Kalgar regrettait Bislac. Il était le
meilleur de ses apprentis pour surveiller la fonte du métal. Il
savait alimenter le feu avec le charbon de bois pour que le creuset
soit juste à la bonne température pour la coulée. Il avait remis à
plus tard certaines pièces mais devant les difficultés de guérir
de Bislac, il s'était résolu à reprendre la tâche lui-même. Le
travail courant en pâtissait. Les outils pour les machpes avaient
souvent besoin de réparation. Cela le mettait de mauvaise humeur. Il
ne tiendrait pas parole. Il pensa que sans les extérieurs, il ferait
son travail d'hiver habituel au lieu de refaire des pointes de
flèches et de ne pas pouvoir honorer ses délais. Bislac serait là
à surveiller le feu.Tout serait tranquille. Et puis ses pensées
s'orientèrent vers les pierres qui brûlent. Il faudrait un jour
qu'il essaye cette manière de chauffer. Elle semblait rapide,
puissante, plus que le charbon de bois dont il avait l'habitude et
qui n'était pas toujours de bonne qualité pour permettre une bonne
fusion du métal. Il en était là de son soliloque intérieur quand
Muoucht entra avec l'homme à l'anneau rouge et noir qui commandait
les extérieurs en l'absence du chef qui, il espérait, allait mourir
chez la Solvette. Ils étaient suivis par une escouade qui traînait
un homme. Dans le contre-jour, il ne le reconnut pas. Ce n'était pas
un de ces maudits guerriers. Il avait les habits de la ville. Les
soldats qui le tiraient, le jetèrent à terre devant le foyer de la
forge.
- Sha...., dit l'homme à l'anneau
rouge et noir.
- Enchaîne-le ! traduisit Muoucht. Il
a voulu tuer le prince.
Bartone ! Il venait de reconnaître
Bartone. Il ne l'avait pas revu depuis le massacre de sa maison. Il
savait qu'il s'était réfugié dans les grottes à machpes de la
maison Andrysio. Depuis Kalgar n'avait pas eu de nouvelle.
- Que veut-il que je lui enchaîne?
Muoucht traduisit, écouta la réponse
et dit :
- Un anneau à chaque pied et une
chaîne d'une coudée entre les deux. Un anneau à chaque poignet
avec une chaîne de six coudées à chaque, et deux pieux de fer.
Kalgar cacha son étonnement et se mit
au travail. Tout en martelant le métal, il demanda à Muoucht :
- Tu peux leur demander des pierres qui
brûlent pour moi?
- Tu en as besoin?
- J'aimerais bien essayer pour voir ce
que ça donne dans la pratique.
Muoucht se tourna vers Miaro. La
discussion fut assez animée. Kalgar avait fini les anneaux. On lui
amena Bartone qui lui jeta un regard exténué. Kalgar lui fit un
petit geste avec les épaules pour lui signifier son impuissance. Un
guerrier blanc lui prit brutalement le bras et le posa sur l'enclume.
Bartone grimaça mais ne résista pas. Kalgar fixa un premier anneau.
Bartone donna lui-même l'autre bras.
Il finissait de fixer la chaîne entre
les pieds quand Muoucht reprit la parole :
- Ils ne sont pas contre le fait de te
fournir des pierres qui brûlent mais il veut l'accord de son prince
avant de te donner son accord définitif. Si tu y as accès, il
faudra que tu fasses des épées pour eux. Alors réfléchis bien
avant de demander à nouveau.
Kalgar les regarda partir traînant
Bartone sur la neige. Il les vit se diriger vers le temple.
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