mercredi 25 janvier 2012

Sstanch fut chargé de rencontrer


Sstanch fut chargé de rencontrer les extérieurs. Il avait demandé à Kalgar de l'accompagner. Sa haute stature et son courage étaient un atout. Il avait aussi choisi trois autres gaillards de la même taille. Il sortit ainsi avec quatre hommes d'escorte, laissant ses miliciens à l'intérieur. Il avait donné ses ordres à Filt au cas où. Il voulait faire bonne figure devant le prince étranger, en tout cas lui faire comprendre qu'une bataille contre la ville, lui coûterait cher, alors qu'il était loin de ses bases de ravitaillement. Sur la palissade rebaptisée remparts, les archers se tenaient prêts, l’air aussi menaçant que possible. C’était surtout une idée de Chan. Sstanch lui avait expliqué que les extérieurs connaissaient la portée des arcs de la ville, qu’il était inutile d’aligner des archers incapables de lui venir en aide voire pire, susceptibles de lui lâcher une flèche dans le dos par maladresse. Chan était resté sur ses positions. Sstanch et son escorte marchaient vers le camp des extérieurs en espérant que personne ne ferait de bêtises derrière eux. Ils furent soulagés de dépasser la pierre qui bouge. Ils étaient maintenant à l’abri des flèches amies. Devant eux, les sentinelles les avaient regardés arriver sans manifester le moindre sentiment. Elles ne s’étaient même pas mises en alerte. Sstanch avait vu le signal annonçant leur arrivée. Le petit groupe passa entre les deux sentinelles. Celle de droite, lui fit un signe, indiquant une direction. Sstanch s’avança pour découvrir un camp impeccablement aligné. Les hommes le regardaient passer sans manifester d’intérêt particulier. Il remarqua qu’ils avaient tous une arme à portée de main. « Belle armée ! » pensa-t-il. Il rêva un instant d’en diriger une semblable. Il aperçut le prince Quiloma assis sur une couverture posée sur un bloc de neige. Muoucht était debout près de lui. Le prince discutait avec des guerriers devant une peau de bête étalée devant eux. Dessus Sstanch aperçut des dessins dont il ne comprit pas le sens. Une lance le stoppa dans son élan. Un garde l’avait bloqué dans sa progression. Sstanch prit la lance courte qui lui barrait le passage. Il l’aurait bien repoussée s’il n’avait entendu le bruit des armes sortant de leur fourreau autour de lui. Une dizaine de guerriers extérieurs l’arme au poing, entourait le petit groupe. Sstanch n’insista pas et recula légèrement. Comme un rouage bien huilé, la lance disparut de devant lui et les armes regagnèrent leurs étuis.
- Qu’est-ce qu’on fait ? demanda Kalgar à mi-voix.
- Rien, on attend le bon vouloir de l’extérieur.
Le ciel se voilait doucement. La neige arrivait pensa Sstanch. Le froid serait bientôt là. Il se dit que cela ne changerait rien pour ces hommes aguerris. Il ne voyait pas les habitants de la ville se battre dans une bourrasque. Chan vivait dans l’illusion qu’il y avait assez d’hommes pour repousser et vaincre les extérieurs. Sstanch savait qu’hormis la vingtaine de volontaires qui accompagnaient habituellement la milice, tous les autres combattants ne valaient rien sur un champ de bataille. L’attente se prolongeait. Les premiers flocons se mirent à tomber quand le prince fit un geste. Immédiatement la lance qui lui avait barré le chemin, servit à le pousser dans le dos. Quand son escorte voulut avancer, on lui barra le chemin. Sstanch s’arrêta, se retourna et leur fit signe de ne pas bouger.
- Enahrlsir dinanrpa dje nmqirndau.
- Il demande ce que tu as à lui dire, traduit Muoucht.
- Nous avons vu les personnes qu’il cherche et je peux le conduire là-bas…
Muoucht traduisait en même temps. Sstanch vit les yeux de Quiloma s’allumer d’une lueur d’intérêt.
- … mais ils sont morts.
Muoucht n’avait pas fini de traduire que Quiloma avait attrapé Sstanch par le devant de sa veste de fourrure.
- Starinfuo qahdjoz
- Qu’est-ce que tu veux dire ? traduit Muoucht.
Sstanch se mit en devoir de raconter les loups noirs, la bataille de la porte des hautes terres, la fièvre de la femme, la blessure de l’homme, la faiblesse de l’enfant. Quiloma scrutait la bouche de Muoucht pour en déchiffrer les paroles. Traduire était difficile pour lui. Muoucht parlait un peu la langue des extérieurs mais avait des difficultés à traduire tout ce que Sstanch disait. Sur la fin du récit, il se dit que Quiloma avait compris. Celui-ci se retourna pour lancer deux ordres brefs. Vingt guerriers et dix archers furent immédiatement prêts.
- Conduis-nous ! traduit Muoucht.
Sstanch allait obéir quand il vit le regard de Kalgar et des autres.
- Je ne peux pas sans mon escorte. La clairière est sacrée. Je ne peux y aller seul.
Pour donner du poids à ses paroles, il se croisa les bras sur la poitrine, refusant de bouger.
Quiloma le regarda, sembla le jauger, puis donna un ordre.
- Il dit : « Attention à toi, si ce que tu dis est faux ! »
Les dix hommes qui entouraient Kalgar et ses compagnons se mirent en position autour d’eux. Sstanch leur fit signe d’approcher. Ils reprirent leur position autour de lui.
Du haut de la tour malgré la visibilité qui baissait à cause de la neige, Filt vit partir Sstanch et son escorte entourés d’une quarantaine d’extérieurs l’arme à la main.

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