jeudi 1 mars 2012


Quiloma avait vu arriver sans joie le messager. Il se doutait qu'il allait venir, mais pas si vite. Le Prince Majeur faisait montre d'une impatience que Quiloma n'avait jamais vue. Cet anneau devait vraiment être très spécial. Depuis l'attaque de ces imbéciles du village d'à côté, il le cherchait tous les jours. Il avait interdit le passage aux villageois. Il n'avait qu'à attendre avec leurs morts. Cette histoire de les découper lui avait déplu. C'était un rite de non civilisé. Pour ces deux phalangiens morts, Quiloma avait fait les rites qu'il fallait. Au sein d'une faille dans la montagne, il avait fait mettre les deux corps dans la position rituelle. Puis la faille avait été scellée de pierres après y avoir mis les amulettes pour que l'âme des morts ne revienne pas dans le monde des vivants. S'ils avaient été sur les terres froides de leur peuple, on aurait creusé la glace et la terre gelée pour leur faire une tombe. Mais ici, dans un pays sans glace éternelle, la pierre était préférable.
Le messager l'avait rejoint dans la clairière. La neige était en tas à force d'être remuée. Pourtant personne n'avait trouvé l'anneau. En voyant le guerrier à l'uniforme blanc et au col rouge, Quiloma fut contrarié. Il avait failli à sa mission en ne trouvant pas l'anneau et il n'avait aucun moyen de pression pour monter dans la hiérarchie. L'homme ne s'était pas incliné. Il était la voix du Prince Majeur. Quiloma inclina la tête en mettant les deux poings fermés sur la poitrine. Tous les autres arrêtèrent leur activité de recherche et mirent genou à terre.
- Nsipl...( Ainsi parle le Prince par sa Voix que je porte. Sois heureux Quiloma, prince dixième, tu as trouvé les ennemis de ton peuple. La vengeance est close par leur mort. Le malheur est pour notre temps. L'enfant est mort. L'espoir du peuple s'est éteint. Tout n'est pourtant pas perdu. L'espoir est dans l'anneau et dans celui qui le portera. Mon Bras vient à ton aide. Fais-lui bon accueil. Telle est ma Parole, telle est ma Volonté).
Le messager se tut, croisa les bras sur la poitrine et attendit.
Quiloma analysa le message tout en se redressant. Une bonne nouvelle, il était félicité. Une moins bonne, le Bras du Prince Majeur arrivait. La silhouette sombre de Jorohery lui apparut devant les yeux. Nul ne savait comment il avait conquis les faveurs du Prince Majeur. Il était son bras armé, celui qui accomplissait sa volonté. Jorohery ne semblait connaître ni la joie, ni la compassion. Quiloma le craignait comme tous. Il savait qu'il ne venait pas seul. Deux princes dixièmes au moins l'accompagneraient. Cela faisait beaucoup de monde. Trop pour le fort de glace qu'il avait fait monter. Il lui fallait trouver de la place. Quiloma s'approcha du messager :
- Qda...( Sais-tu le nombre de jours avant son arrivée?).
- Sli... (Il avance à marches forcées. Dans deux jours il sera là.).
Quiloma se détourna de lui et donna ses ordres. Laissant quelques hommes pour garder la clairière, il partit vers le village pour réquisitionner des lieux dignes d'accueillir le Bras du Prince Majeur.

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