jeudi 22 décembre 2016

Ainsi parla Rma, le fileur de temps...

L'homme s’avançait en titubant. Il avait une épée dans la main droite et une flèche dans le flanc gauche. Il marchait dans un sous-bois dense et sombre, au-dessus, de grands arbres au feuillage dense étouffaient la lumière. Le vent et une forte pluie couvraient les bruits de la forêt. L'homme en était heureux. Cela effacerait ses traces et noierait son sang. Même le meilleur des chiens ne pourrait trouver sa piste. Il s’arrêta un moment, maintenant qu’il était sûr d'avoir semé ses poursuivants. Depuis que la bataille avait tourné au désastre pour lui et pour les siens, il fuyait. Il avait échappé plusieurs fois à ses ennemis. La dernière escarmouche avait failli se terminer par sa capture. Il avait pris une flèche et ne devait son salut qu'à un ours que ce remue-ménage avait dérangé et à l'orage qui s'était déclenché.
Il arriva à l'orée du bois. Devant lui, la colline se couvrait de prairies parsemées de rochers de toutes tailles. Il reconnut les lieux. L'espoir revint le visiter. Il allait peut-être recevoir de l'aide. Plus loin, dans la vallée, vivait un de ses fidèles serviteurs. Il s'engagea sur l'herbe glissante. Des trombes d'eau lui cinglaient le visage. Il atteignit le premier bloc de roches sans trop glisser en utilisant son épée comme un bâton. Il se reposa un moment. Les éclairs illuminaient le paysage. Il observa les alentours. Il était à flanc de colline, proche du sommet. La terre était détrempée. Les pluies étaient trop abondantes cette année. Il pensa que les récoltes seraient mauvaises. Il eut un sourire las. Il pensait aux récoltes alors qu’il n’était plus qu’une bête traquée. Devant lui, la voie était libre. Il essaya de voir la meilleure voie pour ne pas chuter sur ce passage pentu. Il repéra un peu plus bas une barre rocheuse. Le mieux serait de descendre pour l'atteindre. Il commença sa progression, la main gauche tenant la hampe de la flèche. Malgré toutes ses précautions, elle lui déchirait le flanc. Dès qu'il pourrait, il la couperait. Il était à mi-chemin de son objectif, quand il entendit un sourd grondement. Sous ses pieds la terre trembla un peu et d'un coup se déroba. Une bonne partie de la colline au-dessus de lui se liquéfia. L'homme fut emporté.
La coulée de boue se brisa sur les rochers en-dessous, les engloutit un instant et continua son chemin vers la vallée en balayant un groupe de soldats qui furetaient par là.