lundi 14 mai 2018

Ainsi parla Rma, le fileur de temps... 51

Si l’apparition du cheval blanc avait sidéré les seigneurs et les bateliers, Riak et les autres essayaient de courir. Leur guide, Baillonde, avait des difficultés à avancer. Les renégats l’avaient un peu trop abîmé. Heureusement pour eux, ils avaient atteint la berge dans une forêt après un village. Baillonde trébuchait souvent. Bemba et Jirzérou devaient le ratrapper. Pour une fois, pensa Mitaou, elle n’était pas la dernière. Jirzérou se sentait perdu. Il n’était plus sur l’eau et ne connaissait pas cet endroit. S’il avait déjà remonté et descendu le fleuve plusieurs fois, il n’était jamais descendu à terre. Ils escaladèrent une colline. Arrivés en haut, ils firent halte pour se reposer. Baillonde avait le souffle court. Riak, qui avait couru la dague à la main, rangea son arme. Tout semblait calme. Elle resta sur ses gardes en voyant un cercle de pierres entourant des restes de foyer. Des gens venaient par ici. Ils s’assirent. Riak demanda :
   - Qu’est-ce qu’on fait ? Et où va-t-on ?
   - C’était bien le cheval de la déesse, n’est-ce pas ? demanda Bemba en aidant Baillonde à s’asseoir.
   - Je ne sais pas, Bemba. Je ne comprends rien, répondit Riak. Ça nous a sauvé la vie, mais je ne sais pas comment c’est venu ni ce que c’est…
   - En tout cas c’était un cheval, dit Mitaou
   - On est encore assez loin du but, déclara Baillonde. J’ai pratiquement échoué.
   - Où est Nairav ? demanda Riak.
   - Il fallait remonter le fleuve jusqu’à la Lebchelle et aller à sa source.
   - On est déjà sur la bonne rive, fit remarquer Jirzérou.
   - Et si on passe par l’est ?
   - Il faut traverser toute la région des grandes plaines. Il y a beaucoup de monde, beaucoup de paysans qui sont prêts à nous dénoncer pour un sac de grains… Sans parler des seigneurs qui les dirigent… répondit Baillonde.
   - Sans compter qu’il va pas courir, fit remarquer Bemba. Ils l’ont salement amoché les autres sur l'île...
Riak se leva et fit les cent pas. Elle n’avait aucune connaissance du terrain, aucune idée du temps nécessaire pour aller à Nairav. Elle sentait juste que le fleuve n’était pas une bonne idée et qu’ils ne devaient pas rester ici longtemps. Les seigneurs se remettraient vite à leur poursuite. Elle s’arrêta devant Baillonde :
   - Saurais-tu le chemin depuis ici ?
   - Non, je ne connais que le passage par le fleuve jusqu’au canyon d’entrée… En fait je n’ai jamais été à Nairav même. Je sais que le monastère est perdu dans le dédale des canyons. Là-bas, un guide local devait nous emmener. Laissez-moi. Je vous ai dit tout ce que je pouvais. Je ne vais que vous ralentir.
   - C’est hors de question… ils vont finir le travail des renégats. Et si tu parles, tu es mort et nous aussi et Nairav aussi…
Riak marcha en rond en réfléchissant. Elle n’avait personne pour la guider. Elle prit son pendentif en main sans y penser. Cela l’apaisa. Elle soupesa les différentes options sans en voir une seule de viable… Dans son esprit, la seule certitude était qu’en restant ici, ils seraient à la merci des seigneurs. Elle s’arrêta brutalement, regarda les autres et dit :
   - On ne peut pas rester ici plus longtemps… On s’en va.
Bemba aida Baillonde à se relever. Jirzérou ramassa une bonne branche en déclarant que cela ferait toujours un bon gourdin. Riak en tête, ils prirent la direction de l’est. Ils marchaient assez lentement. Chacun remuait dans sa tête des pensées moroses. Entre les provisions qu’ils n’avaient pas et leur faiblesse, combien de temps allaient-ils pouvoir échapper aux seigneurs ?
L’après-midi passa sans qu’ils ne rencontrent personne. La forêt était grande. Vers le soir, ils entendirent les premiers aboiements.
   - On arrive près d’un village, dit Mitaou, le cœur plein d’espoir à l’idée de trouver un temple.
   - À moins que ce ne soit des chiens lancés sur nous pour nous trouver, fit remarquer Jirzérou.
Ils avancèrent prudemment. Les aboiements ne bougeaient pas. Ils en conclurent que les chiens devaient être attachés. Bientôt le bois devint moins touffu. Ils firent une halte sur une barre rocheuse qui surplombait une route. Tous se cachèrent. Les aboiements venaient de la droite. Ils exprimaient la colère. Riak, sentant son pendentif pulser, fit signe aux autres de ne pas bouger. Ils s’installèrent contre les arbres, un peu plus haut, heureux de pouvoir se poser. Baillonde était blanc d’épuisement. Jirzérou, qui n’avait pas l’habitude de tant marcher, ne sentait plus ses jambes. Bemba proposa à Riak de l’accompagner. Cette dernière fit signe que non.
   - Surveille ici, tu seras plus utile.
Riak entama sa descente vers la route, passant de tronc d’arbre en tronc d’arbre. Elle se rapprochait et de la route et du village. Un coude un peu plus loin gênait la vue. Restant toujours à distance de la route, elle fit mouvement vers le village, profitant d’un rocher ou d’un taillis pour courir. Elle se retrouva aplatie sur un rocher, observant l’entrée de ce qui était plus un regroupement de baraquements qu’un village. Deux hommes armés sur leurs chevaux, discutaient avec des piétons. Elle était trop loin pour entendre ce qu'ils se disaient. Son pendentif pulsait plus fort. Des seigneurs ! D'où elle était, elle entendait qu'ils donnaient des ordres. Elle vit un des chevaux renâcler. Son cavalier le reprit en main et brusquement les deux seigneurs prirent la route. Ils passèrent au petit trot devant elle.
   - Tu crois que ces partisans auront compris ? demanda l'un.
   - En tout cas, ils auront assez peur pour ne pas les aider.
Riak entendit le bruit des chevaux diminuer. Son pendentif cessa de bouger. Elle continua à se rapprocher du village. Quelques hommes discutaient encore à l'entrée. Quand elle fut assez près, elle les vit se disperser. Elle remarqua une des bâtisses entourée d'une palissade. Elle semblait un peu plus soignée. Quand elle vit sortir une femme tout en blanc, elle eut un sourire. Une sœur ! Peut-être que là, ils allaient pouvoir recevoir du secours.
Elle revint sur ses pas, restant attentive aux bruits. Elle trouva les quatre autres là où elle les avait laissés. Elle leur fit un bref résumé de ce qu’elle avait vu. Elle remarqua que Bemba semblait réagir à sa description du temple.
   - Dame Riak, Y avait-il une cloche à l’entrée du temple ?
   - Je n’ai pas remarqué, Bemba. Pourquoi ?
   - Les servantes de la Dame Blanche ne s’occupent pas que de temples. Il y a aussi des maisons pour accueillir et des refuges pour les pauvres. Au cœur de cette forêt, je ne vois pas pourquoi, il y aurait un temple, à moins que ce soit une ermite.
   - Nous accueillera-t-elle ?
Baillonde prit la parole :
   - J’ai un laissez-passer de la grande prêtresse.
Joignant le geste à la parole, il sortit un petit carré de terre cuite du sac qu’il portait en pendentif. Si Riak et Jirzérou n’en avaient jamais vu, Bemba et Mitaou s’inclinèrent profondément.
   - Évidemment avec un tel sésame… nous serons accueillis, mais attendons que la nuit soit là pour y arriver. Moins nous serons vus et plus nous serons en sécurité.
Ils se déplacèrent prudemment, laissant la lumière diminuer. Ils atteignirent le rocher où Riak s’était posée quand le soleil se coucha. Ils attendirent un peu que la lumière diminue encore. Quand tout ne fut plus qu’en noir et blanc, ils atteignirent l’entrée du temple. Bemba frappa à la porte et ouvrit. Elle les fit entrer rapidement et avait refermé la porte avant que n’apparaisse la sœur avec sa lumière. Celle-ci éleva la voix en demanda qui ils étaient. Riak qui voulait de la discrétion faillit la frapper quand Baillonde montra son laissez-passer. Dans la lumière de la bougie, il brilla comme s’il était en or. La sœur mit immédiatement un genou à terre en reconnaissant ce qu’on lui montrait :
   - Un envoyé de la grande prêtresse ! Je suis tout à son service...
   - Fais-nous rentrer que personne ne nous voie.
La sœur s'exécuta avec rapidité. Ils se retrouvèrent dans une petite pièce presque nue.
   - Où est-on ? demanda Riak.
   - Vous êtes à Frill. C’est un hameau perdu du comté de Serpre.
   - Il y a la cloche, dit Bemba.
La sœur regarda Bemba d’un air interrogatif.
   - Oui, je suis une servante du temple, une noire et blanche et elle est une novice. Lui, tu as vu son laissez-passer? L’autre est un tréiben qui nous aide et elle est la noble hôte que la grande prêtresse nous a confiée…
La sœur eut un éclair de compréhension dans le regard.
   - Vous !... Vous êtes les renégats dont les seigneurs ont parlé cet après-midi… C’est affreux… Comment ?... Mais comment on va faire ?
Riak ne comprenait rien, pas plus que Jirzérou.
   - Vous pourriez nous expliquer ?
   - Ah, Noble Hôte, dit la sœur, vous êtes ici dans une maison du chemin de Diy.
Riak eut un air complètement ahuri…
   - C’est un chemin de pèlerinage pour les malades qui ont un Woz.
   - Et c’est quoi ça ?
   - C’est une maladie fait des taches sur la peau. Tout le monde en a peur… Celui qui attrape un Woz est mis au ban de la société quel que soit son rang. Il ne peut y revenir que s’il est guéri.
   - Jamais entendu parler, dit Riak.
   - Vous venez des hauts plateaux, dame Riak, dit Bemba. Le Woz y est inconnu. Ici, dans les plaines, il fait peur. Même les seigneurs en ont peur.
    - Donc personne ne viendra nous chercher ici.
    - Non, dame Riak. Personne n’osera.
    - Alors, allons dormir…
C’est à ce moment-là que s’éleva la voix de Mitaou :
   - On pourrait peut-être faire un office… avant ?
La sœur eut un grand sourire :
   - Avec plaisir, cela fait bien longtemps que je n’ai pas eu cette joie… Viens, j’ai même une tenue propre pour toi… C’est celle que je portais avant que je ne vienne ici...
Riak avait soupiré mais elle comprenait le désir de Mitaou qui avait vu son monde bouleversé depuis qu’elles s’étaient rencontrées. Elle venait d’une famille assez aisée de la région de Rusbag. Elle était arrivée trop longtemps après ses sœurs et son frère pour que sa venue soit une réjouissance. Elle avait rapidement senti que le mieux, pour elle, était de se faire toute petite. Elle avait vu ses sœurs se faire marier aux beaux partis de la région et son père courir après les faveurs de ceux qui comptaient. Elle n’avait ressenti la tranquillité que trop rarement, et à chaque fois dans le temple. Alors qu’elle venait d’atteindre ses douze printemps, elle avait surpris une conversation entre ses parents. Comme on parlait d’elle, elle avait tendu l’oreille. Elle frissonna à l‘écoute des paroles de son père qui supputait les chances qu’il avait de la marier au vieillard Hantamé dont l’avarice proverbiale cachait mal la richesse. Le lendemain, lors de la cérémonie de passage d’âge au temple, elle avait annoncé haut et fort à sa famille qu’elle avait entendu l’appel de la Dame Blanche. Le père l’avait rabrouée trop tard. La mère supérieure, qui accueillait une famille non loin de là, était intervenue. Elle avait demandé d’un ton sec au père de baisser le ton et avait ajouté en radoucissant sa voix qu’avoir une none pouvait être une vraie bénédiction pour une famille, surtout si elle avait les faveurs de la Dame Blanche. Ils étaient rentrés chez eux sans donner de réponse à la mère supérieure. Mitaou ne sut jamais ce qui avait décidé son père à l’envoyer au temple. Est-ce que la mère supérieure l’avait convaincu ? Est-ce que les manœuvres d’approche d’Hantamé avaient échoué ? Ce qui était sûr, c’est qu’elle s’était retrouvée un petit matin à la porte du temple avec son bagage et la consigne de devenir mère supérieure. Après un temps de découverte qui avait été un vrai moment de calme et de plaisir, elle avait été admise à devenir novice. Elle avait déchanté. Elle avait appris parfois à ses dépens qu’il y avait des clans, des meneuses, des suiveuses et que, comme chez elle, le pouvoir et l’argent occupaient beaucoup les esprits. Si Riak lui faisait peur par tout ce qu’elle vivait, elle lui donnait aussi l’occasion de voir quelqu’un qui ne semblait pas chercher le pouvoir mais que le pouvoir cherchait. Intérieurement, elle avait dû s’avouer qu’elle aimait bien Riak qui lui donnait de l’attention et du respect, sans parler de Bemba qui l’avait prise sous son aile.
Si le repas fut frugal, il fut pris tranquillement dans une atmosphère de paix. La sœur qui portait le nom de Paci, écouta l’envoyée de la grande prêtresse. Elle était présente à Frill depuis de nombreuses années. Elle raconta comment, ayant attrapé un Woz, elle avait fait le chemin de Diy. Sa communauté l’avait mise à l’écart, lui avait fourni le solide bâton de marche et la grande pèlerine qui devait la couvrir entièrement. Elle était partie, allant de maison du chemin en maison du chemin, jusqu’à Diy. La découverte de Diy avait été un choc pour elle. On y arrivait par un sentier qui s’enfonçait dans une faille entre les montagnes. C’était le seul passage possible. Elle avait fait les dernières journées en compagnie des mêmes personnes. Leur groupe grossissait au fur et à mesure que se rejoignaient les différents chemins. C’est en une colonne de pèlerines qu’ils avaient traversé la faille. Ils s’étaient arrêtés juste à sa sortie, comme tous les arrivants faisaient en découvrant la plaine qu’était Diy. Au centre était la ville, tout autour des champs et surtout, entre eux et la ville, il y avait le cimetière, immense terrain sans végétation, parsemé de milliers de stèles plus ou moins ruinées. C’est alors qu’étaient apparus les gardiens, bêtes étranges tout en crocs et en hurlements. Tous avaient repris en courant la descente vers Diy. Les gardiens les avaient poursuivis jusqu’à mi-pente et étaient remontés vers la faille. En bas, des silhouettes avaient tourné la tête vers eux. Paci n’avait rien et ne fut pas dépouillée. Les autres furent mis à mal et au traumatisme d’arriver dans ce lieu s’ajouta la perte du peu qu’ils avaient. Les assaillants avaient disparu très vite quand un groupe organisé s’était approché. Armés de gourdins, ils semblaient menaçants. Un homme se détacha de l’ensemble et s’approcha :
   - Je suis désolé ! Nous sommes arrivés trop tard pour vous protéger des pilleurs. D’habitude les groupes arrivent quand le soleil décline. Vous avez bien marché...
   - Mais qu’est-ce que c’est que cet endroit ? demanda un des marcheurs tout en frottant ses bosses. Vous ne faites rien pour les pourchasser ?
   - Je n’ai pas assez d’hommes pour patrouiller dans le cimetière. Mais venez, ne restons pas là, allons à la ville.
   - Mais où est la fontaine de guérison ? demanda une femme d’une voix suraiguë.
L’homme eut un rire triste :
   - C’est une légende… Tout le monde la cherche mais personne ne la trouve.
   - On a fait tout ça pour rien, intervint un des marcheurs qui s’était bien défendu.
   - Non, vous comme moi, n’avons pas le choix. Dehors nous sommes pourchassés. Ici, on peut encore vivre en paix…
   - Mais la guérison ? insista la femme.
   - Elle arrive parfois, nul ne sait pourquoi, ni pour qui. Elle arrive et celui, ou celle qui est guérie peut remonter la pente sans crainte, les gardiens la laisseront passer. Si vous n’êtes pas guéri, n’essayez pas, ils vous réduiraient en pièces.
Le groupe fut abasourdi. Ils avaient mis tellement d’espoir dans ce pèlerinage et pour finir, ils arrivaient dans un cul-de-sac.
Paci avait retrouvé d’autres sœurs et une mère. Il y avait un petit temple. Elle aurait retrouvé un rythme de vie presque normal sans le Woz. La maladie tuait doucement, mais elle éclaircissait les rangs des habitants inéluctablement. Les soeurs s’occupaient des enterrements. La mère avait disparu puis les sœurs une à une. Paci était restée seule au bout d’un an. Il y avait un flot régulier de nouveaux arrivants qui découvraient, atterrés, l’endroit où ils étaient contraints de rester. Il y avait eu aussi des morts déchiquetés par les gardiens. Pour Paci, enterrer leurs restes était la tâche la plus difficile. Une autre sœur était arrivée pour mourir presque aussitôt, laissant Paci à la solitude. Elle avait trouvé une sorte d’équilibre dans les tâches simples de sa vie simple.
Un jour, en allant chercher la dépouille d’un homme qui avait préféré les gardiens à l’attente de la mort, elle avait noté que ces derniers, pour une fois, ne lui avaient pas montré les crocs. Sur le coup, elle n’y avait pas fait attention. Elle n’y avait repensé que le soir. Le lendemain, elle avait été à l’accueil avec de l’avance et avait monté la pente. Un gardien était venu la renifler et avait fait demi-tour pour regagner sa tanière dans les roches. Elle était quand même redescendue avec les nouveaux. Elle avait alors vécu un moment crucial de sa vie. Elle avait le choix, partir ou rester. Elle était restée dans l’incertitude un moment. Une mère était arrivée. C’était une vieille femme marchant avec difficulté. Elle l’avait accueillie et s’était occupée d’elle. Elle s’était ouverte de son dilemme. La mère l’avait alors guidée dans son choix. C’est ainsi que Paci avait quitté la vallée de Diy le lendemain de la mort de la vieille nonne.
À son retour dans le monde dit normal, elle n’avait pas réussi à se réhabituer aux gens. Elle avait obtenu un ermitage qui était aussi une maison du chemin de Diy. Elle accueillait les pèlerins du mieux qu’elle pouvait et assurait une présence auprès des charbonniers de Frill. La maladie de Woz ne lui faisait plus peur. Elle l’avait vaincue et ne risquait plus rien. Les habitants du village, s’ils sollicitaient ses conseils, laissaient toujours de la distance avec elle. Ils lui amenaient des provisions mais personne ne la touchait ni n’entrait dans l’enceinte du temple.
Paci partagea sa chambre avec eux, refusant qu’ils dorment dans la zone d’accueil des pèlerins. Le lendemain, elle dit à Baillonde :
   - J’ai pensé toute la nuit. Le mieux est que vous partiez par le chemin de Diy. Vous pourrez contourner la capitale sans danger
   - Mais comment ? demanda Mitaou.
   - En vous habillant comme des pèlerins…
Mitaou poussa un cri en entendant cela. Bemba avait pâli en entendant la proposition :
   - Mais la maladie de Woz… si on l’attape ?
   - Je ne vois pas d’autre possibilité. Les seigneurs d’hier vont revenir aux nouvelles aujourd’hui. Il faut que vous soyez partis avant qu’ils n’arrivent. Les habitants ne feront pas attention à des pèlerins mais signaleraient le moindre étranger.
    - Ça ne me plaît pas, dit Baillonde. Je dois conduire Riak à Nairav, pas lui donner un Woz.
    - Elle a raison, coupa Riak. Nous n’avons pas le choix. Rma filera ce qui doit être filé. Nous quitterons le chemin de Diy dès que possible, mais en attendant, il nous protégera. As-tu assez de vêtements pour nous ?
   - Noble Hôte, j’y ai justement pensé. J’ai des pèlerines neuves pour donner à ceux dont les affaires sont trop délabrées et j’ai même une clochette qui a été abandonnée, il y a bien longtemps.
Paci montra sur le mur, une baguette au bout de laquelle pendait une clochette bien ternie par le temps.
   - Alors ne perdons pas de temps, plus nous serons loin, mieux cela sera, déclara Riak. 
Le soleil n’avait pas atteint son zénith qu’ils avaient quitté Frill.

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