Puissanmarto marchait. Depuis plusieurs jours, il suivait le mouvement. Il avait des sentiments mélangés. N'étant ni prismen ni Izuus, il n'était bien avec aucun d'eux. Il lui manquait les petits gestes du quotidien qui signent votre appartenance à un groupe. Il se sentait toujours décalé. On l'accueillait mais on ne fraternisait pas avec lui. Comme à la forge, s'ils avaient reconnu ses compétences, il l'avait vu partir avec soulagement. Il l'avait bien senti dans la manière dont ils l'avaient salué à son départ.
Il marchait avec les tracks et les miburs de l'intendance. C'était une grande caravane. On y trouvait des soldats, des marchands qui profitaient de l'occasion et surtout le convoi de ravitaillement pour le général Stramts. Il y avait tellement de bêtes qu'on avait du mal à les compter. Sa taille même était une protection. Qui se risquerait à attaquer une telle masse ?
Tout en marchant, il repensait à ce qui l'avait conduit là. Quelques temps après avoir forgé une lame noire pour la famille du gouverneur, il avait été convoqué au palais. Comme le premier jour, il avait été introduit dans la grande pièce qui servait de bureau. Il avait attendu longtemps avant d'être admis. Il avait vu passer et repasser des soldats de différents grades, des commerçants, des prêtres, et même la fille du gouverneur. C'est tout juste si elle lui avait jeté un coup d’œil. Quand le haut garde lui fit signe, Puissanmarto se leva et s'avança. Il eut droit comme tous à une fouille. Des bruits couraient dans la ville. On voyait des espions du général Saraya partout. La suspicion était générale. On avait déjà entendu parler de lynchage. Puissanmarto était regardé de travers les rares fois où il allait en ville. Il se rappelait une fois. Devant amener une livraison à la maison de l'intendant du palais, il s'était fait prendre à partie en traversant un marché. Il avait dû son salut à Daholo qui l'avait reconnu. Il avait hurlé :
- Vive le vainqueur de Fahiny ! Vive le vainqueur de Fahiny !
Cela avait désamorcé le mouvement de foule quand d'autres l'avaient reconnu aussi. Pourtant depuis cet épisode, Puissanmarto n'était plus sorti de la citadelle. Pour aller au palais, il avait suivi le détachement qui allait relever les gardes extérieurs. Alors qu'il n'y avait objectivement aucun ennemi à moins de vingt jours de marche, Maskusa semblait en état de siège. Il avait laissé son marteau à la forge et il lui manquait cette lourdeur à la ceinture. Il y pensait alors qu'il attendait debout que le gouverneur veuille bien s'intéresser à lui. Pour le moment, il était en grande discussion à mi-voix avec un personnage tout vêtu de cuir rouge. Derrière, il y avait une autre personne. Puissanmarto n'aurait pas pu dire si c'était un homme ou une femme. Ça avait plus l'aspect d'un arbre que d'un humain.
- Rêves-tu ?
La question le surprit et le laissa sans voix.
- Et bien, tu ne réponds pas ?
Le gouverneur s'adressait à lui en prismen. Cela le fit bafouiller :
- Des fois mais ça n'est pas régulier...
- Miltiatef, le grand prêtre de la caste du Karya sacré, me soutient que tu rêves et que tes rêves ont à voir avec l'avenir.
- Je... Je ne sais pas...
Le personnage vêtu de rouge s'approcha, toujours suivi par son « arbre » sur pattes.
- Trais...(Fais-tu toujours le même rêve?)
On lui traduisit la question. Il ne comprenait pas ce que cela venait faire. Cela le remplissait de crainte. Les prismens trouvaient les Izuus très superstitieux. Ils se méfiaient de ces croyances. On avait droit au fouet et même plus si par hasard, on se moquait de la foi d'un Izuus. Qu'allaient-ils inventer ?
«L' arbre » sur pattes avança. Étendant ses bras recouverts d'écorce comme des branches, il frôla Puissanmarto, tout en chantant une mélopée.
- Schmalaïm tralvet dolba mertel...Schmalaïm tralvet dolba mertel...Schmalaïm tralvet dolba mertel...
La voix était féminine. « L'arbre » était une prêtresse. Sa mélopée parlait de dessins, de vol, de savoirs puissants. S'il ressentait le sens de ce qu'elle chantait, il n'en comprenait pas vraiment le sens.
« L'arbre » arrêta son virvoltement :
- Tral...(Il n'a pas le savoir, mais son rêve en parle. Il a le signe du destin. Le Karya sacré ne peut se tromper. Il est celui qui doit être envoyé !)
Puissanmarto fut soulagé d'entendre ces paroles. Elles n'étaient pas très rassurantes, mais au moins ils ne semblaient pas en vouloir à sa vie.
Le gouverneur se tourna vers lui :
- Puissanmarto, tu as mérité ce nom grâce au haut fait que tu as accompli. Fahiny ne peut plus réclamer de victimes. C'est une grande victoire. Malheureusement, un fléau aussi grand l'a remplacé. Il s'agit d'un monstre volant. Il massacre les troupeaux, volent des bêtes pour assouvir son inextinguible faim. Il a même emporté des enfants. Les hauts prêtres de la secte du Karya sacré ont prié et sacrifié pour demander un signe. Seul un grand héros peut vaincre une telle calamité. L’arbre sacré a révélé ton nom. Le grand prêtre a fait venir, et c'est exceptionnel, la grande médium Dokbalmé. Elle n'avait pas quitté le contact du Karya sacré depuis quatre saisons, mais pour le bien du peuple, le grand prêtre a bien voulu prêter une oreille favorable à ma demande. Le Karya sacré sait toutes choses. Il connaît tes rêves. Dokbalmé qui communie sans cesse avec lui, vient de nous le confirmer. Ton rêve est bien le signe que tu es le héros qui nous débarrassera de ce monstre. Tous les oracles le confirment. J'ai donc décidé pour le bien du peuple que tu partirais dès que possible pour chasser cette bête hideuse. Il vient toujours du côté où le soleil se lève. La saison est trop avancée pour que tu passes par la montagne. Tu partiras donc avec la caravane. Quand tu seras dans la plaine, tu chercheras le monstre et tu en débarrasseras la terre...
Puissanmarto resta un moment sans voix. Aller chasser le monstre volant ? L'idée lui sembla absurde mais en écoutant le gouverneur continuer son discours, il pensa qu'il n'avait pas le choix. Il quitta le palais avec un passe-droit pour rejoindre la caravane. De retour à la citadelle, il avait fait son paquetage. Il n'avait eu le temps d'accumuler. Son balluchon était maigre. Il avait repris son marteau et l'avait fixé à sa ceinture. Les autres lui avaient souhaité bonne chance. Il avait senti la jubilation de Frapnal, même si celui-ci avait essayé de garder un visage impassible.
Sur la grande place d'arme, le gradé à qui on l'avait adressé, lui avait indiqué un secteur. Il avait retrouvé d'autres artisans et d'autres serviteurs. L'accueil avait été assez frais. Personne ne l'avait reconnu, même quand il donna son nom, il n'eut pas plus de succès. On l'envoya chez le responsable du tronçon. C'est comme cela que s'appelait celui qui dirigeait un morceau de la caravane. Il avait commencé par l'engueuler pour ne pas avoir le matériel nécessaire. Puissanmarto avait dû chercher l'équipement pour le voyage. Il dépensa ses maigres économies pour une tente, un bol et d'autres accessoires vestimentaires pour affronter le mauvais temps en montagne.
Ils étaient partis quelques jours plus tard. Puissanmarto ne faisait partie d'aucun des groupes constitués. Il venait de la citadelle mais n'était pas avec les soldats. Il était forgeron mais avait un passe-droit venant du palais. Il devait tuer le monstre qui terrorisait la région mais partait avec la caravane. Tout cela le mettait en marge. Il marchait le plus souvent tout seul, ne rejoignant les autres que pour les pauses repas. Les premiers jours se passèrent comme cela. La caravane grossissait au fur et à mesure de son avance. Puissanmarto découvrit que Maskusa était au bout d'une plaine. A chaque étape de nouveaux miburs se joignaient à eux, avec leur escorte de garçons d'écurie, de soldats, de commerçants et d'aventuriers.
- Bientôt nous allons arriver au croisement, dit un de ses compagnons en s'adressant à un plus jeune. Tu vas voir, on va commencer une partie difficile. Il faut monter pour aller en haut col.
- Mais pourquoi on ne suit pas la rivière ? demanda le jeune qui ne devait pas avoir plus de trois saisons.
- À cause des gorges ! La Slamba se précipite dans des gorges étroites où elle cascade tant que personne ne peut passer.
Effectivement à la fin de la journée, on était arrivé au fort qui gardait le carrefour.
C'est dans la lumière du soir qu'il la vit. Il eut comme un doute. Que venait-elle faire là ? En même temps au loin, une silhouette se détacha sous les nuages près de l'horizon. Le monstre qu'il devait tuer ! La proximité des deux silhouettes le troubla. Que lui voulaient les dieux ?
Le lendemain, dans une routine qui s'installait chacun joua son rôle. La caravane s'ébranla. À sa tête un prêtre de Karya en rouge associé à son médium, toujours revêtu d'écorce, donnait la direction et le rythme. Les bruits le disaient bon guide. Il avait déjà fait au moins trois fois le chemin. L'entourant et assurant le commandement il y avait un contingent de soldats. Il avait reconnu leur chef hier soir. Dans la caravane, son arrivée faisait la rumeur. Puissanmarto entendit ses voisins en parler :
- Sacha Salcha est là.
- Qui ça ?
- La fille du gouverneur de Maskusa ! Elle était déjà une folle de guerre mais depuis que son père lui a fait forger par un mage étranger une lame noire aux pouvoirs immenses, elle ne rêve que de bataille...
Puissanmarto sourit en entendant évoquer le mage étranger. Il ne savait pas bien ce qu'il avait fait. Peut-être eut-il mieux valu qu'il ne la forge pas ! Les dieux en avaient décidé autrement. Plus il réfléchissait à ce qu'il avait fait et plus il pensait qu'il n'y avait pas d'autres choix. Il ne savait pas bien quel dieu remercier pour ce qu'il avait fait, mais comme il avait retrouvé son marteau grâce à un loup, il pensait que les dieux le guideraient pour la suite.
- … Saraya connaît l'art de la guerre et ses sorciers sont redoutables. Le général Stramts est quasiment acculé.
- Oui, mais les légions folles sont encore là. Les fous et folles de guerre sont redoutables.
- Bien sûr, mais leur nombre diminue et Saraya a déjà soumis celui à la peau noire...
- Non, j'ai entendu un messager dire qu'il résistait encore...
- Pas du tout, dit un autre, ils ont fait alliance...
Puissanmarto cessa d'écouter. Comme chaque fois, les bruits les plus absurdes couraient. Comme il était impossible de vérifier, la discussion occupait la majeure partie de la journée. D'ailleurs Puissanmarto se demandait si ce n'était pas la meilleure raison à l'existence de ces rumeurs.
Les deux jours se passèrent en montée continue. L'air devenait plus froid. La neige avait fait son apparition. Petite neige qui ne tiendrait pas ! Puissanmarto savait pour la neige, alors que les autres discutaient à n'en plus finir de ce qui pouvait se passer si elle tenait, si elle ne tenait pas. De temps à autre, il fallait se pousser pour laisser le passage à un tracks au galop. Les messagers allaient et venaient régulièrement pour stimuler tout le monde et transmettre les ordres à un chef de tronçon. Les ordres généraux étaient transmis par des sonneries de trompes, relayées de tronçon en tronçon. Puissanmarto laissait son esprit vagabonder. La neige et le froid lui faisaient plaisir. Un tracks passa à nouveau. Il n'avait pas fait plus de deux cents pas qu'il repassait dans l'autre sens. À nouveau, il le revit revenir. Manifestement, le cavalier cherchait quelqu'un. Il se mit à la hauteur d'un mibur et discuta avec le palefrenier. Se redressant, il regarda dans la direction de Puissanmarto, mit sa bête au trot et s'arrêta à côté du chef des forgerons de la caravane. Celui-ci leva les bras en signe d'impuissance. Le cavalier insista, l'homme plus habitué à commander son équipe qu'à écouter les ordres devint véhément. Puissanmarto entendit les commentaires autour de lui :
- On voit bien que ce n'est qu'un Izmen ! Il n'oserait pas parler comme ça à un vrai Izuus.
Puissanmarto n'avait jamais entendu ce terme. Il ouvrit grand ses oreilles.
- Oui, mais s'il insiste, il aura quand même droit au fouet.
De l'échange, il ressortait qu'un Izmen était un bâtard d'un Izuus et d'une femme prismen. Ils étaient à la fois méprisés car ni vrai Izuus ni vrai prismen, mais aussi enviés car ils occupaient de meilleurs postes que les prismens. Puissanmarto tout occupé à écouter se fit surprendre par le cavalier :
- Toi, viens avec moi !
- Moi ? demanda Puissanmarto.
- T'es bien forgeron ? Alors, tu viens !
Sans attendre de réponse, le cavalier fit faire demi-tour à sa monture. Après un coup d’œil autour de lui, Puissanmarto lui emboîta le pas. Le cavalier se retourna et lui tendit la main. Puissanmarto se retrouva en croupe. Ils remontèrent la caravane au petit trot. Le cavalier avait essayé le galop mais avait failli perdre Puissanmarto. Il avait alors opté pour un trot soutenu. Puissanmarto avait eu peur de tomber lorsque le tracks s'était élancé de toute sa puissance. L'allure actuelle lui donnait envie de vomir. Il luttait en regardant de haut ceux qu'ils remontaient. Ils arrivèrent au moment où le prêtre faisait sonner la trompe pour annoncer l'arrêt. Le cavalier serra ses rênes. Le tracks pila. Puissanmarto se retrouva par terre en faisant un roulé-boulé. Ce qui déclencha l'hilarité des Izuus présents. Il se releva l'air furieux, la main sur son marteau. Les épées sortirent d'elles-mêmes en même temps que les rires s'arrêtaient.
- Rma... (Ça suffit !)
La voix était suffisamment forte et cassante pour que tous se figent. Les regards se tournèrent vers l'origine de l'ordre. Les Izuus rangèrent leurs épées et s'en retournèrent s'occuper de leurs montures. Puissanmarto regarda s'avancer un Izuus au vêtement chamarré, à peine plus grand que lui. C'était un haut garde. Il ne connaissait rien aux signes distinctifs sur les uniformes. Vu l'obéissance obtenue, il ne douta pas être en présence d'un chef. L'autorité émanait de sa personne. L'Izuus le regarda droit dans les yeux :
- Tse...(Tu es bien forgeron ?)
Puissanmarto acquiesça d'un mouvement de tête.
- Msu...(Alors, suis-moi!)
Se retournant, le haut garde se dirigea vers un groupe en train de monter les tentes. Puissanmarto lui emboîta le pas. Tous les Izuus se figèrent au garde-à-vous en le voyant.
- Rma... (Ça suffit ! Continuez le montage. Où est Masuma?)
On lui indiqua un autre groupe. Toujours suivi de Puissanmarto, il arriva à proximité du deuxième groupe. Il s'approcha d'un homme fourrageant dans un paquetage :
- Tlui...(C'est lui ! Il faut régler le problème!)
Puissanmarto regarda le géant en face de lui. Vêtu d'un simple uniforme sans ornement, ce dernier se tourna vers lui.
- Es-tu forgeron ?
- Oui, je le suis.
Le géant s'approcha de lui :
- Alors, répare ! dit-il en jetant un paquet de ferraille aux pieds de Puissanmarto.
Regardant ce qui venait presque de lui écraser les pieds, Puissanmarto répondit :
- Non. C'est irréparable. Ces épées doivent être reforgées.
- Tu n'as pas compris, forgeron. Il me faut ces armes.
- Il y en a plein les charges des miburs.
Le géant sembla s'énerver :
- Elles sont pour le général Stramts, pas pour Sacha Salcha !
Puissanmarto ne comprenait pas. Devant son air ahuri, le géant reprit :
- A chaque entraînement, elle me casse au moins une épée. Il faut me les réparer !
Il y avait presque du désespoir dans sa voix. Puissanmarto prit en main une des armes. Il reconnut la trace de Salcha la lame noire. Il n'avait pas de solution... à moins...
- J'ai besoin d'un feu, dit-il.
Le géant eut un soupir de soulagement. Se tournant, il donna des ordres. Bientôt des Izuus s'agitèrent pour faire un foyer et lancer le feu. La neige étant devenue pluie n'arrangeait rien. Malgré la boîte à feu qu'ils utilisaient, les branches qu'ils avaient rassemblées, fumaient plus qu'elles ne brûlaient. Puissanmarto les laissa se débrouiller pendant qu'il triait les morceaux de métal en fonction de leur origine. Il finit par avoir une dizaine d'épées brisées devant lui. Il se retourna vers le feu qui peinait toujours à démarrer. Il s'approcha. Comme s'il n'attendait que ça, le feu s'enhardit puis bientôt de grandes et belles flammes surgirent. Il entendit les Izuus se complimenter sur leur réussite. Il ne dit rien mais mit la première lame au feu. Les autres regardèrent la lame de métal se mettre à rougir. Puissanmarto s'occupa d'ajouter des branches et des fruits de lamboy. Ceux-ci brûlaient en faisant des cendres bien rouges, bien chaudes. Quand la lame fut prête, il la martela redonnant une forme complète à la demi-lame qu'il avait en main. Il la laissa refroidir en la posant sur d'autres morceaux de métal. En arrêtant son martelage, il entendit le bruit métallique du combat. Ce bruit cristallin était pour son oreille, la signature évidente de Salcha au combat. Il entendit sans la voir, la rupture de l'épée de l'adversaire de Salcha. Il entendit la bordée de jurons prononcés par une voix féminine. Sans rien dire, il se rapprocha du lieu du combat. Entre les arbres, il vit Sacha maniant Salcha jurant après celui qui ne tenait plus qu'un moignon d'épée. Il vit le géant apporter une nouvelle arme. Le choc des lames reprit bientôt. Puissanmarto pensa qu'il n'avait pas fini de voir arriver des lames brisées s'il ne pouvait les convaincre de changer les épées d'entraînement. Il martelait sa deuxième lame quand le géant s'approcha :
- Elle en a cassé encore deux !
Le ton était désolé. Le visage du géant transpirait la contrariété.
- Donne cette lame pour l'entraînement. Attention, elle ne peut servir qu'à ça.
Le géant prit la lame, la fit tournoyer.
- Elle est bien équilibrée, pourquoi ne pas l'utiliser au combat ?
- Frappe quelque chose ! répondit Puissanmarto.
Le géant frappa. La lame émit un son mat et plaintif en se tordant.
- Tu pourras les redresser à la main.
Le géant se mit à sourire.
- Fais m'en d'autres !
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