dimanche 20 mai 2018

Ainsi parla Rma, le fileur de temps... 52

Ils avaient bien progressé. Ils avaient traversé les champs qui s’étendaient à perte de vue. Personne ne les avait arrêtés. Ils n’avaient vu aucun seigneur. Siemp baignait dans la plaisir de la marche en cette journée tiède. Avec leurs grandes échasses, ils furent près des collines de fer quand tomba la nuit. Elles devaient leur nom aux nombreuses mines. C’était un lieu stratégique. Les seigneurs y étaient nombreux et les soldats encore plus. La région était parcourue de routes pour les chariots. Presque sans forêt, il fallait emmener le minerai plus loin pour qu’il soit traité. Ils croisèrent des chariots qui se dépêchaient d’arriver. De loin en loin, il y avait des relais pour eux. Siemp ne les aimait pas. Aux ordres des seigneurs, ils représentaient un danger pour qui voulait voyager sans se faire remarquer. Il s’interrogeait sur la meilleure manière d’agir. Soit ils continuaient jusqu’à la prochaine maisonnée avec le risque qu’on remarque que des Oh’men voyageaient la nuit, soit ils prenaient le risque de s’arrêter dans un relais, mais il fallait une bonne excuse. Il n’eut pas à choisir. Un garde de relais, les vit passer et les interpella :
   - Vous devriez vous arrêter… l’étoile de Lex arrive !
Siemp répondit en ralentissant simplement :
   - Nous nous arrêterons au prochain relais. Sans mon novice nous serions arrivés…
Et se tournant vers Koubaye, il ajouta à haute voix :
   - Allez dépêche-toi et ne tombe plus !
Quand ils furent hors de vue, Siemp expliqua à Koubaye qu’il leur fallait s’arrêter. Les gardes échangeaient les nouvelles et surveillaient les routes. Il était trop dangereux de continuer. Ils allaient se faire remarquer davantage en bravant les bayagas qu’en s’arrêtant. Ils rattrapèrent un chariot et se retrouvèrent en même temps que lui à la porte du relais. C’est tout juste si on les regarda. Ils démontèrent, rangèrent les échasses dans la cour, pendant que tout le monde faisait manœuvrer le chariot. Il fallait fermer les portes avant que ne brille l’étoile de Lex. Siemp compta les chariots. Il fit remarquer à Koubaye qu’il n’y aurait peut-être pas de place pour eux. Les bouviers étaient prioritaires. C’est ce qui arriva. On leur indiqua le tas de foin pour dormir. Même pour manger, ils furent relégués dans le couloir avec un tabouret pour table. Siemp ne fit pas de remarque, Koubaye non plus. Le chef du relais semblait surtout intéressé par les histoires colportées par les bouviers. Il ne s’approcha d’eux qu’une fois, pour les faire payer. La servante fit comme son patron. Siemp dit en aparté à Koubaye qu’elle essayait de se faire remarquer par l’un des maîtres d’attelage.
   - Si elle se fait épouser… Elle sera une dame respectable et respectée. Les bouviers et surtout les maîtres d’attelage sont des gens importants et souvent riches.
Koubaye sentit l’orgueil des hommes et le désir des femmes. En dehors du pouvoir et de l’argent, les esprits autour de lui ne pensaient qu’à satisfaire leurs besoins. Il les vit ripailler, se saoûler et finir par monter dans les chambres accompagnés par l’une ou l’autre des servantes. Koubaye et Siemp s’éclipsèrent avant que les pots à bière ne soient vides. Ils retrouvèrent le calme avec les bêtes à l’esprit placide, heureuses de ne plus tirer de charge et d’avoir à manger.
   - Il faut qu’on parte avant que le soleil ne soit levé. L’étape de demain sera longue.
Une fois qu’il eut dit cela Siemp se tourna vers le mur et s’endormit. Koubaye entendit sa respiration devenir régulière. Il sortit alors l’écrin de la pierre dans son emballage de feuilles. Il n’osa pas l’ouvrir. Cette pierre l’attirait et en même temps lui faisait peur. Trop de violences lui étaient liées. En réfléchissant, il arriva à la conclusion qu’il ne savait pas qui prendrait le pouvoir sur l’autre. En la manipulant, il n’était pas sûr de la contrôler. Il rangea le paquet et s’endormit à son tour en laissant son esprit ouvert vers Riak.
Quand Siemp le secoua, il faisait encore nuit. Koubaye avait mal partout. Cela faisait trop longtemps qu’il n’avait pas fait autant d’exercice. Dans la salle commune, il n’y avait qu’une servante, et le garde qui somnolait sur une table. Elle leur servit sans un mot un bol d’une bouillie de céréales et retourna s’occuper derrière le comptoir. Ils mangèrent sans un mot et, après un salut de la tête à la servante qui les regardait partir, ils retournèrent vers l’étable pour récupérer leurs échasses. Devant le relais, ils mirent debout l’échelle que Siemp avait repérée la veille. Koubaye grimpa et Siemp lui passa ses échasses. Puis alors qu’à son tour, il mettait les siennes, le garde sortit.
   - C’est pas fréquent que des Oh’men s’arrêtent ici, dit-il en allant uriner sur les orties
   - Ça ne serait jamais arrivé sans mon apprenti qui a fait une chute. Nous avons perdu du temps à trouver un lieu où il pourrait rechausser. Ils doivent nous attendre à la maisonnée. Il n’est pas bon que le courrier attende.
Ayant dit cela, Siemp donna un coup de rein et se mit en marche :
   - Adieu l’ami !...  Allez et ce coup-ci ne tombe pas ! ajouta-t-il pour Koubaye.
Ils avaient quitté avec soulagement le relais. Marchant à grandes enjambées, ils furent bientôt hors de vue. Le soleil se levait quand ils atteignirent le dernier col.
   - Après, dit Siemp, on va vers les grandes plaines et vers mon pays.
Il y avait de la fierté dans la voix. Il entama la descente. Koubaye lui laissa quelques pas d’avance et s’engagea sur le chemin. Il avait à peine passé le col qu’il sentit la pierre. Cela l’étonna. Il l’avait portée la veille toute la journée sans difficulté et aujourd’hui elle pesait son poids. La descente leur facilitait la progression. Mille pas plus loin, Koubaye trouvait la pierre de plus en plus lourde. Alors qu’ils approchaient de Madine, la ville qu’ils auraient dû atteindre la veille au soir, Koubaye dut ralentir. Siemp, voyant qu’il ne suivait pas, s’arrêta pour l’attendre. Quand il vit la difficulté de Koubaye à avancer, il demanda :
   - Ça ne va pas ?
   - C’est la pierre, elle devient de plus en plus lourde.
Siemp essaya de soulager Koubaye en lui prenant. Ce fut à son tour de ne plus pouvoir accélérer. Ils étaient en vue des premières maisons de Madine, quand Siemp dut s’arrêter à son tour.
   - C’est impossible ! déclara Siemp. Il y a de la magie là-dedans.
   - Sûrement, dit Koubaye. Nous ne sommes plus très loin, portons-la à deux.
Ils déchaussèrent et utilisant les échasses comme une civière, ils mirent la pierre dessus. Koubaye avait insisté pour mettre des branchages dessus. Il était préférable qu’on ne les voit pas entrer dans Madine avec juste un petit paquet. Ils atteignirent la maison des Oh’men avec difficulté sans susciter d’intérêt chez les rares passants. Par contre la mère de la maisonnée fut tout de suite intriguée par ce drôle de paquet qui faisait ployer les échasses. Il fallut trois hommes forts pour le poser sur une des pierres qui servaient de siège. Sa première question fut de savoir comment les Oh’men allaient tenir leur parole de livrer ce qu’on leur avait confié. Et puis, prise d’une inspiration subite, elle se tourna vers les nouveaux arrivants et leur demanda :
    - Vous avez mangé ?
L’estomac de Koubaye profita de ces paroles pour rappeler qu’il n’avait rien reçu depuis la veille. Ses borborygmes firent sourire la mère de la maisonnée qui les invita à entrer. Siemp déclara qu’ils repartiraient dès le repas fini. Ils eurent droit à un solide en-cas et au flot des questions de la mère de la maisonnée. Cela dura un moment. Ils furent interrompus par l’arrivée d’un Oh’men venu des grandes plaines.
   - Quel est le tate qui a laissé ses échasses comme ça ?
Les présents sursautèrent sous l’injure.
   - Que veux-tu dire ? demanda la mère de la maisonnée.
   - Un tate a abîmé ses échasses et les a laissées traîner !
Siemp et la mère de la maisonnée échangèrent un regard perplexe et sortirent en toute hâte voir ce qui déclenchait la colère du nouvel arrivant. Quand il vit ses échasses, Siemp jura. Elles étaient brisées… non écrasées étaient plus juste. Sous le paquet le bois avait éclaté. Siemp jura à nouveau et essaya d’en dégager une, sans y parvenir. Tous les présents tentèrent de l’aider sans réussir à faire bouger les choses. Il fut nécessaire de prendre une barre à mine pour enfin faire glisser le paquet qui avait maintenant un poids incroyable.
Koubaye, qui avait fini de manger, arriva à son tour. Il regarda la scène et dans son esprit, une vérité s’imposa. La pierre de Bénalki était trop loin du lac et des siens. Il s’approcha des Oh’men qui ne cessaient de s’interroger.
   - Bénalki ne voulait pas !
Tous les regards se tournèrent vers lui.
    - Le sage a cru bien faire en me la confiant, mais les conséquences sont là. La pierre est maintenant chargée du poids des événements qu’elle a traversés…
Siemp ne savait que penser. Tous les autres regardaient Koubaye comme s’il était devenu fou.
   - Qu’est-ce que tu racontes, petit ?
   - Dans ce paquet, il y a une pierre particulière…
Tous les regards étaient maintenant braqués sur lui.
   - … mais il faut garder le secret !
   - Tu as ma parole, petit, dit la mère de la maisonnée. Tous les présents se tairont. Explique !
   - La pierre est un cadeau de la déesse Bénalki à son peuple. On est maintenant trop loin. La magie qui la constitue pèse de plus en plus lourd.
   - Qu’est-ce qu’on peut faire ? On ne peut même plus la bouger !
   - Il faudrait de l’eau.
Un Oh’men alla rapidement chercher un seau.
   - Et maintenant ?
   - Il lui faut de l’eau en lien avec le lac. Cette eau, dit Koubaye en désignant le seau, vient d’où ?
   - De notre puits, répondit la mère de la maisonnée.
   - Ça n’ira pas… elle n’a pas de lien avec le lac. Elle ne vient pas d’un cours d’eau qui y va.
   - Mais ici, aucun ruisseau ne coule vers le lac, il y a les collines de fer !
Koubaye comprit alors pourquoi la pierre avait pesé plus lourd après le col. Elle avait quitté la zone qui alimentait le lac. Elle se desséchait.
   - Demain, j’enverrai un grand marcheur chercher de l’eau du lac. Dans deux jours, il sera là. En attendant, nous allons réfléchir à la suite… Vous ne pouvez pas partir dans les grandes plaines avec des seaux pleins d’eau…
Siemp jura à nouveau. Cet imprévu leur faisait perdre trois jours. Balima devait les attendre. Son maître devait être mécontent. Siemp, qui s’était dit que cette mission serait tranquille, finissait par se demander s’ils y arriveraient…
Les deux jours qui suivirent furent des jours tranquilles pour Koubaye. Madine était une petite ville aux portes des grandes steppes. Plus loin vers l'ouest, vivaient les tribus Oh’men. Les seigneurs y étaient peu présents. Ils contrôlaient les quelques bourgades qui se donnaient le nom de ville. La terre était pauvre et les troupeaux ne vivaient qu'en se déplaçant tout au long de l'année. Madine jouissait des quelques rivières venant des collines de fer. Après, l'eau devenait rare. La maisonnée Oh’men de Madine était grande et très fréquentée. C’est là qu’on venait en attendant de vendre ses bêtes ou de recevoir ses marchandises. Koubaye avait joué avec les jeunes de son âge à rassembler les bêtes ou à les séparer d’enclos en enclos au gré des achats et des ventes. Habillé comme un Oh’men, il s’était vite intégré. Ce fut une parenthèse bienvenue. Le soir du deuxième jour, il se dépêcha de rentrer. Le grand marcheur avait dû arriver. Il trouva les hommes autour du paquet. La pierre qui le soutenait avait cassé. Une fissure la traversait maintenant de part en part.
   - La magie qui est là-dedans est puissante. Le paquet va finir sous terre… dit un des Oh’men.
   - On va avoir de l’eau du lac et ça va s’arrêter, répliqua Siemp.
   - Et tu sais t’en servir ? demanda un autre.
   - Mon jeune apprenti est lié à tout cela, il doit savoir.
Koubaye se sentit tout penaud. Il n’en avait pas d’idée. Il savait maintenant tout ce qu’un Oh’men doit savoir sur des bêtes mais il ne savait rien de ce que ferait la pierre avec de l’eau.
   - Le grand marcheur du lac arrive…
Tout le monde se tourna vers l’entrée quand ils entendirent le cri du gardien. Rapidement, le grand marcheur arriva. Sans même déchausser, il tendit une outre bien tendue.
   - Je l’ai remplie ce matin même au bord du lac...
   - Alors je suis sûre que tu n’as rien mangé… tu as été très vite et je t’en remercie. Va, ton repas t’attend.
Le grand marcheur ne bougea pas. Il était comme les autres, il voulait savoir comment cela finirait. Koubaye avait pris l’outre. Il s’approcha du paquet. Il ne savait pas quoi faire. Il la posa sur la pierre à côté du paquet. Rien ne se passa. Il en mit un peu sur sa main. Rien ne se passa. Il la versa sur le paquet. L’eau s’écoula sur les feuilles qui emballaient l’écrin. Rien ne se passa. Il prit l’outre et versa une partie du contenu qui s’écoula par la fente sans plus de résultat. Autour de lui, il entendit les mouvements des uns et des autres qui attendaient. Rien ne se passa. Il se redressa et adressa un regard suppliant à Siemp. Il ne savait plus quoi faire. Siemp manifestement ne savait pas. Koubaye sentit sa détresse. Il allait échouer dans sa mission. Siemp respirait plus fort sous le coup de l’émotion qui l’étreignait. Échouer était un déshonneur. Comment pourrait-il encore faire partie de son peuple ? Koubaye sentit les larmes lui monter aux yeux. Il allait être la cause de l’échec de Siemp. Il envisagea un instant de continuer en laissant la pierre là. Après tout, vu son  poids, personne ne pourrait y toucher. Y toucher … Y toucher… L’idée ! Voilà, il fallait y toucher. Koubaye, après s’être de nouveau mouillé les mains avec l’eau du lac, entreprit de déballer l’écrin, ou plutôt d’enlever les feuilles d’emballage comme il pouvait. Il découvrit, en même temps que les autres, un petit coffre en bois sombre, très travaillé. Les feuilles autour, coincées par le poids, faisaient comme une couronne. Il tenta de le soulever sans y parvenir. Il tourna autour, cherchant l’ouverture. On n’en voyait rien. Koubaye mit les mains sur le coffret. Il ressentit le mouvement, tirer une barre, pousser l’autre puis faire basculer la dernière. Il laissa ses mains faire. Sous le regard des spectateurs, il fit bouger un décor, puis deux et bascula le dernier. Le coffret s’ouvrit livrant son secret. Il entendit le “oh!” de déception que poussèrent quelques uns. Il venait de mettre au jour une pierre tout ce qu’il y avait de plus banale, une espèce de galet rond grisâtre veiné de noir et de blanc à parts égales. Il le toucha sans pouvoir le faire bouger. Si pour les autres rien ne se passa, pour Koubaye, ce fut comme si on avait poussé une porte. Il eut un éblouissement et s’effondra.
Il était dans un pays empli d’une lumière éblouissante. Derrière lui, il y avait la porte ouverte sur la cour de la maisonnée des Oh’men. Il avança, essayant de se protéger les yeux sans vraiment y arriver. La lumière était tellement forte qu’il lui semblait être dans un monde blanc. Quand il se retourna une seconde fois, il vit derrière lui une corde multicolore qui le reliait à la porte. Cela le rassura. Il n’était pas perdu. Il se remit à marcher. De temps à autre, un arc coloré passait à toute vitesse devant ses yeux pour disparaître dans le lointain. Le plus étonnant était cette vibration qu’il ressentait. Cela lui prenait tout le corps. Il s’arrêta un instant, tourna sur lui-même. La porte était devenue invisible, seule la corde multicolore semblait lui indiquer le chemin du retour. Sans savoir pourquoi, il savait la direction où il devait aller. Sous ses pieds, le sol se mit à monter. Koubaye dut faire des efforts pour avancer. La vibration augmentait petit à petit. Il se dit que la source de cette vibration l’attirait. Maintenant, il avançait en s’aidant de ses mains. Ce fut une rude montée. Sans prévenir, le sol disparut devant lui.
Koubaye s’arrêta. Il était au bord du vide. Devant lui, il vit des milliers de lignes colorées. Il les voyait s’agiter en tous sens et se rejoindre au loin derrière une ligne mouvante qui vibrait au même rythme que le sol…
D’un coup, il comprit alors que passait une ligne blanche, grise et noire près de lui. Elle était comme la corde multicolore qui le reliait à la porte. Elle fila vers les autres et tout devint cohérent. La corde rejoignit la ligne mouvante et fut filée avec les autres. Koubaye sentit l’émotion l’envahir. Il était dans l’atelier Rma. Il voyait le tissage du temps en direct. La corde blanche, grise et noire fouetta l’air et s’enroula sur ses jambes et avant qu’il n’ait pu réagir, il volait dans les airs vers la navette.
   - Il revient à lui !
Koubaye reconnut la voix de Résal. La corde blanche, grise et noire qui l’avait attrapé, le représentait. Cela fut une évidence pour Koubaye. La corde de la couleur du galet ne pouvait être que la corde d’un Treïben !
Ce fut la cavalcade autour de lui. Siemp apparut dans son champ de vision.
  - Comment te sens-tu ?
Koubaye se mit assis. Il était bien. Les idées devenues claires s'emboîtaient parfaitement. Il regarda Siemp. Il vit la couleur de sa corde. Il tourna alors son regard vers les autres et vit pour chacun d’eux la couleur des fils que Rma utilisait pour tisser le temps. Il repensa à ce qu’il avait vu. Cette pierre était une porte vers le monde des dieux. Il posa alors les questions sur ce qui s’était passé. Il apprit qu’il était resté deux jours ainsi dans ce sommeil de transe. Siemp avait pensé à ce ce qu’il s’était passé à Sursu. Il s’était mis à chercher un maître et avait fait envoyer un grand marcheur au maître du lac. En attendant, il avait voulu fuir la ville mais Koubaye était devenu aussi lourd que le paquet qui fendait la pierre. Alors que Siemp se sentait complètement désemparé, Résal était apparu. En quatre jours de marche forcée, il avait traversé les collines de fer. En arrivant dans la cour de la maisonnée, il avait ramassé l’écrin sous le regard ébahi des Oh’men et avait demandé où était Koubaye. Siemp, en voulant aller vite, avait en fait perdu du temps. Il n’avait pas attendu Résal à Cercières. Sans Tréïben pour accompagner la pierre, elle ne pouvait quitter le bassin du lac. Le maître l’avait révélé à Résal et lui avait demandé d’accompagner la pierre et Koubaye, où qu’ils aillent. Maintenant qu’ils étaient réunis, ils allaient pouvoir continuer le voyage.
Pendant que les Oh’men se réjouissaient, le mendiant de la place, devant la maisonnée, se leva avec difficulté. Il se mit à boitiller. “Voilà qui était étrange”, pensa-t-il. “Un Tréïben à Madine”. Il se dirigea vers le fort. Le seigneur de Madine aimait ce genre de nouvelle qu’il récompensait d’un repas chaud.

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