jeudi 9 août 2012


Bistasio guidait un groupe sur le chemin des crêtes. Il n'était pas très rassuré par la tournure que prenaient les évènements. Il n'avait pas eu le choix. Son arrivée à Tichcou n'avait pas été aussi simple qu'il l'avait espéré. Son contact sur place au lieu de garder le silence sur sa présence, avait alerté les soldats. On lui avait confisqué ses tiburs et il s'était retrouvé prisonnier. Il s'était fait frapper sans en comprendre les raisons. Les soldats qu'il avait vus, parlaient une langue chantante qu'il ne comprenait pas. Le maître de la ville de Tichcou était arrivé avec le chef des troupes. On l'avait interrogé longuement et pas toujours avec douceur. Il avait raconté l'arrivée des soldats du froid, leur nombre, les divisions dans la ville, il avait cité Chountic et Rinca et leur désir de se venger des occupants. L'attitude du chef des soldats avait changé à partir de ce moment-là. Les questions étaient devenues plus techniques sur le chemin et la topographie du terrain. Après il y avait une longue discussion dans la pièce d'à côté entre le militaire en chef et ses sous-fifres. Quand il était revenu, on lui avait traduit les ordres. Il allait conduire des soldats dans la ville pour espionner et ils redescendraient rendre compte. Bistasio avait dit l'impossibilité d'une telle chose. Les abords étaient trop surveillés. Les soldats du froid ne seraient pas dupes. Il fallait que la présence des soldats de la plaine soit naturelle pour que tout se passe bien, c'est-à-dire qu'ils aient l'air de serviteurs de Bistasio portant les marchandises qu'il avait eues en échange de ses tiburs. La négociation avait été serrée, le chef de ville ne voulait pas perdre les tiburs qu'il avait confisqués, ni donner des produits en échange. C'est le militaire qui avait tranché. Bistasio aurait ses marchandises. Le chef de ville avait fait grise mine mais avait cédé. C'est ainsi que Bistasio guidait cinq hommes sur le chemin des crêtes. Ils portaient tous une charge de tissus, de métal ou d'objets qui manquaient dans la ville. Rinca et Chountic seraient contents d'avoir cela à vendre. Les soldats qui l'accompagnaient parlaient un peu la langue du cru, et avaient été habillés comme les locaux. La seule différence était les armes qu'ils portaient sous leurs habits. Le chemin fut rude avec les charges. Bistasio les guida avec beaucoup de précautions si bien qu'ils ne virent pas âme qui vive avant d'arriver sur les pâtures orientales. La réparation du chemin de la gorge avait tenu. Les soldats de la plaine parlaient entre eux dans leur langue. Bistasio les fit taire. Ils étaient trop près de la ville pour prendre le risque. Ils s'arrêtèrent avant le dernier col. La nuit serait assez claire pour qu'ils puissent atteindre la ville sans se faire remarquer. Bistasio leur avait expliqué qu'il allait les conduire dans des grottes, où ils pourraient se cacher. Ils pénétrèrent dans la ville par la porte près de la maison de la Solvette. Ils étaient tous nerveux. Bistasio espérait qu'ils ne paniqueraient pas. Si l'un d'entre eux sortait une arme, ce serait le massacre. Les premières ruelles étaient vides. Avant de s'engager dans une autre voie, Bistasio jetait un coup d'œil devant lui. Ils passèrent devant la maison de la Solvette, sous le regard intéressé des charcs qui, comme toujours, étaient posés sur les murs. Encore deux, trois rues et ils seraient dans les grottes. Encore un tournant...
- Bonsoir Bistasio.
- Bonsoir Cifralt, tu sors bien tard ce soir.
- Oui, il me faut aller chez la Solvette, les enfants de Kalgar en ont besoin.
- Je vois que tu es bien tombée chez eux.
- Cela me change de la maison Andrysio. Mais toi, que deviens-tu? Tu es avec des étrangers.
- J'ai fait une expédition jusqu'à Tichcou et l'acheteur m'a prêté des serviteurs pour ramener les marchandises. D'ailleurs je passerai voir Kalgar, j'ai du métal.
- Fais attention avec le bruit des combats, les étrangers pourraient être mal vus.
- Ils repartent demain à la première heure. Ce soir il est trop tard.
- A bientôt Bistasio.
- Au revoir Cifralt.
Il la regarda tourner au coin de la rue. Il entendit alors les armes qui glissaient dans leurs fourreaux.
- Venez, leur dit-il.
Il les guida jusqu'à la zone des grottes de l'ancienne maison Andrysio. Mal ventilées, elles avaient été délaissées. Bistasio savait qu'ils y seraient tranquilles.

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