- Tu as entendu? dit la Solvette à la femme de Kalgar.
- Oui, les esprits sont justes. Si elle vit, elle pourra avoir la tête haute et nous aussi. Emmaillote-la, Solvette. Fais ce que tu peux pour l'aider.
La Solvette prit l'enfant. Après avoir tété, elle dormait en faisant des bulles. Elle l'emmaillota dans plusieurs épaisseurs intercalant entre chaque couche des herbes d'elle connues. En les mélangeant savamment, elles dégageaient de la chaleur. La Solvette fit de son mieux. Elle n'eut malheureusement pas assez de temps pour faire de même avec le garçon des étrangers.
La milice attendait. Retourner derrière les remparts alors que rôdaient des loups noirs, rendait les hommes nerveux. Sstanch donna un des paquets à Filt et l'autre à Calt. Dès qu'ils furent dans la rue, ils mirent des raquettes pour affronter cette neige lourde qui tombait en s'accumulant. Kalgar n'était pas de cette sortie. Chan lui avait donné l'ordre de rester près de sa femme. Sstanch pressa ses hommes, plus vite sortis, plus vite rentrés. Il prit quand même la précaution d'observer les alentours avant que d'ouvrir la porte. Du haut de la tour de guet, Sstanch scruta l'ombre au loin. La meute semblait avoir disparu. Sans le vent, les torches brûlaient d'un éclat suffisant pour faire fuir les loups. Les deux premiers hommes se glissèrent par l'entrebâillement de la porte. Ils restèrent un bon moment à observer les bois, mais ils ne virent aucune lueur d'œil de loup. Deux autres hommes sortirent puis Filt et Calt. Derrière eux, quatre autres porteurs de torches prirent position, l'arme à la main. Du haut de la tour, Sstanch avait bandé son grand arc. Il se tenait prêt en cas d'attaque de la meute. Les dix hommes firent mouvement vers la pierre qui bouge, à une portée de flèche. Ils l'atteignirent sans encombre. Filt et Calt déposèrent les deux paquets, presque avec tendresse. Au pas de course, toute la troupe regagna la protection de la palissade. S'appuyant sur le battant de la porte, ils la firent claquer.
Au loin un loup hurla.
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