Quiloma eut juste assez de temps pour
faire ce qu’il avait à faire avant l’arrivée du Bras du Prince
Majeur. Le chef du village exprima son mécontentement. Il passa
outre. Quiloma sentait sa peur et sa haine. Tant qu’il aurait peur,
lui et ses hommes ne risquaient rien. La seule qui lui posait
question était la femme près de l’eau. Elle n’avait pas peur.
Elle connaissait les pouvoirs de ceux qui parlent avec la nature,
comme les marabouts. Dans son pays on ne pouvait nuire à un marabout
sans encourir une peine plus lourde que la mort. Il repoussa cette
pensée, il avait des priorités plus immédiates. Il avait fait
entrer la phalange dans la ville. Des otages issus de chaque maison
étaient rassemblés dans la maison commune, sous la surveillance
attentive d’une dizaine d’hommes. Avec un autre groupe, il avait
expulsé tous ces charlatans qui s’agitaient sans rien produire. Il
avait bien songé à tous les éliminer. La survenue d’une révolte
l’aurait mis en retard dans ses préparatifs. Il valait mieux pour
le moment, les envoyer se faire voir ailleurs. Le seul qui avait
voulu s’opposer, était mort transpercé d’une flèche. Les
autres avaient filé sans rien dire. Ils avaient bien compris que sa
patience avait des limites étroites. Maintenant, il distribuait les
ordres pour faire aménager toutes ces pièces pour Jorohery et sa
suite. Il fit jeter tous ces habits ridicules avec leurs décorations
stupides qui n’auraient même pas impressionné un enfant, ainsi
qu’il fit brûler toutes ces herbes et toutes ces branches à
l’odeur entêtante. Il fallait que tout soit prêt. Ce fut un gros
travail que de vider tout cela. Il n’y eut pas d’incident. Quand
les guetteurs signalèrent l’arrivée de l’envoyé du Prince
Majeur, il était prêt.
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