Quiloma avait vu arriver sans joie le
messager. Il se doutait qu'il allait venir, mais pas si vite. Le
Prince Majeur faisait montre d'une impatience que Quiloma n'avait
jamais vue. Cet anneau devait vraiment être très spécial. Depuis
l'attaque de ces imbéciles du village d'à côté, il le cherchait
tous les jours. Il avait interdit le passage aux villageois. Il
n'avait qu'à attendre avec leurs morts. Cette histoire de les
découper lui avait déplu. C'était un rite de non civilisé. Pour
ces deux phalangiens morts, Quiloma avait fait les rites qu'il
fallait. Au sein d'une faille dans la montagne, il avait fait mettre
les deux corps dans la position rituelle. Puis la faille avait été
scellée de pierres après y avoir mis les amulettes pour que l'âme
des morts ne revienne pas dans le monde des vivants. S'ils avaient
été sur les terres froides de leur peuple, on aurait creusé la
glace et la terre gelée pour leur faire une tombe. Mais ici, dans un
pays sans glace éternelle, la pierre était préférable.
Le messager l'avait rejoint dans la
clairière. La neige était en tas à force d'être remuée. Pourtant
personne n'avait trouvé l'anneau. En voyant le guerrier à
l'uniforme blanc et au col rouge, Quiloma fut contrarié. Il avait
failli à sa mission en ne trouvant pas l'anneau et il n'avait aucun
moyen de pression pour monter dans la hiérarchie. L'homme ne s'était
pas incliné. Il était la voix du Prince Majeur. Quiloma inclina la
tête en mettant les deux poings fermés sur la poitrine. Tous les
autres arrêtèrent leur activité de recherche et mirent genou à
terre.
- Nsipl...( Ainsi parle le Prince par
sa Voix que je porte. Sois heureux Quiloma, prince dixième, tu as
trouvé les ennemis de ton peuple. La vengeance est close par leur
mort. Le malheur est pour notre temps. L'enfant est mort. L'espoir du
peuple s'est éteint. Tout n'est pourtant pas perdu. L'espoir est
dans l'anneau et dans celui qui le portera. Mon Bras vient à ton
aide. Fais-lui bon accueil. Telle est ma Parole, telle est ma
Volonté).
Le messager se tut, croisa les bras sur
la poitrine et attendit.
Quiloma analysa le message tout en se
redressant. Une bonne nouvelle, il était félicité. Une moins
bonne, le Bras du Prince Majeur arrivait. La silhouette sombre de
Jorohery lui apparut devant les yeux. Nul ne savait comment il avait
conquis les faveurs du Prince Majeur. Il était son bras armé, celui
qui accomplissait sa volonté. Jorohery ne semblait connaître ni la
joie, ni la compassion. Quiloma le craignait comme tous. Il savait
qu'il ne venait pas seul. Deux princes dixièmes au moins
l'accompagneraient. Cela faisait beaucoup de monde. Trop pour le fort
de glace qu'il avait fait monter. Il lui fallait trouver de la place.
Quiloma s'approcha du messager :
- Qda...( Sais-tu le nombre de jours
avant son arrivée?).
- Sli... (Il avance à marches forcées.
Dans deux jours il sera là.).
Quiloma se détourna de lui et donna
ses ordres. Laissant quelques hommes pour garder la clairière, il
partit vers le village pour réquisitionner des lieux dignes
d'accueillir le Bras du Prince Majeur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire