samedi 11 juin 2016

Les mondes noirs : 50




Karabval s’appuya sur un arbre pour souffler. Il courait depuis si longtemps. Le sang avait séché et il pensait maintenant qu’il avait semé ses poursuivants. Sa chance avait été de croiser un Gouam. Ces bêtes énormes, qui écrasaient tout sur leur passage, effaçant les traces, et qui laissaient une odeur tellement prégnante que même le flair le plus aiguisé ne pouvait suivre la piste. Il palpa sa plaie. Elle était douloureuse. La lame avait provoqué une longue estafilade qui démarrait sous le sein pour finir sur le côté. Elle n’avait tranché que le muscle. Cela rendait la respiration difficile. S’il savait qu’il avait des poursuivants derrière lui, il ne les pensait pas si près. Il jura plusieurs fois. De la distance, voilà ce qu’il lui fallait. Sa respiration se calmait. Il réfléchissait. Comment laisser le moins de traces possible ? Il regarda autour de lui. Le paysage avait changé. Il était plus rocheux. Il alla s’asseoir sur une pierre plutôt plate. Il en avait assez de ce sol marécageux. Après cette course, ses pieds étaient à vifs. La peau, ramollie par trop d’humidité, était partie en lambeaux. Karabval grimaça en voyant l’étendue des dégâts. Il était épuisé. Il s’allongea sur la pierre en fermant les yeux. Quelques instants de repos lui feraient du bien. Après il lui faudrait reprendre sa course pour échapper à ses poursuivants.
Il y eut un clac, puis un deuxième. Karabval se réveilla en sursaut. Il s'était endormi sans même s'en rendre compte. Il se dressa sur son céans. Il découvrit des scales autour du rocher. Leurs claquements de mâchoires venaient de le réveiller. Était-il mort pour avoir droit à la réponse des scales ? Doucement, sans mouvements brusques, il sortit ses armes. La bête la plus proche renifla un grand coup et claqua bruyamment ses mandibules. Karabval fit de même en tapant sa dague et son épée. Le scale fit un bond en arrière.
Karabval se leva. Les autres scales claquèrent des mâchoires. Il claqua encore une fois le métal contre le métal. De nouveau les plus proches reculèrent. Il allait le faire une troisième fois quand survint la douleur, intolérable. Il se sentit à la fois comme broyé et comme si on l'avait jeté dans une fournaise. Il s'entendit hurler. Sa dernière pensée consciente fut que son cri serait comme un phare dans la nuit pour ses poursuivants.

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