Modtip tremblait de tous ses membres. La terre tremblait, le volcan explosait. L’atmosphère elle-même était sens dessus dessous. Malgré la chaleur et les vapeurs délétères, il ne ressentait aucune douleur mais préférait rester derrière le rocher sans rien voir. Le fils du roi était recroquevillé en boule dans un coin sanglotant comme un enfant. Cappochi avait jeté un regard de mépris vers le fils du roi et avait hurlé sa joie face au chaos.
- Enfin, la force est pour moi.
Cappochi se sentait régénéré par cette chaleur et la force du volcan. Il s’approcha de la gueule du volcan qui crachait sa lave vers le ciel. Il ne bougea même pas quand une partie de la roche en fusion lui retomba dessus. Les bras en croix, il reçut comme un cadeau cette lave qui lui brûla la chair, mettant les os à nu. En se dégoulinant, la roche dessina les contours improbables d’un être qui hurlait:
- JE SUIS LE ROI ! LE MONDE EST À MOI !
Et puis Cappochi sembla devenir comme une flamme jaune, jaune et noire. L’être innommable qui l’habitait prenait pied sur la terre des hommes. Une silhouette qui ne cessait de grandir se tourna vers le fils du roi.
- Tu voulais régner … et bien, tu vas régner… mais tu vas apprendre à obéir. DEBOUT !
Le fils du roi resta prostré. Cappochi fit un geste de son bras de feu. Ce fut comme si le fils du roi avait pris un coup de fouet. Il hurla de douleur lui qui ne l’avait jamais connue.
- DEBOUT !
Il se mit tant bien que mal debout et retomba immédiatement quand la terre se mit de nouveau à trembler. Le corps difforme de Cappochi fermement campé sur des membres griffus resta debout. Il leva de nouveau le bras :
- Le roi est parti sans sa couronne ! dit Cappochi, la chaîne des successions est brisée. Mon temps est venu….
Il n’acheva pas sa phrase. Un choc le fit tomber. Un grand dragon blanc et or venait de le mettre à terre. Il se retourna fouettant l’air d’un grand filament zébrant une nouvelle colonne de lave d’une grande trace noire. Sentant une présence derrière lui, il vit le dragon blanc et or se saisir des deux fils du roi et plonger vers la vallée. L’être immonde hurla. Bondissant à son tour, il sauta dans le vide.
Plus bas au pied du Frémiladur, tout le monde se cherchait un abri. Des pierres tombaient du ciel, brûlantes et mortelles. Plus loin, sur les contreforts, la colonne des courtisans s’était prudemment arrêtée, attendant que le danger s’éloigne.
- Regardez ! Qu’est-ce que c’est ?
Sur le fond noir des fumées du Frémiladur, une ombre blanche se découpait. Derrière elle, semblant jaillir de la colonne de lave et de vapeur dont elle reprenait les couleurs, une forme indistincte dévala les pentes du volcan. Bien peu remarquèrent la petite forme rouge qui planait en arrière.
Louvoyant entre les bombes et les maelströms de vent, ce qui était une forme lointaine devint :
- Un oiseau de feu ! C’EST UN OISEAU DE FEU !
Ce fut comme un feu d’herbe dans un prairie sèche, tout le monde vint voir ce qui se passait, malgré la peur et le danger. Les soldats de la garde rapprochée qui avaient accompagné le roi au pied du Frémiladur, virent le grand dragon blanc et or cabrer brutalement les ailes pour poser à leurs pieds deux silhouettes recroquevillées.
Les soldats se précipitèrent pour les mettre à l’abri. Au-dessus d’eux dans un fracas qui dépassait le bruit de l’éruption, une avalanche de pierres arrivait. Le dragon déjà repartait, reprenant de la hauteur en donnant de grands coups d’ailes. Le flot de rochers chutant s’éloigna pendant que la terre se mit à trembler. Et puis ils virent quelque chose qu’ils ne purent décrire. Ça descendait de la montagne en rabotant la paroi, entraînant les arbres comme les roches vers le bas. Une sorte de pulsation malsaine faisait vibrer un ectoplasme jaune sale zébré de noir. Un hurlement en sortit.
- JE T’AURAI ET JE SERAI LE MAITRE !
Terrés sous l’auvent de pierres qui leur servait d’abri, les soldats se mirent à trembler en s’interrogeant.
- Mais c’est quoi ?
- C’est Cappochi, répondit le fils du roi, assis le dos appuyé à la paroi.
Le chef du détachement se retourna :
- Cappochi ! Mais c’est pas possible !
- Hélas si ! Sans l’arrivée de l’oiseau de feu, je serais, nous serions tous devenus ses esclaves.
- C’est l’oiseau de feu des légendes ?
- Je le crois, mais là-haut, le roi et Moayanne sont tombés dans la gueule du volcan.
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