mardi 19 avril 2011

Houtka - 14

Quand le peuple des petits entendit les cris de douleurs des gendailleurs, il se rapprocha pour voir. L’eau coulait en cataractes des fenêtres et des portes des dortoirs. Elle cascadait le long des tours et s’écoulait vers le fond de la vallée en torrents impétueux. Les remparts de bois et les fossés faits ces derniers jours avaient ralenti le flux liquide sans l’arrêter. De larges brèches existaient dans l’enceinte. Le peuple des petits en profita pour investir le camp ennemi. Le combat était maintenant engagé aussi sur le sol. Sisgriuk hurlait les ordres de colère. Il se savait impuissant face aux éléments déchaînés. Avec quelques uns, il était monté sur le toit des dortoirs pour essayer de trouver un autre chemin pour atteindre le centre de la puissance de la fondation. Ils avaient ainsi échappé à la nuée. A la lumière des éclairs, il vit que des combats avaient lieu en bas. Sa colère ne fit que s’amplifier. Il ne pouvait pas descendre, l’eau tenait toujours le terrain. Des ombres, l’armée des ombres, il reconnut à cette caractéristique ceux qui avaient attaqué ses patrouilles. Il en appela à la divinité en hurlant les glyphes secrets.

Le sorcier noir par les yeux de ses sorciers soumis vit le désastre qui s’abattait sur les gendailleurs. Il en déduisit que c’était le bon moment pour intervenir. Ses ordres furent clairs : pas de quartiers. Les phalanges de guerriers noirs aidées de sorciers et de démons se mirent en mouvement. Les sorts de téléportation furent nombreux. Le sorcier noir avait convoqué Takachougha le matin même et puisait l’énergie nécessaire dans la puissance démoniaque. Ce dernier en souffrait beaucoup. Ce que ne savait pas le sorcier noir, c’est que Takachougha avait demandé de l’aide au seigneur des mondes noirs pour ne pas disparaître, toute son énergie éthérique aspirée par les sorts que jetait le sorcier.

Le peuple des petits faisait des ravages dans les rangs désorganisés des gendailleurs. C’est alors qu’arrivèrent les démons. L’orage continuait de plus belle. Les démons profitant des variations brutales de lumière prirent les formes les plus redoutées. Tous les combattants qui les voyaient, ne pouvaient qu’être sidérés un moment. Cela suffisait aux guerriers noirs pour eux aussi massacrer tout ceux qu’ils rencontraient.

Sisgriuk voyait tout cela, impuissant, il vit aussi au loin dans un éclair la maison des accueillis dans son écrin de verdure. Cela ressemblait à un havre de paix alors qu’il était dans la tempête. Il comprit en un éclair d’intuition que la vraie source du pouvoir n’était pas au-dessus de lui comme il le pensait, mais là-bas. Cela ajouta de la rage à sa colère. Ses glyphes anciens n’en prirent que plus de pouvoir.
Le seigneur des mondes noirs attendait cet instant depuis si longtemps. Bientôt, bientôt, ce serait le bon moment. Le sorcier noir ponctionnait des quantités importantes de forces pour ces sortilèges mais s’il avait su la réserve dans laquelle il puisait, il aurait attaqué depuis bien longtemps. Takachougha remplissait bien son rôle. Il fallait maintenant qu’il décide le sorcier à en appeler à la Force Noire. Les gendailleurs étaient arrivés au point d’appeler par les glyphes sombres qu’ils croyaient sacrés. Les prêtres se les transmettaient depuis plusieurs générations comme un secret de puissance absolue. S’ils avaient su que là où ils seraient dit, là pourrait aller la Force Noire, jamais ils ne les auraient utilisés. Des générations de tromperies aboutissaient enfin.

Dès que le sorcier noir aurait mordu à l’hameçon de l’entité de Takachougha, alors ce dernier pourrait se libérer du servage en utilisant la force de son vrai nom. Le sorcier noir serait alors le vecteur idéal de la Force Noire.
Le sorcier noir qui avait convoqué le grand démon en vue de la bataille, avait tout prévu dans sa tour pour faire advenir l’entité que Takachougha contrôlait. Les rapports qu’il recevait par ses sorciers soumis étaient tellement favorables, qu’il commença à se dire qu’il n’aurait pas besoin de faire venir cet être qui réveillait sa peur. Les forces qu’il puisait dans Takachougha lui suffisaient à assurer sa victoire. L’orage qui tonnait en permanence au-dessus du lieu de la bataille, avait décuplé l’effet de ses démons mineurs.
Ce fut à ce moment-là que la falaise s’effondra.
Les guerriers noirs entendirent le bruit des éboulements venus de la paroi rocheuse. Un flot en armure se précipita en poussant un cri de guerre guttural qui fut renvoyé par l’écho. Sous ce ciel d'orage, avec le grondement permanent du tonnerre, ce fut comme si des guerriers habillés de lumière scintillante envahissaient le champ de bataille. Les éclairs faisaient resplendir les cuirasses du peuple de la terre mieux que ne l’aurait fait n’importe quel sort. Leur irruption renversa le cours de la guerre. Les guerriers noirs ne pouvaient blesser ces silhouettes de métal. Les sorciers soumis tentèrent d’utiliser leurs sortilèges. Leur méconnaissance de l’ennemi qu’ils rencontraient les rendit inefficace. L'alliance des soldats de l'ombre avec ceux de la lumière fit un ravage dans les rangs des guerriers noirs. Le fait que mêmes blessés, ils continuaient le combat, ne déstabilisa pas longtemps le peuple de la terre. Ils comprirent vite que décapités, les guerriers noirs devenaient inoffensifs. Les gendailleurs encore debout furent beaucoup plus coriaces. Ayant déjà lutté contre des hommes en armures, ils savaient les techniques. Si les pertes étaient lourdes, leurs lances courtes tenaient à distance les guerriers des mondes souterrains. Pourtant l’espoir n’était pas dans leur camp. Lors de l’effondrement de la falaise, une partie des constructions de la fondation s’était éboulée aussi. Heureusement occupées à défendre l’accès par les dortoirs, les diseuses avaient déserté ces pièces. Les diseuses s’étaient réfugiées dans ce qui restait debout. Sifréma contemplait les dégâts à sa fondation. Tout ce qui avait été les appartements de la maîtresse enchanteresse, les logements des enchanteresses, tout était ruiné. Elle pensa aux nombreux ouvrages précieux par leurs enseignements, emportés dans la chute, définitivement perdus par toute l’eau tombée dessus. Elle contempla la salle de la cérémonie des corps, éventrée, révélant à tous ce qui avait été l’intime de la fondation. Elle était indifférente aux combats en dessous d’elle, centrée qu’elle était sur la perte irréparable qu’elle venait de subir. Jamais, jamais, elle ne pourrait être la maîtresse enchanteresse d’une fondation toute puissante. Insensible aux cris de ses compagnes qui commentaient ce qu’elles voyaient, elle sentit les larmes venir seules à ses yeux.

Le sorcier noir, toujours en lien avec ses sorciers soumis, encaissa l’arrivée du peuple de la terre. La perte des liens lorsqu’un de ceux-ci succombait, l’affecta. Il fit d’énormes efforts pour que Takachougha ne voie rien. Il fallait qu’il se ressaisisse avant que d’en appeler à l’entité des mondes noirs. Il utilisa un sort qui renvoya le démon dans les limbes mais pas trop loin. Il voulait faire un rite de divination. Sortant du cercle de protection, il s’approcha du grand trépied soutenant la coupe. Il commença le cérémonial. Il sentait encore quelques liens avec ses soumis, mais comme ceux-ci fuyaient remplis de peurs, il n’avait plus accès à la réalité qui les entourait. La perception qu’il en recevait était une panique qui lui demandait des efforts pour la contrôler. Les volutes s’élevèrent entraînant son esprit vers Simantaba. Tel un oiseau, il survola quelques groupes de guerriers noirs fuyant parfois accompagnés d’un sorcier affolé. S’approchant de la falaise, il eut la surprise de voir une armée commencer à charger. Des gendailleurs, en grand nombre, lourdement armés se lançaient à l’assaut de ce qui lui apparut comme un champ de ruines. Jamais le rite de divination n’avait été aussi clair. Il comprit qu’une nouvelle fois, il s’était fait devancer par Sisgriuk. Des renforts arrivaient à temps pour le sauver. Il le découvrit sur un des toits de la fondation dont il vit la ruine. Il eut une telle bouffée de plaisir à cette vue, qu’il en perdit le contact et se retrouva dans la tour à côté de la coupe fumante. Avant de repartir voir ce qui se passait, il fit le point. Il était maintenant sûr que Sisgriuk avait déjà formé ses plans avant d’établir son camp devant Simantaba. Il avait dû demander des renforts pour le siège de la capitale du royaume d’Ashra et les orienter vers la fondation à la chute de la ville. C’était la seule explication à la présence de troupes qui semblaient fraîches. Ses propres soldats grandement décimés devant la falaise, ne pourraient recevoir les renforts que lui aussi avait prévus. Son évaluation du temps d’affrontement se révélait fausse. Ils étaient encore trop loin, beaucoup trop loin pour participer avant plusieurs jours et surtout trop peu nombreux pour combattre l’armée des gendailleurs avec une chance de succès. Le spectre de la défaite lui apparut. A moins… Oui bien sûr, si les nouveaux arrivants en armure s’entretuaient avec les gendailleurs, il pourrait alors arriver juste au bon moment pour retirer les marrons du feu. Il reprit le rite de divination avec fébrilité. La suite de son action dépendait de l’issue de cette bataille. Les soldats en armures se battaient très bien, mais s’il avait bien vu, ils étaient trop peu nombreux pour faire face à l’armée de renfort. Il psalmodia avec plus d’intensité, réfrénant son impatience pour accomplir le rite avec efficacité. De nouveau, l’image de Simantaba apparut dans les fumées. Malheureusement le rite avait perdu de son adéquation, le sorcier noir n’eut plus l’impression de voler. Les images étaient quand même assez nettes pour qu’il reconnaisse les différents protagonistes. Les gendailleurs avaient établi le contact avec les armures qui cédaient du terrain. La masse de ceux qui arrivaient allait enfoncer les lignes de défense. Il aperçut même Sisgriuk faisant des grands signes. Le temps qu’il se pose la question de savoir s’il fallait qu’il soutienne les cuirassés un moment, pour mieux vaincre les gendailleurs après, il remarqua une silhouette qui se détachait de la falaise. Alors que tous couraient ou se battaient, celui-ci avançait tranquillement. L’homme leva le bras, tendit le doigt. Un langue de feu jaillit de lui, parcourant l’espace qui le séparait des gendailleurs, elle creusa dans leurs rangs une noire tranchée.
Brutalement le sorcier noir coupa le lien avec un grand cri. Une autre silhouette encapuchonnée apparut.
- Que se passe-t-il, Maître ?
- Le feu, l’être de feu se réveille !

Ils étaient au bout du tunnel. L’avant-garde avait pu creuser et agrandir les passages jusque là pour que les guerriers passent avec leurs armures et leurs équipements. Ils étaient maintenant dans une grande salle irrégulière, au plafond décoré de stalactites. Marchant entre les stalagmites, les hommes de la terre se réunissaient par groupe. Renatka, toujours accompagné de Ragdra avança jusqu’au centre.
Les éclaireurs avaient allumé des lampes à huile. Renatka demanda à son compagnon de lui traduire les discussions qui avaient lieu.
- Ils disent que pour aller plus loin, il faut creuser, il n’y a plus de passage. Celui qui existait est éboulé. Il n’y a même plus de courant d’air à travers les pierres.
- Savent-ils où nous sommes ?
Ragdra s’adressa à eux. Il s’en suivit un long échange puis Ragdra fit le résumé.
- Ils pensent que nous sommes dans une grotte pas loin de la fondation.
En haut de la pente, sur la droite, il y a un courant d’air qui amène des odeurs de fumée. On doit donc être près d’habitations, ce qui est gênant pour creuser. Cela va faire du bruit et nous faire repérer.
- Est-ce qu’ils savent si c’est Simantaba.
- Ils n’en ont pas la certitude. C’est la vallée de Simantaba. Il propose d’envoyer le plus petit d’entre eux se glisser dans la faille d’où viennent les odeurs de dehors. Si tout va bien, nous pourrons creuser un accès pour sortir.
- Ça va prendre combien de temps ?
- Ils espèrent que ce sera rapide. Mais ils ont une demande à te faire.
- Quoi ?
- Le peuple des hommes de la terre est fier et honoré que tu combattes à ses côtés mais il voudrait que tu nous laisses combattre les premiers afin que nous prouvions notre bravoure au combat.
Renatka céda à leur demande sans discuter. Ses pensées allaient vers Cantasha. Que devenait-elle ? Où était-elle ? Se battre contre les guerriers noirs ne l’intéressait pas. S’il fallait le faire, il irait mais il préférait pouvoir se concentrer sur Cantasha.
Le jeune éclaireur s’enfonça dans le boyau qu’il avait repéré. Il n’avait qu’un pic pour tout matériel. Il eut besoin de nombreuses heures pour arriver dans une petite salle ouverte sur l’extérieur. Il faisait nuit quand il regarda dehors. En dessous de lui, un village finissait de brûler. Des fumées s’élevaient encore. Elles étaient rabattues vers lui par un vent soutenu. L’aube n’était pas loin, il décida d’attendre un peu. Quand la lumière se leva, il vit au-dessus de lui des constructions, ainsi que sur sa droite. Plus bas des hommes en armes, nus, couraient avec des échelles. Il comprit qu’il était dans la falaise de la fondation et que l’attaque avait commencé. Il s’enfonça dans la salle et découvrit en repartant un autre passage qui semblait plus grand. Il l’explora. Son retour fut plus rapide mais il arriva beaucoup plus haut que prévu dans la grande salle. Il cria pour qu’on lui envoie une corde.
Renatka assista au conciliabule. La guerre faisait rage dehors. Eux étaient là enfermés sans pouvoir sortir rapidement. Le sens de l’orientation de l’éclaireur était prodigieux. Il dessina les deux couloirs qu’il avait suivis. Celui du bas n’avait pas d’intérêt. Celui sur haut permettrait d’envoyer quelqu’un surveiller ce qui se passait dehors pendant qu’on creuserait. C’est ce que traduisit Ragdra à Renatka. La difficulté allait être de creuser la roche pour pouvoir sortir en masse. Les discussions allaient bon train quand Renatka demanda la parole.
- Peuple de la terre, je suis heureux de partager votre campagne contre les forces du mal. Je comprends et je respecte votre désir de montrer votre bravoure. Je n’interviendrai pas le premier. Laissez-moi pourtant vous aider. Je pense pouvoir faciliter votre sortie en creusant pour vous.
Ragdra traduisit, et les hommes de la terre applaudirent. Demandant où il devait creuser, Renatka fut conduit vers le fond de la salle.
- Ici, il faudrait un tunnel assez large pour que dix hommes puissent courir de front.
- Combien y a-t-il de roche entre nous et dehors ?
- Il y a six jours de travail pour un homme afin de creuser une telle épaisseur.
Renatka tendit le bras. Dans un sifflement suraigu, un fin jet d’eau jaillit de son majeur et s’enfonça sans effort dans la roche. De l’eau giclait partout mais bientôt un premier bloc se détacha sans plus de bruit. Les hommes du peuple de la terre firent silence. En quelques instants, Renatka venait de faire un trou que le meilleur de leur ouvrier n’aurait pas réussi à faire en une demi-journée. Puis il y eut une ovation. Tous ceux qui pouvaient vinrent dégager la roche. Renatka se remit à l’œuvre.
Pour ménager l’effet de surprise, Renatka avait changé de tactique pour ouvrir la montagne. Il avait préparé des traits de fracture dans la roche. Averti par l’observateur qui du haut de son nid de pie dans la falaise, témoignait des événements qu’il voyait. Le cœur de Renatka avait battu au rythme des attaques et des contre-attaques. Il ne doutait pas de la présence de Cantasha à quelques pas de lui. Malgré son impatience, il attendit comme les autres le moment favorable. Il aurait bien couru en avant pour la rejoindre mais il avait donné sa parole. Quand l’ordre d’attaque fut donné, il souffla littéralement la paroi restante. Le peuple de la terre s’élança en poussant une clameur de guerre. Ils avaient eu une description des forces en présence. Renatka se sentait étrangement seul au milieu de tout ce monde. Les diseuses, les gendailleurs, le peuple de l’ombre, les guerriers noirs et maintenant le peuple de la terre, s’agitaient autour de lui. L’orage éclairait tout cela d’une lumière surréaliste. Renatka admira la rage de l’eau du ciel mais aussi les cataractes venues des étages supérieurs de la fondation. Il supposa que Cantasha était là-haut avec la maîtresse enchanteresse. Il supposait qu’elle avait été félicitée pour ce qu’il était devenu. Il suivait le cours des évènements d’un œil distrait cherchant comment aborder Cantasha. Le reconnaîtrait-elle maintenant qu’il était couvert des quatre glyphes premiers ? Il enregistrait la topographie des lieux sans y penser, enregistrant qu’une armée s’avançait vers le champ de bataille. Il sortit de sa rêverie quand il vit la charge brutale de ceux qui devaient être des gendailleurs. Réalisant que le peuple de la terre ne pourrait pas faire face à cette puissance, il se mit en marche. Il était encore à mi-pente quand il déclencha le feu sur les assaillants. Il eut conscience de révéler au grand jour ce qu’il était devenu. De nouveau ses pensées se trouèrent vers Cantasha. Il avait beau être l’humain le plus puissant de la terre, il se sentait inachevé.
Sifréma vit le feu détruisant l’armée ennemie. Elle se posa la question de qui était cet être doué d’une telle puissance. Rien ne se déroulait comme elle l’avait pensé. Les évènements lui échappaient de plus en plus. Par elle, la fondation était presque détruite, elle avait perdu ses connaissances les plus sacrées et les plus secrètes. La confusion régnait sur le terrain et dans son esprit. Qu’est-ce qui allait lui advenir ? Pourrait-elle un jour racheter toutes ces catastrophes ? La culpabilité l’envahissait. Elle en vint à penser qu’il n’y avait plus qu’une solution, sauter d’une des fenêtres et en finir.

Sisgriuk effaré, vit la disparition de l’armée venue en renfort. Ce n’était pas possible. Il ne pouvait en croire ses yeux. Il répétait de manière quasi hypnotique les mantras de glyphes anciens. Lui seul ou presque allait rester vivant pour connaître la honte de la défaite et l’humiliation de l’échec. Tout ce en quoi il avait cru jusqu’ici l’abandonnait. Il ne lui restait qu’une issue : trouver un ennemi et se faire tuer en combattant. Tout son être se tendit vers cette fin.
 
Cantasha sentit la puissance à l’œuvre. Elle n’était pas runique. Elle ressemblait à celle qu’avait déployée les gendailleurs mais elle était tellement plus importante que cela ne pouvait venir d’eux. Cette puissance dont elle vit le reflet de lumière au-dessus du champ de bataille touchait aux harmoniques fondamentales du monde. Le chant de la rune de l’eau était terminé. Du tertre de la maison des accueillis, Sintacasha et Cantasha ne voyaient que ce qui se passait au-dessus des premiers dortoirs. La haie d’épineux les protégeait mais en même temps les empêchait de savoir ce qui se passait sur le sol. Le bruit des armes leur permettait quand même d’avoir quelques informations. Elles avaient senti la confusion et la reprise des combats sur un mode plus violent entre soldats plus lourdement armés. Quand la lumière avait éclaté, pas celle des éclairs, celle née des harmoniques du monde, le silence avait envahi le terrain. L’orage lui-même semblait obéir et rendre les armes. Cantasha s’interrogea sur l’origine du phénomène. 

Le sorcier noir ne pensait plus. La pensée de l’être de feu l’obsédait depuis si longtemps qu’il lui fallait s’en débarrasser. Revoyant devant ses yeux la vague de feu qui l’avait presque tué, il n’eut qu’une pensée, s’en protéger. L’entité de Takachougha était la seule solution. Ce que lui en avait dit le grand démon était son seul espoir d’en finir avec cette menace. Faire disparaître l’être de feu quel que soit le risque, lui sembla la meilleure solution.
Le seigneur des mondes noirs avait enfin amené le sorcier là où il désirait qu’il soit, dans la confusion et soumis aux mensonges de Takachoughaa. Il l’entendait appeler Takachougha sans se douter qu’il était déjà dans les mâchoires du piège. Le grand démon qui ne tenait sa forme que de ce que lui donnait le seigneur des mondes noirs, joua le jeu qu’on attendait de lui. Il se présenta au sorcier et lui tint le discours que celui-ci voulait entendre. Ainsi renforcé dans sa conviction, il commença le rite d’invocation de l’entité que Takachougha avait nommé la Efenne. Le cérémonial sembla au sorcier facile, trop facile. Ses sens commencèrent à se mettre en alerte. Takachoughaa ne lui laissa pas le temps de s’interroger. Il fit une injonction de prononciation pour le sorcier. Le grand démon lui rappela que mal dire les flexes de la dernière invocation était sanctionné par la mort au mieux et par les tourments éternels au pire. Le Sorcier noir se re-concentra sur son rituel, laissant de côté les messages de danger que son esprit envoyait. Dans la tour, le sorcier noir se tenait au centre de la figure de protection tracée avec toute la rigueur qu’il mettait à ce genre de choses. Takachoughaa se tenait au centre de sa propre figure, supposée être contenue par le tracé de cendre et de sable. Il savait que le sorcier se croyait protégé par la magie du nom. Une troisième figure encore plus complexe était dessinée au sol. Elle avait été faite avec un soin encore plus particulier et contenait des amulettes et des contre-sorts que le démon ne pouvait pas connaître. La voix du sorcier monta dans les aiguës pour descendre dans les graves. Aidé d’un sort, il descendit encore la tonalité de son récitatif. Quand il atteignit la note la plus grave correspondant au dernier mot de la dernière phrase, tout fut dit. Une fumée, non ! Une ombre, non ! Encore plus noire, une absence de lumière comme seuls ceux qui ont connu les mondes souterrains peuvent comprendre. Une noirceur infinie s’éleva doucement au centre de la troisième figure. Takachoughaa sembla se rétrécir devant celle qu’il appelait la Efenne. Le sorcier retrouva ses peurs avec la fin du rituel. Qu’avait-il appelé ? De tous les êtres noirs qu’il avait déjà rencontrés, celui-ci était le plus noir. Un froid glacial se fit dans la tour. La Efenne advenait devant ses yeux. Le sentiment d’horreur qui l’envahit fut tel qu’il commença à chercher comment couper le lien. La forme nuit d’encre commença à tester les bords de la figure. Les amulettes semblaient fonctionner, à leur contact, les pseudopodes de noirceur se rétractaient, malheureusement pour renaître juste à côté. Un espoir vint au sorcier, que la Efenne ne puisse circonvenir la figure dont la complexité était grande puisqu’elle s’étendait sur des plans physiques mais aussi spirituels et éthériques. Un bruit cristallin se fit entendre. Un bruit incongru tellement était grande l’horreur ressentie. Dans l’esprit du sorcier noir se forma l’image de la glace qui se rompt en hiver sous les pieds d’un marcheur.
- Takachougha, que se passe-t-il ?
- La Efenne parle sorcier. Tu aurais intérêt à lui répondre. Elle manque de patience. Elle est affamée de force vitale !
- Renvoie-la !
- Ce n’est pas possible, sorcier. Écoute, le bruit de sa faim augmente. Trouve quelque chose à lui donner ou gare à toi.
- Elle ne peut pas sortir. Elle est dans un triple sort d’enfermement.
Le grand démon fit entendre un rire mauvais.
- Et tu crois que cela va l’arrêter, que tu es naïf !
Comme pour donner raison au démon, une ombre sembla dépasser du cercle central de la figure. Ce fut comme si une eau noire débordait un barrage et se coulait dans les méandres d’un dessin. La noirceur se mit à faire des évolutions parfois bizarres, mais pour le sorcier qui avait monté la cage démoniaque de triple enfermement, il comprenait que la Efenne suivait la ligne de rupture avec une grande science des pièges. Le sorcier noir paniquait intérieurement, comme quand jeune apprenti, il avait déclenché des forces obscures qu’heureusement son maître savait arrêter. Aujourd’hui, il se croyait maître en ces choses-là et il comprit qu’il ne maîtrisait rien. Bientôt la lumière de la tour sembla aspirée vers un petit détail du tracé. Le sorcier n’osait pas bouger malgré les invectives du démon. Le bruit était devenu hurlement, le froid faisait se fendre les pierres. Le sorcier balbutia :
- Le monde sans lumière, j’ai ouvert le monde sans lumière !
Le grand démon hurlait de rire. La Force Noire tâta les défenses qui entouraientTakachoughaa, puis sembla se diriger vers le sorcier. Celui-ci tremblait de peur, mais remarquait qu’une partie de cette nuit ambulante semblait être attiré vers l’extérieur de la tour. Il y eut comme un instant de lutte entre les deux mouvements, vers le sorcier ou vers l’extérieur. Puis ce dernier l’emporta d’abord doucement et puis de plus en plus vite.
La lumière revint brutalement. Le sorcier noir au centre de son cercle de puissance avait mouillé ses vêtements de sa peur.
Le sorcier tremblait encore quand il remarqua un changement dans le comportement de Takachougha. Quelque chose dans son maintien l’alerta. Il vérifia les figures au sol. Celles qui avaient tenté d’encager l’Efenne étaient abîmées donc inefficace. Par contre les arabesques entourant le grand démon étaient parfaites, ainsi que les siennes. Il en conclut que c’est ce qui l’avait sauvé de la noirceur absolue qui s’était rendue présente dans la tour. Il fallait que quelqu’un paye pour cette erreur. Takachougha était le bouc émissaire tout trouvé. C’est à cause de lui qu’il avait fait venir cette entité. C’étaient ces paroles mielleuses prononcées par le démon qui l’avaient amené à faire ce qu’il n’aurait jamais dû faire. Il décida de vider la force vitale du démon ce qui lui donnerait un surcroît de puissance et lui permettrait de s’occuper de cette horreur en liberté. Il se redressa. Il n’avait plus la fière allure d’avant. Ses vêtements souillés le gênaient mais il ne pouvait pas sortir de sa forteresse magique avec un démon pas loin. Celui-ci le regardait goguenard. Takachoughaa semblait attendre. Le sorcier noir interpréta cela comme une marque de son pouvoir restant. Le doute était quand même en lui, ce qu’il venait de vivre l’avait déstabilisé. S’il doutait trop, il donnerait trop de pouvoir au démon, trop de prise. Cela serait dangereux. Il décida de frapper un grand coup sans attendre. Il marmonna tout bas les formules secrètes des sorts de contrôle par le nom. Rien ne se produisit. Sous son capuchon, le sorcier fut étonné. Avait-il perdu sa puissance ?
- Non, non, sorcier, tu n’as pas perdu ta force. Enfin pas encore ! Je vais faire de toi mon jouet pour l’éternité qui vient. Je te laisserai juste assez de force vitale pour que tu souffres encore et encore.
- Tu rêves, Takachougha ! Par la puissance de ton nom, je te tiens.
Le démon éclata de rire.
- Essaye donc pour voir. Tu n’as plus de griffes alors que moi j’ai toujours mes crocs.
- Par la magie du nom, je t’ordonne de me rendre hommage Takachougha !
Toujours riant, le démon ne se donna pas la peine d’obéir, pire, d’un de ses membres, il dispersa une partie du dessin au sol. Le sorcier blêmit. C’était impossible. Pas avec la puissance de cette magie. Il fut tétanisé. Sa figure devint d’une pâleur de mort. Takachoughaa continua sa reptation vers le sorcier, dérangeant les arabesques de sa cage magique. Il s’arrêta à la limite de celles qui protégeaient le sorcier.
- Alors, sorcier, tu commences à me croire et à comprendre ? Tu as bien profité de moi pendant tout ce temps ou tu me gardais sous ta coupe. Alors est-ce que je peux ou est-ce que je ne peux pas ? J’ai l’impression d’entendre ta question. Ta magie peut-elle m’arrêter au pied de tes figures ou pas. Réfléchis bien sorcier, ou plutôt apprenti, si tu fais erreur cela va te coûter très cher !
Le sorcier essayait de réfléchir à toute vitesse pour trouver l’erreur. A quel moment la magie lui avait-elle échappé ? Il ne pensait pas avoir fait d’erreur dans le tracé des figures au sol. La seule solution était que le démon avait trouvé un contre-sort. Il prononça la formule adaptée à ces cas-là, en puisant de l’énergie dans tous ses soumis car cette incantation demandait de la puissance. Il ressentit l’échec. Où était l’erreur ? Il analysa les différents plans à la recherche des signes d’un renversement de sort mais ne trouva rien. Il ne trouva pas non plus de signe d’enchaînement du démon par la magie du nom. Le sorcier eut un éclair de compréhension. Le démon avait joué la comédie pour l’amener à cet instant précis. Sa dernière chance était que ses murailles magiques résistent.
- Je vois que tu commences à comprendre, apprenti. La magie du nom ne marche plus sur moi, par ta faute. Quand je suis rentré du monde de Corc, j’ai tout perdu y compris mon nom. Je n’ai survécu que par la force du serviteur de la Efenne, la Force Noire. C’est lui qui a trouvé amusant de te piéger. Mais tout n’est pas fini.
En entendant le vrai nom de l’entité qu’il avait fait advenir, le sorcier noir sentit une onde froide lui couler dans le dos. Il était perdu. Le peu qu’il savait de cette force le faisait frissonner de panique. La mort était de loin préférable. Il déverrouilla en lui le compartiment de son esprit où étaient isolées les formules de mort. Elles lui semblèrent le paradis comparativement à ce qui l’attendait s’il restait vivant. Dans les tourbillons de ses pensées, il en saisit une, la plus rapide, la plus forte. Il vit alors avec horreur que Takachougha avait bougé un membre et qu’il effaçait un morceau de l’arabesque protectrice. Son espace se figea, ses pensées, ses gestes, les battements de son cœur, tout s’immobilisa dans une position qui n’était ni la vie ni la mort. Il voyait et entendait mais était autrement dans l’impuissance.
- Alors apprenti, que dis-tu de ma surprise ? Moi aussi je connais des sorts de contrainte. Tu ne peux pas me répondre mais ce n’est pas grave, tu peux encore entendre et voir et puis quand il faudra, je te ferai ressentir que tu ne perdes rien de ce qui t’attends. Mais patiente encore un peu, car pour le moment ton rôle n’est pas terminé. La Force Noire s’impatienta.
Balayant de ses appendices les fines figures des arabesques, le démon attrapa le sorcier suspendu entre les mondes. Toujours riant, il prit son envol.

Sisgriuk était debout sur une ruine. Des dortoirs, il ne restait que les toits accrochés à la paroi verticale. Toute la partie habitable avait été emportée par la furie des eaux. Le courant s'était maintenant tari, comme l'orage. La lumière de la fin de journée éclairait la falaise d'une ambiance chaude et mordorée. En bas, le champ de bataille retrouvait son calme. La terre était jonchée des morts et des agonisants. Celui qui était sorti de la falaise avait balayé d'une vague de feu toute l'armée de renfort que Sisgriuk attendait. Ce dernier se sentait prisonnier de cet espace de tuiles rouges. Ils étaient quelques uns comme lui à chercher une sortie. Sauter dans le vide voulait dire la mort du déshonneur, monter le long de la falaise était impossible. Il n’allait quand même pas se battre entre eux pour s’entretuer. Ils regardaient leur chef et prêtre, attendant de lui un signal, une décision. Ils le voyaient remuant les lèvres sur ce qu’ils pensaient être une prière à ce dieu qui les avait oubliés. Ces yeux exorbités étaient comme fous. L’arme à la main, il se tenait debout face au vide, sa main libre sur la paroi. Le désespoir s’insinuait doucement dans leurs esprits. Il y eut un petit cliquettement, un tintinnabulement. Le son avait quelque chose d’irréel.
- Là ! dit un des soldats en donnant un coup de coude à son voisin.
Du doigt, il montrait une tache noire sur la roche qui allait en s’agrandissant. Elle était apparue devant Sisgriuk. Elle était accompagnée de froid. Bientôt, ils grelottèrent. La noirceur qu’ils voyaient, évoquait un trou sombre. Bientôt, elle prit de l’épaisseur. Une angoisse immense s’abattit sur eux. Un prolongement s’avança vers Sisgriuk et le toucha. Comme un sac vide, il tomba sur les tuiles dans un bruit de terre cuite cassée. La forme prit de l’ampleur. Elle se dirigea vers les quelques gendailleurs qui restaient. Le même phénomène se reproduisit. Le plus éloigné préféra sauter dans le vide à l’approche de ce pseudopode. Comme une langue de nuit, l’extension de la Force Noire toucha le chuteur. En arrivant au sol, il s’écrasa comme un sac vide.
C’est ce bruit qui étonna les hommes en armures du peuple de la terre. Ils levèrent les yeux et virent. Un sentiment de peur prit naissance dans leur esprit. Un archer lança une flèche qui traversa la forme de part en part et s’écrasa sur la roche derrière. L’étrangeté du phénomène les fit s’éloigner quand ils virent des prolongements noirs descendre vers eux. Plusieurs se mirent à courir pour prévenir les différents groupes qui patrouillaient sur le terrain. Bientôt presque tous les yeux furent tournés vers ce bout de la falaise. Sans les pseudopodes qui s’agitaient, on aurait pu croire à un trou sans lumière dans la roche de la falaise. De leur côté les diseuses perçurent le changement du bruit en dessous d’elle. Regardant vers le bas, elles virent ce qu’elles ne pouvaient nommer. Rapidement l’une d’elles alla avertir les enchanteresses et Sifréma. Elle la trouva regardant par la fenêtre, semblant balancer.
La grande diseuse qui entrait dans la pièce pour la prévenir eut l’impression fugitive qu’elle allait sauter. Sa raison lui interdit de penser cela.
- Maîtresse enchanteresse, venez vite ! C’est affreux !
Sifréma eut l’impression de sortir d’un cauchemar. Elle lança un dernier regard vers la maison des accueillis et se tourna vers l’arrivante.
- Que se passe-t-il ?
- Une chose, un ... il n’y a pas de mot pour désigner cela. Il n’y a pas de rune pour, non plus. C’est noir, mais plus que noir. On dirait de l’horreur à l’état pur !
Sifréma qui avait passé une bonne partie de sa vie à étudier les runes noires et les maléfices, fut intriguée. Elle suivit la grande diseuse jusqu’à la porte ouvrant sur les dortoirs ruinés. Elle vit et tout son être se révulsa. Aucun mot ne pouvait désigner cela. Elle cantila une rune qui repoussa toutes les autres en arrière, mais ce faisant, un pseudopode qui montait vers le sommet se détourna pour se diriger vers elle.

Sintacasha avait les yeux tournés vers son ancien lieu d’habitation. Il lui semblait voir une silhouette qui se penchait, qui se penchait ! Les bruits avaient cessé, comme si l’activité humaine s’était arrêtée. Elle se posa la question de l’origine de ce phénomène. Regardant la falaise, elle ne vit rien si ce n’est ce trou noir au du côté du toit des dortoirs. Il n’y avait plus signe de gendailleurs, elle pensa qu’ils avaient fait tomber un bout la falaise. Instinctivement, elle pensa qu’elle aurait dû entendre le bruit de la chute des pierres. Elle regarda mieux cet endroit et eut l’impression que l’orifice bougeait.
Cantasha poussa un cri :
- La pire que la mort est là !
- Qu’est-ce que tu dis ?
- Ce noir, cette horreur, c’est la pire que la mort !
- Mais ça n’a pas de sens.
- Mamaman, je n’ai pas de mot pour dire ça !
Renatka déambulait sur le champ de bataille, assez indifférent à ce qui l’entourait. Il ne voulait pas se précipiter vers la fondation, espérant et craignant la rencontre avec Cantasha. Il tournait le dos à la falaise et regardait vers le soleil qui se couchait dans un flamboiement orangé. Après cette journée de combat, il apprécia cet instant de calme. Il pensa que Cantasha regardait peut-être elle aussi ce disque orange à points noirs ! A points noirs ? Tous ses sens en alerte, il examina ce qui arrivait en volant. Ce ne pouvait être des gendailleurs. Cela lui évoquait une formation de combat. Il eut la certitude intérieure qu’il avait en face de lui le sorcier noir et ses troupes qui chargeaient. Se retournant, il poussa un cri d’alerte.

Takachoughaa ne riait pas tant que cela. La magie du nom n’avait pas fonctionné puisque le sorcier n’en connaissait pas le changement. Il pensait pouvoir s’amuser avec son prisonnier mais le seigneur des mondes noirs avait donné l’ordre de suivre la Force Noire. Même pour un démon, sa compagnie n’était pas agréable. La servir était le seul choix possible, ou alors mourir. C’étaient ces sombres pensées qui occupaient l’esprit du démon pendant qu’il suivait la trace de la Force Noire. Sur le chemin, il avait rencontré et soumis par la puissance du sorcier qu’il contrôlait, tous les morts vivants, tous les sorciers soumis et tous les démons de seconde zone. Il avait choisi de léviter pour se déplacer. Il savait qu’il allait moins vite que celle qu’il suivait. Pourtant rapidement, il fut en vue de la falaise de Simantaba. L’aspect avait bien changé. Partout, il voyait les traces de la guerre. En dessous de lui, des hommes couraient et s’agitaient. Ils étaient soit en armure, soit comme des ombres. Toujours portant le sorcier noir, il se rapprocha de la fondation. Il distinguait maintenant les grandes runes de défense qui étaient censées protéger le lieu contre les ennemis. Il connut une joie mauvaise en découvrant que des petites runes de malédiction étaient gravées entre les runes de défense. Voilà un excellent levier pour pouvoir casser le pouvoir des runes. En approchant de sa destination, il entraperçut un espace de paix entouré de buissons d’épines. Il n’eut pas le temps d’approfondir la question de savoir ce que c’était, il venait de repérer la Force Noire.
Celle-ci après avoir absorbé les forces vives des gendailleurs, réclamait encore plus de puissance, encore plus de victimes. Ces extensions cherchaient la piste de possible source d’énergie. Quelques unes allaient vers le bas, mais tous les hommes avaient fui. Les autres remontaient maintenant vers ce qui restait de la fondation. Le cri runique qu’elle avait entendu, laissait espérer à la Force Noire de trouver de quoi la rassasier. Plus la proie était forte, meilleure était l’amélioration. Cette rune nécessitait de la puissance pour être cantilée. La Force Noire, concentra ses efforts sur la source de la cantilation. Elle allait l’atteindre quand son pseudopode rencontra la trace d’une rune de malédictions, tracées entre les runes de défense. Comme la foudre rencontrant un conducteur, l’extension fila sur le tracé runique. Sa connaissance des mécanismes du mal permit à la Force Noire d’inverser les runes et de récupérer l’énergie qui avait servi à les créer. La taille de la forme visible de la Force Noire grandit. Encore un peu de nourriture et elle pourrait contrôler un être humain, puis deux, puis cent, puis tous. Elle pensa à ses serviteurs, où étaient-ils ceux qui avaient juré fidélité ? Ils ne perdaient rien à attendre. Elle se vengerait. Un signal lui vint du seigneur des mondes noirs, pour lui apprendre l’arrivée de Takachoughaa. Un sentiment de satisfaction lui emplit l’intérieur. Il arrivait avec les restes d’une armée et de la matière première qu’elle pourrait utiliser à bon escient.
Takachoughaa qui avait pris de l'avance sur le gros de ses troupes, se posa sur le reste du toit des dortoirs. La Force Noire vibrait d'attente. Le grand démon posa le sorcier sur les tuiles. Un filament noir se précipita vers la silhouette encapuchonnée. Elle pénétra sous le capuchon. Le corps du sorcier fut secoué de soubresauts. La forme noire grandit brusquement. Takachoughaa fut englobé dans la force Noire en expansion. Les guerriers noirs passèrent sous contrôle comme les sorciers soumis. Les yeux de tous ces personnages devinrent comme des portes sur le néant. Les petits démons eux-mêmes furent atteints par cette vague. Ils devinrent les extensions de la Force Noire. Tous fondus dans la même volonté, ils prirent le pas de charge. Il y eut une grande clameur, le même cri poussé par toutes les poitrines, exprimant le désir de tuer et même plus d'anéantir, de détruire, de déchiqueter.
Renatka fit face à la déferlante. Il essaya différentes possibilités de défense. Utilisant le mélange d’eau, de feu et de vent, il fit une nuée ardente qui lui permit de gagner du temps. Renversant les guerriers noirs et les sorciers, carbonisant les corps, elle renvoya au loin les ennemis. Les démons face à celle colonne de nuée ardente, perdaient la partie d’eux-mêmes qui était entrée dans le monde physique des hommes. Son action sembla rendre vie aux soldats du peuple de la terre. Entraînés et obéissants, ils se regroupèrent sous le commandement de leurs chefs de guerre. Ils manœuvrèrent pour se mettre en position de se défendre. Devant la puissance développée par Renatka, certains eurent le sentiment que tout cela ne servait pas à grand-chose. Bientôt, les lignes furent constituées, prêtes à faire face au choc d’un assaut. Loin là-bas, où avaient atterris les restes carbonisés, un phénomène extraordinaire avait lieu. Des morceaux, rencontraient d’autres morceaux, reconstituant des guerriers noirs, des sorciers aux yeux comme des portes sur le néant. Quand manquait un membre ou une arme, il repoussait. Bientôt une nouvelle armée fut en marche. Elle était composée d’un ramassis de corps difformes, brûlés, défigurés mais capables de se battre. Des gorges inexistantes poussèrent un cri inarticulé, pendant que les corps qui les portaient repartaient à la charge. Se heurtant à la nuée issue de Renatka, les guerriers de la Force Noire, étaient renvoyés loin et en piteux état. Là où ils arrivaient, de nouveau une régénération se faisait, leur permettant de repartir à l’attaque. Un bon nombre de ces guerriers de l’horreur évitèrent la nuée, firent un détour pour s’en prendre aux soldats en armures. Le combat s’engagea féroce, sans merci. Se glissant entre les armures, le petit peuple, telles des ombres, infligeait des blessures aux pantins de la Force Noire. Coupant une jambe par-ci, détruisant un genou par-là, ils ralentissaient les assaillants. Tombant à terre, ils se faisaient piétiner par ceux qui les suivaient. Rampant comme ils pouvaient vers l’arrière, le phénomène de régénération les touchait alors, faisant redevenir fonctionnel ce qui avait été détruit. Le moral des hommes fut atteint à la vue de ce spectacle. Ils ne cessèrent pas pour autant le combat. Ils n’avaient pas le choix, le combat ne pouvait cesser. Ils avaient compris qu’ils ne luttaient pas que pour leur vie mais pour la Vie.

La Force Noire telle une plante maléfique avait atteint le sommets des runes de défense.
Parasitant les tracés, elle avait couvert les parois restantes de la fondation de sa noirceur fondamentale. Profitant d’une rune de malédiction tracée sur un appui de fenêtre, elle envoya une extension pénétrer dans une des pièces des appartements des enchanteresses. Une rune tracée sur la porte lui interdisait le passage. Le pseudopode tâta la rune et se rétracta sous la morsure du signe runique de protection. Ce qui aurait pu passer pour une fumée explora toute la pièce et se dirigea vers la fenêtre voisine. De nouveau un tracé intact et pur lui interdit tout passage. L’espèce de tentacule rentra dans une nouvelle pièce qui comme toute avait été protégée par des runes. Elle longea le mur et trouva une faille, une simple fente apparut dans le mur lors de la chute de la falaise au moment de la sortie du peuple de la terre. Frémissante, elle s’y engagea pour se retrouver dans un couloir. Tel un prédateur en chasse, elle se dirigea en suivant son instinct.
La Force Noire prenait de l’ampleur et augmentait à chaque blessure infligée, ainsi qu’à chaque mort. Sentir la puissance de Renatka l’exaspérait. Elle ne pouvait encore lutter directement avec lui mais rêvait de le posséder. Pour le moment, elle consolidait sa position et son ancrage dans le monde physique des humains. Le plus rentable pour elle était de capturer la maîtresse enchanteresse qui devait être celle qui avait prononcé la rune de protection qui avait mis les diseuses hors de sa portée. Sa conscience se concentrait dans l’appendice qui explorait un couloir plus loin là au-dessus. Elle sentait par là la présence de nourriture pour elle. Quand elle atteignit ce qui restait de la pièce de la cérémonie des corps, elle marqua une petite pause. Devant elle, des porteuses de puissance lui tournaient le dos. Se ramassant, la Force Noire prépara plusieurs extensions qui se détendirent toutes d’un coup.
Sifréma après avoir cantilé la rune éloignant ses compagnes, était restée un moment à observer la progression de la Force Noire. Même si elle ne savait pas ce qu’elle aurait pu faire face à une telle horreur qui lui hérissait tous les poils, elle pensait que son rôle était de protéger les siennes. Voyant la noirceur s’engager sur la paroi, elle décida de remonter pour prévoir ce qu’on allait pouvoir faire pour se sauver. Elle arriva dans l’antichambre en partie démolie de la pièce de la cérémonie des corps. Elle voulut crier, cantiler une rune. Elle eut la vision horrible d’une pieuvre noire s’emparant du corps de ses compagnes. Elle les vit tomber comme des sacs vides. Mettant ses deux poings devant la bouche, elle retint un hurlement. Ce fut comme si son esprit se liquéfiait. Devant l’impossible, elle voulut crier son refus de ce qui arrivait. Son instinct et son entraînement prirent le dessus. Face à la Force Noire qui se dirigeait vers elle, Sifréma cantila la rune interdite de Corc.

Takachoughaa qui avait pris de l'avance sur le gros de ses troupes, se posa sur le reste du toit des dortoirs. La Force Noire vibrait d'attente. Le grand démon posa le sorcier sur les tuiles. Un filament noir se précipita vers la silhouette encapuchonnée. Elle pénétra sous le capuchon. Le corps du sorcier fut secoué de soubresauts. La forme noire grandit brusquement. Takachoughaa fut englobé dans la force Noire en expansion. Les guerriers noirs passèrent sous contrôle comme les sorciers soumis. Les yeux de tous ces personnages devinrent comme des portes sur le néant. Les petits démons eux-mêmes furent atteints par cette vague. Ils devinrent les extensions de la Force Noire. Tous fondus dans la même volonté, ils prirent le pas de charge. Il y eut une grande clameur, le même cri poussé par toutes les poitrines, exprimant le désir de tuer et même plus d'anéantir, de détruire, de déchiqueter.
Renatka fit face à la déferlante. Il savait qu'il avait déjà vécu cette scène. Il ne trouva pas d'autre solution, il fit une nuée ardente qui lui permit de gagner du temps. Renversant les guerriers noirs et les sorciers, carbonisant les corps, elle renvoya au loin les ennemis. Les démons face à cette colonne de nuée ardente, perdaient la partie d’eux-mêmes qui était entrée dans le monde physique des hommes. Son action sembla rendre vie aux soldats du peuple de la terre. Entraînés et obéissants, ils se regroupèrent sous le commandement de leurs chefs de guerre. Ils manœuvrèrent pour se mettre en position de se défendre. Devant la puissance développée par Renatka, certains eurent le sentiment que tout cela ne servait pas à grand-chose. Bientôt, les lignes furent constituées, prêtes à faire face au choc d’un assaut. Des gorges inexistantes poussèrent un cri inarticulé, pendant que les corps qui les portaient repartaient à la charge. Se heurtant à la nuée issue de Renatka, les guerriers de la Force Noire, étaient renvoyés loin et en piteux état. Là où ils arrivaient, de nouveau une régénération se faisait, leur permettant de repartir à l’attaque. Un bon nombre de ces guerriers de l’horreur évitèrent la nuée, firent un détour pour s’en prendre aux soldats en armures. Le combat s’engagea féroce, sans merci. Se glissant entre les armures, le petit peuple, telles des ombres infligeait des blessures aux pantins de la Force Noire. Coupant une jambe par-ci, détruisant un genou par-là, ils ralentissaient les assaillants. Tombant à terre, ils se faisaient piétiner par ceux qui les suivaient. Rampant comme ils pouvaient vers l’arrière, le phénomène de régénération les touchait alors, faisant redevenir fonctionnel ce qui avait été détruit. Le moral des hommes fut atteint à la vue de ce spectacle. Ils ne cessèrent pas pour autant le combat. Ils n’avaient pas le choix, le combat ne pouvait cesser. Ils avaient compris qu’ils ne luttaient pas que pour leur vie mais pour la Vie.
La Force Noire telle une plante maléfique avait atteint le sommets des runes de défense. Parasitant les tracés, elle avait couvert les parois restantes de la fondation de sa noirceur fondamentale. Profitant d’une rune de malédiction tracée sur un appui de fenêtre, elle envoya une extension pénétrer dans une des pièces des appartements des enchanteresses. Une rune tracée sur la porte lui interdisait le passage. Le pseudopode tâta la rune et se rétracta sous la morsure du signe runique de protection. Ce qui aurait pu passer pour une fumée explora toute la pièce et se dirigea vers la fenêtre voisine. De nouveau un tracé intact et pur lui interdit tout passage. L’espèce de tentacule rentra dans une nouvelle pièce qui comme toute avait été protégée par des runes. Elle longea le mur et trouva une faille, une simple fente apparut dans le mur lors de la chute de la falaise au moment de la sortie du peuple de la terre. Frémissante, elle s’y engagea pour se retrouver dans un couloir. Tel un prédateur en chasse, elle se dirigea en suivant son instinct.
La Force Noire prenait de l’ampleur et augmentait à chaque blessure infligée, ainsi qu’à chaque mort. Sentir la puissance de Renatka l’exaspérait. Elle ne pouvait encore lutter directement avec lui mais rêvait de le posséder. Pour le moment, elle consolidait sa position et son ancrage dans le monde physique des humains. Le plus rentable pour elle était de capturer la maîtresse enchanteresse qui devait être celle qui avait prononcé la rune de protection qui avait mis les diseuses hors de sa portée. Sa conscience se concentrait dans l’appendice qui explorait un couloir plus loin au-dessus. Elle sentait par là la présence de nourriture pour elle. Quand elle atteignit ce qui restait de la pièce de la cérémonie des corps, elle marqua une petite pause. Devant elle, des porteuses de puissance lui tournaient le dos. Se ramassant, la Force Noire prépara plusieurs extensions qui se détendirent toutes d’un coup.
Cantasha avait senti la cantilation de la rune interdite de Corc. Elle regarda autour d'elle se re dérouler les évènements qu'elle venait de vivre. Les unes et les autres faisaient à nouveau les mêmes gestes disaient les mêmes paroles. La jeune capable de se glisser dans l'étroit passage entre les épineux venait proposer de sortir. Sintacasha, qui avait pris Cantasha dans ses bras lors de son cri, refusait cette solution en arguant qu'il fallait en savoir plus sur cette forme noire suspendue à la paroi. Cantasha qui avait été déstabilisée par la découverte de l'horreur inhérente à la Force Noire, avait passé cette fin de journée et la nuit suivante en méditation sous la lune. Sa mère était partie avec la jeune pour donner des directives aux unes et aux autres, alors qu'elle sentait l'approche de nouveaux malheurs. Cantasha savait qu'elle allait revenir pour la soutenir et lui permettre d'orienter son dialogue intérieur. Sintacasha allait essayer de renforcer ses défenses pour qu'elle puisse faire face. Cette cantilation de la rune de Corc était un nouveau problème. Cantasha ne savait pas comment gérer cette boucle de temps qui allait continuer. Sifréma avait utilisé une rune de temps sans la maîtriser. Personne ne pouvait cantiler cette rune sans bloquer le monde dans son évolution. Sifréma avait sauvé sa vie et en même temps l'avait enfermée dans une bulle de temps dont rien ni personne ne semblait pouvoir sortir.
Sifréma après avoir cantilé la rune éloignant ses compagnes, était restée un moment à observer la progression de la Force Noire. Même si elle ne savait pas ce qu’elle aurait pu faire face à une telle horreur qui lui hérissait tous les poils, elle pensait que son rôle était de protéger les siennes. Voyant la noirceur s’engager sur la paroi, elle décida de remonter pour prévoir ce qu’on allait pouvoir faire pour se sauver. Elle arriva dans l’antichambre en partie démolie de la pièce de la cérémonie des corps. Elle voulut crier, cantiler une rune. Elle eut la vision horrible d’une pieuvre noire s’emparant du corps de ses compagnes. Elle les vit tomber comme des sacs vides. Mettant ses deux poings devant la bouche, elle retint un hurlement. Ce fut comme si son esprit se liquéfiait. Devant l’impossible, elle voulut crier son refus de ce qui arrivait. Son instinct et son entraînement prirent le dessus. Face à la Force Noire qui se dirigeait vers elle, Sifréma cantila la rune interdite de Corc.

Takachoughaa qui avait pris de l'avance sur le gros de ses troupes, fut englobé dans la force Noire en expansion. Les guerriers noirs devinrent comme des portes sur le néant. Les petits démons eux-mêmes furent atteints par cette vague. Ils devinrent les extensions de la Force Noire. Il y eut une grande clameur, le même cri poussé par toutes les poitrines, exprimant le désir de tuer et même plus d'anéantir, de détruire, de déchiqueter.
Renatka fit face à la déferlante. Pour la deuxième fois, il revivait cette scène. Concentrant son énergie dans le feu, il tenta autre chose qu’une nuée ardente qui lui permettait que de gagner du temps. Guerriers noirs et sorciers furent volatilisés. Les démons face à cette flamme perdaient la partie d’eux-mêmes qui était entrée dans le monde physique des hommes. Son action sembla rendre vie aux soldats du peuple de la terre. Entraînés et obéissants, ils se regroupèrent sous le commandement de leurs chefs de guerre. Ils manœuvrèrent pour se mettre en position de se défendre. Bientôt, les lignes furent constituées, prêtes à faire face au choc d’un assaut. Les nuages de vapeur qu’étaient devenus les corps se mirent à pleuvoir. En touchant terre, des formes apparurent et devinrent guerriers ou sorciers. Les gorges inachevées poussèrent un cri inarticulé, pendant que les corps qui les portaient repartaient à la charge. Se heurtant à la flamme issue de Renatka, les guerriers de la Force Noire, étaient de nouveau vaporisés. Les nuages se reformaient, de nouveau une régénération se faisait, leur permettant de repartir à l’attaque. Un bon nombre de ces guerriers de l’horreur évitèrent la flamme, firent un détour pour s’en prendre aux soldats en armures. Le combat s’engagea féroce, sans merci. Se glissant entre les armures, le petit peuple, tel des ombres infligeait des blessures aux pantins de la Force Noire. Le phénomène de régénération faisait redevenir fonctionnel ce qui avait été détruit. Le moral des hommes fut atteint à la vue de ce spectacle. Ils ne cessèrent pas pour autant le combat. Ils n’avaient pas le choix, le combat ne pouvait cesser. Ils avaient compris qu’ils ne luttaient pas que pour leur vie mais pour la Vie.
La Force Noire telle une plante maléfique avait atteint le sommets des runes de défense. Parasitant les tracés, le pseudopode tâta la rune et se rétracta sous la morsure du signe runique de protection. Elle trouva une faille. Frémissante, tel un prédateur en chasse, elle se dirigea en suivant son instinct.
La Force Noire prenait de l’ampleur. Sentir la puissance de Renatka l’exaspérait. Elle consolidait sa position et son ancrage dans le monde physique des humains. Sa conscience se concentrait dans l’appendice qui explorait un couloir plus loin là au-dessus. Quand elle atteignit ce qui restait de la pièce de la cérémonie des corps, la Force Noire prépara plusieurs extensions qui se détendirent toutes d’un coup.
Cantasha enregistra le début de cette nouvelle boucle. La jeune capable de se glisser dans l'étroit passage entre les épineux venait proposer de sortir. Sintacasha, qui avait pris Cantasha dans ses bras lors de son cri, refusait cette solution en arguant qu'il fallait en savoir plus sur cette forme noire suspendue à la paroi. Quand sa mère revint près d’elle, Cantasha lui parla de la rune interdite de Corc. Sintacasha ne comprit pas ce qui se passait. Elle venait de laisser sa fille dans la détresse et elle la retrouvait lui parlant de la rune interdite. Cantasha lui expliqua qu’elle était a priori la seule à ne pas être enfermée dans cette boucle. Que pouvait-elle faire ? Sintacasha avoua son impuissance. Peut-être que dans les livres, tout cela était expliqué mais vu tout ce qui était arrivé, elles ne pouvaient pas les consulter. Le monde de Corc était très mal connu. Si la rune de Corc était interdite, c’est qu’elle était connue, peut être avait-elle été utilisée. Si une solution existait, Cantasha avait une soirée et une nuit pour la découvrir. Impavide la lune brillait au-dessus de leur tête.
Sifréma était restée un moment à observer la progression de la Force Noire. Elle pensait que son rôle était de protéger les siennes. Elle arriva dans l’antichambre en partie démolie de la pièce de la cérémonie des corps. Elle eut la vision horrible d’une pieuvre noire s’emparant du corps de ses compagnes. Elle les vit tomber comme des sacs vides. Ce fut comme si son esprit se liquéfiait. Devant l’impossible, Sifréma cantila la rune interdite de Corc.

Takachoughaa fut englobé dans la force Noire en expansion. Les guerriers noirs devinrent comme des portes sur le néant comme les petits démons. Ils devinrent les extensions de la Force Noire. Il y eut une grande clameur exprima le désir de tuer et même plus d'anéantir, de détruire, de déchiqueter.
Renatka fit face à la déferlante. Pour la troisième fois, il revivait cette scène. Il comprit qu'il était bloqué dans une boucle de temps. Il tenta autre chose. Il poussa un cri amplifié par le vent qu'il créa. Son cri d'alerte sembla rendre vie aux soldats du peuple de la terre. Ils manœuvrèrent pour se mettre en position de se défendre. Bientôt, les lignes furent constituées, prêtes à faire face au choc d’un assaut. Le combat s’engagea, féroce, sans merci. Se glissant entre les armures, le petit peuple, telles des ombres, infligeait des blessures aux pantins de la Force Noire. Le phénomène de régénération faisait redevenir fonctionnel ce qui avait été détruit. Le moral des hommes fut atteint à la vue de ce spectacle. Ils ne cessèrent pas pour autant le combat. Ils n’avaient pas le choix, le combat ne pouvait cesser. Ils avaient compris qu’ils ne luttaient pas que pour leur vie mais pour la Vie. Renatka courut vers la fondation, pensant qu'en détruisant cette noirceur, il détruirait le piège temporel.
La Force Noire telle une plante maléfique avait atteint le sommet des runes de défense. Parasitant les tracés, elle trouva une faille. Frémissante, tel un prédateur en chasse, elle se dirigea en suivant son instinct.
La Force Noire prenait de l’ampleur. Sentir la puissance de Renatka l’exaspérait. Sa conscience se concentrait dans l’appendice qui explorait un couloir plus loin, là au-dessus. Quand elle atteignit ce qui restait de la pièce de la cérémonie des corps, la Force Noire prépara plusieurs extensions qui se détendirent toutes d’un coup.
Cantasha enregistra le début de cette nouvelle boucle, la troisième. Sintacasha, qui avait pris Cantasha dans ses bras lors de son cri, arguait qu'il fallait en savoir plus sur cette forme noire suspendue à la paroi. Quand sa mère revint près d’elle, Cantasha lui demanda ce qu’elle savait du monde de Corc. Sintacasha fut étonnée de la voir aussi bien. Cantasha lui fit une résumé de la situation et lui expliqua sa surprise d’être la seule à ne pas être complètement soumise à la boucle du temps puisqu’elle gardait ses souvenirs d’une fois sur l’autre. Elles restèrent à parler de ce que Sintacasha savait du monde de Corc. Puis elles firent le tour des accueillis pour savoir si quelqu’un connaissait mieux cet univers particulier.
Impavide, la lune brillait au-dessus de leur tête à peine troublée par les lumières venues de la Falaise.
Sifréma était restée un moment à observer la progression de la Force Noire. Elle jeta un coup d’œil aux combats qui avaient repris en dessous d’elle, les forces en armures peinaient devant la poussée des assaillants. Elle vit une silhouette d’homme courir vers la base de la falaise. Elle pensa que son rôle était de protéger les siennes. Délaissant son observation, elle décida de remonter. Renatka arriva près de ce qui fut l’entrée de la fondation. Il repéra une des extensions noires. Celle-ci rampait semblant chercher quelque chose. Un représentant du peuple des petits passa devant elle en courant. Brusquement, l’appendice se détendit, traversant celui qui courait et qui tomba, comme vidé de sa substance. Renatka n’en supporta pas davantage. Il alluma un brasier tel que la pierre fondit, éclairant toute la falaise de lueurs d’incendie. Le pseudopode se rétracta sous la chaleur de la flamme bleue. Renatka intensifia la puissance de son action, la faisant remonter la falaise. Les tentacules noirs se rétractèrent. Il ne vit pas celui qui venant d’une rune parasitée, se dirigea vers son dos. Sifréma arriva dans l’antichambre en partie démolie de la pièce de la cérémonie des corps. Elle eut la vision horrible d’une pieuvre noire s’emparant du corps de ses compagnes. Elle les vit tomber comme des sacs vides. Ce fut comme si son esprit se liquéfiait. En bas, un pseudopode bondit traversant le corps de Renatka. Devant l’impossible, Sifréma cantila la rune interdite de Corc.

Takachoughaa fut englobé dans la force Noire en expansion. Les guerriers noirs devinrent comme des portes sur le néant comme les petits démons. Ils devinrent le désir de tuer et même plus, d'anéantir, de détruire, de déchiqueter.
Renatka fit face à la déferlante. Pour la quatrième fois, il revivait cette scène. Il se souvint du contact horrible qu’il avait vécu. En lui le néant avait pris pied par le contact avec la Force Noire. Sans la flamme intérieure qui l’habitait, il aurait disparu devenant comme ceux qui le chargeaient. Il poussa un cri amplifié par le vent qu'il créa. Son cri d'alerte sembla rendre vie aux soldats du peuple de la terre. Ils manœuvrèrent pour se mettre en position de se défendre. Bientôt, les lignes furent constituées, prêtes à faire face au choc d’un assaut. Le combat s’engagea féroce, sans merci. Se glissant entre les armures, le petit peuple, telles des ombres, infligeait des blessures aux pantins de la Force Noire. Le phénomène de régénération faisait redevenir fonctionnel ce qui avait été détruit. Le moral des hommes fut atteint à la vue de ce spectacle. Ils ne cessèrent pas pour autant le combat. Ils n’avaient pas le choix, le combat ne pouvait cesser. Ils avaient compris qu’ils ne luttaient pas que pour leur vie mais pour la Vie. Renatka courut vers la fondation. Il lui fallait trouver une solution pour détruire la Force Noire, mais plus encore, il fallait sortir du piège.
La Force Noire telle une plante maléfique avait atteint le sommet des runes de défense.
Parasitant les tracés, elle trouva une faille. Frémissante, tel un prédateur en chasse, elle se dirigea en suivant son instinct.La Force Noire prenait de l’ampleur. Sentir la puissance de Renatka l’exaspérait. Sa conscience se concentrait dans l’appendice qui explorait un couloir plus loin là au-dessus. Quand elle atteignit ce qui restait de la pièce de la cérémonie des corps, la Force Noire prépara plusieurs extensions qui se détendirent toutes d’un coup. Cantasha enregistra le début de la quatrième boucle. Sintacasha, qui avait pris Cantasha dans ses bras lors de son cri, arguait qu'il fallait en savoir plus sur cette forme noire suspendue à la paroi. Quand sa mère revint près d’elle, Cantasha lui demanda, après lui avoir fait un nouveau résumé, si le fait qu’elle avait traversé le monde de Corc n’était pas la cause de sa différence. Sa mère lui répondit que c’était là qu’était la solution, si une solution existait. Quand Cantasha lui signala qu’elle avait aperçu des lueurs d’incendie sur la falaise sous la tache noire, comme si la pierre brûlait, Sintacasha lui répondit que seul le porteur de flamme pouvait faire cela selon les oracles. Le cœur de Cantasha battit plus vite : il était là. Impavide la lune brillait au-dessus de leur tête.
Sifréma était restée un moment à observer la progression de la Force Noire. Elle jeta un coup d'œil aux combats qui avaient repris en dessous d’elle, les forces en armures peinaient devant la poussée des assaillants. Elle vit une silhouette d’homme courir vers la base de la falaise. Elle pensa que son rôle était de protéger les siennes. Délaissant son observation, elle décida de remonter. Renatka cherchait l’explication. Qui avait provoqué cette distorsion du temps ? La Force Noire y était elle aussi soumise. Il explora le champ de bataille courant en tous sens. Partout, il ne vit que des choses sans particularité. Après l’expérience de la fois précédente, il fit bien attention de ne pas se trouver en contact avec une extension de la Force Noire. A la fin de la nuit, il ne restait que deux lieux qu’il n’avait pas été voir, l’intérieur de la fondation ou ce qui en restait et ce curieux endroit entouré d’épineux qui hantait son esprit depuis qu’il l’avait vu.
Sifréma arriva dans l’antichambre en partie démolie de la pièce de la cérémonie des corps. Elle eut la vision horrible d’une pieuvre noire s’emparant du corps de ses compagnes. Elle les vit tomber comme des sacs vides. Ce fut comme si son esprit se liquéfiait. En bas, un pseudopode bondit traversant le corps de Renatka. Devant l’impossible, Sifréma cantila la rune interdite de Corc.

Takachoughaa qui avait pris de l'avance sur le gros de ses troupes, sentit la morsure du feu lui déchirer son ancrage dans le monde physique. Il regarda ses griffes et vit avec horreur que tout avait été volatilisé y compris le corps du sorcier noir. Se posant quand même sur le toit des dortoirs, il ne put qu’offrir son impuissance à la Force Noire frémissante de colère.
Renatka fit face à la déferlante. Il avait compris qu’il ne pouvait rien contre la Force Noire. Elle avait réussi par deux fois à le toucher. L’horreur de ces deux contacts restait en son esprit et lui avait donné l’idée d’attaquer le grand démon avant qu’il ne fusionne avec l’ennemi.
Devant lui, les troupes du sorcier noir étaient débarrassées du carcan de sa volonté. Les sorciers fuyaient, quant aux guerriers morts vivants, ils s’effondraient sur place. Les petits démons libérés du carcan de la magie disparurent dans leurs mondes.
Les soldats du peuple de la terre, ayant entendu la menace, manœuvrèrent pour se mettre en position de se défendre. Bientôt, les lignes furent constituées, prêtes à faire face au choc d’un assaut qui n’eut pas lieu. Le peuple des petits s’approcha, les armes à la main. Il fut bientôt évident qu’il n’y aurait pas de combat. Des hourras s’élevèrent. On se congratula. Seuls quelques uns regardaient en arrière la tache noire sur la falaise qui palpitait.
La Force Noire telle une plante maléfique affamée, explora ce qui l’entourait. Atteignant une rune de malédictions gravées sur la paroi, elle en absorba la puissance. Insuffisant ressentit-elle. Pourtant elle réussit à détourner la rune de défense à son avantage. Parasitant les tracés, elle couvrait petit à petit les parois restantes de la fondation de sa noirceur fondamentale. La nuit était bien avancée quand profitant d’une rune de malédiction tracée sur un appui de fenêtre, elle envoya une extension pénétrer dans une des pièces des appartements des enchanteresses. L’espèce de tentacule explora la région jusqu’à ce qu’elle entre dans une nouvelle pièce qui comme toute avait été protégée par des runes. Elle longea le mur et trouva une faille, une simple fente apparut dans le mur lors de la chute de la falaise au moment de la sortie du peuple de la terre. Frémissante, elle s’y engagea pour se retrouver dans un couloir. Tel un prédateur en chasse, elle se dirigea en suivant son instinct.
Renatka se précipita vers la fondation et vers la mort possible. Il fallait qu’il retrouve Cantasha. Tout en courant, il réfléchissait à comment se protéger d’un ennemi qu’on ne voit pas, qu’on ne sent pas, pouvant surgir de n’importe où.
Cantasha sentit le changement dans cette nouvelle boucle temporelle (la cinquième). Il lui fallait retrouver Renatka, mais où. Ce qui était sûr c’est qu’il n’était pas dans l’enceinte de la maison des accueillis. Elle devait sortir. A deux, ils seraient plus forts que le temps, plus forts que la force noire. La jeune capable de se glisser dans l'étroit passage entre les épineux venait proposer de sortir. Sintacasha, qui avait pris Cantasha dans ses bras lors de son cri, refusait cette solution en arguant qu'il fallait en savoir plus sur cette forme noire suspendue à la paroi. Cantasha s’y opposa au grand étonnement de sa mère qui ne comprit pas comment elle réagissait maintenant si bien. Elle lui fit de nouveau un résumé. Sintacasha ayant compris ce que voulait sa fille, entreprit de l’aider mais il y avait maintenant tant de runes et de cailloux couverts de runes dans les épineux, qu’elle ne savait pas comment et si elles allaient parvenir à ouvrir la barrière végétale. L’enfant qui avait entendu leur discussion, décida de sortir.
La Force Noire ne prenait plus d’ampleur. Il lui manquait blessures et morts. Sentir la puissance de Renatka l’exaspérait. Elle ne pouvait encore lutter directement avec lui mais rêvait de le posséder. Pour le moment, elle essayait de consolider sa position et son ancrage dans le monde physique des humains. Le plus rentable pour elle était de capturer la maîtresse enchanteresse qui devait être celle qui avait prononcé la rune de protection qui avait mis les diseuses hors de sa portée. Sa conscience se concentrait dans l’appendice qui explorait un couloir plus loin là au-dessus. Elle sentait par là la présence de nourriture pour elle. Elle mit du temps à atteindre ce qui restait de la pièce de la cérémonie des corps, elle marqua une petite pause. Devant elle, des porteuses de puissance lui tournaient le dos. Se ramassant, la Force Noire prépara plusieurs extensions qui se détendirent toutes d’un coup.
Sifréma après avoir cantilé la rune éloignant ses compagnes, était restée un moment à observer la progression de la Force Noire. Même si elle ne savait pas ce qu’elle aurait pu faire face à une telle horreur qui lui hérissait tous les poils, elle pensait que son rôle était de protéger les siennes. Elle ressentait de la colère irradiant de cette horreur. Elle connaissait bien la colère et se dit que peut-être elle avait là une arme contre cette ennemie. Il fallait qu’elle en parle avec les enchanteresses. Voyant la noirceur s’engager sur la paroi, elle décida de remonter pour prévoir ce qu’on allait pouvoir faire pour se sauver. Elle arriva dans l’antichambre en partie démolie de la pièce de la cérémonie des corps. Les enchanteresses et les diseuses étaient rassemblées dans différents secteurs du complexe. Sifréma s’isola avec les enchanteresses dans une petite pièce attenante. Les discussions s’engagèrent sur ce qui pouvait être fait, sur les runes possibles. Sifréma exposa sa théorie sur les runes de colère et sur la puissance qu’elles renfermaient pour faire face à l’horreur noire qui montait. La nuit s’avança sans qu’une décision soit prise. Tombant de sommeil, elles s’accordèrent quelques heures de repos. Quand le matin arriva, toutes les diseuses se réunirent dans la salle pour manger quelque chose. Sifréma alla jusqu’à une fenêtre pour voir ce qui se passait en bas.
Les hommes en armes restaient à distance de la falaise. Eux aussi avaient pris du repos et se levaient. Des bivouacs étaient dressés. La vie d’après la bataille débutait.
Renatka avait trouvé un moyen pour voler dans les airs. Utilisant le vent qu’il pouvait produire, il s’était propulsé dans les locaux de la maîtresse enchanteresse. N’y trouvant rien, il redescendait en suivant les couloirs. Ayant vu les fins tentacules noirs dans un couloir, il décida de passer par les airs. Cahin-caha, il arriva à se propulser sur un toit en contrebas. Regardant autour de lui, il vit un groupe de diseuses dans une grande pièce. Derrière elles, il eut l’impression de voir la nuit.
Quand Sifréma revint, elle eut la vision horrible d’une pieuvre noire s’emparant du corps de ses compagnes. Elle les vit tomber comme des sacs vides. Mettant ses deux poings devant la bouche, elle retint un hurlement. Ce fut comme si son esprit se liquéfiait. Devant l’impossible, elle voulut crier son refus de ce qui arrivait. Son instinct et son entraînement prirent le dessus. Face à la Force Noire qui se dirigeait vers elle, Sifréma cantila la rune interdite de Corc.

Takachoughaa qui avait pris de l'avance sur le gros de ses troupes, sentit la morsure du feu lui déchirer son ancrage dans le monde physique. Il regarda ses griffes et vit avec horreur que tout avait été volatilisé y compris le corps du sorcier noir. Se posant quand même sur le toit des dortoirs, il ne put qu’offrir son impuissance à la Force Noire frémissante de colère.
Renatka fit face à la déferlante. Il avait compris en entendant Sifréma qu’il ne connaissait pas, que c’était ce qu’elle disait qui faisait bloquer le temps. L’idée d’attaquer le grand démon avant qu’il ne fusionne avec l’ennemi, était bonne, restait à trouver comment empêcher cette diseuse de cantiler. Devant lui, les troupes du sorcier noir étaient débarrassées du carcan de sa volonté. Les sorciers fuyaient quand aux guerriers morts vivants, ils s’effondraient sur place. Les petits démons libérés du carcan de la magie disparurent dans leurs mondes.
Les soldats du peuple de la terre, ayant entendu la menace, manœuvrèrent pour se mettre en position de se défendre. Bientôt, les lignes furent constituées, prêtes à faire face au choc d’un assaut qui n’eut pas lieu. Le peuple des petits s’approcha, les armes à la main. Il fut bientôt évident qu’il n’y aurait pas de combat. Des hourras s’élevèrent. On se congratula. Seuls quelques uns regardaient en arrière la tache noire sur la falaise qui palpitait.
Renatka se précipita vers la fondation et vers la mort toujours possible. Il fallait qu’il retrouve Cantasha. Tout en courant, il réfléchissait à comment encore se protéger, tout en empêchant l’ennemi qu’on ne voit pas, qu’on ne sent pas tuer les diseuses. Il s’interrogeait douloureusement sur la présence de Cantasha dans le groupe. Trop loin de la scène, il n’avait pas vu leurs visages. Il n’alla pas très loin et se fit arrêter par les rois du peuple de la terre et par Michatagoulfa, fils de Santagaltopa qui voulaient le congratuler. Il ne pouvait pas se soustraire à leur demande. Intérieurement il bouillait d’impatience, mais ne se voyait pas les rabrouer.
La Force Noire telle une plante maléfique affamée, explora ce qui l’entourait. Atteignant une rune de malédictions gravées sur la paroi, elle en absorba la puissance. Insuffisant ressentit-elle. Pourtant elle réussit à détourner la rune de défense qui touchait le tracé de celle de malédiction à son avantage. Parasitant les autres tracés, elle couvrait petit à petit les parois restantes de la fondation de sa noirceur fondamentale. La nuit était bien avancée quand profitant d’une rune de malédiction tracé sur un appui de fenêtre, elle envoya une extension pénétrer dans une des pièces des appartements des enchanteresses. L’espèce de tentacule explora la région jusqu’à ce qu’elle trouve une faille. Frémissante, elle s’y engagea pour se retrouver dans un couloir. Tel un prédateur en chasse, elle se dirigea en suivant son instinct.
Cantasha retrouva la même sensation qu’à l’itération précédente. Elle pensa qu’elle aurait le même temps devant elle pour trouver la sortie. Elle savait qu’il y avait trop de pierres de runes de guerre, c'est-à-dire de runes de défense ou d’attaque, dans la barrière d’épineux pour qu’elle arrive à passer. Le feu ne pouvait rien contre leurs runes de défense. Celui qui s’attaquerait à la hache aux arbres serait détruit. La seule solution était soit le passage de l’enfant, soit de passer en dessous ou au-dessus. Elle laissa les évènements se dérouler un peu avant d’intervenir auprès de Sintacasha pour lui faire le résumé de la situation. Elle avait à peine fini de parler que l’enfant avait disparu. Elle se dit qu’elle allait sortir. Une enfant, oui peut-être pouvait-elle être le grain de sable qui débloque le temps.
Sifréma après avoir cantilé la rune éloignant ses compagnes, était restée un moment à observer la progression de la Force Noire. Même si elle ne savait pas ce qu’elle aurait pu faire face à une telle horreur qui lui hérissait tous les poils, elle pensait que son rôle était de protéger les siennes. Elle ressentait de la colère irradiant de cette horreur. Elle connaissait bien la colère et se dit que peut être elle avait là une arme contre cette ennemie. Elle décida de remonter pour prévoir ce qu’on allait pouvoir faire pour se sauver. Sifréma s’isola avec les enchanteresses dans une petite pièce attenante. Les discussions s’engagèrent sur ce qui pouvait être fait, sur les runes possibles. Sifréma exposa sa théorie sur les runes de colère et sur la puissance qu’elles renfermaient pour faire face à l’horreur noire qui montait. Comme chacun sait, pour qu’une rune soit vraiment efficace, il n’est pas suffisant de la cantiler, et-ou de la danser. Il est nécessaire d’avoir l’unité entre ce que vit celle qui la cantile et ce qu’elle a à cantiler. Certaines runes ne peuvent être dites que s’il y a accord entre intérieur et extérieur. Ces runes portent le nom du sentiment qui leur est associé. Plus l’adéquation est bonne, meilleur est le résultat. Malheureusement, elles étaient toutes trop touchées par la peur pour pouvoir être uniquement dans la colère. Tombant de sommeil, elles s’accordèrent quelques heures de repos. Quand le matin arriva, toutes les diseuses se réunirent dans la salle pour manger quelque chose. Sifréma alla jusqu’à une fenêtre pour voir ce qui se passait en bas.
Pendant ce temps Renatka avait réussi à se dégager. Il se précipita vers la fondation.
Entendant un dernier appel, il se retourna tout en courant faisant un geste d'au revoir. Reprenant sa course, il renversa une enfant qui venait de sa gauche. Ne pouvant garder son équilibre, ils se retrouvèrent tous les deux par terre.
- Ça va, petite ?
L'enfant ne répondit pas. Renatka prit l'enfant dans ses bras et lui tapota les joues. Elle battit des paupières.
- Ça va, petite ?
- Oui, oui, mais faut que je trouve le porteur de flamme.
- Qu'est-ce que tu dis ?
- Faut que je trouve celui qui s'appelle Renatka !
- Et pourquoi ?
- C'est pour la maîtresse enchanteresse Cantasha.
Le cœur de Renatka fit un bond dans sa poitrine. Elle était vivante. Il étreignit l'enfant contre lui.
- Ça va toi ? demanda la petite
- Où est-elle ?
Dès qu’il eut la réponse, il prit la main de l'enfant et se mit à courir vers la maison des accueillis et Cantasha. L’aube s’annonçait. L’enfant lui montra le passage qu’elle seule pouvait emprunter. Renatka vit que cela était trop petit pour lui. S’approchant des épineux, il sentit la force protectrice des runes qui entouraient ce lieu. Il hésita entre forcer le passage en brûlant tout ou découper la barrière à moins de la contourner en passant par-dessus ou par-dessous. Le soleil se leva.
Quand le matin arriva, toutes les diseuses se réunirent dans la salle pour manger quelque chose. Sifréma alla jusqu’à une fenêtre pour voir ce qui se passait en bas.
Les hommes en armes restaient à distance de la falaise. Eux aussi avaient pris du repos et se levaient. Des bivouacs étaient dressés. La vie d’après la bataille débutait.
Quand Sifréma revint, elle eut la vision horrible d’une pieuvre noire s’emparant du corps de ses compagnes. Elle les vit tomber comme des sacs vides. Devant l’impossible, elle voulut crier son refus de ce qui arrivait. Face à la Force Noire qui se dirigeait vers elle, Sifréma cantila la rune interdite de Corc.

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