dimanche 28 juin 2015

Césure 3

Je commençais à désespérer de trouver le bout du tunnel quand j'entrevis une lueur.  J'accélérais le pas, profitant de la lumière, pour suivre les sinuosités du tunnel. Bientôt je rencontrais une autre étrange créature au corps serpentiforme. J'avais beau ne rien savoir selon le soldat, je savais quand même que le serpent est une bête maléfique sur les églises. Quand il me vit, son visage prit un air triste et contrarié.
- Ah, noble étranger ! Quel plaisir de vous rencontrer !
Je répondais par un sec bonjour.
- Je vous comprends, reprit l'être en face de moi. Mais si vous saviez quel est mon triste sort, alors que je n'ai que des bonnes intentions. Le Monde est injuste. Je suis sûr que vous-même vous avez déjà été victime de telles vilenies.
Je ne pus qu'approuver. Rien qu'au bureau, je vivais injustice sur injustice.
- J'ai tenté de corriger ce qui pouvait l'être. Mais les gens se sont mépris, surtout certains. Vous savez bien tous ces gens qui croient tout savoir mieux que les autres.
Ça aussi je voyais bien. Je commençais à me poser des questions sur tout ce que j'avais entendu. Qui était vraiment cet être serpentiforme ?
Nous discutions au milieu du tunnel juste éclairés par la lumière qu'il irradiait. Sa voix était assez douce, légèrement traînante. J'aurais pu continuer à l'écouter un bon moment. Il s'excusa de son manque de temps et s'éloigna de moi.
Je me retrouvais dans le noir. Mon moral était en baisse. Je ne savais pas quoi faire. C'est vrai que le chasseur était le grand fautif de l'histoire. Pourquoi m'avait-il entraîné dans cette histoire ?
Brusquement je fus ébloui. Me protégeant les yeux, je devinais une silhouette de géant.
- QUI ES-TU, PÈLERIN ? tonitrua une voix.
Je me collais contre la paroi, me demandant comment échapper à un tel être.
-Je,..., je cherche la sortie.
- LA SORTIE ? D'OÙ SORS-TU ?
-J'étais avec le soldat et puis ya un panotii qui a dit que les gouilles du nord arrivaient, alors le grand gaillard, celui qui a une tête penchée, m'a fait partir.
- LES GOUILLES DU NORD ARRIVENT ! JE VAIS ALLER LES RAMENER À LEUR PLACE !
La silhouette immense se mit en mouvement. Je poussais un soupir de soulagement quand la lumière cessa de m'éblouir. Comme je me tenais appuyé sur le mur, je décidais de m'éloigner du lieu de la rencontre. Une main bien posée sur le mur, je fis quelques pas. Le sol inégal m'inquiétait. Je tâtais du pied la solidité du prochain appui quand surgit une nouvelle fois, le géant à l'épée flamboyante.
- TU NE M'AS PAS DIT, PÈLERIN, SI TU AVAIS RENCONTRÉ QUELQU'UN AVANT MOI ? Pour me parler, il s'était rapproché. Je m'aperçus que c'était un chevalier sur son destrier. Son épée à double tranchant, émettait une forte lumière. J'en avais mal aux yeux, à nouveau.
Je n'avais pas très envie de dénoncer cet être avec qui j'avais échangé quelques mots et qui m'avait si bien compris. Le chevalier dut sentir mon hésitation car il reprit :
- TOI, TU AS RENCONTRÉ LE MAÎTRE DU MENSONGE ET IL A PRESQUE RÉUSSI À TE SÉDUIRE... VERS OÙ EST-IL PARTI ?
Instinctivement, je fis un mouvement de tête comme pour jeter un coup d'œil dans la direction du départ de l'être serpentiforme.
La lumière devint plus forte. C'était son épée qui semblait jeter des flammes. Elle était pointée derrière moi dans la direction qu'avait prise l'être serpentiforme. Mon cheval se cabra. Le chevalier le maîtrisa :
- IL CROYAIT M'ÉCHAPPER GRÂCE AU BROUILLARD DU DIABLE... SUS !
Et il éperonna sa monture.
- Quel votre nom ? lui demandais-je.
Il était déjà au triple galop quand il me cria :
- GEORGES !
Sa lumière mit du temps à s'éteindre. J'en profitais pour avancer rapidement. Quand le noir fut de nouveau complet, je fis une petite pause.

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