Chan était un homme
prudent. Il mit tous les miliciens en alerte et fit prévenir tous
les hommes capables de se battre. Dans le même temps, il demanda au
maître sorcier son avis sur ce qu'avait vu le guetteur.
- Chef de ville, les
esprits sont silencieux. Depuis leur visite qui m'a tant secoué, ils
ne parlent plus. Je sens des forces puissantes sans pouvoir dire si
elles sont bienfaisantes ou non.
Chan le remercia, tout en
maudissant intérieurement ce jeune maître sorcier, incapable de
faire ce que faisait son prédécesseur. Il avait le sentiment de ne
pas pouvoir compter sur lui. On arrivait en milieu de la matinée
sans savoir quelle bête étrange arrivait. Il se rendit à la maison
d'arme. Il ouvrit la porte : personne. Il resta sur le seuil un
moment interloqué. Il entendit des voix au-dessus de lui. Sstanch
était sur la tour avec deux hommes. Il avait l'air assez excité.
Chan l'appela.
- Non, je ne descends pas,
montez, Chef de ville. Il faut que vous voyiez cela.
Chan faillit répondre
vertement à Sstanch. C'est bien la première fois qu'il osait lui
donner des ordres. Il devait se passer de drôles de choses! Ravalant
son orgueil, Chan fit l'effort de monter l'échelle, ce qui vu son
embonpoint n'était pas facile. Arrivé en haut, il entendit les
trois hommes parler en regardant du côté de la pierre qui bouge.
- Qu'est-ce qui se passe,
Sstanch? Vous ne croyez pas que vous exagérez un peu?
Celui-ci ne répondit même
pas, mais prenant le bras de Chan, il lui dit en pointant un doigt
vers la forêt :
- Regardez là-bas !
- Et qu'est-ce que je dois
voir?
- Là, au-dessus de la
forêt, on voit l'arbre foudroyé, si vous montez votre regard vers
le col de l'homme mort, vous verrez!
Chan suivit du regard la
direction que Sstanch lui indiquait mélangeant paroles et geste. Il
vit.
- Mais qu'est-ce que c'est
que ça?
- Ça ne me dit rien qui
vaille. On dirait une colonne d'hommes en marche.
- Ce n'est pas possible!
Avec toute cette neige, ils ne pourraient pas aller à cette vitesse.
- Si vous regardez bien,
on voit devant un homme en raquettes, il a le déplacement bondissant
qu'on voit quand arrivent les coureurs des montagnes.
- Oui, d'accord mais les
autres?
- Ils glissent sur la
neige en s'appuyant sur des bâtons.
Calt ouvrit la bouche à
son tour. Il était celui qui avait la meilleure vue.
- Ils sont sur des
planches et ne s'aident pas de bâtons mais on dirait plutôt des
lances courtes. En plus ils ont chacun un arc dans le dos.
Chan pâlit.
- C'est une armée!
Combien sont-ils?
- Je dirais plusieurs
dizaines, une dizaine de dizaines.
- Dans combien de temps
seront-ils là?
- Dans trop peu de temps,
Chef de ville. Le soleil ne sera pas au sommet de sa course qu'ils
seront devant nos murs.
- Prévenez le maximum
d'hommes et qu'ils soient tous avec une arme près de la porte avant
ça.
Tout le monde descendit
sauf Calt qui assurait la surveillance.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire