mercredi 1 juillet 2020

Ainsi parla Rma, le fileur de temps...92

Kaja s’arrêtait dans tous les villages pour écouter ce que lui disaient les policiers. Partout, il entendait les mêmes rapports. Les gens ne se révoltaient pas. Pourtant les policiers rapportaient combien ils sentaient la colère et l’opposition. La peur tenait encore le peuple mais pour combien de temps. Sink incorporait les policiers de confiance, c’est-à-dire les seigneurs, au fur et à mesure de sa progression, ne laissant dans le village traversé que les adjoints tous issus de la population locale. Arrivé au premier gros bourg, il décida d’une pause. Le fort local ne disposait que d’une vingtaine de policiers de confiance. Avec ceux que Sink avait recrutés sur le trajet, il disposait d’une cinquantaine d’hommes.
   - Et c’est la plus grosse garnison jusqu’à Cannfou ?
   - Oui, mon colonel. Avec la destruction de la ville, seul un fou penserait qu’on peut la défendre contre des adversaires en nombre, descendant de la ville haute. Talpen m’a laissé un message pour vous. Si, comme il pensait, Cannfou était indéfendable, il irait prendre position sur le mont Birlak.
   - Le mont Birlak ?
   - C’est une sorte de château fort naturel tout en pics et en dédales. 
Kaja tiqua. Il ne se voyait pas s’enfermer dans un fort pour attendre. Il aurait préféré une guerre de mouvement. Tout dépendait des forces en présence. Talpen avait avec lui une dizaine d’hommes. Rassemblés, ils seraient assez nombreux pour tenir tête à une armée. Où était Ankakla maintenant ? Il disposait d’une escouade. Son dernier rapport parlait de patrouille pour vérifier des informations. Les rebelles avaient peut-être trouvé un autre chemin pour descendre. Il avait un quart d’escouade assez entraînée et pouvait compter sur le régiment des Gayelers pour les rejoindre au plus vite. Il savait que les autres barons ne se dépêcheraient pas autant. Leurs hommes ne tiendraient pas le rythme des marches forcées.
Sa nuit fut peuplée de cauchemars. La plaine se couvrait de guerriers rebelles, et lui était seul, avec pour seule arme la branche de l’arbre sacré. Il se réveilla quand les ennemis chargèrent. Il écouta la nuit. Tout semblait calme dans ce fort. Son esprit dériva sur l’armée qu’il allait combattre. Ses informateurs laissaient entendre que de nombreux hommes, parmi les autochtones, disparaissaient pour aller grossir les rangs des rebelles. Personne n’avait d’estimation fiable. Il allait vers l’inconnu.
Armés pour la guerre, les cinquante hommes partirent à l’aube. Tous savaient que la journée serait longue et le barda pesant.
Quand la lune se leva, ils marchaient encore. Ils étaient épuisés. Kaja donna l’ordre de repos. Ils étaient dans un bois assez touffu. L’étoile de Lex allait se lever. Ils eurent juste le temps de monter les abris comme le faisait les marins. Chacun sortit ses provisions et mangea en silence. Kaja était seul dans son abri. Comme ses hommes, il avait beaucoup souffert. Il s’allongea et ferma les yeux. Il se réveilla en sursaut. Son frêle abri de roseaux s’était effondré. Il aurait dû être dans un bois et il se retrouvait au milieu de rien. Un peu plus loin il vit une lueur. Il dégagea son épée et s’avança à pas de loup. Il vit une file de personnages flous et luminescents avançant lentement. Il s’interrogea sur ce qu’il voyait. L’un d’eux tourna la tête vers lui. Cette silhouette lui était familière. Il chercha dans sa mémoire sans pouvoir mettre un nom sur cette forme qui s’était arrêtée. Kaja continua à s’approcher de la file qui maintenant ne bougeait plus. La silhouette familière s’exprima d’une voix lasse :
   - Tu es venu ! Tu as tenu ta promesse.
Kaja sursauta. Même la voix, bien que déformée, lui était connue.
   - Tu sais, je n’y croyais pas trop… Enfin, cela n’aurait pas dû arriver. On aurait dû vaincre et non mourir…
Ankakla ! Kaja avait devant lui Ankakla ou ce qu’il en restait. Ankakla le fidèle, celui qui avait partagé son enfance. Des souvenirs lui remontèrent à l’esprit. Encore jeunes, ils avaient vécu de multiples aventures. Fils dernier d’un baron peu fortuné du voisinage, Ankakla avait trouvé auprès de Kaja la reconnaissance qu’il n’avait pas ailleurs. Quand le(s) destin allait les séparer, Ils s’étaient jurés de se retrouver et de s’accompagner jusqu’à la mort. Ankakla avait rejoint la police avant Kaja et végétait dans un fort quand il entendit parler du colonel Sink. Il avait été un des premiers à répondre à l’appel de Selvag. Kaja se souvenait de l’émotion qui l’avait étreint quand ils s’étaient revus. Il avait fait de Ankakla un commandant d’escouade et lui avait confié les missions secrètes et périlleuses. Et voilà qu’aujourd’hui ou plutôt cette nuit, il le voyait sous la forme de cette silhouette évanescente.
   - Mais que… quoi ?
La voix de Kaja s’était étranglée par l’émotion. Ce qui restait d’Ankakla reprit :
   - L’information nous était venue qu’un groupe de rebelles avait trouvé un autre chemin pour descendre de la vallée en évitant le saut de Cannfou. Nous les avons trouvés près d’un village au sortir de la forêt qu’ils appellent la Wessi. C’est une zone de champs qui nous était favorable. J’ai mis les Gayelers en position de combat. Le soleil levant nous était favorable. Leurs quelques archers visaient mal et lentement…
La voix d’Ankakla avait des hauts et des bas. Il était parfois presque inaudible.
   - On a compris qu’ils fuyaient… Au début, on a cru à un piège. On a commencé la poursuite avec prudence. Le premier groupe qu’on a accroché n’était pas de taille. Il nous a juste retardés. Puis on a réglé leur compte aux fuyards qu’on rattrapait. J’ai fait accélérer les hommes quand j’ai estimé qu’ils allaient fuir jusqu’à l’heure de l’étoile de Lex. Il parait que les bayagas sont leurs alliés.
Ce qui restait d’Ankakla émit un bruit de reniflement :
   - C’est là que j’ai eu tort… J’aurais dû sentir que cette sorcière blanche nous tendait un piège… Les gayelers voulaient le combat et en finir. On les a adossés à un escarpement quand le soir tombait. Même à quatre contre un, ils ne faisaient pas le poids.
La voix devint comme une plainte sourde :
   - C’est à ce moment-là qu’elle est arrivée… Elle a surgi comme cela, de nulle part, avec ses léopards aussi blancs que ses cheveux. Serral s’est porté à sa rencontre avec ses hommes. Je n’avais jamais vu cela. C’était beau comme une danse et mortel comme une exécution. J’ai vu tomber les dix hommes avant d’avoir le temps de comprendre. J’ai hurlé pour qu’on se rassemble. Ils ont hurlé leur joie de voir la sorcière. On a fait face. Elle a pénétré dans nos rangs comme le moissonneur dans son champ. Les léopards semblaient s’être mutipliés autour d’elle. Je lui ai fait face tout en ordonnant le repli. J’ai tenu, Kaja, j’ai tenu aussi longtemps que j’ai pu. Mais elle allait trop vite et ses coups étaient trop ajustés. Je suis tombé parmi les derniers… Je suis mort en entendant le cri de leur victoire… de sa victoire, Kaja. Je suis venu te dire que je m’en vais là où je souhaite que tu ne viennes pas et te prévenir.
La silhouette d’Ankakla semblait se dissoudre comme une brume au soleil. Bientôt Kaja fut seul dans la nuit noire. C’est alors qu’il vit immenses la sorcière et ses léopards courant dans sa direction. Plus elle avançait et plus elle grandissait. Kaja dégaina son épée. Elle était plus haute maintenant que l’Arbre Sacré. Elle allait l’écraser. Il leva les bras pour se protéger de la botte noire qui s’abattait sur lui…
Kaja sentit le choc et poussa de toutes ses forces. Il se retrouva assis dans ce qui restait de son abri. Une branche était tombée presque sur sa tête. C’est elle qui l’avait touchée. Il regarda autour de lui. La lune brillait et tout semblait tranquille. Les images du cauchemar lui revinrent à l’esprit. Où était vraiment Ankakla ?

Riak était en colère. Le général n’avait pas respecté ses ordres. Elle avait dû se battre avant d’être au fleuve. Elle leur avait dit de rester tranquille jusqu’à ce qu’elle les rejoigne. Elle était arrivée en pleine bataille. Elle avait senti la mort de loin alors qu’elle était encore près de Cannfou avec les archers et les jeunes recrues. Elle avait entendu les léopards feuler de colère et leur avait donné l’ordre de la conduire là-bas. Ils avaient atterri sur un gros rocher dominant le paysage. Au pied de l’escarpement, elle avait reconnu l’uniforme des policiers et Costané qui se battait comme il pouvait. Ses hommes ne faisaient pas le poids. Ils avaient l’avantage du nombre mais malgré cela ils perdaient pied.
   - Tchitoua, on y va !
Le léopard des neiges avait bondi suivi de Riak et de la femelle. Elle s’était retrouvée sur l’arrière de l’escouade des policiers. Son épée avait tranché la vie des derniers avant qu’ils ne comprennent qu’un nouvel ennemi était là. Les léopards éclaircissaient aussi les rangs policiers. Elle avait admiré la qualité des manœuvres de ceux qu’elle combattait. Ils avaient fait face avec détermination et courage dans un ordre parfait. S’ils se battaient bien, il leur manquait la rapidité. Et puis Riak sentit de nouveau à la limite de son champ de vision cette autre elle-même. Ce fut comme si un ouragan s’était déclenché. Il ne resta bientôt plus que le chef encore debout. Même blessé, il fit face. Riak faillit le gracier. L’ombre noire ne lui en laissa pas le temps. Son épée noire lui transperça le cœur et Riak le vit s’écrouler devant elle.
Costané arriva immédiatement et mit genou à terre pour remercier sa reine. Dans ses yeux, il y avait une admiration absolue. Riak accepta ses salutations du bout des lèvres. En elle, une sorte de colère mêlée de peur venait de naître. Cette ombre, double d’elle-même, la troublait profondément. Pleine de ce sentiment, elle passa ses nerfs sur le général qui accepta tous les reproches avec des “Oui, ma Reine…” qui ne la calmèrent pas.
   - Les autres arriveront demain et puis il faudra attendre l’intendance !
   - Oui, ma Reine.
   - On va installer un camp par ici !
   - Oui, ma Reine.
   - J’ai un cours d’eau non loin. Envoyez des hommes reconnaître le terrain…
   - Oui, ma Reine
   - Je repars voir l’autre armée. Je reviens après…
   - Oui, ma Reine.
Riak appela les léopards et ils disparurent tous les trois sous les vivats des survivants qui admiraient cette combattante qui avait eu raison de ces ennemis qui les taillaient en pièces.
   - Oh ma Reine ! s’exclama Mitaou. Vous vous êtes battue !
La remarque de Mitaou lui mit du baume au coeur.
   - Il faut vous changer …
Bemba arriva sur ces entrefaits.
   - Que s’est-il passé ? Je vous ai vu disparaître d’un coup...
   - Costané a désobéi… et s’est retrouvé engagé dans un combat pour lequel il n’était pas prêt, répondit Riak à Bemba et Jirzérou qui venaient d’arriver. Il nous faudra marcher beaucoup demain pour le rejoindre. Prévenez les hommes !
   - Mais, ma Reine, dit Mitaou qui voyait Riak prête à repartir, vos affaires sont avec l’intendance qui va arriver.
    - Merci, Mitaou. Je verrai cela plus tard. Je vais aller donner mes ordres au général.
Quand Riak revint, elle admira l'efficacité de Mitaou. Elle avait réussi à monter un véritable palace de toile avec un bassin pour les ablutions. Riak découvrait l’étendue des talents de celle qu’on lui avait donnée pour servante. Mitaou commandait une escouade de servantes pour assurer le bien-être de Riak. Ce qui amusait le plus Riak était de voir Mitaou traiter les léopards des neiges comme de gros chats, n’hésitant pas à les caresser derrière les oreilles ou à les houspiller s’ils étaient dans le chemin. Ces simples gestes la plaçaient au-dessus des autres qui n’osaient pas s’approcher des fauves.

Kaja marchait en tête de ses hommes. Il ne pouvait oublier son rêve de l’autre nuit. L’image d’Ankakla semblait le hanter. Sur ses épaules, son barda semblait peser plus lourd que de coutume. Derrière lui, la colonne qui le suivait semblait partager son humeur. La fatigue se faisait sentir. Le silence était de rigueur. Chacun restait enfermé avec ses pensées. Trois jours qu’ils marchaient sans savoir ni où ils allaient ni s’ils allaient se battre.
Kaja, depuis son cauchemar, avait décidé de ne pas chercher Ankakla mais d’aller au mont Birlak. Talpen devait s’y être réfugié. Face à une armée, il n’avait pas assez d’hommes. Il lui faudrait attendre l’arrivée des gayelers, voire de toute la troupe. La journée passa lentement, très lentement. Ils arrivèrent dans la région des monts en fin de journée. Kaja se sentait épuisé. Pourtant il donna les ordres pour que chacun se prépare au combat. Il vit l’inquiétude sur les visages fatigués des hommes. Seuls ses gayelers semblaient capables de faire face. Il regarda la zone dans laquelle ils allaient s’engager. Elle était parfaite pour tendre une embuscade ou pour servir de refuge. Il n’y avait aucune visibilité lointaine et suffisamment de caches pour dissimuler tous les hommes nécessaires. Kaja se dit qu’appeler monts ce tas de cailloux était un peu exagéré. Si leurs formes rappelaient les montagnes, elles n’en avaient ni la hauteur, ni la prestance. Le chemin longeait une falaise avant de s’engager dans un étroit passage. S’il y  avait là le seul passage, alors les mont Birlak étaient autant un château fort qu’un piège.
Il était encore à examiner les lieux quand il entendit la voix de Talpen.
   - Mon Colonel ! Mon Colonel !
Regardant au-dessus de lui, il vit son lieutenant et quelques hommes.
   - Vous pouvez passer, nous avons sécurisé tous les monts.
Kaja fit un signe de la main pour saluer Talpen et fit avancer la colonne de ses hommes. Dès qu’ils furent arrivés au milieu des monts Birlak, Talpen vint saluer Kaja et tout de suite lui posa la question de l’arrivée de l’armée. Kaja grimaça un peu en avouant qu’il fallait attendre plusieurs jours avant de la voir arriver. Le sourire de Talpen s’effaça :
   - L’armée des rebelles sera là avant, mon colonel !
   - Ce lieu me semble assez défendu pour attendre le gros des troupes…
   - Oui, mon colonel, mais Ankakla n'est pas revenu. C'est un mauvais augure.
   - Je sais, Talpen, nous sommes trop peu nombreux mais nous sommes entraînés… On ne peut pas en dire autant de leur armée.
Kaja regarda le ciel.
   - Il est trop tard pour faire quelque chose ce soir. Les hommes sont fatigués. Nous ferons le point demain.
Talpen guida les arrivants vers les grottes qu’ils avaient investies. Il montra ensuite à Kaja, un endroit où il pourrait s’installer tranquillement. Kaja désigna une autre entrée :
   - Et pourquoi pas celle-ci ?
   - Parce que ceux qui ont essayé d’y dormir n’ont pu y rester. Ils ont été assaillis par des entités… peut-être des Bayagas… Ils ont eu trop peur et se sont sauvés en pleine nuit…
Kaja examina la grotte. Elle était bien sèche et sans courant d’air. Il décida malgré les avertissements de son lieutenant d’y rester pour la nuit. Il avait envie d’être un peu seul. Les bayagas ne lui faisaient pas peur. Il avait sur lui sa branche de l’Arbre Sacré.
La soirée fut courte. Tous avaient besoin de repos. Kaja se retira dans la grotte qu’il avait choisie. Il s'endormit très vite tout en pensant à son ami.
Ce fut la sensation d’un danger qui le réveilla. Sans bouger, le poignard à la main, il écouta. Comme il n’entendait rien, il ouvrit à moitié les yeux. La grotte était noire hormis le morceau de ciel qu’il voyait du côté de l’entrée. C’est là qu’il découvrit l’ombre d’un homme qui le regardait. Il resta un moment immobile. Rien ne bougeait. Il finit par croire que ses yeux le trompaient. Avec les sentinelles dehors, personne n’aurait pu passer sans donner l’alerte. Kaja remua lentement prêt à frapper. La silhouette ne fit pas un geste. Kaja était maintenant debout. Il voyait maintenant parfaitement cette forme entre lui et l’entrée de la grotte. C’était une ombre sur un ciel d’ombres. Il dut poser le poignard pour battre le briquet et allumer la petite bougie qu’il gardait à côté de sa tête. Il reprit son poignard et éclaira devant lui. Il vit un vieil homme au visage d’une tristesse absolue. Ils restèrent quelques instants à se regarder sans bouger.
   - Qui êtes-vous, demanda Kaja ?
L’homme ne répondit pas. Son visage semblait en proie à d’intolérables souffrances. À le regarder, Kaja était sûr que ce personnage n’avait rien à voir avec les bayagas. Il se rapprocha doucement. Kaja était maintenant tout près de ce vieillard. Il reposa sa question :
   - Qui êtes-vous ?
Des larmes se mirent à couler sur les joues du vieil homme.
   - La branche… tu es le porteur de la branche !
La réponse laissa Kaja sans voix. Il laissa redescendre sa main droite pointant le poignard vers le sol pendant que de sa main gauche, il touchait la branche aux feuilles d’argent qu’il gardait contre lui.
   - Que ? Quoi ?
Kaja balbutiait en voyant la silhouette devant lui qui commençait à luire doucement.
   - Tu ne sais pas, mais je vais t’apprendre, après je te montrerai là où il te faudra creuser. Maintenant écoute l’histoire de ton peuple, porteur de la branche.

Quand Talpen se leva et réveilla ses hommes, le soleil se levait à peine. Il découvrit Kaja debout sur le poste de guet. Il regardait le disque solaire se lever. Talpen vit sa silhouette toute auréolée de lumière et il remarqua à sa main une longue épée brillante. Cela dura un instant et puis Kaja se retourna.
   - Fais préparer les hommes, on s’en va !
   - Mais… Mais…
   - Il n’y a pas de “mais”. Ankakla est mort ainsi que les siens. L’armée des rebelles vient vers nous. La victoire n’est pas pour nous aux Monts Birlak. Nous mangerons en route. Il faut partir.
Les galeyers obéirent sans poser de question. Les autres policiers fatigués par les marches forcées, renâclèrent. Kaja demeura inflexible. Avant que le soleil n’ait atteint le dixième de sa course, la troupe était en marche.

Riak marchait en tête de ses hommes. Il y avait des ennemis aux Monts Birlak. Des paysans étaient venus prévenir avec le secret espoir de voir la reine. Ils n’avaient pas été déçus. Riak s’était chargée de les interroger. Elle leur avait posé de nombreuses questions sur les monts Birlak. Ils lui avaient décrit les lieux, insistant sur le côté défensif de ce massif. Les policiers de leur village disaient qu’avec dix hommes, on pouvait repousser une armée. Cela avait contrarié Riak. Elle aurait voulu faire manœuvre vers le fleuve et elle était obligée d’aller nettoyer un nid d’ennemis. Après ce qu’elle avait vu des manœuvres de Costané et de ses troupes, elle doutait de leur pouvoir d’éradiquer la menace. Elle avait décidé de faire le détour. Elle ne doutait pas d’elle et des léopards. Elle allait régler le problème.
Il leur fallut plusieurs jours pour que les deux armées de Riak ne se rejoignent et arrivent près des monts Birlak. Elle était acclamée à chaque village. Tous les seigneurs policiers avaient déserté leur poste. Personne ne savait où ils avaient fui. Ils devaient avoir rejoint les forces ennemies. Riak pensait comme la majorité qu’elle allait les retrouver en arrivant aux Monts Birlak.
Les éclaireurs vinrent signaler leur découverte. Il y avait des policiers aux Monts Birlak.
   - Ils tiennent les passes. Personne ne peut passer.
   - Il y a combien de passages, demanda Riak qui arrivait ?
   - Cinq, ma Reine, dit le chef des éclaireurs en mettant genou à terre.
   - Eh bien, prenez position. Empêchez-les de sortir. Costané ! Où est Costané ?
   - On le prévient, ma Reine, il arrive.
Riak était nerveuse, les léopards aussi. Ils tournaient autour d’elle en feulant doucement. Quelque chose n’allait pas. Elle mit la main sur la tête de Tchitoua. Le mâle s’arrêta et ronronna. Il reprit pourtant ses
va-et-vient comme s’il invitait Riak à le suivre. Riak mourait d’envie de la suivre mais il y avait ces policiers aux Monts Birlak. Elle faillit partir quand elle vit Costané qui arrivait en courant presque.
   - Oui, Ma Reine !
   - Il y a là-bas, dit Riak en désignant les Monts Birlak, des ennemis. Leur position d’après les éclaireurs est sûre. N’attaquez pas. Faites-en le siège et attendez que je revienne.
Elle avait à peine fini de parler que la femelle, qui était derrière elle, se mit à la pousser. Riak n’attendit pas, et tout en posant la main sur la tête du félin, épousa leurs pas.

Riak mit quelques instants à se repérer. Elle était près du château de Virme. Elle passa en trombe devant les quelques paysans déguisés en garde. Ils firent un bond en arrière en voyant Riak et les deux félins courir vers eux. Arrivée dans la cour, Riak s’orienta. Le corps de logis principal était sur la droite. Elle monta le grand escalier sans s’arrêter pour saluer ceux qui se trouvaient là. Elle ne remarqua même pas leur étonnement et leur retard à la saluer. Elle entra dans la grande salle d’apparat. Son arrivée en trombe figea la scène. Pramib, en habit luxueux, avait la main levée prête à frapper une femme qui levait un bras pour se protéger. Séas, assis sur le trône de Virme, regardait la scène tout en piochant des friandises dans un bol sur le guéridon qui jouxtait le siège.
 Pramib baissa la main, plaqua un sourire à ses lèvres et minauda :
   - Ah Riak ! Ma chère enfant !
Riak eut le rictus de ceux qui mâchent du citron. Elle s’approcha lentement laissant le regard de Pramib se remplir d'inquiétude.
    - Que faites-vous là ?
Pramib n’eut pas le temps de répondre. Un homme venait d’entrer en courant. Il mit genou à terre :
   - Ma Reine, je suis Izio, l’intendant de ce domaine. J’ai installé votre famille du mieux que j’ai pu…
Riak tourna le visage vers lui. Izio eut un petit mouvement de recul devant les deux yeux flamboyant de colère qui le toisaient.
   - Qui te l’a demandé ?
   - La princesse Pramib… elle n’est pas de votre famille ?
   - Si, malheureusement si, répondit Riak.
Elle se retourna vers Pramib.
   - Tu crois que les choses vont se passer comme cela ? Rappelle-toi tes dernières paroles !
   - Mais Riak, je ne savais pas que …
   - NON, tu ne savais pas et tu n’as pas cherché à savoir ! Maintenant tu voudrais jouer les grandes dames.
   - Mais je suis ta mère ….
   - Tu as fait ton devoir… Je ferai le mien… mais sache que tu as choisi, même si tu ne le sais pas…
Riak se tourna vers Izio.
   - Écoute bien mes ordres, Izio l’intendant. Et vous tous, soyez témoins...
Riak se tourna vers Pramib  pour continuer :
   - … La … princesse Pramib aura droit à un appartement avec son fils. Elle aura droit aux marques d’égard dus à son rang… mais vous n’avez pas d’ordres à recevoir ni d’elle ni de son fils.
Séas, qui suivait la scène la bouche ouverte, se leva d’un bond, rouge de colère :
   - Non, mais ça va pas !
Il n’alla pas plus loin dans sa diatribe. Tchitoua venait de bondir vers lui. Séas se réfugia au fond du siège en hurlant de peur.
Riak régla le sort de Pramib et de Séas, donnant les limites de leur “pouvoir”. Le visage de Pramib était devenu gris. Séas, recroquevillé sur le trône de Virme, tremblait en regardant le léopard. Puis elle demanda :
   - Où est Tchuba ?
Ce fut Séas qui répondit d’une voix chevrotante :
   - Papa est à la ferme… Il a pas voulu venir… Il a dit qu’il pouvait pas laisser ses bêtes…
Riak eut un sourire. Elle reconnaissait bien là son père, même s’il n’était qu’adoptif. Elle se tourna vers Izio :
   - Des questions ?
   - Non, ma Reine, tout est maintenant très clair.
Sa disparition derrière ses léopards laissa les protagonistes sans voix pendant un moment.
Riak se retrouva à courir dans la vallée. Elle fut étonnée de voir tout ce monde. Une voix cria :
   - LA REINE ! LA REINE EST REVENUE !
Tous les présents mirent genou à terre. Seule une silhouette resta debout. Riak courut vers elle. La grand-mère riait de joie à voir cette jeune femme courir souplement accompagnée de deux fauves blancs. Elle ouvrit les bras pour accueillir Riak qui s’y jeta comme une enfant.
Riak resta dans la vallée pendant deux jours. Elle écouta Sorayib raconter, avec humour, l’apparition de tous ces gens qui voulaient les aider, et se mettre à leur service. Il avait dû trier le bon grain de l’ivraie et repousser ceux qui ne voyaient en eux que des moyens de s’approcher du pouvoir.
Le lendemain, elle vit arriver Lacestra. Il salua Riak, Sorayib et la grand-mère avec la même déférence.
   - J’étais au village quand vous êtes arrivées au château. Je n’ai pas eu le temps de vous saluer là-bas. L’intendant m’a raconté votre arrivée. Elle a fait des heureux, votre mère avait beaucoup d’exigences.
Riak écouta Lacestra raconter les transformations dans la vallée. La mère du Sachant avait eu droit aux honneurs et on lui avait réservé le palais de Vrenne où elle avait vécu comme simple couturière. Sorayib avait refusé de quitter sa vallée. Les gens étaient alors venus lui rendre hommage et l’aider. Pramib, quand elle avait compris ce qu’était devenue Riak, était devenue blanche comme une morte et puis elle avait décidé que tous les sacrifices qu’elle avait faits pour cette fille méritaient bien une compensation. Elle s’était fait reconnaître. Elle avait pu ainsi imposer son bon vouloir. Les gens avaient vite déchanté devant ses exigences et son caractère. Le fils ne faisait pas mieux que la mère. Seul Tchuba avait continué sa vie refusant d’être autre chose que ce qu’il était. Il acceptait quand même les hommages et l’aide de ceux qui venaient le voir. Mais comme il ne promettait rien au nom de sa fille la reine, il avait retrouvé sa vie habituelle.
    - Je suis venu, Ma Reine, parce que je m’inquiète. On me parlait régulièrement du sachant dans les messages mais, depuis quelques temps, personne se semble l’avoir rencontré. Les grands marcheurs ne savent rien. Les dernières nouvelles le situaient sur la route de Sursu. Il demandait à tous de laisser la reine libérer le pays et refusait que l’on prenne les armes en dehors de votre armée. Il a donné l’ordre à ceux qui voulaient se battre de vous rejoindre. Des volontaires arrivent régulièrement. Dans la vallée, nous organisons leur voyage et nous essayons de les encadrer. Bientôt vous aurez plus d’hommes que le vice-roi.
   - Mais combien savent se battre, vraiment ?
Quand Riak se mit en route avec les léopards des neiges, l’inquiétude l’habitait. Elle avait perdu cette sensation de présence qui l’accompagnait depuis si longtemps. Koubaye lui manquait. Elle n’eut pas le temps de s’appesantir dessus quand elle arriva aux monts Birlak. Le général Costané avait commencé à faire le siège de la forteresse naturelle. Il avait fait abattre des arbres et construire des palissades qui avaient pour vocation de s'étendre en un véritable mur d’enceinte. Cela irrita Riak. Combien de temps allait-on perdre ? Elle pensa au vice-roi qui devait se préparer à la bataille. Elle estimait que le temps jouait contre elle. Que lui aurait conseillé Koubaye ? Comme elle n’avait pas la réponse, elle suivit son instinct. Elle félicita Costané de son initiative. Elle découvrit en le suivant que les défenseurs n'étaient pas restés inactifs. Il y avait des flèches fichées dans les palissades et on apercevait des barricades sur les chemins d’accès.
   - Il va nous falloir du temps, Ma Reine. Leur position est inexpugnable par la force. Si on donne l’assaut, nous aurons trop de perte.
   - Je suis bien d’accord, répondit-elle. Mais nous n’avons pas assez de temps.
   - Les messagers qui viennent de la vallée me parlent de renforts et de nombreux hommes qui vont se joindre à vous pour chasser les seigneurs. 
   - Je sais. Nos forces vont plus que doubler. Pourtant elles manqueront d’armes et de savoir-faire. Croyez-vous que le vice-roi et son armée de barons attendent que nous soyons prêts ?
Costané ne répondit rien. En deux jours, il avait vu mourir quatre soldats trop imprudents qui étaient passés trop près des falaises des monts Birlak. Il avait estimé à une ou deux centaines les policiers présents dans le dédale de roches dont il tentait de faire le siège. Lui et la reine se tenaient sur une des plateformes de surveillance devant ce qu’on pourrait appeler l’entrée principale des Monts Birlak. Autour d’eux se tenaient quelques soldats armés et d’autres apportant des troncs fraîchement coupés pour continuer les travaux. Brusquement une cavalcade se fit entendre. Les policiers chargeaient. Armés de lances, les cavaliers se dirigèrent droit sur Riak et Costané. Derrière eux, une haie d’archers s’avança jusqu’à une distance de tir. Costané hurla des ordres. Les quelques soldats armés se mirent en position sur la palissade. Riak avait déjà récupéré l’arc d’un archer et pris son carquois. Ses flèches s’envolèrent les unes derrière les autres. La première n’était pas encore à mi-chemin de sa cible que la suivante était partie. Puis elle jeta à terre l’arc et le carquois vide et sauta devant la palissade, courant au devant des chevaux. Derrière elle, les deux léopards lui avaient emboîté le pas. Trop rapide pour ses ennemis, elle désarçonna le premier, trancha les pattes du cheval du deuxième, esquiva sans effort la lance du troisième laissant les léopards, aussi vifs qu’elle, achever ce qu’elle avait commencé. La dizaine de cavaliers fut à terre alors que les policiers décochèrent leurs premières flèches. Elle s’attendait à être prise pour cible. Elle vit les flèches passer haut au-dessus d’elle. Elle comprit que les ordres des policiers étaient de faire autant de dégâts que possible dans les rangs ennemis pas de la prendre pour cible. Elle se remit à courir vers sa palissade, regardant ses troupes réagir avec beaucoup trop de lenteur  à son goût. Elle atteignit le rempart de Costané après la première pluie de flèches. Elle récupéra l’arc d’un archer qui venait d’être blessé. Et sans attendre elle vida un nouveau carquois. Si sa première salve avait touché des cavaliers, la seconde fit des trous dans la haie de policiers. À court de flèches, elle se précipita à la recherche d’un carquois plein. Elle n’eut pas le temps de le trouver. Elle entendit les cris des guetteurs signalant le repli des ennemis.
On fit le compte des blessés et des morts. Riak réconforta la dizaine d’hommes touchés. Elle vit l’admiration dans leurs yeux. Elle avait décimé tous les cavaliers, tous les chevaux et plusieurs archers. Elle avait fait un discours pour remotiver et imposer une discipline de fer, en maniant et les compliments et les menaces pour ceux qui n’obéiraient pas.
    - … Et maintenant que tout le monde le sache. Aujourd’hui, il faut choisir, soit vous restez et vous vous engagez à devenir des soldats de la même trempe que ceux que nous combattons, soit vous rentrez chez vous. Je ne retiens personne. Que celui qui a peur s’en aille ! Que celui qui doit soutenir sa famille s’en aille ! Que celui qui serait plus utile dans son métier qu’ici s’en aille ! Vous resterez mes sujets et je vous protégerai tous. Le Sachant l’a dit. La victoire nécessitera des sacrifices...
À la fin de son discours, elle était partie sans attendre les réactions. Mitaou l’attendait pour lui servir son repas. Riak sentit sa curiosité. Elle en sourit et commença à raconter à Mitaou ce qu’il s’était passé au village et dans la vallée. Elle fut interrompue par Jirzérou qui vint exprimer son incompréhension.
   - Je suis resté pour écouter les réactions… Ils ne comprennent pas. Certains font leurs bagages, d’autres hésitent se demandant si vous êtes bien le roi attendu.
   - Assieds-toi et mangeons tranquillement. Demain il sera bien temps de faire le point. Cette nuit, nous aurons à faire.
Quand l’étoile de Lex se leva, Mitaou réveilla Riak qui se reposait. Elle la regarda s’équiper pour le combat, toujours anxieuse de voir sa maîtresse soumise au danger. Les deux léopards s’étirèrent en ouvrant de grandes gueules. Les petits se mirent aussitôt en mouvement, commençant un de leurs jeux favoris fait de roulé-boulés et de bagarres. Jirzérou entra à ce moment-là. Il avait deux arcs et des carquois débordant de flèches. Il avait repassé son corps à la pierre de lune et était d’une blancheur immaculée.
Elle vérifia sa dague et son épée, accepta le grand arc et mit le carquois en bandoulière. Les deux léopards vinrent l’encadrer et Jirzérou se joignit à eux. D’un bond, ils disparurent et Mitaou soupira… Dans quel état allait-elle encore lui revenir ?

Leur apparition au milieu des Monts Birlak ne fut pas remarquée immédiatement. La nuit était sans lune et tous ceux qui n’étaient pas de garde dormaient. En quatre flèches, elle avait réduit au silence les quatre gardes qui étaient en faction. Elle fit un signe aux léopards. Jirzérou eut le sentiment qu’ils se dédoublaient et se dédoublaient encore. Chacune des silhouettes blanches se précipitant vers une entrée de grotte. Riak elle-même courut vers une des cavités. Elle y pénétra en trombe, l’épée à la main. Quelques hommes y dormaient. Elle repéra les uniformes. C’étaient des officiers. Elle lacéra leurs habits, ce qui leur laissa le temps d’attraper leurs armes et d’affronter la rage de la reine blanche. Aucun n’avait la rapidité nécessaire pour lui faire face. Les combats ne durèrent pas. Le dernier à être debout était un jeune lieutenant. Il avait déjà plusieurs blessures quand entrèrent les deux léopards. Il se colla contre la paroi pour faire face. Riak s’approcha de lui. Il se mit tant bien que mal en garde. Son bras gauche ne répondait plus et plusieurs plaies saignaient sur son corps. Riak crut entendre des pleurs, cela la troubla. L’homme semblait plutôt en rage. Comme les deux léopards s’allongeaient près de l’entrée en baillant, il tenta une attaque. Son arme ne rencontra que le vide. Une douleur violente lui traversa la poitrine. L’épée de Riak venait de l’embrocher juste sous la clavicule. Son bras droit retomba et sa main lâcha l’arme qu’elle tenait.
   - Je devrais te tuer, lui dit Riak, pour tout ce que tu représentes et pour toute l’oppression que mon peuple a vécue. Mais je vais te laisser la vie sauve. Tu vas aller porter la nouvelle à ton chef. Partout où vous serez, je vous chasserai.
Le lieutenant se redressa :
   - Je préfère mourir !
Riak eut un rire mauvais.
   - Non, non, tu ne vas pas mourir, tu vas vivre et être le témoin de la défaite… Tchitoua emmène-le !
Les léopards bondirent vers lui. D’un geste réflexe, il tenta de se protéger. Riak le vit disparaître ainsi que ses fauves. Elle eut un rire sans joie. Des pleurs lui répondirent. Des yeux, elle fouilla la pénombre. Elle affermit sa prise et leva son épée. Elle découvrit une silhouette d’ombre. Elle n’avait jamais vu un tel visage. Il transpirait le désespoir et la vieillesse. 
   - Qui êtes-vous ?
   - Voilà que le mal vient me visiter, moi qui ai découvert le bien il y a peu. Le porteur de l’avenir de l’Arbre sacré ne sera pas vaincu.
   - Je ne comprends rien à ton discours, vieil homme. Mais si vous parlez des seigneurs,  je vaincrai !
   - Nul ne peut vaincre, celui dont le destin est de relever le vieux royaume. Il porte la branche de l’Arbre sacré. Il est l’élu. Mes pleurs cesseront quand il vaincra !
Riak observa ce curieux vieillard. Il ressemblait à un fantôme ou aux bayagas. Son épée ne pouvait rien contre lui. Il continuait à pérorer sur la victoire et sur l’élu qui aurait à affronter mille dangers avant de sortir vainqueur et d’étendre son règne à tous les royaumes. Riak sursauta en apercevant une autre ombre. Elle ! De nouveau elle voyait cette espèce de double d’elle aussi noire qu’elle était blanche. Un sentiment envahit Riak. Son double noir vivait la rage. Ce vieillard qui parlait de victoire d’un autre la mettait en rage. Son épée bougea sans que Riak ne le souhaite. L’autre semblait commander à ses muscles. Elle résista mais vit le geste de son double qui transperça le vieillard en hurlant une seule pensée : CRÈVE ! Le visage du vieillard perdit son air désespéré pour le masque de l’étonnement. Comme une fumée qui s’évanouit dans le vent, il disparut.
Riak resta interloquée. Devant elle se dressait son double empli d’une rage qu’elle ne pouvait contenir. Elles se firent face, l’arme prête.
Tchitoua apparut à ce même moment avec sa femelle et les petits. Ils se mirent au milieu et Tchitoua poussa Riak dehors en grognant doucement pendant que la femelle semblait s’occuper de la forme noire.
Raik se retrouva au milieu de ce qui était la place d’armes des Monts Birlak. La lumière de l’aube annonçait le lever du soleil.

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