dimanche 4 mars 2012


Chan ne comprenait rien. Les guerriers de la mort et leur prince étaient rentrés en nombre dans la ville. Sans mot, ni demande, ils entraient dans toutes les maisons. Ils avaient commencé par la maison commune. Le conseil encore une fois réuni, essayait de trouver une ligne de conduite. Les débats furent interrompus par l'irruption de dix soldats qui se répartirent dans la maison. Leur prince entra examina les lieux un moment et ressortit sans un mot. Rinca éructait ses envies de meurtres, rejoint en cela par d'autres. Alors qu'il se levait brusquement pour hurler sa haine, comme un seul homme, les dix guerriers avaient tiré leurs armes du fourreau. Sstanch avait crié :
- Que tout le monde se calme ou ça va être un massacre !
La voix de la raison et un guerrier de la mort à moins d'une longueur d'épée de lui, l'avaient calmé. Quand ils étaient sortis, tout le conseil leur avait emboîté le pas. Leur chef, ce Quiloma, visitait toutes les habitations.
- Que cherche-t-il ?
- Je ne sais pas, et l'homme des bois n'est pas là pour traduire.
Leurs pas les portaient vers le bas de la ville. Andrysio s'opposa à leur entrée dans sa maison. Il n'y eut même pas de combat. L'épée lui traversa le corps avant qu'il ait fini sa phrase de protestation. Ceux de sa maison qui essayèrent de résister subirent le même sort. Quand le prince pénétra dans la maison, il évita de peu le couteau de l'épouse d'Andrysio, elle non. La dague du prince lui transperça le cœur. Quand ils ressortirent de la maison, il n'y avait plus âme qui vive dedans. Le prince en sortant, fit un geste à ses hommes. Immédiatement les guerriers de la mort prirent position aux points stratégiques de la ville avant qu'une opposition organisée puisse naître. Organisés trois par trois dont un archer prêt à tirer, ils découragèrent ceux qui auraient voulu agir. La peur remplaça la curiosité. Courant devant les extérieurs, Sstanch et ses hommes firent fuir les habitants.
Chan était assis sur un banc la tête entre les mains, prostré, répétant :
- C'est pas possible ! C'est pas possible !
La nouvelle se répandit comme une rivière qui déborde. Sans la neige qui s'annonçait, ils auraient fui. Partir c'était mourir à coup sûr, rester laissait une petite chance. La question qui hanta la population de la ville fut : "comment ne pas subir le sort d'Andrysio ?"
Pendant ce temps, Quiloma arrivait en bas de la ville, près de la rivière. Il trouva la Solvette sur le seuil, debout les mains sur les hanches, la tête droite.
Quiloma s'arrêta devant elle, impressionné par le regard de feu qui couvait dans les yeux de la Solvette.
- Spso...( Femme, écarte-toi, que je fasse ce que je dois faire!).
- Non, tu ne passeras pas. Tu n'es pas le bienvenu.
Quiloma sursauta. Personne n'avait eu un tel ton devant lui depuis bien longtemps.
- Ncin...(Tu ne crains pas la mort que tu t'opposes à moi ?).
La Solvette fit un geste. La neige accumulée sur le toit, s'effondra, ensevelissant cinq hommes à sa droite.
- Je ne te crains pas.
Quiloma regarda ses hommes, regarda la Solvette. Sa dague jaillit comme un dard. Son geste ne fut jamais fini, un grand Charc noir lui avait saisi la main dans ses serres. D'autres décollèrent des toits environnant pour venir tourner au-dessus de leurs têtes. Quiloma lâcha la dague et se recula. Cette femme commandait aux Charcs, ces oiseaux maudits que tout guerrier redoutait. Sur les champs de bataille ce sont eux qui achevaient les blessés.
Quiloma se détourna brusquement, ramassa sa dague et donna l'orde de repli. Une escouade resta à dégager les hommes ensevelis mais tous partirent le plus vite possible après.
Ce fut une autre rumeur qui se mit à courir en ville. La Solvette avait tenu tête et était encore en vie. A la peur se mêla la jalousie de voir qu'elle réussissait là où les autres échouaient.
Les guerriers de la mort remontèrent par la rue du temple. Ils continuèrent leur visite systématique. Personne ne s'opposait, puisque les maisons étaient vides de leurs habitants. C'est dans cette rue que Quiloma se retrouva face à Natckin et à Tonlen. Avant d'avoir pu dire ou faire quelque chose, les deux sorciers furent entourés par une escouade. Quiloma leur fit signe d'avancer vers le temple qu'ils venaient de quitter. Ici non plus, personne ne s'opposa aux guerriers. Quiloma visita tous les bâtiments qui composaient le temple. Il sourit. Il avait trouvé où allait loger Jorohery et sa suite.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire