mardi 8 mai 2012


Le maître de ville était à peine sorti que Natckin lança les ordres pour faire creuser. Il voulait savoir.
Les apprentis arrivèrent bientôt avec quelques outils. Ils commencèrent à creuser le sol au hasard.
Tonlen les arrêta.
- Attendez ! cria-t-il.
Les gens s'arrêtèrent, qui les bras en l'air, qui en plein effort.
- Vous ne savez pas ce que vous faites. Le Maître Sorcier n'a pas demandé que vous détruisiez la maison. Il faut d'abord réfléchir au message. Ce qui est sûr : la volonté du Maître Sorcier est que nous reprenions les exercices. Alors que tous ceux qui n'ont pas de travail précis se mettent à leurs exercices. Que les autres remplissent leur tâche. Et nous, nous devons nous concerter avec maître Natckin.
Natckin ne dit rien, laissant Tonlen imposer sa volonté. Quand tous furent sortis, il s'attendait à des remontrances de la part du maître des cérémonies. Celui-ci s'approcha de lui et le surprit en lui faisant le salut réservé au Maître Sorcier.
- J'ai entendu le Maître Sorcier donner sa volonté, Maître en second Natckin. Vous devez occuper cette place pour nous. Sans maître cette communauté ne peut que se détruire. Sans rites, elle ne peut survivre. Nous n'avions aucun espoir et voilà que notre Maître Sorcier vient nous rendre l'un et les autres. Vous l'avez entendu, il a fait un rite de divination et cela hors du Temple.
- J 'ai entendu, Maître des cérémonies, mais nous ne savons pas où creuser pour trouver le signe.
- Le signe est déjà donné. Le vrai Maître Sorcier a parlé, j'en suis sûr. Quant au rouleau, s'il n'a pas donné de précisions, c'est parce que nous devons savoir où il est.
- Mais je ne sais pas, moi !
- Que vous manque-t-il pour savoir?
Natckin ne sut quoi répondre. Tonlen alla chercher Tasmi et le plaça à côté de Natckin.
- Voyez la sagesse du Maître Sorcier. Il vous adjoint un disciple pour que vous puissiez remplir votre fonction quand viendrait le moment. L'instant est là.
Se tournant vers Tasmi, il lui dit :
- Où creuserais-tu ? Ne réfléchis pas, mais sens en toi le lieu.
Celui-ci se sentit important tout d'un coup. Il se laissa aller à faire ce qu'il fallait pour bien tenir son rôle. Il ferma les yeux en prenant l'air inspiré. Il jouissait de l'idée de ces deux maîtres pendus à ses lèvres. Puis la réalité s'imposa à lui. Il ne savait pas non plus. La peur le gagna. Qu'allait-il pouvoir dire? Ses yeux affolés se mirent à chercher une sortie. Promenant son regard de droite et de gauche, il luttait contre la panique qui arrivait en lui par vagues successives. Le malheur allait le poursuivre. Il allait trahir la confiance de ses maîtres en ne sachant pas répondre. Une cache, il lui fallait une cache pour disparaître aux regards de ceux qui allaient le juger incapable. C'est à ce moment-là qu'il vit la lueur, ou plus exactement comme une lumière qui semblait irradier du pas de porte.
- Là, c'est là, hurla-t-il en désignant le seuil de la grange.
Sur un signe de Natckin, un assistant se précipita. Le sol était dur, tassé par le passage répété des hommes et des bêtes. On n'entendit pendant un moment que le bruit des outils et les « Han! » de ceux qui creusaient. Il y eut un craquement. Les mouvements se ralentirent. On dégagea des solives. L'assistant regarda Natckin avant de les dégager. D'un signe de la tête, il donna son accord. Sous la cloison de bois, ils découvrirent des rouleaux. Le cœur de Natckin fit un bond dans sa poitrine. Des rouleaux sacrés!
Les autres participants avaient reculé en voyant le cylindre de bois. Tonlen, au contraire, s'était approché. Natckin lui jeta un regard interrogatif.
- Je pense qu'il faut le traiter comme ceux du Temple. Je comprends mieux le malheur qui a frappé la maison d'Andrysio s'ils détenaient un tel rouleau contre toutes les règles.
Natckin dégagea avec beaucoup de respect et de précaution le cylindre de bois. Tous les présents mirent genoux à terre. Le couvrant de son habit pour le soustraire à la vue, Natckin se dirigea vers la pièce qui lui servait de logement. Tonlen lui emboîta le pas. Tasmi courait devant pour prévenir. Tous les sorciers, apprentis, disciples ou maîtres, pliaient les genoux sur le passage. Ce fut comme bon feu dans le grand froid de l'hiver. On retrouvait l'espoir d'un mieux.

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