dimanche 21 janvier 2018

Ainsi parla Rma, le fileur de temps... 35

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La matinée n'était pas ensoleillée mais il ne pleuvait plus. Youlba était allée porter ses combats ailleurs. Les bruits du village et de la fête passaient le haut mur. Le jardin où Riak se promenait faisait triste mine après toute la pluie reçue. Mitaou la suivait encore tout étonnée de l'honneur qui lui avait été fait. Tout cela grâce à Riak. Une autre invitée arriva dans le jardin. Comme Riak, elle était suivie par une novice. Sa silhouette empâtée laissait deviner son manque d’exercice. Contrairement à Riak, sous la tunique blanche et rouge, elle portait ses habits. Ce qu'on en voyait montrait la richesse de la propriétaire. D'âge mûr, elle avait l'habitude de donner des ordres. Sa voix claqua, sèche et impérieuse quand les deux hôtes se rencontrèrent. Elle ordonna aux nocives de s'éloigner. Quand elle fut seule avec Riak, elle la prit par le bras comme feraient deux amies et lui dit d'une voix plus mielleuse :
   - Je suis la femme de Khanane, prince de la descendance du roi Riou. Je fais ma retraite comme chaque année. La grande prêtresse a la bonté de m'inviter pour la fête. Nous ne nous connaissons pas. Quelle est votre lignée ?
Le seul contact de cette femme avait révulsé Riak. Tout son discours la mettait mal à l'aise. Elle ne savait que répondre.
  - Je suis Riak, femme de personne. La grande prêtresse m'a invitée à cause de mes cheveux blancs.
 - Je me doutais, chère enfant, des intentions de notre hôtesse. Elle ne peut s'empêcher de recueillir toutes celles qui ont cette blanche chevelure. Au moment où nous devisons ensemble, vous êtes la quatrième… mais je bavarde, je bavarde et je ne vais pas avoir le temps de faire ma méditation. Permettez-moi de vous laisser…
À peine avait-elle dit cela qu'elle lâchait le bras de Riak et qu'elle sortait du jardin, suivie de la novice qui courait pour la rattraper. Quand Mitaou se fût rapprochée de Riak, elle lui dit :
  - Méfiez-vous d'elle. Soko, la novice qui doit la guider, m'en a dit du mal. Le retour de la Princesse ne l'intéresse pas. Seules la puissance et la richesse trouvent grâce à ses yeux.
   - Je crois que j'avais compris, répondit Riak.
Elle se promena un moment. Étant habituée à être toujours occupée, Riak se trouva vite à court d'idée de déplacement. Elle dit à Mitaou qui la suivait toujours :
   - Je vais aller me reposer.
   - Bien, Noble Hôte, je vais vous conduire à votre chambre et je viendrai vous chercher pour l'audience.
Arrivée dans la chambre, une fois le rideau tiré, de nouveau, elle ne sut plus quoi faire. Machinalement, elle mit la main sur le médaillon. Elle se mit à chantonner doucement la mélodie qu'elle avait entendue à la cérémonie du matin. Elle se mit à danser et rapidement, se retrouva dans un état second.
Un bruit de pas la ramena à la réalité. Elle se sentait essoufflée et avait les joues rougies par l'exercice. Les pas s'arrêtèrent devant le rideau. Ce n'était pas Mitaou. Une prêtresse entra. Elle avait l'air furieuse. Elle pointa un doigt accusateur sur Riak et lui déclara :
    - Je te préviens tout de suite ! Quoi qu'il arrive, c'est moi qui serais la prochaine grande prêtresse. Alors ne te mets pas en travers de mon chemin...
Ayant dit cela, elle ressortit aussi vite qu'elle était entrée. Riak n'avait pas bougé, sidérée par cette apparition. Elle eut à peine le temps de se remettre que Bemba entrait.
    - C’est bientôt l'heure de votre audience et je ne voudrais pas que votre tenue ait le moindre défaut.
   - La femme de Khanane m'a dit qu'il y avait déjà trois personnes avec les mêmes cheveux que moi. Qui sont-elles?
   - Ah, vous avez rencontré la pimbèche… personne ne l'aime celle-là. La grande prêtresse n'a pas le choix. Il faut bien ménager la susceptibilité de Khanane. Il est influent. C'est un descendant du roi Riou. Mais la pimbèche a raison. Vous n'êtes pas la seule, Noble Hôte, à avoir cette blanche chevelure. Il y a d'abord notre mère à toutes, la grande prêtresse et puis il y a la mère Fannebuis. Elle, c'est une crème. Jamais un mot plus haut que l'autre et en plus elle a une belle voix. Bon elle a pas inventé l'eau chaude, mais elle est gentille, surtout avec les noires...
Bemba babillait tout en préparant Riak à la rencontre avec la grande prêtresse.
   - … Les noirs, c'est nous les servantes. Bien sûr ya aussi les bicolores. Vous avez les novices et puis les nonnes gardiennes… mais vous en connaissez certaines… mais si, rappelez-vous, Noble Hôte, celles que vous avez bousculées, la nuit de la salutation. Ça on peut dire que vous les avez impressionnées. Avant une mauvaise chute, j'étais comme elles… c'est pour cela que je m'entends toujours bien avec… d'ailleurs c'est Koulfa une bicolore, qui me disait que la mère Loilex avait toutes ses chances de devenir la prochaine grande prêtresse. Fannebuis n'a pas la stature et elle le sait. Elle ne se mettra pas contre la Loilex. Elle a trop peur. Quant à la dernière c'est encore une bicolore comme Mitaou. En plus elle est très jeune dans sa tête… le bruit court déjà que la Loilex est très énervée depuis votre arrivée, d'ailleurs Koulfa avait envie de voir pour parler certaines techniques de combat que vous avez utilisées quand vous….
Bemba s'arrêta net au milieu de la phrase et elle reprit :  
   -  Ah, Noble Hôte, vous voilà parfaite pour aller voir Notre Mère à toutes.
À peine avait-elle fini sa phrase que Mitaou entrait.



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