Quiloma était étonné d'être encore
vivant. Le grand être n'était pas revenu. Il en venait à douter de
sa réalité. Dès que la lumière fut suffisante, il se dépêcha
d'aller à la clairière. Un anneau était à prendre. La neige avait
fait son œuvre. Il ne reconnaissait rien. La pierre éclatée était
là. Le feu qui couvait encore grâce aux pierres à feu, avait fait
fondre la neige tombée. Il jura entre ses dents. Il y avait là sous
la neige un anneau inestimable et lui était là sans pouvoir le
toucher. Il rageait. Il ne put s'empêcher de fouiller, sans rien
trouver bien sûr. Il avait avec lui ses chefs de sections.
- Dro...(Quels sont les ordres, mon
prince?).
Quiloma réfléchissait à toute
vitesse. Il avait pensé que sa mission serait courte, trouver les
fuyards et les ramener morts ou vifs, sauf l'enfant qui devait être
vivant. De trouver tout le monde mort ne l'avait pas ému. Cet enfant
ne représentait rien pour lui. Il y aurait un autre prince majeur
pour régner. C'est quand il avait vu l'anneau qu'il avait compris
que les choses allaient se compliquer. Cet anneau était une légende.
Seuls les princes de haut rang la connaissaient vraiment. A son
niveau, on savait qu'il contenait le Pouvoir. Nul ne savait trop
comment, mais ils avaient vu les princes de haut rang prêts à tout
pour le posséder. Même sans jamais l'avoir vu, Quiloma l'avait
reconnu. Sa description était fameuse. Le retour était impossible
sans lui. Il y avait trop de neige, de plus l'explosion pouvait
l'avoir envoyé n'importe où. Rester ici changeait ses plans. Il
divisa la phalange en plusieurs groupes. Cinq hommes partiraient vers
le soleil levant pour une mission de reconnaissance. Cinq autres
iraient vers le soleil couchant. Leur mission serait de faire la
topographie locale autour du village. L'autre partie de la mission
consisterait à voir si des renforts pouvaient arriver jusqu'ici. Ils
n'étaient qu'une phalange. Face à une armée, ils seraient vaincus.
Il ne pouvait pas courir le risque. Il décida de ne pas égorger les
villageois. Si tout s'était bien passé, il aurait supprimé les
témoins gênants. Si le séjour durait longtemps, il aurait besoin
d'eux pour le ravitaillement. Il avait aussi remarqué l'épée du
chef de guerre du village, une belle arme. Il fallait qu'il trouve
celui qui faisait ça. Quiloma continua à distribuer ses ordres. Il
envoya les dépouilles pour identification au prince majeur, en lui
faisant passer le message que, vu la manière dont les villageois
avaient traité les corps, l'anneau était perdu. Il précisa que lui
Quiloma avait trouvé les fugitifs et qu'il restait sur place pour
retrouver l'anneau. Il envoya avec eux dix hommes de plus pour faire
le plein de pierres de feu dans la vallée voisine. Ils en auraient
besoin pour se chauffer. Il mit les autres guerriers à l'œuvre. Il
fallait construire un fort provisoire en attendant le retour des
messagers. Si la chance leur souriait, c'est-à-dire pas trop de
neige, ni de vent et surtout pas de mauvaises rencontres, les
instructions seraient là quand Quichcouan, la lune rousse, serait au
zénith.
La phalange se déploya. Dix hommes se
mirent en faction. Les villageois pouvaient avoir l'idée de les
attaquer en les pensant en moindre résistance. La cinquantaine qui
restait, se mit à découper les blocs de neige compacte pour faire
un mur d'enceinte.
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