jeudi 17 décembre 2015

Les mondes noirs : 11

Le lendemain, jour du départ, tous les mâles dominants étaient rangés en bon ordre devant la porte du clan. Dame Érausot se montra sur la terrasse surplombant la place. Les mâles dominants mirent un genou à terre et prononcèrent le serment d'allégeance à la dame du clan. Dame Érausot leva le bras pour montrer l'amulette du clan. Chavda qui était à côté d'elle, éclaira ce que Dame Érausot tenait en main. On vit briller la pochette bleu profond qui était censée contenir l'amulette du clan.
- Que l'Idole soit votre force, que le bleu de vos amulettes soient le réceptacle de sa puissance. Vous serez le fer de lance de ceux qui ramèneront les criminels pour que la justice soit faite.
Les mâles dominants se levèrent en poussant une grande clameur. Avec un temps de retard, leurs serviteurs virent joindre leur voix à celles de leurs maîtres. Seuls ceux de l’intendance gardèrent le silence. La peur se lisait sur leurs visages.
Lourdement, les groupes se mirent en route. Les autres clans les regardèrent passer. Certains applaudissaient au passage les encourageant, d’autres restaient claquemurés derrière leurs hauts murs. Tout dépendait du degré d’alliance avec le clan bleu. Dame Érausot savait que, derrière les murs, dans chaque conseil, on supputait leurs chances de revenir et de ramener l’idole. Les mâles dominants marchaient fièrement. Ils arboraient leurs tenues de combat, faites d’un cuir dur réhaussé de plaques de métal. Ils avaient une épée longue au côté, des coutelas à la ceinture. Derrière les serviteurs portaient les armes de rechanges, les lances et le bardât nécessaire pour cette campagne. L’intendance suivait en un troupeau informe. Chacun portant une lourde charge. Ils passèrent ainsi devant quatre clans avant de rejoindre la place d’armes devant le palais de la reine. Les y attendaient les gardiens et les goulques, ainsi que la troupe royale. Sous les oriflammes, les mâles royaux étaient impeccablement alignés. Les goulques trémulaient et les gardiens essayaient de les faire tenir tranquille. Cela faisait un remue-ménage bruyant et malodorant. On avait enlevé les colliers habituels des goulques pour les remplacer par des colliers plus légers avec moins de contrôle qu’elles puissent aller dans les mondes noirs. Quand parut la reine et que hurlèrent les mâles royaux, les goulques s’agitèrent encore plus et glapirent, glaçant le sang des moins hardis. Les mâles dominants bleus se rangèrent derrière la troupe royale. Les serviteurs et l’intendance se répartirent au fond de la place et dans les rues adjacentes. La reine leva le bras pour imposer le silence.
- Nobles mâles, vous allez partir à la recherche de notre bien le plus précieux. Notre Idole qui depuis des lustres défend nos frontières et notre pays a été violenté par celui-là même qui aurait dû lui rendre hommage. Un mâle bleu...
De la place, on vit une femme se pencher à l’oreille de la reine et murmurer quelque chose. Même de loin, on vit son visage se décomposer. Elle rentra brusquement laissant le balcon des discours vide. Les spectateurs restèrent stupéfaits. On n’avait jamais vu, ni entendu une telle chose. Déjà en soi, le vol de l’Idole était un sacrilège sans nom. La conduite de la reine venait rajouter à la confusion. Après un temps d’attente, les gens se mirent à s’agiter sur la place. Les goulques elles-mêmes, semblaient mal à l’aise.

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