Lyanne était reparti se glisser dans le convoi des courtisans qui avançait vers le Frémiladur. Il s’était mêlé à l’équipe des palefreniers en déclarant être envoyé par le chef cuisinier qui ne le supportait plus. Cela avait fait rire Miki, le responsable. Tout le monde connaissait leur antinomie même si personne ne savait le pourquoi.
Vu l’excitation qui régnait dans le convoi, son histoire n'intéressa personne. Un messager était venu porter la nouvelle de l’arrivée d’un oiseau de feu. L’effet avait été immédiat. Tout le monde avait oublié le Frémiladur et ses éruptions pour se hâter. Les rumeurs allaient bon train, les ambitions aussi. Les courtisans ne pensaient qu’à la manière d’entrer dans les bonnes grâces de l’oiseau de feu. Ils se faisaient raconter les légendes. Lyanne écoutait avec intérêt ce qui se disait. C’est ainsi qu’il apprit les différences entre les légendes de ce pays et celles du pays blanc. Si dans son royaume, on avait gardé les traditions depuis les premiers rois-dragons, ici les plus anciennes légendes remontaient à l’époque de la reine qui la première avait été oiseau de feu. Il entendit le récit du pirate, serviteur de l’oiseau qui avait été à l’origine de la transformation de la princesse en reine, puissante et crainte.
Le messager avait parlé de l’oiseau de feu et du couronnement de la princesse par le volcan. Lyanne entendit les échos des interrogations des courtisans. Tous avaient développé des stratégies si le roi restait roi ou si le fils du roi devenait roi sous la coupe de Cappochi. Personne n’avait prévu ce qui arrivait. Lyanne lisait dans leurs esprits la confusion et la peur. Tous avaient considéré jusque-là, la princesse comme une pièce mineure sur leur échiquier, une pièce pouvant être sacrifiée si besoin dans une alliance. Devenue oiseau de feu, serait-elle aussi puissante que son illustre ancêtre?
Comme toujours, les nobles discutaient entre eux sans se soucier des serviteurs. Lyanne était l’un d’eux. Le chef des palefreniers l’avait prêté à Savalli pour tenir la bride de sa monture. Si ce dernier tenait les cordons de la bourse d’une main de maître, il tenait à peine assis sur une monture. Ne pouvant se présenter à la reine à pied, comme un manant, il avait dû enfourcher une de ces bêtes qui le plongeaient toujours dans la crainte.
C’est ainsi qu’il arriva en vue du camp royal. Il était dans le groupe de tête. Le soleil était encore bas sur l’horizon quand il l’aperçut. Elle avançait rapidement, suivie par des gaillards presque deux fois plus grands qu’elle. Il sentit Savalli se redresser sur sa selle. Ce dernier se disait qu’il n’avait rien à craindre. Il avait bien fait son travail et si les caisses étaient vides, il fallait en chercher la cause ailleurs que dans son travail. La guerre ou plutôt les guerres menées par le roi avaient coûté cher. Le pire était qu’il n’avait pas réussi à sécuriser le royaume. Savalli ne voyait pas comment ils allaient encore pouvoir payer pour la prochaine campagne.
Si Lyanne lisait aussi bien les pensées de Savalli, Moayanne devait pouvoir en faire autant. Il ferma son esprit ne laissant qu’une image de coquille vide pour un sondage superficiel.
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