dimanche 22 avril 2012


La porte de la Solvette faillit exploser sous la poussée. Elle foudroya du regard les hommes qui entraient. Ils s'arrêtèrent tous penauds, ne sachant quoi faire. Ils portaient un brancard. Un autre homme pénétra dans la grande pièce qui servait de maison à la marabout du village.
- Qu'est-ce que vous voulez ?
- Sle (Il est blessé, soigne-le!).
- Pourquoi ferais-je cela ?
Muoucht entra juste à ce moment-là pour traduire. Qunienka se tourna vers lui pour comprendre ce que la femme disait.
- Quiloma (C'est le prince neuvième Quiloma, tu dois le soigner !).
- Il n'a pas fait du bien à la ville. répondit la Solvette sans attendre que Muoucht traduise ces paroles.
- Tu comprends ce qu'il dit ? interrogea Muoucht
- Oui, le sens de leurs paroles est clair. Je ne suis pas prête à aider ceux qui sont capables de tuer comme cela.
Méaqui entra à ce moment-là. Il fit un signe à Qunienka qui lui résuma ce qui arrivait. Il prit la parole :
- Ftem (Femme, soigne-le et la paix régnera ou laisse-le mourir et la mort visitera tout ce village).
- Salaud ! dit La Solvette en faisant signe aux porteurs d'avancer.
- Tmi (Laisse deux groupes ici, pour surveiller, Qunienka !).
La Solvette se retourna brusquement, s'avança vers Méaqui, le fixa dans les yeux et articula froidement :
- Vous pouvez dire ce que vous voulez mais dans cette maison, c'est moi qui décide.
Elevant la voix, elle cria:
- Dehors, tous !
Le vent s'engouffra par la cheminée et souffla telle une tempête dans la pièce, poussant les hommes vers la porte. Méaqui avait pâli à l'apparition du vent. Luttant contre lui pour ne pas courir, il sortit quand même plus vite qu'il ne l'aurait voulu. La porte claqua toute seule derrière lui.
La Solvette, restée seule avec le blessé, s'approcha du brancard. Avec des gestes très doux, elle libéra les attaches et les couvertures, découvrant Quiloma inconscient. Il était brûlant de fièvre. Le sang séché formait de grandes traces brunes sur le blanc de son vêtement. Certaines zones suppuraient avec cet aspect humide et malsain qui fit faire la grimace à la Solvette. Ils lui avaient amené un quasi mourant. Elle découpa les vêtements fronçant le nez quand certaines odeurs la touchaient. Elle se posa la même question que Méaqui. Comment cet homme avait survécu avec de telles plaies au blizzard ? Elle fit un geste vers la cheminée, le feu se ranima. Elle poussa la paillasse vers le feu pour mieux voir. Le crammplac avait entamé le cou un peu, puis ses griffes s'étaient enfoncées dans la cage thoracique, éclatant les côtes. Les quatre lignes de griffures s'achevaient sous le nombril en ayant dilacéré la paroi du ventre. Elle continua à le dévêtir. Enlevant les vêtements souillés de sang, de sanies, d'excréments, elle le mit à nu. Elle porta le tas au feu, ne gardant que le gant gauche à cause de l'anneau de couleur teint au niveau du majeur. Elle regarda quelques instants les flammes dévorer joyeusement ce curieux combustible. Elle se retourna vers Quiloma toujours inconscient. Elle le trouva beau et fut choquée de pouvoir penser cela. Elle refoula cette impression et se concentra sur les soins qu'il nécessitait.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire