vendredi 3 août 2012


Quiloma était allongé nu sur les fourrures. La Solvette lui massait le dos à la lueur du feu. Dans la grande pièce à côté, toutes les alcôves étaient occupées. Les travaux des champs fournissaient quelques accidentés, mais la grosse majorité était occupée par les guerriers blancs blessés au combat. Le retour de la petite troupe s'était fait dans la discrétion. Les deux brancards avaient directement pris la direction de chez la Solvette. Quiloma avait sollicité ses services comme il avait vu faire les gens de la ville. Elle avait souri à cette marque de respect en songeant qu'il avait bien changé depuis son arrivée. Le konsyli était mal en point. Plusieurs coups d'épée l'avaient atteint. S'il s'en sortait, il ne pourrait plus marcher normalement. Le deuxième homme avait presque perdu un bras. Devant la grimace de la Solvette, Quiloma avait compris que l'amputation serait nécessaire. La Solvette exigea de voir tous les blessés. Malgré leurs armures de cuir renforcé de plaques de métal, tout le groupe qui était au fond de la gorge était blessé. Le guetteur aux tympans crevés intéressa beaucoup la Solvette. Quiloma attendit le lendemain pour venir voir ses hommes. Le konsyli dormait. L'autre blessé grave avait été amputé. Quant aux autres, les divers pansements montraient que la Solvette avait beaucoup travaillé.
- Viens boire quelque chose. Tu vas me raconter ce qu'il s'est passé.
Ils étaient passés dans la pièce privée. La Solvette alla voir que l'enfant dormait. Quiloma s'était assis lourdement sur le tabouret. Elle prit de l'eau chaude et revint vers lui. Elle prépara le mélange de plantes et versa l'eau dans les bois.
- Va-t-elle bien? demanda Quiloma en désignant sa fille d'un geste de tête.
- Elle grandit vite et elle sait ce qu'elle veut. Comment ton guetteur est-il devenu sourd?
Quiloma raconta le combat, ses incertitudes, les raisons de déclencher le feu, son erreur d'avoir cru qu'il pourrait contrôler les allumages des bûchers séparément. Il parla du dieu Dragon qui avait dû intervenir pour boucher la vallée. Pour lui c'était la seule explication. Il connaissait bien ce mélange des deux pierres, la noire et la jaune. Il utilisait régulièrement ce mélange soit en combat pour asphyxier un ennemi dans un tunnel, soit pour repousser certaines bêtes sauvages. Jamais, il n'avait vu cela.
La conversation se poursuivit un moment. À un moment alors qu'il parlait de toutes les possibilités d'actions pour l'avenir, il prit conscience d'un corps contre le sien et d'une bouche qui le faisait taire.

Stanch rapportait à Chan ce qu'il avait entendu. Ce dernier avait bien rencontré le prince à son retour. Il ne lui avait pas dit grand chose. Stanch en avait su plus en parlant avec les guerriers blancs.
- Leur nombre diminue. Si cela continue, il n'y aura plus d'occupants.
- Oui, peut-être, mais que ferons-nous si l'armée de la plaine monte jusqu'ici?
- On pourra leur expliquer.
- Non, le maître Sorcier est formel. Il a eu une vision. Les soldats de la plaine massacrent d'abord et s'expliquent après. Notre sort est lié aux guerriers blancs maintenant. J'espère juste que le prince a raison quand il dit que le chemin est fermé.

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