Quiloma était allongé nu sur les
fourrures. La Solvette lui massait le dos à la lueur du feu. Dans la
grande pièce à côté, toutes les alcôves étaient occupées. Les
travaux des champs fournissaient quelques accidentés, mais la grosse
majorité était occupée par les guerriers blancs blessés au
combat. Le retour de la petite troupe s'était fait dans la
discrétion. Les deux brancards avaient directement pris la direction
de chez la Solvette. Quiloma avait sollicité ses services comme il
avait vu faire les gens de la ville. Elle avait souri à cette marque
de respect en songeant qu'il avait bien changé depuis son arrivée.
Le konsyli était mal en point. Plusieurs coups d'épée l'avaient
atteint. S'il s'en sortait, il ne pourrait plus marcher normalement.
Le deuxième homme avait presque perdu un bras. Devant la grimace de
la Solvette, Quiloma avait compris que l'amputation serait
nécessaire. La Solvette exigea de voir tous les blessés. Malgré
leurs armures de cuir renforcé de plaques de métal, tout le groupe
qui était au fond de la gorge était blessé. Le guetteur aux
tympans crevés intéressa beaucoup la Solvette. Quiloma attendit le
lendemain pour venir voir ses hommes. Le konsyli dormait. L'autre
blessé grave avait été amputé. Quant aux autres, les divers
pansements montraient que la Solvette avait beaucoup travaillé.
- Viens boire quelque chose. Tu vas me
raconter ce qu'il s'est passé.
Ils étaient passés dans la pièce
privée. La Solvette alla voir que l'enfant dormait. Quiloma s'était
assis lourdement sur le tabouret. Elle prit de l'eau chaude et revint
vers lui. Elle prépara le mélange de plantes et versa l'eau dans
les bois.
- Va-t-elle bien? demanda Quiloma en
désignant sa fille d'un geste de tête.
- Elle grandit vite et elle sait ce
qu'elle veut. Comment ton guetteur est-il devenu sourd?
Quiloma raconta le combat, ses
incertitudes, les raisons de déclencher le feu, son erreur d'avoir
cru qu'il pourrait contrôler les allumages des bûchers séparément.
Il parla du dieu Dragon qui avait dû intervenir pour boucher la
vallée. Pour lui c'était la seule explication. Il connaissait bien
ce mélange des deux pierres, la noire et la jaune. Il utilisait
régulièrement ce mélange soit en combat pour asphyxier un ennemi
dans un tunnel, soit pour repousser certaines bêtes sauvages.
Jamais, il n'avait vu cela.
La conversation se poursuivit un
moment. À un moment alors qu'il parlait de toutes les possibilités
d'actions pour l'avenir, il prit conscience d'un corps contre le sien
et d'une bouche qui le faisait taire.
Stanch rapportait à Chan ce qu'il
avait entendu. Ce dernier avait bien rencontré le prince à son
retour. Il ne lui avait pas dit grand chose. Stanch en avait su plus
en parlant avec les guerriers blancs.
- Leur nombre diminue. Si cela
continue, il n'y aura plus d'occupants.
- Oui, peut-être, mais que ferons-nous
si l'armée de la plaine monte jusqu'ici?
- On pourra leur expliquer.
- Non, le maître Sorcier est formel.
Il a eu une vision. Les soldats de la plaine massacrent d'abord et
s'expliquent après. Notre sort est lié aux guerriers blancs
maintenant. J'espère juste que le prince a raison quand il dit que
le chemin est fermé.
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