mardi 2 avril 2013

Les préparatifs pour le départ demandèrent du temps. Quiloma avait pris la direction des choses. Si Bogachalis et Saÿnnu avaient tout de suite trouvé leurs marques, Yaé restait à distance. Le roi-dragon avait demandé à ce que sa phalange et lui soient cantonnés dans un camp provisoire en attendant le départ. Le froid restait très présent à cette altitude, alors qu'à Tichcou, le dégel arrivait.
La phalange noire avait fait un fort de blocs de neige sur l'esplanade qui avait été dégagée près de la pierre qui bouge.
Le roi-dragon avait fait un séjour à Tichcou pendant que Quiloma planifiait l'expédition. Klatrim et Sstanch avait bien commencé l'organisation. Un nouveau convoi de flamintiens était arrivé, avec des vivres et des nouvelles du monde extérieur. La coalition des Izus et du général Saraya réorganisait ses forces pour la nouvelle campagne. Altanayo aurait trouvé refuge près de la côte de la mer sauvage. Dans son cas, les informations manquaient de précision. Le roi-dragon en avait conclu qu'il avait du temps pour régler les problèmes dans le pays blanc. Il avait donné des ordres à Kaltrim pour renforcer Tichcou et en faire une ville royale. Ce dernier avait des idées précises de ce que devait devenir la bourgade. Il demanda l'autorisation au roi-dragon de convoquer les ouvriers nécessaires. Il l'obtint sous-réserve de ne pas vider les coffres et de ne pas présurer la ville avec des impôts trop lourds. Il nomma Sstanch responsable du suivi des comptes. Avant de repartir, il lui fit cadeau d'un cylindre de pouvoir comme à tous les princes-dixième.
- Il sera notre lien. Si tu le prends dans tes deux mains comme ceci et que tu le poses sur ton front. Ta parole me trouvera où que je sois. Tu me feras un rapport chaque fois que deux mains de jours seront passées.
Le roi-dragon était reparti à pied avec l'équipe qui ramenait des vivres à la ville. Suivre le chemin qui remontait la vallée lui permettait de renouer avec certains de ses souvenirs. Il en fut heureux. En arrivant près de la cascade de son enfance, il sentit l'appel. Il s'arrêta au bord du chemin. Fermant les yeux, il posa le front sur le haut du bâton de pouvoir. Dans son esprit, vinrent les paroles de Quiloma lui apprenant que la phalange noire avait disparu. Il vit Quiloma ayant posé son cylindre de bois sculpté sur son front pour lui transmettre l'information. Plus que cela il sentit la culpabilité que ressentait Quiloma pour ne pas l'avoir vu plus tôt. Le roi-dragon sourit. Le vieux prince ne changerait pas. Les intérêts du royaume passaient avant son honneur.
Quand il arriva à la porte de la ville, Quiloma l'attendait.
- J'ai failli, mon Roi !
- Tu te tourmentes pour avoir obéi à mes ordres, Prince Quiloma. Yaé devait faire un choix. Il l'a fait. Depuis quand est-il parti ?
- Au moins trois jours ! Il a laissé quatre mains d'hommes derrière lui pour faire croire à sa présence.
- Les as-tu interrogés ?
- Oui, ce sont les transfuges des autres phalanges. Ils ont parlé d'un langage codé propre à la phalange noire et se sont sentis exclus. Yaé leur a laissé le choix de prononcer le serment noir ou de rester pour jouer la comédie.
- Tu vois, Prince Quiloma, eux aussi ont choisi. Savaient-ils ce qu'ils risquaient ?
- Oui, le konsyli qui est resté, m'a dit préférer la justice du roi à la soumission au maître de Yaé.
- Où sont-ils ?
- Je les ai fait enfermer dans la prison.
- Combien sont partis ?
- Une phalange et deux mains d'hommes.
Les deux hommes remontèrent vers Montaggone. Sabda s'approcha :
- Restes-tu avec nous ? demanda-t-elle.
- Les évènements m'obligent à changer mes projets, Sabda.
- Je ne te verrais pas, alors, ajouta-t-elle, l'air déçu.
- Espère, Sabda. Je te ferai savoir.
Elle les quitta en arrivant à la hauteur de la forge de Kalgar. Le roi-dragon regarda l'intérieur de l'atelier avec nostalgie. Il aurait bien aimé s'arrêter un peu pour s'occuper du feu. Il fit un geste à Kalgar qui lui rendit son bonjour avec un sourire.
Arrivé à la citadelle, le roi-dragon se fit amener le konsyli et les guerriers prisonniers. Le konsyli dès qu'il fut en présence du roi-dragon, mit un genou à terre et posant le poing fermé sur le cœur, il inclina la tête :
- Mon Roi, à toi je me soumets. Mes actes sont sincères et ma fidélité entière.
- Ta salutation est-elle vérité ?
- J'ai douté, mon Roi, mais aujourd'hui, ma soumission est totale.
- Alors approche ! Viens et touche le bâton de pouvoir. Si tes paroles sont vraies, tu vivras. Si tu mens, tu brûleras.
Le konsyli avala sa salive, se leva et s'avança. Levant la main, il la posa sur le sommet du bâton. Il y eut un éclair. L'homme cria en retirant sa main. Il regarda sa paume. Au centre de sa paume, un dragon rouge pulsait ses ondes de douleur.
- Ton serment est vérité, konsyli. Ma marque est sur toi.
On fit avancer les autres guerriers. Si certains avancèrent sans crainte, d'autres refusèrent. Il ne resta bientôt que quatre guerriers, les bas croisés sur la poitrine refusant de prêter serment et de toucher le bâton de pouvoir.
- La loi demande l'épreuve du combat, dit le roi-dragon. Elle aura lieu demain sur l'esplanade du bas. Emmenez-les !
Pendant qu'ils sortaient Quiloma s'approcha :
- Quelles seront leurs armes ?
- Deux épées à chacun.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire