dimanche 31 mars 2019

Ainsi parla Rma, le fileur de temps...78

Koubaye avait accepté de suivre les enseignements de Balima. La guerre n’aurait lieu qu’au printemps lui avait fait remarquer le maître. Cela avait convaincu Koubaye. Il avait néanmoins continué à faire le tour des tribus de montagnards avec Rockbrice. Quand le froid s’était installé et que la neige avait recouvert les vallées basses, il avait retrouvé le plaisir de son enfance de se promener dans la neige. Une nuit, il s’était rendu compte que Riak ne comprenait pas la nature des Bayagas. Leur lien ne suffisait pas à transmettre cette vérité qu’il détenait. Il lui fallait la rencontrer. Balima lui fit remarquer qu’on était en hiver et que personne ne voyageait loin quand il y avait autant de neige. Partir ainsi signifiait aussi renoncer aux enseignements et les conséquences en seraient fâcheuses. Ce jour-là, il ne s’était pas laissé fléchir. Il s’en était allé le lendemain avec Rockbrice qui était parti de son rire tonitruant en disant :
   - Hiver bon pour voyage. Neige faciliter passage.
Balima était parti le jour d’après avec Siemp. Son prétexte était de rencontrer Lascetra pour le prévenir de la gravité de la situation. Selon les codes des grands savoirs, pour la protection même du Sachant dans le royaume occupé, il aurait dû rester à l’abri du Mont des vents.
Koubaye et Résal virent passer Balima et Siemp. Les deux hommes marchaient au fond des gorges de Tsaplya sur l’étroit chemin de neige tassée. Koubaye avait décidé de visiter les tribus des gorges avant de quitter les montagnes. Ils étaient encore en train d’observer les voyageurs quand le vieux Gigyou s’était approché. Koubaye avait vu arriver le vieux chef lors d’un de ces voyages dans la montagne avec Rockbrice. Il fallait rassembler les tribus. Il s’adressa à Rockbrice qui traduisit :
   - Lui dire, temps qui vient, temps de guerre. Temps de guerre, temps de gloire. Mais lui vieux. Vouloir mourir au combat.
Koubaye regarda Gigyou.Le bonhomme était encore fort et alerte mais les premiers signes de la vieillesse se faisaient sentir. Koubaye sentit sa peur de mourir dans la grotte qu’il habitait, seul et cloué au lit comme son père. Il dit à Rockbrice:
    - Dis-lui. Il ne mourra pas dans son lit si sa tribu participe aux combats. Il aura le rôle primordial et s’il réussit, sa mémoire sera honorée pendant des générations.
Gigyou écouta Rockbrice traduire et son visage s’éclaira d’un grand sourire. Il se mit à parler rapidement. Koubaye n’avait pas besoin de la traduction pour comprendre qu’il donnait son accord pour que sa tribu s’unisse aux autres tribus pour faire front commun contre les buveurs de sang qui allaient venir. Koubaye se réjouit lui aussi. Le plan de Bulgach allait pouvoir se réaliser. La tribu de Gigyou vivait au début des gorges de Tsaplya. Personne ne connaissait le terrain mieux qu’eux. Leur rôle serait de faire entrer les buveurs de sang dans les gorges.
Koubaye resta dans les montagnes quelques jours pour voir les chefs de tribus. Puis, accompagné de Résal et de Rockbrice, ils descendirent tranquillement abandonnant la neige derrière eux. Quand ils arrivèrent près des terres du baron Corte :
   - Toi pas avoir peur ! Baron Corte loin vers le nord. 
   - Je sais, Il Dute. Il me faut marcher vite pour arriver avant le printemps.
   - Moi attendre-toi. Toi pas oublier, sonner la cloche quand arriver dans montagne.
Ils s’étreignirent. Résal sentit leur émotion. Il détourna le regard et commença à marcher. Koubaye le rejoignit un peu plus tard. Ils marchèrent en silence jusqu’au soir.
   - Où va-t-on ?
Koubaye regarda Résal avec l’air de quelqu’un qui n’a pas compris la question. Et puis d’un coup, il répondit :
   - Voir Riak !
Résal eut un sourire d’extase. Il allait voir la Bébénalki. Lui, le paria du lac de Sursu, allait voir celle que la déesse avait choisie… Il n’en revenait pas. Il pouvait bénir le maître de Sursu. Ce jour-là, son destin avait changé.
Ils avaient monté leur campement dans un petit bois.
   - Et les bayagas ?
   - Ne t’inquiète pas ! Même si tu en vois les lumières, ils ne viendront pas, répondit Koubaye en s’allongeant. 
Le lendemain, Résal ouvrit la marche. Il sentait l’eau et les guidait vers elle. Cela faisait sourire Koubaye. Mais Résal avait raison, ils iraient beaucoup plus vite en bateau. Ils traversaient les terres du baron Corte. La neige saupoudrait le sommet des collines. Les champs étaient au repos. Ils évitèrent les quelques villages qu’ils trouvaient sur leur chemin. Les gens du cru restaient au chaud. Résal les enviait. Il n’aimait pas le froid vif. Il avait hâte de trouver un bateau. Il lui semblait qu’il y ferait meilleur. Le troisième jour, ils virent le fleuve. Dans le fief de Corte, ce n’était qu’un petit cours d’eau à peine navigable. Résal courut jusqu’à la berge pour l’admirer. Koubaye le rejoignit. Il lui dit :
   - Plus bas, il y a un village. Entre ici et le village, il y a une vieille pirogue.
Résal regarda Koubaye. Il était toujours aussi étonné quand il lui annonçait ce qui allait arriver. Koubaye continua :
   - Elle est abandonnée. Son dernier propriétaire est mort. Il nous faut des rames…
   - Et une voile !
   - Plus tard, Résal, nous la trouverons plus tard quand nous aurons quitté les terres de Corte. Aujourd’hui, il nous faut trouver la pirogue. Nous naviguerons de nuit jusqu’après Ibim.
Résal fit remarquer que, vue la profondeur du fleuve jusqu’à Ibim, une perche serait plus utile. Ils coupèrent deux jeunes arbres bien souples en les déracinant. Koubaye ne voulait pas qu’on accuse les gens d’ici d’avoir coupé illégalement du bois. Ils trouvèrent la pirogue en fin de journée. Le soleil était bas. Il faisait froid. Résal examina l’embarcation et fit la moue.
   - Elle est à moitié pourrie. Elle prend l’eau.
   - J’écoperai, répondit Koubaye. L’étoile de Lex va se lever, allons-y !
La vieille pirogue demanda beaucoup d’effort pour se décoller de la terre où elle pourrissait tranquillement mais finit par rejoindre l’eau. Résal s’empara de la perche et la dirigea vers le courant. L’étoile de Lex se levait quand ils traversèrent le village. On devinait, à travers des portes mal jointes, des lumières. Comme ils s’y attendaient, ils ne virent personne. À la lumière des étoiles, Résal maintenait la vieille pirogue dans le courant. Koubaye écopait. C’est alors que les premiers bagayas arrivèrent. Résal se baissa brusquement quand une forme passa à côté de lui.
   - Ne crains pas, lui dit Koubaye qui s’était accroché aux bords de l’embarcation qui tanguait.
   - C’est plus fort que moi. Ça me fait peur.
Bientôt devant eux, le fleuve s’illumina de tout un arc-en-ciel de couleurs.
   - Regarde, Résal. Notre route est éclairée… La peur des bayagas est assez récente, si l’on peut dire.
   - Comment ça ? Tout le monde a peur des bayagas et à part les buveurs de sang, je ne connais personne d’assez fou pour faire ce qu’on fait.
   - Tu vois bien qu’il ne nous arrive rien de grave.
   - Oui, parce que tu es un Sachant ou parce qu’on accompagne la Bébénalki. Sans cela, je serais réfugié au fond de mon bateau derrière une cloison de protection. Même quand je naviguais sur les barges, je me méfiais.
   -  Pas seulement, Résal. Il fut un temps où la peur des bayagas était plus faible. On les évitait par crainte d’un malheur, c’est tout. Après la mort du roi Riou, les envahisseurs ont rencontré les bayagas et un baron en est mort. La peur l’a tué. Depuis leur peur a contaminé tout le pays.
   - Mais on connait tous des histoires terribles qui sont arrivées à des gens d’ici.
   - Tu as tout à fait raison. Cette réalité est encore moins vieille. Elle date de la grande révolte quand sont nés les buveurs de sang.
   - Les buveurs de sang ! Je les hais.
Résal cracha dans l’eau.
   - Tu n’es pas le seul. Toutes les familles honorent la mémoire de ceux qui sont morts à cette époque-là. Toutes les familles vivent dans la haine des buveurs de sang, mais toutes les familles en ont peur. C’est à cette époque que sont apparues les ombres noires.
   - J’en ai entraperçu quand je naviguais seul la nuit. Il y en a même une qui a longé ma pirogue. J’ai failli hurler quand j’ai vu son aspect dans la lumière de la lune. J’en ai fait des cauchemars pendant des semaines.
   - Pourtant tu en as vu quand nous étions sur le lac de Sursu. Une d’elles tirait l’embarcation de Riak.
   - Oui, mais elle est la Bébénalki et, avec elle, était le treïbénalki. Ils ont des pouvoirs.
   - C’est vrai, Riak a des pouvoirs. Les bayagas lui obéissent.
Résal garda le silence, digérant l’information. Le fleuve s’écoulait tranquille, brillant de reflets sous la danse des bayagas. Il reprit :
   - Tu es un sachant, alors elles t’obéissent.
   - Je les connais par leurs noms, mais elles ne m’obéissent pas. Elles n'obéissent qu’à Riak.
   - Que font-elles devant nous ?
   - Elles nous éclairent le fleuve, comme tu le vois. Elles le font parce qu’elles le veulent bien. Elles le font parce que nous allons voir Riak.
Le silence s'installa. Le fleuve devenant plus remuant, Résal se concentra sur sa conduite. Koubaye s'accrocha de nouveau aux bords. Ils furent secoués pendant un moment puis le calme revint. Ils traversèrent un autre village aussi désert que le premier.
   - Tout le monde est enfermé, dit Résal.
Il commençait à apprécier cette descente du fleuve. Il évoquait des promenades. Sur la fin de la nuit, les bayagas disparurent. Ils cherchèrent un endroit pour se reposer. Ils trouvèrent à l’aube un taillis bien touffu du côté de la plaine. Invisibles, ils entendirent passer des paysans. Ils parlaient de leurs terres et des difficultés avec leur baron qui restait intransigeant avec les taxes malgré les maigres récoltes. La journée s’étira en longueur. Ils dormirent chacun leur tour. Quand tomba la nuit, Résal réveilla Koubaye :
   - Je n’ai vu personne passer sur le fleuve de toute la journée… Il n’y a pas de tréïben par ici ?
   - Non, ils s’arrêtent à Ibim avant la grande cataracte. Ici, il n’y a que les locaux.
Ils poussèrent la pirogue à l’eau. Glissant silencieusement, ils reprirent leur voyage.
   - Au petit jour, on devrait être du côté de chez les Monao.
Résal acquiesça. Il leur faudrait alors passer la cataracte. Il en avait entendu parler sans jamais l’avoir vue. Il ne connaissait personne qui l’avait passée. Les tréïbens s’arrêtaient avant. Il pensa que Koubaye trouverait bien une solution. Il enfonçait sa perche régulièrement pendant que Koubaye consciencieusement écopait. Il avait bouché quelques fissures sans que cela suffise. L’eau entrait quand même, moins peut-être. Il eut un sursaut quand la première ombre lumineuse le frôla, faisant tanguer l’embarcation.
   - Ne crains pas, lui dit Koubaye. Ce ne sont que les bayagas. 
   - Je sais, grommela son compagnon. Elles continuent à me faire peur. Hier, tu as dit que tu les connaissais par leur nom ?
   - Oui.
   - Comment s’appelle celle qui vient de passer ?
   - Laquelle, j’en vois plusieurs.
   - Celle qui a un reflet rouge.
   - Son nom premier est Pronief.
   - On dirait le nom d’un mec des grandes plaines.
   - C’est ou plutôt c’était… Quand Rma a tranché le fil de sa vie, son ombre est restée là. C'est elle que tu vois danser.
Résal se tut. Alors les bayagas étaient les esprits de gens morts. À ce moment-là, la pirogue talonna.
   - Qu’est-ce qui se passe, demanda Koubaye ?
Il avait à peine fini de poser sa question que la réponse lui venait à l’esprit. Résal se mit en devoir de répondre.
   - On est en début d’hiver et il n’y a plus assez d’eau. Nous touchons le fond. Ce n’est pas bon signe. Nous ne pourrons jamais descendre la cataracte à Ibim surtout avec cette passoire.
   - Il y a un village juste avant la chute d’eau, nous nous y arrêterons. Nous retrouverons un bateau à Ibim. Il devrait y avoir assez d’eau.
   - Oui, dit Résal, le fleuve est rejoint par une rivière qui est plus large que lui. Après nous n’aurons plus de difficulté. Le plus dur sera de trouver un bateau.
Une nouvelle ombre lumineuse fit sursauter Résal.
   - Je m’y f’rai jamais !
Il regarda passer les bayagas qui rejoignaient le groupe qui caracolait au-dessus du fleuve.
   - Mais pourquoi ne les voit-on que lorsque brille l’étoile de Lex ?
   - Elle seule brille de cette lumière qui fait que nos yeux les voient.
Quand vint le matin, ils étaient au bord du territoire des Manao. Ils firent halte dans un bois touffu. Ils tirèrent la pirogue du mieux qu’ils purent à l’abri des regards. Résal s’inquiéta, elle restait visible du fleuve. Ils la couvrirent avec les branches mortes et les feuilles qu’ils trouvèrent sur place. Dans la partie où poussaient des résineux, ils se mirent à l’abri des branches basses. À moins de les soulever, personne ne pouvait les voir.
   - Il nous faut encore une nuit pour arriver à la grande cataracte et puis il faudra trouver comment on peut aller à Ibim.
Ils reprirent la route à la nuit tombée. Dès le lever de l’étoile de Lex, les bayagas vinrent danser des sarabandes devant eux, éclairant le fleuve de multiples reflets. Résal poussait sur sa perche pour  progresser plus vite. Il sursauta quand une ombre noire vint se glisser dans la ronde de bayagas.
   - J’ai encore plus peur de cette noirceur.
   - Ne dis pas cela… cela va attirer…
Koubaye n’avait pas fini de parler que l’ombre noire se dirigea vers eux. Son aspect était affreux. Elle semblait faite de charognes agglomérées. Résal tremblait de tous ses membres. Koubaye se mit tant bien que mal debout dans la pirogue qui tanguait dangereusement. L’ombre noire se rapprocha de son visage. Il la regarda sans sourciller.
   - Onguemac ! Ton nom fut Onguemac.
L’ombre tressaillit. Elle gagna en consistance devenant plus dense et en même temps son aspect s’améliora. On devina comme une forme humaine et d’un coup, elle disparut.
   - C’était quoi, ce truc, demanda Résal qui s’était assis, ses jambes ne le portant plus.
   - Onguemac était le nom d’un habitant de Ibim. Comme beaucoup d’autres, il fut massacré lors de la grande révolte.
   - Ils sont nombreux comme cela ?
   - Ils sont nombreux. Leur colère est grande et noire.
   - Il aurait pu s’en prendre à nous.
   - Sa colère n’est pas contre nous et je connais son nom.
Au  bout d’un moment, Résal repoussa dans le courant la pirogue qui s’était échouée contre un banc de cailloux. Koubaye reprit sa corvée d’écopage. La nuit se passa ainsi au rythme du bruit de la perche et de l’écope.
   - Il y a un bois là-bas. Nous allons nous y arrêter. La cataracte n’est plus très loin.
Résal suivit les instructions de Koubaye et poussa la pirogue dans ce sens. Ils furent déçus par l’aspect du bois. Proche du village, il n’avait pas d’endroits assez touffus pour y rester.
   - Laissons-là la pirogue et continuons à pied. Le jour ne s’est pas encore levé.
   - Et si des villageois nous voient ?
   - Ils nous prendront pour des treïbens retournant vers Ibim. Tu en as l’habit et l’aspect, répondit Résal. Et puis nous serons sur le chemin de la descente avant qu’ils ne bougent.
Comme l’avait dit Koubaye, ils furent hors de vue du village quand l’aube se montra. Le chemin était muletier et ils progressèrent vite. Ils s’arrêtèrent à quelques distance de la ville. Ils virent des gardes locaux et des policiers surveiller l’entrée. Résal jura. Koubaye lui fit signe de se taire et de le suivre. Ils prirent une trace dans les hautes herbes. Ils contournèrent la ville par l’ouest. Les remparts étaient en mauvais état et de nombreuses bâtisses s’y étaient adossées. Koubaye se dirigea vers l’une d’elle qui semblait en ruine. Des gens en guenilles traînaient çà et là. Ils les regardèrent passer sans rien dire. Koubaye avait rabattu le capuchon de sa cape. On ne voyait pas son visage. Il fit signe à Résal de se taire. Ce dernier referma la bouche sans prononcer les paroles qu’il avait préparées. Ils se glissèrent derrière des planches, évitèrent les tas de débris avant de s’arrêter.
   - Mais qu’est-ce qu’on…
   - Chut !
Résal se tut à nouveau. Koubaye ferma les yeux, sembla réfléchir un instant et se dirigea vers un coin de la baraque, il souleva de vieilles nippes poussiéreuses. Il se tourna vers Résal avec un grand sourire et lui murmura :
   - C’est là !
Avant qu’il n’ait pu répondre Koubaye avait disparu. À son tour, il souleva le tas de vieilleries et découvrit l’entrée d’un tunnel. Il s’y glissa, laissant retomber ce qui servait de trappe. Le noir fut complet. Il entendit Koubaye battre le briquet. Bientôt une petite flamme dissipa un peu les ténèbres. Après avoir allumé une bougie, Koubaye se mit en route. Il avança dans le tunnel suivi de Résal qui avait sorti son coutelas. Il n’aimait pas ces endroits sans lumière où il se sentait étouffer. Cela ne dura pas longtemps. Ils atteignirent rapidement une cave.
   - On a passé les remparts, nous sommes sous la maison d’un “grand savoir”. Il va nous aider. 
Koubaye continua sa progression et monta le premier à l’échelle. Son irruption dans la pièce causa un grand émoi à la maîtresse de maison qui préparait le repas. Koubaye fit un signe de reconnaissance et la femme se calma.
   - Prenez place, leur dit-elle. Je vais prévenir celui qui sait.
Rapidement elle leur servit un bol de soupe chaude et s’éclipsa. Elle revint accompagnée d’un homme entre deux âges.
   - Mon nom est Essaug. Mon épouse me dit que vous êtes passés par le tunnel. Soyez les bienvenus. Restaurez-vous puis vous me direz votre mission. J’espère pouvoir vous aider.
L’homme leur raconta alors qu’un “grand savoir” était passé il y a quelques jours. Il n’avait pas eu la chance de Koubaye, ils avaient été attrapés, lui et son serviteur, par les gardes du baron Corte qui étaient en ville. Koubaye questionna Essaug et comprit qu’il s’agissait de Balima et de Siemp. Ils allaient partir avec Corte pour la capitale. Son bateau serait prêt demain. Un des gardes lui avait dit que Corte comptait les remettre aux buveurs de sang. Certains avaient voulu monter un commando pour aller le délivrer. Ça ne s’était pas fait à cause du trop grand nombre de soldats du baron. Des messages étaient partis pour les villages le long du fleuve. Corte serait plus vulnérable lors d’une escale. Pendant que Koubaye et Essaug discutaient, Résal fut envoyé en éclaireur sur le port. Sa mission était de chercher un embarquement pour descendre le fleuve, en toute discrétion.
Quand il revint, il entendit la dernière question de Essaug.
   - Mais pourquoi n’a-t-il pas pris le souterrain ? Il le connaissait.
Koubaye ne lui répondit pas. Il regarda vers Résal et lui demanda :
   - Alors ?
   - Les soldats de Corte et les policiers sont sur les dents. Manifestement ils cherchent les “grands savoirs”. Ils arrêtent tout le monde. Je n’ai dû mon salut qu’à un capitaine qui s’est porté garant pour moi. C’est Tsuel. On a déjà fait affaire ensemble. Il peut nous prendre à bord. Je lui ai laissé entendre que je faisais un voyage très rentable…
   - Il attend une gratification, dit Koubaye en souriant.
   - On a toujours été réglo l’un envers l’autre.
   - Je crois voir ce qui pourrait l’intéresser. Quand pourra-t-on embarquer ?
   - C’est là que cela devient difficile. Tous les accès sont contrôlés. On ne pourra passer qu’après le lever de l’étoile de Lex et cela a fait peur à Tsuel. J’ai dû lui en dire un peu plus.
   - Explique !
   - Je lui ai dit que ton savoir était grand et que tu savais les rites face aux bayagas.
   - Et s’il vous dénonce, intervint Essaug ?
   - Je lui fais confiance, répondit Résal.
   - Je te crois, dit Koubaye. nous irons ce soir. Corte et ses prisonniers partiront demain, comme nous. Il nous faudra rester discret.

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