracle était une femme. Il reprit la parole :
- Tant que je serai près de vous, le risque sera absent.
Voyvoylin eut un pâle sourire. Cela amusa Lyanne qu’elle déploie ainsi des efforts pour lui plaire.
- Les bateaux vont bientôt arriver, ajouta-t-il. Je vous attends dehors.
Quand il voulut se lever, elle s’accrocha à lui. Il décrocha ses bras en disant doucement :
- Jeune princesse, celui qui est pour vous, est ailleurs qu’en moi.
Il sortit sans se retourner pendant qu’elle lui criait :
- YE VOUS HAIS...
Les gardes apparurent en l’entendant ainsi élever la voix mais s’arrêtèrent en voyant Lyanne devant la porte. La servante lui jeta un regard noir tout en se dépêchant d’entrer avec des vêtements dans la chambre de la princesse.
Lyanne s’adossa au mur pour attendre que Voyvoylin finisse de se préparer. La marée serait bientôt haute. L’accostage allait se faire. D’où il était, il voyait le chemin qui conduisait à la plage. Des serviteurs de l’oracle allaient et venaient. Il y eut l’appel d’un cor venant du large auquel répondit le gong de l’esplanade. C’était le signal pour que tous se rendent au bord de la mer. La princesse apparut, altière, dans une superbe tunique aux broderies ouvragées. Lyanne s’approcha et lui offrit sa main. La princesse le regarda un instant avant de poser la sienne dessus. Ils s’engagèrent ainsi sur le sentier suivis par les gardes qui s’étaient mis en formation.
Quand ils arrivèrent sur le chemin du bord, ils virent des voiliers manœuvrant pour accoster.
- Les connaissez-vous ?
- Le bateau à voiles bleues vient des landes de Ryalmak. À son bord sont les guerriers des tribus qui ont yuré allégeance à Kayallin. Dans l’autre bateau, viennent les fidèles de Yourtalin. Ils lui ont yuré fidélité et refusent de voir comment il laissait tout aller et comment il a vendu notre terre. L’oracle va départager les deux camps pour éviter une guerre.
- Mais Yourtalin est mort !
- Oui, son corps n’est plus, mais son esprit demeure. C’est pour ça que l’oracle veut nous faire monter au sanctuaire primordial devant la statue du premier oracle. Seule cette force peut nous libérer de cet esprit devenu mauvais.
Lyanne regarda les délégations descendre à terre. Elles s’ignoraient où plus exactement faisaient comme si l’autre n’existait pas. Lyanne fut surpris du nombre de soldats que transportait chaque bateau. Lourdement armés, ils semblaient être de redoutables guerriers. L’oracle était déjà arrivé. Sa silhouette voûtée faisait face aux arrivants. Les deux colonnes arrivèrent à la berge. L’oracle leur fit signe de s’arrêter avant de sortir de l’eau.
- Pourquoi êtes-vous venus ? demanda-t-il d’une voix qui surprit Lyanne. C’était un chuchotement que tous pouvaient entendre malgré la distance. Il en admira la magie.
- MON NOM EST RYENNAP et ye suis venu en paix, dit l’un des chefs en levant ses deux mains ouvertes au-dessus de sa tête.
- MON NOM EST OYLER ET YE SUIS VENU EN PAIX, répondit l’autre chef en faisant le même geste.
- Que demandez-vous en abordant ces rivages ?
- Moi, Oyler, ye suis venu demander la lumière de ton savoir, toi qui guides le peuple.
- Moi Ryennap, ye suis venu demander la lumière de ton savoir.
- Sachez que quiconque pose le pied sur cette terre doit suivre la loi de cet endroit. MALHEUR à qui ne s’y soumettrait pas.
Les deux chefs de groupe parlèrent en même temps :
- Que la paix soit ma compagne si y’obéis, et que la mort me frappe si ye refuse de suivre tes paroles.
Tout en parlant, les deux orateurs se regardaient d’un œil méchant.
- Alors si vous êtes prêts à obéir en tous points, faites un pas en avant et venez chercher avec moi ce que vous êtes venus chercher.
D’un même ensemble, ils firent ce pas qui les amena sur le sable du bord de plage. Les deux cohortes suivirent leurs chefs sur la plage se rangeant derrière eux en deux colonnes. S’ils échangeaient des regards en coin, les soldats n’osaient pas se regarder. L’oracle se mit en mouvement avec lenteur. Kayalin était un peu plus haut sur la plage, regardant ce débarquement. La main toujours appuyée sur la main de Lyanne, Voyvoylin descendait le chemin.
L’oracle fit signe à Kayalin qui approcha. Se retournant vers les groupes armés, il leur fit un autre signe pour les inviter à venir vers lui. Ryennap fut le premier à se mettre en marche. Derrière lui, la vingtaine d’hommes levant leurs lances se mirent à avancer presque en sautillant. Voyant cela, Oyler fit aussi mouvement mais contourna l’oracle pour se positionner derrière son prince. Voyvoylin arriva  bientôt à leur hauteur.
L’oracle, le visage toujours caché par son capuchon, se tourna vers chacun des protagonistes comme pour les examiner. Le silence s’installa un moment. Lyanne sentit s’installer le malaise au fur et à mesure que le temps passait. Quand l’oracle prit la parole, ils furent tous surpris.
- Le roi Yourtalin a été jugé. Et son jugement est vrai. Il a payé pour avoir fait honte aux dieux de votre peuple.
Ryennap sursauta en entendant cela. Il allait parler quand l’oracle d’un geste de la main lui imposa le silence.
- Je sais la fidélité que te lie à Yourtalin. Je sais que le fils du roi est vivant et que tu es là pour être son champion. Votre peuple est toujours venu ici pour entendre la vérité. Aujourd’hui encore, tel sera ce qui sera.
Kayalin, à son tour, sembla prêt à parler. De nouveau l’oracle l’arrêta d’un geste.
- Je sais ton amour de la justice et de ton peuple. Je sais ce que tu as souffert. Aujourd’hui tu es venu pour parler d’avenir et non pour le passé.
Se tournant alors vers Ryennap, il ajouta :
- Fais venir Yenlinn.
Devant la figure ahurie de Ryennap, il ajouta :
- Je sais. Le fils de Yourtalin est à bord. Il doit être présent pour le grand oracle comme doit être présent la fille de Kayalin.
- Et lui, répliqua Ryennap en désignant Lyanne.
- Les augures réclament sa présence. Il sera témoin ou acteur. Le grand oracle nous le fera savoir. Maintenant fais ce que tu dois faire.
Sans s’élever, la voix était tellement chargée de puissance que Ryennap courut au bord de l’eau pour faire de grands signes au bateau. On vit alors un jeune homme apparaître sur le pont. Kayalin sursauta en voyant sa ressemblance avec son père. On le fit débarquer et un serviteur l’accompagna jusqu’aux pieds de l’oracle où il se prosterna.
- Relève-toi, enfant ! Je ne suis ni un dieu, ni ton maître.
Se tournant vers Lyanne, il ajouta :
- Toi, l’inattendu qui voisines avec l’insaisissable, je te confie ces deux jeunes qui sont l’avenir.
L’oracle fit un geste auquel répondirent ses serviteurs en accourant avec un siège porté par quatre solides gaillards.
Bientôt ils furent en route. Devant marchait un groupe armé de lances, aux aguets, suivi par un deuxième groupe rythmant la marche sur leurs tambours. Derrière suivait l’oracle, puis Lyanne entouré de Voyvoylin à sa droite et de Yenlinn à sa gauche. Encore en arrière en colonne par un, derrière Voyvoylin, on trouvait Kayalin, Myinda, Oyler et ses soldats et de l’autre côté Ryennap et les siens.
Le chemin était assez large et bien tracé. Lyanne reconnut le passage qu’il avait déjà emprunté. Hormis les tambours, on n’entendait aucun bruit. Ils marchèrent ainsi longtemps avant de faire une pause. Le chemin devenait plus étroit et plus escarpé. Lyanne vit les serviteurs de l’oracle lui poser des questions. Ils semblaient inquiets. Il s’approcha surprenant la fin d’une question :
- … les animaux ? Ce silence est anormal.
L’oracle leva la tête vers Lyanne.
- Viens-tu m’interroger ?
- Tes serviteurs semblent inquiets. Je m’en étonne.
- Jamais ce chemin n’a connu un tel silence. Les animaux semblent s’éloigner au fur et à mesure que nous approchons. Qui les rend aussi craintifs ?
- As-tu la réponse, ô oracle ?
- Vois-tu, porteur de puissance, l’aura qui t’entoure ?
- Je connais de moi, ce que je ressens dans mon monde intérieur. Puis-je me voir de l’extérieur ?
- Les animaux ressentent cette aura. Leur prudence est grande, comme ta puissance.
- J’admire leur sagesse. Puissent les hommes l’être autant !

Le voyage reprit peu après sur un chemin devenant plus abrupt. Lyanne aida Voyvoylin à plusieurs endroits. Les serviteurs de l’oracle étaient maintenant tous autour du siège pour le hisser. Seul un tambour continuait son battement régulier. Quand vint la nuit, ils étaient arrivés sous le cône terminal. La forêt laissait la place à la roche. Des roches taillées en plateforme formaient un lieu propice au bivouac. Chacun s’installa pour la nuit. Lyanne regarda les trois groupes. Il ne se sentait proche d’aucun d’eux. Il alla s’installer un peu plus haut sur une roche qui ressemblait de loin à un siège.
Il regarda les groupes vivre. Chacun était dans sa bulle. Si quelques regards étaient échangés, il n’y eut pas de rencontre entre eux. Bientôt les feux furent couverts et seuls les gardes restèrent attentifs.
Lyanne laissa flotter son esprit. Il se sentait à la frontière du domaine où régnait la vraie puissance. L’oracle n’en était qu’une parcelle. Le lendemain allait être intéressant.
Après un bref rayon de soleil matinal qui leur permit de plier le camp, la pluie s’invita sur leur chemin. Chacun avait sorti ce qu’il pouvait pour se protéger. L’oracle avançait sous un dais tenu par ses serviteurs. Lyanne avait fait un parapluie avec de grandes feuilles qu’il avait pris sur un des derniers arbres. Ils marchaient maintenant sur une roche nue et noire. Voyvoylin avait profité de la pluie pour se rapprocher de lui sous prétexte d’être mieux abritée. Yenlinn au contraire, voulait prouver sa vaillance et préférait marcher comme les hommes en se laissant tremper. Cela faisait sourire Lyanne. Il avait de la chance, pensa-t-il. Ici l’eau du ciel qui tombait était chaude. La matinée se passa ainsi. Chacun regardait le bout de ses pieds. La vision était limitée par le rideau de pluie qui les isolait. Quand arriva l’heure de se poser pour manger, ils eurent du mal à trouver un abri. Tous étaient mouillés sauf l’oracle. Ce fut un repas maussade. Ils rangeaient leurs affaires quand la terre trembla. Ce fut court mais tous se figèrent sur place. Le grand oracle se réveillait-il ?
- Ce n’est que la montagne qui frémit, expliqua l’oracle. Ne respirez pas les fumées. Vous en perdriez la vie.
La procession se reforma avec crainte. La pluie avait presque cessé. Lyanne comprit qu’ils étaient juste sous l’entrée. Encore un petit effort et ils prendraient pied là où avait vécu le grand oracle.
Quand les porteurs de l’oracle prirent pied sur la plateforme, de nouveau la montagne trembla. Ils virent même de la fumée s’échapper du cône au-dessus de leur tête. Lyanne arriva à son tour tenant Voyvoylin par la main pour l’aider à gravir les derniers pas, les plus escarpés. Yenlinn s’était aidé de ses mains et les avait précédés. Lyanne le regarda se figer. Il tourna la tête vers ce qui sidérait ainsi le jeune homme et à son tour, il fut rempli de surprise. Devant lui se tenait la gigantesque statue du grand oracle. Il comprit tout de suite. Le grand oracle avait été un dragon. Même recouvert de cette gangue de pierres qu’avait vomi la montagne, la silhouette ne pouvait être que celle d’un dragon. Il se sentit très ému à cette idée. Le dernier des dragons n’avait pas disparu depuis si longtemps. Il mourait d’envie de s’approcher mais l’oracle avait fait un signe pour leur intimer l’ordre de ne plus bouger. Il détailla ce qu’il voyait. La statue était à l’entrée d’une grotte gigantesque, non plus qu’une grotte c’était un tunnel qui traversait la montagne. Les roches de feu avaient dû passer maintes fois par ce chemin mais malgré leur présence, le tunnel restait impressionnant. Il repéra sur les parois en hauteur des traces. Son cœur se mit à battre plus vite. Cela lui rappela les lignes de la grotte aux dragons qu’il avait suivies lors de son initiation. Il se reprocha de ne pas être monté plus tôt pour les examiner. Il aurait été seul et aurait pu ainsi prendre son temps. Il se demanda comment il allait faire pour les voir. Devant ce qui avait été le nez du dragon, on avait dressé une pierre. L’oracle s’en approchait suivi de ses serviteurs tenant des plantes odoriférantes qui brûlaient en dégageant des odeurs suaves. Il commença à psalmodier. À chacune de ses pauses, la terre répondait par un grondement sourd.
- Le grand oracle lui répond, dit Yenlinn
- C’est la statue qui parle, répliqua Voyvoylin.
- La terre s’exprime, mais faites silence, leur intima Kayallin.
Lyanne ne quittait pas la statue des yeux. La terre tremblait à chaque grondement donnant l’illusion du mouvement à cette grande forme allongée. Intérieurement Lyanne se retenait pour ne pas devenir dragon. Tout dans ce lieu appelait sa forme rouge. C’est tout juste s’il entendait Voyvoylin et Yenlinn qui se disputaient à voix basse sur la suite des évènements.
La pluie cessa tout à fait mais le vent se leva. Les fumées issues du cratère se trouvèrent soufflées dans le tunnel. Elles passaient près d’eux les enrobant parfois de leur odeur méphitique. Les hommes toussaient, seul l’oracle semblait insensible à cela. Sur la pierre, il faisait brûler les plantes mais le vent en chassait la pauvre fumée la mélangeant avec les émanations de la terre.
Il leva les bras au ciel en criant quelque chose que le vent emporta. La terre y répondit par un tremblement de terre qui dura quelques secondes. Les hommes furent secoués, certains tombèrent. Voyvoylin se retrouva accrochée à Yenlinn dont les yeux fous trahissaient la peur. Lyanne s’était stabilisé en ancrant ses quatre pattes au sol. Il était maintenant la réplique rouge de la statue. Ce fut un cri dans l’assemblée quand ils découvrirent la grande silhouette au-dessus d’eux. L’oracle se retourna, leva la tête et se prosterna :
- Maître, vous êtes revenu...
Lyanne abaissa sa tête vers lui, provoquant un mouvement de panique parmi les guerriers et les serviteurs de l’oracle.
- Si je suis de la race du grand oracle, je suis autre.
- Tu es le signe promis, répondit l’oracle. J’ai senti ta puissance arriver sur l’île. Quelle est ta parole pour ce peuple ?
- Je dois aller dans la caverne pour lire ce que le grand oracle m’a écrit.
D’un mouvement vif, il se glissa jusqu’au tunnel. Sur les murs, il découvrit les lignes que gravent les dragons pour les dragons. Il mit ses pattes antérieures sur le mur et se mit à suivre les longues griffures dans la roche avec ses griffes. Ce fut comme si une parole naissait dans sa tête : « Bienheureux es-tu, toi qui viens. Ici et maintenant ton avenir prend corps. Il y a bien longtemps un homme est venu et est reparti après avoir fait la paix en lui-même. Son nom évoquait la grandeur de l’homme. Il avait beaucoup combattu, mercenaire d’un instinct destructeur. » Sans mot, mais nettement une silhouette blanche se forma devant ses yeux. Lyanne vit l’homme tout de blanc vêtu. Othman ! Il était sur l’île de Othman. Faisant quelques pas, il reprit son décryptage. « Tu as connu la guerre et tu as unifié ce qui devait l’être sauf toi. Aujourd’hui, tu dois être celui que tu es et aller vers ce qui fera des dragons l’avenir de ce monde. Le Dieu Dragon est le dernier des dieux du début des mondes. Sois à son service. Sois pacificateur. Tu voleras vers le pays des Cousmains. » Une autre image prit naissance devant ses yeux. Il voyait un monde de déserts et de falaises. Il sut vers où aller. « Alors tu trouvera une île où le feu de la terre bouillonne en permanence. Là est ton but, là est l’objet de ta quête, si en toi règne la paix. »
Les griffures s’arrêtaient là. Lyanne reposa ses deux pattes au sol. Il dominait toute la troupe de ceux qui étaient montés avec lui. Ils ne l’avaient pas quitté des yeux le temps qu’il parcoure le tunnel. Il revint vers l’oracle. Le voyant faire mouvement vers lui, ce dernier prit un panier d’herbes odorantes qu’il fit fumer en l’élevant au-dessus de sa tête.
- Fils du grand oracle, dis-nous la parole qui va nous éclairer !
- Que les opposés s’unissent, que les cœurs soient en paix et le pays sera en paix.
Il avait à peine fini de parler que la terre trembla violemment et une éruption débuta, un nuage de poussière les couvrit brutalement les rendant tous aveugles.
Quand le vent venu de la mer les dégagea, ils fuirent tous. Ils se regroupèrent un peu plus loin. Après la première explosion, et ce nuage, l’éruption sembla se calmer. De la lave jaillit du tunnel pour descendre en cascade incandescente vers la mer sur le versant opposé. Lyanne avait profité de la confusion, du manque de visibilité et de la panique pour reprendre forme humaine. Comme les autres, il toussait et larmoyait, les yeux irrités par la poussière noire qui les avait enveloppés.
Kayalin se tourna vers l’oracle :
- Qu’a voulu dire, le fils de l’oracle ?
- Il a dit ce qu’il a dit et tu as à discerner.
Ryennap s’était rapproché, ainsi que Oyler. Voyvoylin et Yenlinn étaient plus loin. Les deux jeunes semblaient complètement perdus.
Kayalin regarda les deux jeunes qui se rassuraient en se serrant l’un contre l’autre.
Se tournant vers Ryennap qui avait suivi son regard, il dit :
- Y’entrevois ce qu’il a voulu dire...
Ryennap regarda Kayalin en souriant :
- Ye crois que y’entrevois aussi...