vendredi 10 mai 2013

Lyanne ne savait pas ce qui avait le plus impressionné les Gowaï. Était-ce le chant qu'il avait chanté dans leur langue ? Même s'ils avaient tous réagi en reprenant en chœur, il ne pensait pas. Sonfa avait sursauté quand il s'était présenté devant lui en donnant à voir sa forme d'homme. Il s'était presque mis à bégayer. Le Manonka avait bourdonné tout seul. Lyanne avait senti la crainte dans ses vibrations.
Quand il avait rejoint le fort de glace, Monocarna lui avait donné la solution de ce mystère :
- Vos yeux, majesté !
Lyanne ne comprenait pas. Il donnait à voir sa forme humaine. Ses yeux étaient normalement sombres. Il pensa qu'ils avaient pu devenir blancs comme ceux de la Groule. Il interrogea Monocarna.
- Non, Majesté, pas blancs, ils ont la même couleur que vos yeux de dragon rouge.
La réalité se fit jour en Lyanne. Il était maintenant vraiment roi-dragon, avec tout ce que cela impliquait de pouvoir mais aussi de responsabilité. Le temps était venu de rencontrer le Prince-Majeur et de vaincre son Bras. 
Les rencontres se poursuivirent. Si les Gowaï reconnaissaient Lyanne comme roi-dragon, ils n'acceptaient pas de poser les armes sans compensation.
- Le Gowaï ont connu le mal. La faute est chez les tiens, Dagon !
- Je le regrette, Sonfa. Le passé est hors de mon pouvoir. À l'avenir, les hommes du Royaume Blanc vous respecteront.
- Tes mots sont justes, mais les âmes du passé demandent un dédommagement à cause des vies fauchées. 
- Que désirez-vous ?
- Nos souhaits sont les plaines où soufflent les vents gelés quand vient la saison de la longue nuit et...
Sonfa marqua une pause comme pour écouter le Manonka. Il se tourna vers Lyanne avec un regard de crainte :
- Le Manonka veut des écailles.
- Des écailles ?
- Oui, les tiennes !
Sonfa tremblait en énonçant cela. Lyanne se raidit. Ses écailles étaient considérées comme sacrées par les hommes du Royaume Blanc. Les dragons en perdaient peu, voire pas du tout. Chacune des écailles perdues était recueillie et travaillée pendant de nombreuses saisons pour en faire des boucliers qu'on remettait aux champions des rois-dragons. Il en restait peu dans le royaume. Seuls les princes de haut rang en possédaient. Lyanne posa son regard d'or sur Sonfa et sur le Manonka.
- Que voulez-vous en faire ?
- Seules les écailles de dagon tiennent au feu et au gel. Chaque meute Gowaï en veut une.
Lyanne grimaça. Cela faisait beaucoup. Il savait qu'on appelait meute, les tribus Gowaï. Même ainsi, cela faisait beaucoup d'écailles.
- Je suis incapable d'arracher mes écailles pour faire ce que vous demandez. Redoutez-vous la paix ?
En disant cela, son corps de dragon avait repris plus de consistance. La délégation Gowaï prit peur, mais Sonfa bien que tremblant, ne bougea pas.
- La paix est à nous avec vous, Dagon. Tel est le souhait des Gowaï.
Le Manonka bourdonna plus fort. Sonfa le prit en main. Se mettant debout, il s'inclina.
- AU NOM DES GOWAÏ, ma bouche s'agite. Des écailles nous voulons ! Sache que la patience est alliée des Gowaï. Si toi, Dagon, tu dis les mots qui engagent afin que tes écailles tombées, viennent à nous, nous Gowaï nous nous engageons en face de toi : que finissent les attaques et les tués !
De sa voix profonde et riche d'harmoniques, le grand dragon rouge dit les paroles qui engagent.

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