Quiloma reprenait des forces de jour en
jour. La Solvette le voyait s'asseoir plus souvent et même se mettre
debout. Qunienka restait plus longtemps. Il n'appréciait toujours
pas de laisser son prince sans une protection rapprochée dans la
maison même de la Solvette et le disait à chacune de ses visites.
Quiloma répondait invariablement en disant qu'il était l'hôte de
la marabout et qu'on ne peut aller contre la volonté d'un marabout.
Quand son second partait, Quiloma se recouchait. Il fatiguait encore
très vite. La Solvette invariablement lui apportait une tisane.
- Elle a mauvais goûte !
Quiloma l'avait suprise en utilisant sa
langue. La Solvette lui répondit :
- Qcar (Elle fait du bien).
Ils avaient ri de bon cœur de leurs
accents épouvantables mais avaient continué à discuter dans ce
sabir fait du mélange des deux langues. La Solvette avait un
avantage sur Quiloma, elle le comprenait même quand il parlait dans
sa langue natale.
La maison de la Solvette se vidait
doucement. Les blessés et malades pouvaient rentrer chez eux. Chan
était passé pour une douleur dans le pied. La Solvette lui avait
donné le mélange de plantes qui va bien et lui avait rappelé que
le malch noir ne faisait pas que du bien. C'est par lui qu'elle avait
appris la cérémonie prochaine de consécration d'un nouveau temple
dans ce qui était la maison Andrysio ainsi que la date de la fête
des rencontres. Comme d'habitude, elle n'était pas invitée. Il y
avait entre les sorciers et elle une rivalité qui durait depuis des
générations. La mère de la mère de sa mère avait laissé des
récits qu'elle avait entendus quand elle était encore enfant. Un
certain équilibre existait cependant. Si on avait besoin des esprits
pour savoir comment se comporter dans l'avenir et pour le bien de
tous, on avait besoin d'elle et de ses soins pour les accidents et
les maladies. Le vieux maître sorcier qui venait de mourir la
méprisait ouvertement et souhaitait tout aussi ouvertement de la
voir morte. Kyll qu'elle avait soigné alors qu'il n'était qu'un
bébé, semblait plus doux et n'avait jamais pris position
ouvertement. Maintenant qu'il était maître sorcier, peut-être
allait-il dire autrement. Quant à Natckin, c'était un ambitieux
dont le monde venait de s'effondrer à l'arrivée des étrangers.
Sans qu'elle sache pourquoi mais eux l'avait respectée à la
première manifestation de son pouvoir sur le monde. Elle avait
interrogé Quiloma sur ce sujet. Elle avait ainsi appris l'existence
de marabouts là-bas dans le monde froid qui s'étendait au-delà des
montagnes. Mais son vocabulaire limité et sa connaissance limitée
de cet aspect de son univers, avait laissé la Solvette sur sa faim.
Peut-être existait-il une confrérie ou des gens comme elle? Elle
aurait aimé avoir des échanges avec des personnes vivant des
expériences semblables.
- Quai que sait?
La solvette souria en entendant
Quiloma.
- KKre (quand vous avez pris le temple
des sorciers, les rites n'ont pas eu lieu. La vie de la ville est
menacée).
Quiloma souria aussi en entendant les
efforts de La Solvette pour utiliser sa langue. Ils tentèrent de se
faire comprendre l'un à l'autre les rites qui avaient de
l'importance. Quiloma expliqua comment dans son monde le dieu était
un dragon géant et que les rites tournaient autour de cela. Il
trouvait que le commerce avec les esprits, était contre nature et
que seul le dieu Dragon méritait des rites.
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