Les préparatifs pour le départ
demandèrent du temps. Quiloma avait pris la direction des choses. Si
Bogachalis et Saÿnnu avaient tout de suite trouvé leurs marques,
Yaé restait à distance. Le roi-dragon avait demandé à ce que sa
phalange et lui soient cantonnés dans un camp provisoire en
attendant le départ. Le froid restait très présent à cette
altitude, alors qu'à Tichcou, le dégel arrivait.
La phalange noire avait fait un fort de
blocs de neige sur l'esplanade qui avait été dégagée près de la
pierre qui bouge.
Le roi-dragon avait fait un séjour à
Tichcou pendant que Quiloma planifiait l'expédition. Klatrim et
Sstanch avait bien commencé l'organisation. Un nouveau convoi de
flamintiens était arrivé, avec des vivres et des nouvelles du monde
extérieur. La coalition des Izus et du général Saraya réorganisait
ses forces pour la nouvelle campagne. Altanayo aurait trouvé refuge
près de la côte de la mer sauvage. Dans son cas, les informations
manquaient de précision. Le roi-dragon en avait conclu qu'il avait
du temps pour régler les problèmes dans le pays blanc. Il avait
donné des ordres à Kaltrim pour renforcer Tichcou et en faire une
ville royale. Ce dernier avait des idées précises de ce que devait
devenir la bourgade. Il demanda l'autorisation au roi-dragon de
convoquer les ouvriers nécessaires. Il l'obtint sous-réserve de ne
pas vider les coffres et de ne pas présurer la ville avec des impôts
trop lourds. Il nomma Sstanch responsable du suivi des comptes. Avant
de repartir, il lui fit cadeau d'un cylindre de pouvoir comme à tous
les princes-dixième.
- Il sera notre lien. Si tu le prends
dans tes deux mains comme ceci et que tu le poses sur ton front. Ta
parole me trouvera où que je sois. Tu me feras un rapport chaque
fois que deux mains de jours seront passées.
Le roi-dragon était reparti à pied
avec l'équipe qui ramenait des vivres à la ville. Suivre le chemin
qui remontait la vallée lui permettait de renouer avec certains de
ses souvenirs. Il en fut heureux. En arrivant près de la cascade de
son enfance, il sentit l'appel. Il s'arrêta au bord du chemin.
Fermant les yeux, il posa le front sur le haut du bâton de pouvoir.
Dans son esprit, vinrent les paroles de Quiloma lui apprenant que la
phalange noire avait disparu. Il vit Quiloma ayant posé son cylindre
de bois sculpté sur son front pour lui transmettre l'information.
Plus que cela il sentit la culpabilité que ressentait Quiloma pour
ne pas l'avoir vu plus tôt. Le roi-dragon sourit. Le vieux prince ne
changerait pas. Les intérêts du royaume passaient avant son
honneur.
Quand il arriva à la porte de la
ville, Quiloma l'attendait.
- J'ai failli, mon Roi !
- Tu te tourmentes pour avoir obéi à
mes ordres, Prince Quiloma. Yaé devait faire un choix. Il l'a fait.
Depuis quand est-il parti ?
- Au moins trois jours ! Il a
laissé quatre mains d'hommes derrière lui pour faire croire à sa
présence.
- Les as-tu interrogés ?
- Oui, ce sont les transfuges des
autres phalanges. Ils ont parlé d'un langage codé propre à la
phalange noire et se sont sentis exclus. Yaé leur a laissé le choix
de prononcer le serment noir ou de rester pour jouer la comédie.
- Tu vois, Prince Quiloma, eux aussi
ont choisi. Savaient-ils ce qu'ils risquaient ?
- Oui, le konsyli qui est resté, m'a
dit préférer la justice du roi à la soumission au maître de Yaé.
- Où sont-ils ?
- Je les ai fait enfermer dans la
prison.
- Combien sont partis ?
- Une phalange et deux mains d'hommes.
Les deux hommes remontèrent vers
Montaggone. Sabda s'approcha :
- Restes-tu avec nous ?
demanda-t-elle.
- Les évènements m'obligent à
changer mes projets, Sabda.
- Je ne te verrais pas, alors,
ajouta-t-elle, l'air déçu.
- Espère, Sabda. Je te ferai savoir.
Elle les quitta en arrivant à la
hauteur de la forge de Kalgar. Le roi-dragon regarda l'intérieur de
l'atelier avec nostalgie. Il aurait bien aimé s'arrêter un peu pour
s'occuper du feu. Il fit un geste à Kalgar qui lui rendit son
bonjour avec un sourire.
Arrivé à la citadelle, le roi-dragon
se fit amener le konsyli et les guerriers prisonniers. Le konsyli dès
qu'il fut en présence du roi-dragon, mit un genou à terre et posant
le poing fermé sur le cœur, il inclina la tête :
- Mon Roi, à toi je me soumets. Mes
actes sont sincères et ma fidélité entière.
- Ta salutation est-elle vérité ?
- J'ai douté, mon Roi, mais
aujourd'hui, ma soumission est totale.
- Alors approche ! Viens et touche
le bâton de pouvoir. Si tes paroles sont vraies, tu vivras. Si tu
mens, tu brûleras.
Le konsyli avala sa salive, se leva et
s'avança. Levant la main, il la posa sur le sommet du bâton. Il y
eut un éclair. L'homme cria en retirant sa main. Il regarda sa
paume. Au centre de sa paume, un dragon rouge pulsait ses ondes de
douleur.
- Ton serment est vérité, konsyli. Ma
marque est sur toi.
On fit avancer les autres guerriers. Si
certains avancèrent sans crainte, d'autres refusèrent. Il ne resta
bientôt que quatre guerriers, les bas croisés sur la poitrine
refusant de prêter serment et de toucher le bâton de pouvoir.
- La loi demande l'épreuve du combat,
dit le roi-dragon. Elle aura lieu demain sur l'esplanade du bas.
Emmenez-les !
Pendant qu'ils sortaient Quiloma
s'approcha :
- Quelles seront leurs armes ?
- Deux épées à chacun.
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