Ce que Lyanne ne savait pas, était que ses allées et venues n'étaient pas passées inaperçues. Certains gardes avaient remarqué la présence de ce curieux oiseau rouge. L'approche du jour de Bevaka et son apparition ne pouvaient être fortuites. Chacun y alla de son commentaire. Pour certains, le signe était favorable, pour d'autres, néfaste. Digrat fut prévenu par son ordonnance.
- Où a-t-il été aperçu ?
- On l'a vu près du donjon et près des appartements royaux, mon général. On le voit depuis l'arrivée de l'étranger. C'est peut-être quand même un homme-oiseau.
- Ils seraient revenus après tant et tant de cycles ? Surveillez et si vous voyez partir l'oiseau, allez voir dans sa chambre et qu'on vienne me faire un rapport.
- Bien, général. Les hommes sont inquiets. Cela les rassurera.
Sur les remparts, les gardes se mirent à plus surveiller l'intérieur du château que l'éventuelle venue d'un ennemi. Quand Lyanne se mit à la fenêtre, il fut étonné de voir tous les guetteurs tournés vers l'intérieur. Il se mit en retrait pour changer. Il s'envola. Il remarqua que plusieurs guetteurs se précipitaient vers les étages inférieurs. En s'éloignant, Lyanne eut un pressentiment. Plongeant sous les remparts, il fit plusieurs détours, passant hors de vue des guetteurs. Longeant le mur, il entra par la lucarne du lieu d’aisance, au moment où sa porte s’ouvrait. Il sortit du réduit pour découvrir les soldats qui entraient avec circonspection dans la chambre. Son apparition provoqua un mouvement de recul.
- Que cherchez-vous ?
- Euh !!! On nous … on nous a signalé des bruits suspects…
Le gradé qui répondait, fit des signes de retrait à ses hommes. Il firent retraite rapidement.
- Je pensais que vous seriez tous à accueillir votre roi.
Le gradé marqua un temps d’arrêt :
- Notre roi ?
- Oui, je sens sa force toute proche.
Le gradé se retira tellement vite que cela fit rire Lyanne. Il l’imagina aller voir Digrat pour le prévenir. Il se mit à sa fenêtre. Au loin, il sentait une puissance qui approchait rapidement. La forteresse devint comme une fourmilière. Ce fut une onde de mouvement qui s’étendit vers l’extérieur. On entendit sonner une trompe au loin. Sur le donjon, la vigie répondit en sonnant à son tour un air inconnu de Lyanne. Immédiatement l’agitation augmenta. Plus personne ne regardait vers ses fenêtres, tous les hommes sur les remparts scrutaient le lointain. Lyanne en profita pour s’envoler, petite silhouette rouge aux yeux d’or sur le ciel noir des rejets du Frémiladur. Cette puissance l’intriguait et en même temps l’inquiétait. Il n’avait jamais ressenti cela.
Il repéra la troupe qui approchait. Ils étaient montés sur des bêtes rapides qui ressemblaient au tracks mais en plus fins. Cinq personnes galopaient devant un groupe plus important composés de soldats. Lyanne se concentra sur les cavaliers de tête. Le premier tenait bien droit une lance avec un étendard. Derrière venait le roi. Lyanne n’avait aucun doute. Sa tenue était trop fière pour être celle d’un subalterne. Après lui venait, sa copie mais en plus jeune, en plus raide aussi. Là où le premier montrait de la prestance, le second se montrait hautain jusque dans sa monte. Fermant la marche de ce premier groupe, deux cavaliers, emmitouflés dans leurs manteaux. Le plus mince portait devant lui un écrin. Aux yeux de Lyanne, il brillait d’une pâle puissance. Le temps pressait. Dans quelques jours, l’écrin ne contiendrait plus qu’une relique. En repartant vers la forteresse, Lyanne était sûr que le jour de Bevaka était très proche.
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