mercredi 9 novembre 2011

Pendant ce temps

Pendant ce temps dans la maison commune, Chan écoutait le hurlement des loups. Se retournant vers les hommes assis en cercle autour du feu, il jura :
- Knam ! Que Sioultac soit maudit !
- Te voilà bien mal poli Chan.
- Je sais l'Ancien, mais faire sortir les hommes par un temps pareil n'est pas une joie. Pourtant, on ne peut pas laisser la meute s'approcher plus.
- Elle chasse, Chan. Si elle a du gibier, elle partira.
- Oui, l'Ancien. Tu as raison mais pour le moment elle se rapproche et il faut bien prévoir.
- C'est pour cela que tu es un bon chef. Tu prévois.
Chan donna des ordres. Les hommes présents se préparèrent.
- Où est Kalgar et son marteau?
- Il est parti aider le Maître Sorcier.
- Dès qu'il revient, vous vous mettrez en route.
Un cri retentit à l'autre bout de la maison commune. Derrière un rideau, entourée des femmes et de la matrone, la femme de Kalgar accouchait.
Entre deux bourrasques, un cri sembla lui répondre. Cela venait de dehors. Les hommes s'entreregardèrent.
- N'attendez pas Kalgar, allez ! cria Chan.
Ouvrant la porte de planches jointées de boue, ils s'enfoncèrent dans la nuit. Les torches malmenées par le vent, ne donnaient qu'une faible lumière. Le groupe d'une vingtaine de silhouettes se dirigea vers la porte de l'enceinte. La centaine de bâtisses que comportait la ville, étaient en bois sauf la maison commune et le temple qui avaient des murs en pierre. Basses et sur le flanc d'une colline, elles dessinaient un lacis de rues et de ruelles qui avaient en commun d'être envahies de courants d'air.
Kalgar les rejoignit alors qu'il prenait la montée du puits.
- Comment va ma femme?
- Les douleurs ont commencé mais la matrone est avec. Son totem est puissant, il la protègera.
Celui qui avait parlé, portait un casque et une armure de cuir recouvert de plaques. Son nom était Sstanch. Il était le chef de la milice et allié de la femme de Kalgar par le sang. La milice se composait de quatre gaillards, forts en gueule, mais pauvres en idées. Sstanch avait parfois du mal à les tenir, pourtant leur fidélité était sans faille. La troupe des miliciens et des volontaires, longeait les palissades pour éviter les tourbillons de vent. Les hurlements de la meute étaient maintenant très près. Sstanch estimait qu'elle approchait de la porte des hautes terres. Que chassait-elle? Cela lui semblait bizarre qu'elle n'ait pas déjà réussi à attraper sa proie. A moins qu'elle n'ait attaqué un ours. Il avait déjà vu cela une fois étant jeune. L'énorme bête était sortie de sa tanière où elle hibernait pour ses besoins. Une meute affamée l'avait prise pour une proie potentielle. Leur combat avait retenti toute la journée dans les bois autour de la ville. Les enfants avaient été voir depuis la palissade extérieure les cadavres des loups sur la neige et les survivants en train de se repaître de la carcasse de l'ours.
Aujourd'hui pas de soleil, une sale nuit de grésil et de vent et une meute qui devenait dangereuse par sa proximité. Il comprenait la volonté de Chan, mais ce n'était pas lui qui risquait sa peau. Ils approchaient de la porte des hautes terres par la ruelle du vieux puits.
- On dirait des coups!
- C'est les loups qui attaquent la palissade!
Ils pressèrent le pas.
- Non, on cogne sur la porte.
Deux hommes se précipitèrent sur la barre qui bloquait la porte. Les autres se saisirent de leurs armes, qui une épée, qui une faux, qui une serpe. Kalgar avait saisi son lourd marteau et se tenait prêt.
La porte s'ouvrit. Une femme s'effondra vers l'intérieur. A la lueur de leurs torches, ils virent la silhouette d'un homme qui faisait des moulinets avec un brandon fumant. Dans un hurlement, les loups attaquèrent. Dans un bref instant de répit du vent, on entendit une mâchoire se refermer en claquant. L'homme hurla de douleur. Trois loups lui sautèrent dessus. D'autres se précipitèrent par la porte restée ouverte. Les hommes de la milice entrèrent en action. Kalgar écrasa la tête d'un loup qui venait de mordre la femme à terre. Son habit de cuir le protégea d'une autre attaque. La mêlée était confuse. Filt et Calt attrapèrent l'homme extérieur qui avait lâché sa torche. Pendant ce temps quatre autres bataillaient contre les loups avec leurs torches ou leurs armes. Voyant leur échec, le chef des loups aboya un bref cri. Grondant et ne quittant pas les hommes des yeux, les survivants refluèrent vers la forêt toute proche.
Sstanch hurla :
- Fermez la porte!
Pendant que quatre hommes s'arc-boutaient pour qu'elle se ferme plus vite. Sstanch montra la tour de guet.
- Filt et Calt, prenez les torches et montez là-haut!
Voyant ses ordres suivis, il se retourna vers le couple. La femme gisait par terre dans la position où elle était tombée. L'homme était recroquevillé sur son bras droit.

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