Le soleil était couché. Pourtant les
guetteurs suivaient parfaitement la progression du groupe
d'arrivants. En effet des porteurs de torches étaient répartis tout
le long de la caravane.
- Trente hommes en embuscade à la
sortie du bois là-bas, flèche-bois, dit Quiloma.
Personne ne dit mot. Le groupe qui
descendait, était encore bien loin. Se déplaçant avec des torches,
il ne devait pas être bien dangereux. Trop habitués à obéir sans
contester, les trente guerriers avaient pris position. Les arcs
courts bandés, les armes prêtes. Ils étaient immobiles, aussi
invisibles que des esprits dans la nuit tombée. Quand les hommes de
l'avant-garde avec Méaqui sortirent furtivement du bois, passant
entre les fourrés, évitant le chemin, préparant leurs armes, ils
furent accueillis par des tirs de flèche-bois. Cela dura quelques
secondes, puis un rire éclata suivi d'un autre.
- Quiloma, vieille canaille, tu es
encore plus retors que je ne pensais, dit Méaqui.
- Tes hommes font plus de bruit qu'une
charge de Macoca.
- Les flèches-bois n'étaient
peut-être pas nécessaires, ajouta Méaqui, en approchant, tenant à
la main une flèche au bout renflé comme une massue.
- Sans cette astuce, tes hommes
oublieraient la leçon. Ne jamais arriver sans avoir reconnu le
terrain peut être mortel.
Méaqui déchaussa, et salua Quiloma à
la manière traditionnelle des princes de même rang, chacun prenant
les coudes de l'autre.
- Bravo pour ta phalange, tu as encore
gagné ! Moi aussi d'ailleurs qui avais parié sur tes chances.
- Et Jorohery ?
- Il arrive. Tu verras, toujours
pareil. Nous nous sommes arrêtés. Un combat, beaucoup de morts
autochtones et un guerrier de chez nous.
- Je vois, Méaqui, il est toujours
aussi redoutable. Le village n'est pas brillant. Il n'y a pas de
richesse, pas de guerrier, juste un homme de guerre valable. Sans
cette histoire, je me serais bien passé de venir ici. Mais viens, je
te montre les quartiers que j'ai réquisitionnés.
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