dimanche 5 août 2012


Jianme examinait la situation. Il ne pouvait pas retourner voir le roi sur un échec. La paroi qu'il avait devant lui demanderait des mois de travaux pour y faire un chemin, sans compter le risque de réveiller les esprits mauvais. De plus il avait entrevu des mouvements en haut. Il se doutait que son ennemi avait laissé des hommes pour surveiller. Il envoya plusieurs patrouilles pour chercher une autre route. Lui-même décida d'aller explorer le lieu d'effondrement. Il s'approcha avec son groupe en prenant toutes les précautions possibles, mais rien ne se passa. Si des yeux les observaient, personne ne se manifesta. Il découvrit ce qu'il restait de la vallée. Une grande dalle était venue comme une porte barrer la vallée, des rochers de la taille d'une maison bloquaient les espaces restants. De l'eau coulait un peu par en dessous mais pas autant qu'à leur arrivée. Par contre de nouvelles sources étaient apparues en hauteur. Jianme comprit que l'eau allait s'accumuler derrière la paroi. Jusqu'à quand?
- Lieutenant ! Lieutenant !
Jianme se retourna. Un messager arrivait au galop. Il démonta avant que sa bête ne fut arrêtée. Il s'inclina et sans attendre se redressa :
- On a fait une prise, un homme du village de là-haut.
- Raconte.
- Il est arrivé sans se faire remarquer. Il conduisait un petit troupeau de bêtes de somme. C'est le chef de Tichcou qui est venu nous prévenir.
- Mon tracks !
Les deux cavaliers repartirent au galop.

Bistasio se demandait s'il avait bien fait de se lancer dans cette aventure. Les évènements ne se déroulaient pas comme prévus. Il était arrivé sans plus d'encombres à Tichcou mais son interlocuteur n'avait pas joué le jeu de la discrétion. Ses tiburs avaient été saisis et lui-même était retenu sous bonne garde en attendant l'officier qui commandait. De plus, ils parlaient une langue qu'il ne comprenait pas. Habitué au parlé rocailleux des gens de la montagne, il n'arrivait pas à suivre le phrasé chantant des hommes des plaines. Quelques mots lui étaient compréhensibles mais cela ne suffisait pas à suivre les conversations. Alors qu'il ressassait pour la centième fois ces questions, un homme entra. Il était grand. Son costume chamarré, son port hautain et les réactions du garde qui s'était mis au garde-à-vous le désignaient comme le chef.
- Vous pouvez me détacher. Je ne vais pas m'enfuir. Je suis là pour coopérer.
Le coup qu'il prit dans le ventre le plia en deux et il tomba à genoux, le souffle coupé.
- Chanti...(Tu parleras quand on te le dira.).
- Simati...(Vous n'auriez pas dû le frapper, il était prêt à vous aider).
Celui qui venait de parler était le chef de la ville de Tichcou.
- Cimap...(ça le rendra plus souple!) dit le Lieutenant Jianme. Sialt...(Vous allez traduire).
Le chef de ville fronça les sourcils mais n'ajouta rien. Il fit l'interprète pour l'interrogatoire. Il sentit la haine de Jianme pour cet homme et tout ce qu'il représentait. Les questions étaient courtes, incisives, orientées. Les réponses de Bistasio étaient plus vagues, plus descriptives. Petit à petit le lieutenant sembla prendre conscience des forces en présence. Les guerriers blancs devinrent une réalité différente des gens de la ville. Tout le monde n'était peut-être pas à mettre dans le même panier. Les noms de Rinca et de Chountic vinrent se mêler à la conversation. Puis les questions s'orientèrent sur le chemin. Des tiburs avaient réussi le voyage, donc des tracks pourraient passer. Bistasio expliqua que s'il avait pu passer avec quelques bêtes, il n'en serait pas de même pour un corps d'armée avec armes et bagages. Sur le chemin du haut, un seul homme pouvait bloquer une colonne pendant des jours.
Jianme réfléchissait à tout ce qu'il avait appris. Les guerriers du froid n'étaient pas nombreux. S'il avait compris le bouseux, il n'y en avait qu'une cinquantaine tout au plus. Avec sa compagnie, il était largement mieux doté. Il fallait en savoir plus, mais il n'avait aucune confiance en Bisatsio. A moins que celui-ci ne soit vraiment ce qu'il disait être, c'est-à-dire un résistant à l'envahisseur venu du froid. Il décida de monter une expédition par le chemin des crêtes.

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