La rencontre avec les militaires se fit à la fin de la matinée. La patrouille avait fière allure. Les uniformes étaient en bon état. L'armement comportait une épée, une lance ou un arc. Elle était forte d'une vingtaine d'hommes.
Lyanne admira la manœuvre. Quiloma aurait apprécié. Il resta au repos appuyé sur son bâton de pouvoir, enveloppé du manteau des hommes-oiseaux.
Un gradé s'avança vers Katvia. Les gardiens aux tenues boueuses et à la mine fatiguée faisaient triste figure.
- Les messagers parlaient de trois prisonniers. Où sont-ils?
- Nous avons été accrochés par les hommes des marais. Je n'avais pas assez d'hommes valides pour surveiller celui-là et les deux autres.
- Qu'est-ce qu'il a de particulier ?
- C'est le meilleur guerrier que j'ai jamais vu.
En entendant cela, le gradé fit un geste. Immédiatement cinq archers se mirent en position de tir. Lyanne les regarda faire sans bouger, comme si tout cela ne le concernait pas.
- Et les autres? demanda le gradé.
- Il y a un boiteux et un gamin. Eux sont des Cousmains, mais pas celui-là. Ils semblaient en adoration devant lui. Ils l'appelaient " homme-oiseau".
- Homme-oiseau dis-tu ?
- Oui, homme-oiseau.
Le gradé dégaina son épée et s'approcha de Lyanne toujours immobile.
- Tu as entendu ? Es-tu un vrai homme-oiseau ?
- Les Cousmains l'ont cru et sont en vie. D'autres ont refusé de croire et sont morts, répondit Lyanne en le regardant dans les yeux.
Le gradé affermit sa prise sur l'épée, passa derrière Lyanne. Il s'arrêta un instant et continua son tour. Revenu devant Lyanne, il lui dit :
- Ce manteau n'est pas à toi. Toi aussi, tu es un voleur.
- Tu dis des vérités et des mensonges. Ce manteau reposait sur un homme mort depuis longtemps. Je l'ai ramassé.
- Voilà des générations qu'a disparu le dernier homme-oiseau et tu arrives ici avec son manteau.
- Mes pas ont suivi les signes.
- D'où viens-tu ?
- Je viens de très loin, là où la terre gèle et où le blanc domine.
- Tes paroles sont des énigmes pour moi. Mon chef t'interrogera. Tu vas venir avec nous. Donne-moi tes armes.
Lyanne eut un sourire :
- Je porte simplement un marteau de forge à la ceinture.
- Où sont les autres armes?
- Qu'en ferais-je ?
Le gradé eut un geste d'énervement :
- As-tu une épée ou autre chose ?
- Je te réponds par la négative. Ces choses-là me sont inutiles.
- Mes archers vont te suivre. Au moindre geste suspect, ils t'abattront.
Le gradé se tourna vers Katvia :
- Quant à toi, va faire ton rapport immédiatement.
Les gardiens saluèrent et partirent, l'air encore plus las.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire