Il y avait eu… Il ne savait plus. Il avait été…Il ne savait plus non plus. Il ne ressentait que la volonté de détruire, la rage de broyer, le désir de déchiqueter. Il flottait dans des limbes indéfinis. Il avait été puissant. Il se sentait faible. Il faudrait qu’il le broie, le déchiquette, le massacre… mais qui ? Il avait juste conscience de son existence. Les limites de lui-même lui semblaient floues. Autour de lui, les ombres qu’il voyait semblaient le fuir. Des bribes d’évènements revenaient dans un tout incohérent. D’abord, il y avait celui-là qu’il devait poursuivre. Il y avait cet autre qui disait des paroles qu’il n’entendait pas. Il y avait la mission. Il y avait la magie. Tout se mélangeait, se mêlait, s’entremêlait. Puis sa conscience repartait. Quand il lui semblait être éveillé, les cauchemars reprenaient. D’autres êtres venaient y danser leurs sarabandes, d’autres entités le prenaient à partie. Il ne vit pas l’entité qui s’approchait. Elle le contemplait avec un plaisir gourmand. Elle allait vider de sa substance un démon principal. Cela la renforcerait. Alors elle pourrait être autre chose qu’un charognard démoniaque se nourrissant des victimes des batailles dans les mondes noirs. Elle savait même le nom de sa victime, Takachougha. Son histoire commençait à être connue. L’exemple à ne pas suivre. Son erreur : avoir laissé un sorcier apprendre votre nom. Après cela, il ne fut plus jamais tranquille, jusqu’à ce funeste jour où lié par un sort d’obéissance lancé par celui qui connaissait son nom, il avait dû affronter l’être de Corc, probablement la dernière entité capable de manipuler le temps et l’espace. La rupture brutale de lien magique entre Takachougha et le sorcier avait tellement affaibli Takachougha qu’il ne pourrait même pas se défendre quand elle allait lui sucer ses substances vitales. Quant au sorcier, elle entendait résonner ses rites noirs. Il essayait de récupérer sa puissance. L’entité se fixa sur sa victime et commença à se nourrir. Elle avait à peine commencé qu’elle sentit l’onde de force qui précédait un des grands dans les mondes noirs. Il avait plusieurs surnoms. Elle n’essaya même pas de l’amadouer. Elle s’enfuit.
Le seigneur des mondes noirs perçut Takachougha et le charognard qui fuyait. Takachougha était vraiment en mauvais état. Il partait en déliquescence. Est-ce que cela valait le coût nécessaire à le remettre en état ? Il faudrait le restructurer, lui réapprendre son être propre, le nommer d’un nouveau nom. Le seigneur des mondes noirs pesa le pour et le contre. S’il réussissait à le régénérer, alors il aurait l’arme idéale contre le sorcier et il pourrait même décapiter l’organisation des diseuses de runes. C’est la Force Noire qui allait être heureuse s’il y parvenait.
Le seigneur des mondes noirs perçut Takachougha et le charognard qui fuyait. Takachougha était vraiment en mauvais état. Il partait en déliquescence. Est-ce que cela valait le coût nécessaire à le remettre en état ? Il faudrait le restructurer, lui réapprendre son être propre, le nommer d’un nouveau nom. Le seigneur des mondes noirs pesa le pour et le contre. S’il réussissait à le régénérer, alors il aurait l’arme idéale contre le sorcier et il pourrait même décapiter l’organisation des diseuses de runes. C’est la Force Noire qui allait être heureuse s’il y parvenait.
Cantasha était déprimée. Son audience par le roi n'avait pas tourné à son avantage. Il avait été très ferme, avait repoussé ses arguments, de plus en plus agacé qu'elle réponde et avait fini par lui donner l'ordre de se mettre à sa disposition. Il lui avait adjoint une garde officiellement pour la protéger mais aussi pour la surveiller. Elle était rentrée avec deux soldats derrière elle. Ils avaient pris position devant sa porte. Si Renatka pouvait entrer et sortir sans problème, Cantasha ne pouvait faire un pas dans le couloir sans que les gardes ne la suivent. Elle préférait demeurer cloîtrer dans sa chambre. Une escouade venait la chercher le matin et la ramenait le soir. Elle passait sa journée à faire des pointes de flèches runiques. Renatka passait ces journées à explorer le palais et ses alentours. Les nouvelles de la guerre étaient bonnes. L’humeur de la cité était joyeuse. Les guerriers noirs reculaient encore. A la pleine lune, cela ferait une lunaison qu’ils cédaient du terrain. Bien sûr, ils se défendaient mais la coalition qui prenait forme semblait assez puissante pour en venir à bout. Renatka cherchait un moyen de fuir. Cantasha ne voulait pas employer les runes pour faire du mal à un peuple ami. Il fallait trouver autre chose. La cité grouillait de monde. Les affaires allaient bon train. Pour la pleine lune, le roi avait décrété une journée de réjouissance. Beaucoup espéraient que ce serait aussi une fête de victoire sur les guerriers noirs. Assis à un coin de rue, Renatka remarqua que la foule semblait éviter quelque obstacle. Il ne voyait rien de particulier pour expliquer cela. Il se concentra, laissant la chaleur de la flamme monter en lui. Son regard se fit plus pénétrant. Il lui semblait ressentir un peu ce que chacun vivait dans cette foule. Il porta son attention sur l’obstacle et fut étonné d’apercevoir une forme d’homme. S’approchant, il découvrit un petit être fouillant le tas de détritus. Il triait ce qu’il trouvait. La foule passait autour de lui comme s’il n’existait pas.
- Qui es-tu ? demanda Renatka
Le petit être sursauta, surpris qu’on lui adresse la parole.
- Tu me vois ?
- Mieux, je te regarde. Qui es-tu ?
- Je suis Michatagoulfa, fils de Santagaltopa, petit fils de Masantafiga, arrière petit fils de …
- Doucement. Il y en a long comme cela ?
- Je connais vingt générations. Mon père plus de deux cents !
- Je peux t’appeler simplement Michatagoulfa ?
- Tu veux m’appeler par mon nom ?
- Oui.
- Tu n’es pas de la cité. Comment tu t’appelles ?
- Renatka.
- Tu es fils de personne ?
- Si, fils de Sounataka, petit fils de … Je crois que je n’ai jamais su son nom.
- Vous les grands, vous êtes curieux. Ne pas savoir d’où vous venez, c’est indécent.
- Les gens ne te voient pas ?
- Non, et comme tu me parles, tu as cessé d’être visible à leurs yeux.
Renatka regarda autour d’eux. Effectivement, le flot des passants semblait les ignorer. Personne ne leur marchait dessus mais tous faisaient un détour comme on évite un arbre, ou un déchet.
- Tu les vois. Ils traitent toujours mon peuple comme cela. Sans nous, leur cité ne serait qu’un cloaque. Pourtant ils nous ignorent. Même pour les gardes nous n’existons pas. C’est parfois bien pratique.
- Tu peux faire ce que tu veux.
- Ah, non ! L’équilibre est fragile. Si nous devenons trop présents, ils nous voient et alors c’est la chasse. Nous ne sommes pas de taille à lutter contre les grands.
- Quel est le nom de ton peuple ?
- Je ne sais pas si je peux te le dire. Tu n’es pas comme les autres mais tu es un grand.
- C’est vrai, alors sois prudent, Michatagoulfa.
Ils se quittèrent ainsi. Quand Renatka se fut remis debout après le départ de Michatagoulfa, il recommença à se faire bousculer. Il était de retour dans le monde des grands. Il revint chaque jour et prit l’habitude de rencontre le « p’ti mich » comme il l’appelait. Il apprit ainsi que parfois, « p’ti mich » se promenait dans le palais. Il connaissait Cantasha et Entablu, les maîtres des runes comme il disait. Il les aimait bien. Son peuple avait été sauvé une fois d’une persécution par un diseur de runes qui les avait protégés. Par contre, il se méfiait de certains dont l’âme était aussi noire que les guerriers. Cela les inquiétait, car le roi les écoutait trop complaisamment. C’est en l’écoutant que Renatka conçut son plan. Il l’exposa à Cantasha, qui faute de mieux, l’accepta.
La pleine lune se levait quand « p’ti mich » se présenta dans l’appartement de Cantasha. Dehors les festivités avaient commencé. Il était passé entre les gardes sans que ceux-ci ne le voient. Renatka était toujours étonné de cette cécité volontaire.
- J’ai demandé à mon père. Il est d’accord pour que je vous aide. Il m’a dit de vous habiller comme nous. Alors voici des vêtements qu’on a taillés pour vous.
Michatagoulfa leur tendit un paquet de linge malodorant et sale. Renatka et Cantasha échangèrent un regard mais ne dirent rien. Ils découvrirent des capes faites de morceaux de tissus récupérés cousus ensemble. Habillés comme cela, ils donnèrent la main à « p’ti mich ». Quand ils passèrent la porte de l’appartement, les deux gardes semblèrent subitement intéressés par ce qui se passait ailleurs et ils tournèrent la tête. Leur évasion commençait.
- Qui es-tu ? demanda Renatka
Le petit être sursauta, surpris qu’on lui adresse la parole.
- Tu me vois ?
- Mieux, je te regarde. Qui es-tu ?
- Je suis Michatagoulfa, fils de Santagaltopa, petit fils de Masantafiga, arrière petit fils de …
- Doucement. Il y en a long comme cela ?
- Je connais vingt générations. Mon père plus de deux cents !
- Je peux t’appeler simplement Michatagoulfa ?
- Tu veux m’appeler par mon nom ?
- Oui.
- Tu n’es pas de la cité. Comment tu t’appelles ?
- Renatka.
- Tu es fils de personne ?
- Si, fils de Sounataka, petit fils de … Je crois que je n’ai jamais su son nom.
- Vous les grands, vous êtes curieux. Ne pas savoir d’où vous venez, c’est indécent.
- Les gens ne te voient pas ?
- Non, et comme tu me parles, tu as cessé d’être visible à leurs yeux.
Renatka regarda autour d’eux. Effectivement, le flot des passants semblait les ignorer. Personne ne leur marchait dessus mais tous faisaient un détour comme on évite un arbre, ou un déchet.
- Tu les vois. Ils traitent toujours mon peuple comme cela. Sans nous, leur cité ne serait qu’un cloaque. Pourtant ils nous ignorent. Même pour les gardes nous n’existons pas. C’est parfois bien pratique.
- Tu peux faire ce que tu veux.
- Ah, non ! L’équilibre est fragile. Si nous devenons trop présents, ils nous voient et alors c’est la chasse. Nous ne sommes pas de taille à lutter contre les grands.
- Quel est le nom de ton peuple ?
- Je ne sais pas si je peux te le dire. Tu n’es pas comme les autres mais tu es un grand.
- C’est vrai, alors sois prudent, Michatagoulfa.
Ils se quittèrent ainsi. Quand Renatka se fut remis debout après le départ de Michatagoulfa, il recommença à se faire bousculer. Il était de retour dans le monde des grands. Il revint chaque jour et prit l’habitude de rencontre le « p’ti mich » comme il l’appelait. Il apprit ainsi que parfois, « p’ti mich » se promenait dans le palais. Il connaissait Cantasha et Entablu, les maîtres des runes comme il disait. Il les aimait bien. Son peuple avait été sauvé une fois d’une persécution par un diseur de runes qui les avait protégés. Par contre, il se méfiait de certains dont l’âme était aussi noire que les guerriers. Cela les inquiétait, car le roi les écoutait trop complaisamment. C’est en l’écoutant que Renatka conçut son plan. Il l’exposa à Cantasha, qui faute de mieux, l’accepta.
La pleine lune se levait quand « p’ti mich » se présenta dans l’appartement de Cantasha. Dehors les festivités avaient commencé. Il était passé entre les gardes sans que ceux-ci ne le voient. Renatka était toujours étonné de cette cécité volontaire.
- J’ai demandé à mon père. Il est d’accord pour que je vous aide. Il m’a dit de vous habiller comme nous. Alors voici des vêtements qu’on a taillés pour vous.
Michatagoulfa leur tendit un paquet de linge malodorant et sale. Renatka et Cantasha échangèrent un regard mais ne dirent rien. Ils découvrirent des capes faites de morceaux de tissus récupérés cousus ensemble. Habillés comme cela, ils donnèrent la main à « p’ti mich ». Quand ils passèrent la porte de l’appartement, les deux gardes semblèrent subitement intéressés par ce qui se passait ailleurs et ils tournèrent la tête. Leur évasion commençait.
Le sorcier noir jubilait. Le rituel touchait à sa fin. L’acmé viendrait avec la pleine lune. Pour son lever, il fallait que les six sorciers sacrifient ensemble les victimes. Le lieu du rite était gluant du sang des sacrifiés. On trouvait des cadavres d’animaux et d’hommes jetés pèle-mêle dans les coins de la grande grotte éclairée de brasiers fumants et de torches nauséabondes. Au centre, un cercle de six grandes pierres plates ruisselantes de sang. Les acolytes se dépêchaient d’amener les victimes futures pendant que le sorcier noir et ses adjoints les plus puissants mettaient au point les détails de la cérémonie. Ils allaient faire appel à des courants maléfiques considérables, qui prenaient leur source près de la Force Noire. La moindre erreur serait non seulement fatale mais ouvrirait la porte à des temps et des temps de souffrance pour les fautifs.
Immobilisés par un sort, il y avait cinq jeunes filles nubiles et un garçon prépubère. Ils roulaient des yeux affolés, paniqués de ce qu’ils voyaient et entendaient. Aucun son ne pouvait sortir de leur gorge. Leurs cris auraient une utilité mais plus tard, quand le couteau du sacrificateur trancherait les chairs de la poitrine pour en arracher le cœur.
Dans le plan où il vivait, le Seigneur des mondes noirs observait les actions du sorcier noir. Il éprouvait une joie mauvaise. Le rituel que le sorcier venait d’engager pouvait être perverti. Il ne le saurait pas mais le sorcier noir serait un colosse au pied d’argile. Une proie parfaite pour alimenter l’insatiable faim de la Force Noire quand elle voudrait prendre pied sur la terre. Lui et ses sbires amèneraient une solidité appréciable au pont nécessaire à l’arrivée de la Force Noire elle-même. Cette terre le faisait rêver avec tous ces êtres faibles prêts à être réduits en esclavage. Il avait beaucoup œuvré ses derniers temps avec Takachougha. C’est lui qu’il allait introduire comme un coin dans les défenses magiques du sorcier. Il en riait de plaisir. Il allait piéger ce nécromancien qui les faisait souffrir depuis si longtemps. Il avait redonné forme et puissance, enfin un peu, à Takachougha. Par une magie compliquée, grâce à l’aide puissante de le Force Noire sur ce plan, il avait changé le nom du démon. Il était devenu Takachoughaa. Si l’on pouvait traduire le jeu de mot Takachougha / Takachoughaa cela donnerait quelque chose comme vainqueur / vain cœur. Quand le sorcier noir verrait que sa force ne permettait pas de vaincre dans son monde, il ferait de nouveau appel au démon principal. Il n’en avait pas piégé d’autres de cette classe. Il découvrirait alors que celui-ci était encore là et soumis par la magie du nom. Mais il ne pourrait pas prononcer tout le nom. Dans un premier temps, la victoire serait à son service, au moins jusqu’à la défaite des diseuses de runes, puis viendraient les revers. Le Seigneur des mondes noirs prenait encore plus de plaisir à imaginer les sentiments du nécromancien quand il s’apercevrait de l’erreur. Il n’aurait plus qu’à déployer sa propre magie à travers Takachoughaa et il pourrait faire prendre pied à la Force Noire sur cette terre.
Tout à leur rituel, les six sorciers ignoraient le piège. Prêts à tout pour un surcroît de puissance, ils auraient continué même en le connaissant. Sûrs de leurs pouvoirs, ils se pensaient maîtres du monde et plus encore le sorcier noir. Un acolyte arriva en courant :
- La lune se lève !
- Que le rituel commence ! hurla le sorcier noir.
Les tambours se mirent à battre, l’odeur âcre des chairs brûlées s’éleva des brasiers. Les victimes des sacrifices précédents étaient offertes en holocauste aux forces noires.
Dans le plan où il vivait, le Seigneur des mondes noirs observait les actions du sorcier noir. Il éprouvait une joie mauvaise. Le rituel que le sorcier venait d’engager pouvait être perverti. Il ne le saurait pas mais le sorcier noir serait un colosse au pied d’argile. Une proie parfaite pour alimenter l’insatiable faim de la Force Noire quand elle voudrait prendre pied sur la terre. Lui et ses sbires amèneraient une solidité appréciable au pont nécessaire à l’arrivée de la Force Noire elle-même. Cette terre le faisait rêver avec tous ces êtres faibles prêts à être réduits en esclavage. Il avait beaucoup œuvré ses derniers temps avec Takachougha. C’est lui qu’il allait introduire comme un coin dans les défenses magiques du sorcier. Il en riait de plaisir. Il allait piéger ce nécromancien qui les faisait souffrir depuis si longtemps. Il avait redonné forme et puissance, enfin un peu, à Takachougha. Par une magie compliquée, grâce à l’aide puissante de le Force Noire sur ce plan, il avait changé le nom du démon. Il était devenu Takachoughaa. Si l’on pouvait traduire le jeu de mot Takachougha / Takachoughaa cela donnerait quelque chose comme vainqueur / vain cœur. Quand le sorcier noir verrait que sa force ne permettait pas de vaincre dans son monde, il ferait de nouveau appel au démon principal. Il n’en avait pas piégé d’autres de cette classe. Il découvrirait alors que celui-ci était encore là et soumis par la magie du nom. Mais il ne pourrait pas prononcer tout le nom. Dans un premier temps, la victoire serait à son service, au moins jusqu’à la défaite des diseuses de runes, puis viendraient les revers. Le Seigneur des mondes noirs prenait encore plus de plaisir à imaginer les sentiments du nécromancien quand il s’apercevrait de l’erreur. Il n’aurait plus qu’à déployer sa propre magie à travers Takachoughaa et il pourrait faire prendre pied à la Force Noire sur cette terre.
Tout à leur rituel, les six sorciers ignoraient le piège. Prêts à tout pour un surcroît de puissance, ils auraient continué même en le connaissant. Sûrs de leurs pouvoirs, ils se pensaient maîtres du monde et plus encore le sorcier noir. Un acolyte arriva en courant :
- La lune se lève !
- Que le rituel commence ! hurla le sorcier noir.
Les tambours se mirent à battre, l’odeur âcre des chairs brûlées s’éleva des brasiers. Les victimes des sacrifices précédents étaient offertes en holocauste aux forces noires.
Encore quelques heures avant de reprendre sa marche vers la domination, le sorcier noir ne doutait de rien.
La fête battait son plein. Le temps était clément. Le ciel s’était dégagé en fin de journée. La lune pouvait briller de toute sa splendeur, éclairant la ville d’une lumière fort agréable aux fêtards. Partout ce n’étaient que buvettes, orchestre, liesse. Au milieu de cette foule, une zone sombre se déplaçait. Etrangère aux débordements d’un peuple qui croyait en sa victoire prochaine, une zone sombre se déplaçait. Elle n’avançait pas régulièrement. Elle suivait les mouvements de la foule.
Au centre de cet îlot de silence, trois silhouettes qui se tenaient serrées l’une contre l’autre. La plus petite guidait les autres.
- C’est un bon jour pour nous !
- Pourquoi dis-tu cela, Michatagoulfa ?
- Les gens dans ces fêtes jettent sans compter. Nous récupérons beaucoup de bonnes choses.
- Ça ne facilite pas notre avance.
- Non, Renatka, mais nous sommes encore plus invisibles. Même ceux qui d’habitude nous remarquent, pensent à autre chose. Suivant un itinéraire un peu chaotique, le groupe se rapprochait des remparts. Les soldats avaient des consignes de bienveillance. Ils scrutaient pourtant ceux qui passaient la porte.
- Stop là, gens du peuple des petits !
Le garde qui venait de parler s’avança vers eux, le regard soupçonneux.
- Bonsoir, noble soldat, fils de soldat, petit fils de général…
- Arrête, je n’ai pas besoin de tes flatteries. Tu n’aurais pas fait quelques vilenies que tu te sauves quand tous les tiens rentrent en ville ? Vous allez me montrez bien gentiment ce que vous avez sous vos capes.
- Selon vos souhaits, noble soldat, mais il y a erreur, nous ne faisons que rentrer, les capes pleines de provisions.
- Laisse-moi en juger ! Allez faites voir !
« P’ti mich » commença à sortir des objets divers de sous sa cape.
Cantasha et Renatka ne savaient que faire et restaient immobiles.
- Eh vous deux ! Allez vider vos poches comme l’autre. D’ailleurs vous allez me montrer vos têtes, je vous trouve bien grand pour des gens du peuple des petits.
- Ce sont des handicapés de chez nous dont j’ai la charge. Ils sont sans danger, c’est tout juste s’ils savent leur nom et celui de leurs ancêtres.
Au centre de cet îlot de silence, trois silhouettes qui se tenaient serrées l’une contre l’autre. La plus petite guidait les autres.
- C’est un bon jour pour nous !
- Pourquoi dis-tu cela, Michatagoulfa ?
- Les gens dans ces fêtes jettent sans compter. Nous récupérons beaucoup de bonnes choses.
- Ça ne facilite pas notre avance.
- Non, Renatka, mais nous sommes encore plus invisibles. Même ceux qui d’habitude nous remarquent, pensent à autre chose. Suivant un itinéraire un peu chaotique, le groupe se rapprochait des remparts. Les soldats avaient des consignes de bienveillance. Ils scrutaient pourtant ceux qui passaient la porte.
- Stop là, gens du peuple des petits !
Le garde qui venait de parler s’avança vers eux, le regard soupçonneux.
- Bonsoir, noble soldat, fils de soldat, petit fils de général…
- Arrête, je n’ai pas besoin de tes flatteries. Tu n’aurais pas fait quelques vilenies que tu te sauves quand tous les tiens rentrent en ville ? Vous allez me montrez bien gentiment ce que vous avez sous vos capes.
- Selon vos souhaits, noble soldat, mais il y a erreur, nous ne faisons que rentrer, les capes pleines de provisions.
- Laisse-moi en juger ! Allez faites voir !
« P’ti mich » commença à sortir des objets divers de sous sa cape.
Cantasha et Renatka ne savaient que faire et restaient immobiles.
- Eh vous deux ! Allez vider vos poches comme l’autre. D’ailleurs vous allez me montrer vos têtes, je vous trouve bien grand pour des gens du peuple des petits.
- Ce sont des handicapés de chez nous dont j’ai la charge. Ils sont sans danger, c’est tout juste s’ils savent leur nom et celui de leurs ancêtres.
Michatagoulfa, tout en parlant s’était légèrement déporté vers le centre de la rue. Il sortait les objets de ses poches intérieures avec beaucoup d’ampleur dans ses gestes.
- Au voleur ! Au voleur !
Le cri qui retentit de l’autre côté de la rue, au débouché d’une ruelle, attira l’attention des gardes. Un début de bagarre sembla se produire. Une escouade se lança pour mettre fin à l’action. Le garde de la porte ne regardait plus vraiment « p’ti mich ». Son attention était ailleurs. Les soldats peinaient à rétablir l’ordre. Les cris augmentaient. Un officier sortit de la tour, regarda du haut des marches ce qui se passait. Il fit un geste de commandement et les soldats encore à la porte allèrent aider leurs compagnons. Se retournant, l’officier cria quelque chose à l’intérieur. On entendit distinctement, le branle-bas de la troupe affectée à porte des montagnes.
- Au voleur ! Au voleur !
Le cri qui retentit de l’autre côté de la rue, au débouché d’une ruelle, attira l’attention des gardes. Un début de bagarre sembla se produire. Une escouade se lança pour mettre fin à l’action. Le garde de la porte ne regardait plus vraiment « p’ti mich ». Son attention était ailleurs. Les soldats peinaient à rétablir l’ordre. Les cris augmentaient. Un officier sortit de la tour, regarda du haut des marches ce qui se passait. Il fit un geste de commandement et les soldats encore à la porte allèrent aider leurs compagnons. Se retournant, l’officier cria quelque chose à l’intérieur. On entendit distinctement, le branle-bas de la troupe affectée à porte des montagnes.
Michatagoulfa récupéra au vol ses affaires que le soldat avait laissées tomber, il le regarda s’éloigner pour aller prêter main forte aux autres. « P’ti mich » fit signe à Cantasha et Renatka de la suivre et il les fit courir jusqu’à ce qu’il soit à une distance de flèche de la ville.
Essoufflés, ils s’arrêtèrent derrière un bosquet, à l’abri des regards des gens de la ville.
- Explique-nous, Michatagoulfa.
- Il y avait un risque, car vous êtes trop grands pour être de mon peuple. J’ai demandé à ceux qui nous dirigent ce qui pouvait être fait. Le grand ancien à mon récit m’a dit que nos livres sacrés parlent de vous. Il y est dit en langage ancien du peuple des Anouines dont nous descendons que, quand le fils du fils, à la quarantième génération de Achimagoulta, rencontrera un grand qui le regarde, accompagnée de celle dont le nom n’est pas encore dit dans sa profondeur, qui connaît les runes, alors les temps seront accomplis. A une condition que nous les aidions.
- Et vous nous avez aidés.
- Oui, un groupe des miens était prêt à faire diversion.
- Que risquent-ils ?
- La prison et les coups, mais c’est sans intérêt car il sera noté qu’ils ont aidé le grand qui regarde accompagnée de celle dont le nom n’est pas dit.
- Mais je m’appelle Cantasha.
- Oui, mais en profondeur, ton nom est autre. Nos livres l’affirment. Ne traînez pas, il faut que vous soyez le plus loin possible quand ils découvriront votre fuite.
- Je sais cela, Michatagoulfa, mais je m’inquiète pour vous.
- Non Renatka, nos livres sacrés nous guident. Nous vous avons aidés, alors les temps nouveaux sont venus pour nous. C’est notre histoire et nous savons comment l’écrire. Partez maintenant.
Essoufflés, ils s’arrêtèrent derrière un bosquet, à l’abri des regards des gens de la ville.
- Explique-nous, Michatagoulfa.
- Il y avait un risque, car vous êtes trop grands pour être de mon peuple. J’ai demandé à ceux qui nous dirigent ce qui pouvait être fait. Le grand ancien à mon récit m’a dit que nos livres sacrés parlent de vous. Il y est dit en langage ancien du peuple des Anouines dont nous descendons que, quand le fils du fils, à la quarantième génération de Achimagoulta, rencontrera un grand qui le regarde, accompagnée de celle dont le nom n’est pas encore dit dans sa profondeur, qui connaît les runes, alors les temps seront accomplis. A une condition que nous les aidions.
- Et vous nous avez aidés.
- Oui, un groupe des miens était prêt à faire diversion.
- Que risquent-ils ?
- La prison et les coups, mais c’est sans intérêt car il sera noté qu’ils ont aidé le grand qui regarde accompagnée de celle dont le nom n’est pas dit.
- Mais je m’appelle Cantasha.
- Oui, mais en profondeur, ton nom est autre. Nos livres l’affirment. Ne traînez pas, il faut que vous soyez le plus loin possible quand ils découvriront votre fuite.
- Je sais cela, Michatagoulfa, mais je m’inquiète pour vous.
- Non Renatka, nos livres sacrés nous guident. Nous vous avons aidés, alors les temps nouveaux sont venus pour nous. C’est notre histoire et nous savons comment l’écrire. Partez maintenant.
C’est ainsi qu’ils se séparèrent, Michatagoulfa avec la certitude d’un nouvel avenir, Cantasha avec l’interrogation de son nom, et Renatka avec la responsabilité de la flamme.
Le sorcier noir n'était pas content. Il avait récupéré ses forces magiques, mais la perte de temps sur le terrain s'était traduite par un net recul et une perte de guerriers. Ne pouvant faire à la fois le rituel de restauration et être derrière ses troupes, il n'avait pas suffisamment protégé ses sorciers soumis. Ils étaient souvent morts percés d'une flèche runique. Sans eux, les guerriers noirs étaient trop faibles face aux autres soldats. Le sorcier noir manquait de volontaires pour devenir sorciers sous sa coupe. Il avait pratiqué une politique de la terre brûlée sur les terres conquises. Sa terre nourricière était maintenant trop éloignée et pas assez peuplée pour le soutenir. Il devait être vainqueur sur le terrain et mettre les populations à son service pour pouvoir aller plus loin. Simantaba s'éloignait de ses objectifs. La plaine fertile lui était nécessaire. Le royaume d'Ashra avait réussi à monter une coalition contre lui. La topographie de ce pays était moins favorable à ses mouvements de troupes et les soldats trop aguerris. Le sorcier noir prit l'option de porter la guerre dans la plaine, où les soldats d'Ashra seraient moins motivés et moins nombreux. Le royaume d'Ashra tomberait plus tard. Il ne doutait pas pouvoir reprendre le contrôle des forces noires qu'il connaissait et ainsi soumettre Ashra. Il aurait alors route ouverte vers Simantaba et le porteur de flamme. Ses espions lui avaient donné une bonne mauvaise nouvelle, la diseuse et le porteur de flamme étaient retenus à Ashra, c'était bon, pour faire des flèches runiques, c'était mauvais. Il n’avait pas le choix. Cela le rendait nerveux. Son avenir dépendait de gens qu’il ne contrôlait pas. Il lui fallait devenir plus fort. Oui, conquérir la riche plaine était la solution. Il y avait là des richesses matérielles mais aussi en hommes prêts à tout pour un peu de pouvoir. Il pourrait alors s’occuper de chercher sur les plans inférieurs si le démon qu’il avait soumis avait résisté à la rupture du sort. En attendant, il décida de convoquer quelques démons secondaires pour l’aider dans sa conquête. Il pourrait même en envoyer un à Ashra pour s’occuper du porteur de flamme. Même s’il n’avait pas la puissance de Takachougha, il pourrait toujours nuire suffisamment pour lui rendre service.
Entablu riait intérieurement. L’appartement était vide. Les soldats devant la porte, lui avaient dit que la diseuse et son garde s’étaient enfermés plutôt que d’aller à la fête. Ils en étaient heureux car cela leur évitaient bien du souci. Ils n’auraient pas à les surveiller dans la foule. Entablu inspecta les lieux. Différents indices lui firent penser au peuple des petits. Curieuse race qui vivait en marge et en symbiose avec les hommes. Cantasha et Renatka étaient partis comme il l’espérait. Le ciel devenait moins noir. Il avait jeté les pierres de divination. Il voyait d’un côté l’espoir et de l’autre le danger. L’espoir était clair pour lui. Pour le danger, il refit un jeté des pierres. Le sombre s’étendait sur la plaine et sur le royaume d’Ashra, des forces démoniaques allaient être à l’œuvre. Il lui fallait protéger l’espoir en retardant la nouvelle de la fuite de la grande diseuse et du porteur de flamme. Il réfléchit un moment et se mit à l’ouvrage. Il sortit de sa tunique une pierre à encre, ainsi que le pinceau sacré que la grande enchanteresse lui avait remis à la fin de son initiation. Il mouilla la pierre, faisant naître l’encre subtile des grands traceurs de runes. D’un geste sûr, il dessina tout en murmurant les runes enchantées. Quand les murs de la pièce furent couverts d’arabesques compliquées, il s’arrêta. S’asseyant, il contempla. Il restait un carré devant lui. Ce qu’il allait faire, nul ne l’avait fait depuis des siècles. S’il se trompait, les conséquences en seraient catastrophiques. S’il réussissait, il serait le digne élève de Cal…ent…blu. Rajoutant de l’eau à la pierre, il fit naître une nouvelle encre. Trempant son pinceau, il l’imprégna soigneusement. Il n’avait droit qu’à un geste. Il s’installa confortablement devant le carré de mur lisse. Il leva la main…et commença. Elle parut danser en suivant le dessin complexe du dessein de la rune royale de Beth. Quand il eut fini. Le temps se suspendit un instant, une éternité. Doucement, le dessin runique vibra. Entablu sourit. Il se leva et sortit. Il donna l’ordre aux gardes de laisser la diseuse de runes tranquille. Elle était malade. Il interdit les visites. Il leur apprit qu’il reviendrait avec les remèdes nécessaires.
Entablu riait intérieurement. L’appartement était vide. Les soldats devant la porte, lui avaient dit que la diseuse et son garde s’étaient enfermés plutôt que d’aller à la fête. Ils en étaient heureux car cela leur évitaient bien du souci. Ils n’auraient pas à les surveiller dans la foule. Entablu inspecta les lieux. Différents indices lui firent penser au peuple des petits. Curieuse race qui vivait en marge et en symbiose avec les hommes. Cantasha et Renatka étaient partis comme il l’espérait. Le ciel devenait moins noir. Il avait jeté les pierres de divination. Il voyait d’un côté l’espoir et de l’autre le danger. L’espoir était clair pour lui. Pour le danger, il refit un jeté des pierres. Le sombre s’étendait sur la plaine et sur le royaume d’Ashra, des forces démoniaques allaient être à l’œuvre. Il lui fallait protéger l’espoir en retardant la nouvelle de la fuite de la grande diseuse et du porteur de flamme. Il réfléchit un moment et se mit à l’ouvrage. Il sortit de sa tunique une pierre à encre, ainsi que le pinceau sacré que la grande enchanteresse lui avait remis à la fin de son initiation. Il mouilla la pierre, faisant naître l’encre subtile des grands traceurs de runes. D’un geste sûr, il dessina tout en murmurant les runes enchantées. Quand les murs de la pièce furent couverts d’arabesques compliquées, il s’arrêta. S’asseyant, il contempla. Il restait un carré devant lui. Ce qu’il allait faire, nul ne l’avait fait depuis des siècles. S’il se trompait, les conséquences en seraient catastrophiques. S’il réussissait, il serait le digne élève de Cal…ent…blu. Rajoutant de l’eau à la pierre, il fit naître une nouvelle encre. Trempant son pinceau, il l’imprégna soigneusement. Il n’avait droit qu’à un geste. Il s’installa confortablement devant le carré de mur lisse. Il leva la main…et commença. Elle parut danser en suivant le dessin complexe du dessein de la rune royale de Beth. Quand il eut fini. Le temps se suspendit un instant, une éternité. Doucement, le dessin runique vibra. Entablu sourit. Il se leva et sortit. Il donna l’ordre aux gardes de laisser la diseuse de runes tranquille. Elle était malade. Il interdit les visites. Il leur apprit qu’il reviendrait avec les remèdes nécessaires.
Dans l’appartement, le dessein de Beth emplissait la pièce. L’encre subtile de la pierre devenait invisible aux yeux des hommes. Les runes traçaient leurs arabesques dans l’espace même entre les murs. Comme l’écho d’un chant vibrait dans l’air. Quiconque entrerait dans cette pièce, serait pris dans le filet des runes et en deviendrait serviteur.
Entablu s'allongea sur son lit, le sourire aux lèvres. Il avait vécu intensément ses dernières heures. Une fois parti de l'appartement de la diseuse de runes, il avait été au conseil du roi. Il lui avait fait part de la nouvelle de la maladie de Cantasha, tout en restant très discret sur sa réalité exacte. Elle ne pouvait sortir et se montrer, mais elle pourrait encore faire des flèches runiques. A cette nouvelle, il sentit le soulagement du roi qui n'aurait pas à la contraindre pour rester chez lui, et les sentiments de haine de certains conseillers dont il ressentait bien le lien avec les forces noires. Après le conseil, il était parti en ville, s'était arrêté sur une place pour méditer. Il avait choisi un coin tranquille près d'une zone ombragée.
- Bonjour, Michatagoulfa, fils de Santagaltopa, petit fils de Masantafiga, arrière petit fils de Fagantasoulba dit le grand, arrière-arrière petit fils de.....
Entablu avait prit le temps de la grande salutation. Michatagoulfa avait répondu de même.
- Tu connais mon nom entier ! Vous êtes un peuple étonnant, Michatagoulfa.
- Beaucoup de choses sont écrites dans nos livres sacrés. Des hommes qui portèrent le titre de Entablu, il y en a eu peu.
- La grande diseuse a encore besoin de votre aide.
- Parle, Entablu, nous l'aiderons.
- J'ai tracé les grandes runes dans son appartement. Il serait bon pour l'avenir qu'on le croit habité. Les serviteurs amèneront le nécessaire à vivre. Il serait bien que vous fassiez en sorte qu'ils puissent en ressortir avec les déchets de deux personnes.
- Les livres disent que les grandes runes sont exigeantes pour la vie de celui qui les trace.
- Tu as compris, Michatagoulfa. Ne dépassez pas le vestibule. Vous mettrez les flèches neuves dans l'entrebaillement de la porte et vous y reprendrez les flèches runiques, mais surtout n'entrez pas.
- Mon peuple fera cela.
- Que les runes vous soient favorables, Michatagoulfa, fils de Santagaltopa, petit fils de Masantafiga, arrière petit fils de Fagantasoulba dit le grand, arrière-arrière petit fils de.....Entablu était rentré au palais. Selon les ordres du roi, il avait organisé le service pour la grande diseuse puis avait regagné ses appartements.
Allongé, il sentait la fatigue de sa dernière journée. Michatagoulfa avait raison. Peu d'hommes avaient porté le titre de Entablu. Il était le plus vieux de la lignée. Il avait fait ce qui devait être fait. Tracer les grandes runes et la rune royale de Beth demandait une énergie fantastique que seuls les Entablu avaient. Mais le prix était fort. Entablu sentait la vie s'éloigner de lui. Encore un peu, il ne serait plus. Son esprit resterait lié à l'appartement où étaient tracées les grandes runes. Une légère ombre comme une fumée s'élevait au-dessus de lui, elle dessinait comme des runes dans l'air.
- Bonjour, Michatagoulfa, fils de Santagaltopa, petit fils de Masantafiga, arrière petit fils de Fagantasoulba dit le grand, arrière-arrière petit fils de.....
Entablu avait prit le temps de la grande salutation. Michatagoulfa avait répondu de même.
- Tu connais mon nom entier ! Vous êtes un peuple étonnant, Michatagoulfa.
- Beaucoup de choses sont écrites dans nos livres sacrés. Des hommes qui portèrent le titre de Entablu, il y en a eu peu.
- La grande diseuse a encore besoin de votre aide.
- Parle, Entablu, nous l'aiderons.
- J'ai tracé les grandes runes dans son appartement. Il serait bon pour l'avenir qu'on le croit habité. Les serviteurs amèneront le nécessaire à vivre. Il serait bien que vous fassiez en sorte qu'ils puissent en ressortir avec les déchets de deux personnes.
- Les livres disent que les grandes runes sont exigeantes pour la vie de celui qui les trace.
- Tu as compris, Michatagoulfa. Ne dépassez pas le vestibule. Vous mettrez les flèches neuves dans l'entrebaillement de la porte et vous y reprendrez les flèches runiques, mais surtout n'entrez pas.
- Mon peuple fera cela.
- Que les runes vous soient favorables, Michatagoulfa, fils de Santagaltopa, petit fils de Masantafiga, arrière petit fils de Fagantasoulba dit le grand, arrière-arrière petit fils de.....Entablu était rentré au palais. Selon les ordres du roi, il avait organisé le service pour la grande diseuse puis avait regagné ses appartements.
Allongé, il sentait la fatigue de sa dernière journée. Michatagoulfa avait raison. Peu d'hommes avaient porté le titre de Entablu. Il était le plus vieux de la lignée. Il avait fait ce qui devait être fait. Tracer les grandes runes et la rune royale de Beth demandait une énergie fantastique que seuls les Entablu avaient. Mais le prix était fort. Entablu sentait la vie s'éloigner de lui. Encore un peu, il ne serait plus. Son esprit resterait lié à l'appartement où étaient tracées les grandes runes. Une légère ombre comme une fumée s'élevait au-dessus de lui, elle dessinait comme des runes dans l'air.
Quand le serviteur d'Entablu entra dans la chambre, il ne trouva qu'une défroque vide. Le corps n'était plus.
Le sorcier préparait le rite de capture. Il lui fallait des esclaves démoniaques pour renforcer ses troupes. Il voyait aussi un autre avantage. Les démons étaient insensibles aux flèches runiques que les soldats d’Ashra employaient. Piéger des démons était assez simple mais relativement dangereux. Ils ne savaient pas résister à une porte ouverte. Tout le rite consistait à leur faire croire à un sorcier débutant se promenant dans les plans infernaux sans avoir pris toutes ses précautions. Quand le démon prenait pied sur la terre des hommes à travers ce qu’il pensait être un idiot se prenant pour un sorcier, un sort de soumission lui était passé autour de l’être. Pour les démons mineurs cela suffisait. Leur faire dire leur nom était l’étape d’après. Pour un sorcier de sa puissance, cela ne représentait pas trop de difficultés. Si un démon trop puissant se présentait. Le sort de soumission permettait de le renvoyer dans son monde. A moins qu’on puisse deviner son nom. C’est ce qui était arrivé avec Takachougha. Ce jour-là, il avait eu le bon réflexe. Le sorcier noir savait ne pas pouvoir compter à nouveau sur la chance. Il fallait un rapport de puissance qui lui soit favorable. Pour mener à bien ses plans, il allait être nécessaire de descendre dans les plans profonds pour voir si Takachougha était encore actif. En attendant, il se concentra sur la flamme noire devant lui qui recommençait à vibrer, preuve qu'un esprit venait de la toucher. Il prépara le sort de soumission. Il dit les mots qui agitèrent le faux sorcier qu'il utilisait comme piège. Le démon croyant à une fuite planta plus profondément ses vrilles de possession dans le leurre. Le sorcier noir n'eut plus qu'à ferrer sa proie. Encore un, vraiment cela devenait une routine. Il laissait aller ses pensées sur ses projets. Un autre esprit vint agité le leurre. Presque machinalement, il fit les gestes nécessaires. Il sentit une résistance plus forte. Revenant à la réalité présente, il constata que la prise était plus importante qu'il ne le pensait. Il fit rapidement les passes magiques pour augmenter la puissance du sort de soumission. Le démon au bout résistait de plus belle. Un instant, il se posa la question de le relâcher. Si par hasard, c'était un grand démon, il risquait de tout casser. L’excitation du chasseur prit le dessus. Le sorcier noir investit la flamme noire de sa puissante présence. Il ressentit les vrilles de possession qu'il isola par les sorts adéquats, puis redoubla le sort de soumission et inversa le mouvement spirituel de la prise de contrôle du démon. Se plaçant dans sa part la plus sombre, il envahit le démon et se mit à chercher son nom dans les replis de l'être démoniaque. Il rit intérieurement, ces démons étaient toujours aussi orgueilleux, celui-ci s'appelait le "très puissant des plans inférieurs", autrement dit Darquiflou. Voilà un parfait candidat pour aller s'occuper de la diseuse de runes. Darquiflou était nettement plus puissant que les autres démons capturés pendant ce rite. Avec son nom, le sorcier noir allait pouvoir le contrôler suffisamment pour le charger de certains sorts autrement interdits. Avec des gestes sûrs et rapides, il le fit advenir sur le plan terrestre. Le démon se fit le plus impressionnant possible prêt à frapper tout homme présent. Il s'apprêtait à s'élancer quand l'homme encapuchonné devant lui prononça son nom. Il se rétracta sous le choc. Comment avait-il pu savoir ce secret caché au plus profond de son être? Ce nom secret, il se l'était choisi quand il avait acquis son indépendance. Il essaya quand même de frapper l'homme faisant confiance à ses vrilles de possession qu'il sentait toujours en place.
L'encapuchonné se mit à rire.
- Alors Darquiflou, tu te crois un grand démon quand tu n'es qu'un apprenti.
- Je vais te réduire au silence, orgueilleux mortel !
Le sorcier rigola de plus belle. Darquiflou sentit que ses appuis ne reposaient que sur du vent.
Il comprit qu'il était sous la coupe du sorcier. Il eut peur.
- Allons Darquiflou, tu vas voir que me servir n'est pas si dur! Je ne suis pas un mauvais maître avec ceux qui obéissent. Mais ne fais pas de faux pas si tu ne veux pas tâter de la magie noire du nom.Le démon prit son ton le plus mielleux.
- Que dois-je faire, Maître ?
- Entre dans cette urne !
- Non, ça jamais !!
- Par la magie de ton nom, Darquiflou, entre et que son col soit scellé jusqu’à ce que tu reçoives mes ordres.
Le démon se sentit pris dans des forces gigantesques qui le forcèrent à intégrer le pot de terre cuite. Le couvercle qui vint se sceller lui cacha toute lumière et toute sensation. Non seulement, il s’était fait avoir par un sorcier, mais en plus il s’était fait enfermé dans une poterie ensorcelée. Darquiflou enrageait d’autant plus qu’il était réduit à l’impuissance. Pour passer le temps, il se mit à imaginer tout ce qu’il ferait à l’homme qui viendrait lui donner des ordres.
L'encapuchonné se mit à rire.
- Alors Darquiflou, tu te crois un grand démon quand tu n'es qu'un apprenti.
- Je vais te réduire au silence, orgueilleux mortel !
Le sorcier rigola de plus belle. Darquiflou sentit que ses appuis ne reposaient que sur du vent.
Il comprit qu'il était sous la coupe du sorcier. Il eut peur.
- Allons Darquiflou, tu vas voir que me servir n'est pas si dur! Je ne suis pas un mauvais maître avec ceux qui obéissent. Mais ne fais pas de faux pas si tu ne veux pas tâter de la magie noire du nom.Le démon prit son ton le plus mielleux.
- Que dois-je faire, Maître ?
- Entre dans cette urne !
- Non, ça jamais !!
- Par la magie de ton nom, Darquiflou, entre et que son col soit scellé jusqu’à ce que tu reçoives mes ordres.
Le démon se sentit pris dans des forces gigantesques qui le forcèrent à intégrer le pot de terre cuite. Le couvercle qui vint se sceller lui cacha toute lumière et toute sensation. Non seulement, il s’était fait avoir par un sorcier, mais en plus il s’était fait enfermé dans une poterie ensorcelée. Darquiflou enrageait d’autant plus qu’il était réduit à l’impuissance. Pour passer le temps, il se mit à imaginer tout ce qu’il ferait à l’homme qui viendrait lui donner des ordres.
Le sorcier noir avait fort à faire. Il avait dû soumettre à ses sorts la centaine de démons piégés. Cela lui avait pris plusieurs jours que ses ennemis avaient mis à contribution pour renforcer leur position. Sur le terrain, les archers de la plaine devenaient aussi bons que ceux du royaume d’Asrha. Il fallait qu’il protège ses sorciers. Chaque fois que l’un d’eux disparaissait, c’est un peu de sa puissance qui partait. Il adjoint un démon comme garde du corps à chaque sorcier soumis tout en leur donnant des groupes plus grands de guerriers noirs. L’apparition des démons sur le champ de bataille bouleversa le rapport de force. Le cœur manquait au plus vaillant quand il fallait monter à l’assaut face à ces monstres grimaçant que rien ne pouvait tuer. Les démons se moquaient des flèches runiques, convenablement équipés d’armes enchantées, ils étaient quasi invincibles. La conquête avançait bien. Les terres ainsi conquises demandaient à être gérées. Il lui fallait trouver des âmes assez noires pour devenir ses sorciers soumis. L’initiation des apprentis demandait du temps aussi. Ses adjoints en faisaient beaucoup mais il était seul à pouvoir donner la dernière touche à leur transformation. La plaine se soumettait, les richesses affluaient, les sorciers soumis augmentaient. Les guerriers noirs voyaient aussi leur nombre s’accroître. Même les soldats d’Ashra reculaient maintenant devant sa puissance, leurs flèches runiques sans effet. Le sorcier noir avait appris la mort d’Entablu, heureuse nouvelle, la maladie de la diseuse de runes, autre bonne nouvelle, même si elle continuait à fabriquer des flèches runiques. Son pouvoir devait être diminué car elle n’avait pas changé ses runes malgré l’apparition des démons. Encore un peu et il pourrait s’attaquer à la capitale du royaume d’Ashra et la route de Simantaba serait ouverte. Il pensa qu’il lui faudrait envoyer Darquiflou pour la mettre hors d’état de nuire avant son arrivée. Si les guerriers noirs approchaient trop près du palais, il était certain qu’elle essayerait de mettre le porteur de flamme à l’abri. Il était la clé de l’avenir. Il en était persuadé. Mais pour cela il lui fallait du temps. Le sorcier noir essayait de mettre de l’ordre dans ses idées, mais à chaque fois, une nouvelle sollicitation urgente l’en empêchait. Il pesta contre le temps qui passait, rêvant de voler au pays de Corc son secret du contrôle du temps.
Le roi du pays d’Ashra commençait à avoir peur, malgré les dénégations de ses conseillers. Entablu lui manquait. Le vieux mage n’avait jamais été facile, mais ses conseils avaient été toujours avisés. Le roi se sentait maintenant entouré d’incapables, ou plus exactement d’ambitieux qui pour passer devant les autres, étaient prêts à tout. Il savait aussi sans avoir de nom précis que certains travaillaient pour le sorcier noir. Qu’il y ait des espions était une évidence. Plus encore dans son entourage, il pensait que plusieurs personnes étaient prêtes à le trahir contre la puissance. Etre roi à la place du roi, les faisait rêver. L’apparition des démons sur le champ de bataille avait changé le rapport de force. C’en était fini des victoires. Chaque jour apportait son lot de morts et de mauvaises nouvelles. L’alliance avec les gens de la plaine ne pouvait pas faire face. Manquant de cohésion et jouant parfois contre le bien commun pour défendre leurs intérêts particuliers, les seigneurs et hobereaux de la plaine compliquaient la tache du prince-soldat qui avait en charge la défense. Le roi avait voulu l’avis de la grande diseuse, mais celle-ci malade, ne répondait pas. Les gardes n’osaient pas entrer dans l’appartement. Une odeur pestilentielle les repoussait. Heureusement, elle fabriquait encore des flèches runiques. C’était mieux que rien. Devant cet état de fait, il avait envoyé un messager secret à Simantaba pour demander l’aide des grandes diseuses dans le combat contre les démons. Contre l’avis de ses principaux conseillers qui ne croyaient pas au danger d’une invasion par les guerriers noirs, le roi avait fait commencer les préparatifs pour soutenir un siège. Cela avait affolé la population. Chaque jour amenait son lot de candidats au départ pour se mettre à l’abri sur les hautes terres. Certains, au conseil du roi, estimaient qu’il faudrait des lunes et des lunes pour que le sorcier noir digère la conquête de la plaine. Ils étaient prêts à sacrifier l’alliance contre le sorcier pour leur sauvegarde. Ils donnaient le conseil négocier avec le sorcier avant qu’il n’arrive aux portes du royaume. Les plus anciens et ceux issus du rang des soldats estimaient qu’il était bon de mourir pour le royaume. Ils donnaient le conseil de la guerre sans trêve jusqu’à la victoire ou la mort. Les autres avaient des conseils tellement alambiqués que personne ne les comprenait. Le roi du pays d’Ashra se sentait bien seul.
Le roi du pays d’Ashra commençait à avoir peur, malgré les dénégations de ses conseillers. Entablu lui manquait. Le vieux mage n’avait jamais été facile, mais ses conseils avaient été toujours avisés. Le roi se sentait maintenant entouré d’incapables, ou plus exactement d’ambitieux qui pour passer devant les autres, étaient prêts à tout. Il savait aussi sans avoir de nom précis que certains travaillaient pour le sorcier noir. Qu’il y ait des espions était une évidence. Plus encore dans son entourage, il pensait que plusieurs personnes étaient prêtes à le trahir contre la puissance. Etre roi à la place du roi, les faisait rêver. L’apparition des démons sur le champ de bataille avait changé le rapport de force. C’en était fini des victoires. Chaque jour apportait son lot de morts et de mauvaises nouvelles. L’alliance avec les gens de la plaine ne pouvait pas faire face. Manquant de cohésion et jouant parfois contre le bien commun pour défendre leurs intérêts particuliers, les seigneurs et hobereaux de la plaine compliquaient la tache du prince-soldat qui avait en charge la défense. Le roi avait voulu l’avis de la grande diseuse, mais celle-ci malade, ne répondait pas. Les gardes n’osaient pas entrer dans l’appartement. Une odeur pestilentielle les repoussait. Heureusement, elle fabriquait encore des flèches runiques. C’était mieux que rien. Devant cet état de fait, il avait envoyé un messager secret à Simantaba pour demander l’aide des grandes diseuses dans le combat contre les démons. Contre l’avis de ses principaux conseillers qui ne croyaient pas au danger d’une invasion par les guerriers noirs, le roi avait fait commencer les préparatifs pour soutenir un siège. Cela avait affolé la population. Chaque jour amenait son lot de candidats au départ pour se mettre à l’abri sur les hautes terres. Certains, au conseil du roi, estimaient qu’il faudrait des lunes et des lunes pour que le sorcier noir digère la conquête de la plaine. Ils étaient prêts à sacrifier l’alliance contre le sorcier pour leur sauvegarde. Ils donnaient le conseil négocier avec le sorcier avant qu’il n’arrive aux portes du royaume. Les plus anciens et ceux issus du rang des soldats estimaient qu’il était bon de mourir pour le royaume. Ils donnaient le conseil de la guerre sans trêve jusqu’à la victoire ou la mort. Les autres avaient des conseils tellement alambiqués que personne ne les comprenait. Le roi du pays d’Ashra se sentait bien seul.
Cantasha et Renatka avaient gardé leurs vêtements faits par le peuple des petits, sur les conseils de Michatagoulfa. Ils pouvaient ainsi marcher sur la route avec tout le monde sans attirer l’attention, pire sans être regardés. Pour Renatka qui avait vécu toute son enfance dans un hameau perdu, cela ne le dérangeait pas. Il n’en allait pas de même pour Cantasha. Etre grande diseuse était un rang élevé dans la hiérarchie de sa corporation, fort connue au demeurant. Cela la mettait mal à l’aise. Quand elle essayait d’aider quelqu’un, on la fuyait. Elle prenait petit à petit conscience que son aspect extérieur était pour beaucoup dans la manière dont les gens la regardait, ou ne la regardait pas. Les aubergistes qui ne les chassaient pas, les envoyaient dans les écuries en les traitant comme des indésirables, tout en acceptant sans difficultés les espèces sonnantes et trébuchantes. Elle aurait bien repris son habit de diseuse de runes. Tant qu’ils étaient dans le royaume d’Ashra, elle ne le pouvait pas. Sa mission était de ramener Renatka. Elle serrait les dents, attendant avec impatience d’arriver à Simantaba où elle serait de nouveau reconnue.
Ils étaient partis depuis une dizaine de jours. Cette partie du royaume s’appelait les hautes terres. Il s’agissait d’un plateau coupé par des vallées plus ou moins profondes. La terre pas très riche, servait surtout à l’élevage. Le printemps avançait ici aussi. Le temps était assez doux. Même les nuits n’étaient pas trop fraîches. Ils dormaient souvent à la belle étoile. Ils avaient repris leur marche depuis le matin quand ils arrivèrent à une rivière. Celle-ci était trop large et trop profonde pour être traversée à gué. Un radeau faisait donc la navette entre les deux rives. Ils arrivèrent au milieu d’un groupe de marchands allant de l’autre côté des cols vers Simantaba. Comme toujours, leur arrivée provoqua son lot de regards baissés et de dos tournés. Par moment Cantasha se disait qu’elle utiliserait bien quelques runes de puissance pour les forcer tous à lui reconnaître droit à l’existence. L’impossibilité de le faire lui devenait de plus en plus pesante. Elle écouta distraitement les marchands qui comme toujours se plaignaient d’affaires qui ne marchaient pas, de risque de bandits, des difficultés dues au guerriers noirs, de l’incapacité des dirigeants à faire ce qu’ils auraient dû pour protéger le commerce qui était la base de toute richesse. A travers leur babillage, elle apprit qu’ils se rendaient à Simantaba pour la grande foire. Elle fit signe à Renatka d’écouter et lui proposa de se joindre à eux pour le reste du voyage, ou tout au moins de les suivre d’assez près. Il n’eut pas l’air d’accord. Il n’aimait pas les marchands. Leur voisinage était trop dangereux pour la discrétion qui leur était nécessaire. Le radeau achevait sa traversée, empêchant Cantasha de répondre. Le passeur les fit patienter. Il lui fallut cinq passages pour faire transiter tout le monde. Il n’accepta de les prendre, tout en les faisant payer la même somme que les autres, qu’à la dernière traversée parce qu’il restait un peu de place. Cantasha fulminait intérieurement.
Sur l’autre rive, ils prirent le chemin derrière les marchands qui continuaient à les ignorer. La nuit les surprit en haut de la montée pour sortir de la vallée. Le groupe des marchands s’installa pour la nuit préparant son feu et son bivouac, tous tournant ostensiblement le dos au couple. Renatka prépara le feu et leur maigre provision. Michatagoulfa les avait bien conseillés. Ils avaient assez d’argent pour tenir jusqu’au bout du voyage. Dans certains villages, Renatka avait même mendié avec un certain succès. Cantasha n’avait pas aimé.
L’attaque eut lieu dans la nuit. Brutalement réveillés par les cris des assaillants, ils virent les marchands essayer de se défendre. Cantasha allait dire une rune de puissance quand une petite voix lui susurra :
- A votre place, je me tairais. Vous n’intéressez pas les bandits. Ils sont passés autour de vous sans même vous regarder.
- Mais les marchands …?
- Michatagoulfa m’a fait parvenir la nouvelle de votre passage dans ma région. N’insistez pas ou vous risquez plus de mal que de bien. Si on vous remarque, à quoi aura servi tout ce que mon peuple a fait ?
Cantasha hésita, déchirée entre son désir de venir en aide aux marchands et de retrouver sa place, et la mission qui la liait à Renatka.
- A votre place, je me tairais. Vous n’intéressez pas les bandits. Ils sont passés autour de vous sans même vous regarder.
- Mais les marchands …?
- Michatagoulfa m’a fait parvenir la nouvelle de votre passage dans ma région. N’insistez pas ou vous risquez plus de mal que de bien. Si on vous remarque, à quoi aura servi tout ce que mon peuple a fait ?
Cantasha hésita, déchirée entre son désir de venir en aide aux marchands et de retrouver sa place, et la mission qui la liait à Renatka.
Les bruits de combats cessaient. Les cris des hommes remplaçaient celui des armes. Les bandits rassemblaient leurs proies près du feu. Renatka prit la main de Cantasha et l’entraîna à l’abri de la nuit. Toujours guidant la diseuse, il suivait l’étrange guide qui leur était arrivé fort opportunément. Ils s’éloignaient de la route. L’écho des ordres et des cris diminua. Ils arrivèrent à une petite clairière. Le guide prit la parole.
- Ici, nous ne risquons rien.
- Comment peux-tu être aussi affirmatif ?
- Parce que je suis chez moi, que je connais les bandits.
- Tu connais les bandits !
- Oui, c’est une bande de rançonneurs plutôt sympathiques. Le passeur les renseigne sur ceux qui passent. Ils ne les tuent pas, cela ferait venir l’armée. Ils ne les dépouillent même pas complètement. Non, ils leur font payer un droit de passage. Vous verrez, demain sur la route, il n’y aura plus personne. Les marchands seront repartis et les bandits auront rejoint leur refuge.
- Qui es-tu ? Tu n’es pas un petit.
- Non, tu as raison, diseuse. J’ai été adopté par le peuple des petits. Je suis un handicapé. Je n’ai pas d’ascendance. Ils m’ont trouvé sur la route et m’ont gardé. Mon nom est trop court. Je suis Katonga, celui qui n’a pas de famille. Je suis resté de longues années avec mon peuple adoptif dans une des cités d’Ashra. Mais ne pas avoir de nom digne était trop difficile à porter. Celui qui n’a pas de parent est toujours à part. Un jour en changeant de cité, j’ai découvert cette clairière. Je m’y suis réfugié. Une cabane, de l’eau, une route pour mendier pas loin, rien ne me manque. Mon peuple sait que je suis là. Je suis maintenant Katonga le solitaire. Je sers de relais pour certains voyageurs qui ne veulent pas être trop reconnus. Le passeur me connaît, comme les bandits. Ils me respectent. Je sais toujours à temps quand viennent les soldats, alors nous faisons du troc, des nouvelles contre ce qui me manque.
- Tu savais que nous venions ?
- Oui, Renatka, fils de Sounataka. Je sais même ton nom. Michatagoulfa, fils de Santagaltopa, petit fils de Masantafiga, arrière petit fils de Fagantasoulba dit le grand me l’a fait dire. Reposons-nous maintenant. Demain sera un autre jour.
Katonga leur fit visiter sa bâtisse. Il leur montra les paillasses où ils pourraient dormir et lui-même alla s’allonger dans une alcôve à côté de la porte. Un feu de braises réchauffait l’atmosphère. Tous trois s’allongèrent et bientôt les respirations devinrent calmes et profondes. Si Renatka respirait calmement, il ne dormait pas. Trop de choses s’étaient passées cette nuit. Bien sûr l’histoire de Kontaga se tenait, mais il avait un doute. Cantasha se tournait et se retournait dans son sommeil. Renatka avait l’ouie en éveil. Le temps passait, rien ne se produisait. La torpeur l’envahit doucement. Il se réveilla brusquement. Ses sens étaient en alerte. Quelque chose l’avait réveillé. A côté de lui la respiration maintenant calme de Cantasha le rassura. Mais… il n’entendait plus celle de Katonga. Silencieusement, il se leva. Le feu n’émettait que quelques faibles lueurs, pas assez pour se repérer dans la nuit noire de la maison. Il pensa que ce serait bien de pouvoir faire de la lumière. La chaleur monta en lui. Il eut l’intuition de regarder le feu. Celui-ci se ralluma sous ses yeux. De courtes flammes s’élevaient maintenant du foyer. Il vit distinctement les obstacles devant lui. Il y en avait beaucoup plus que lors de leur arrivée. Il pensa que Kontaga avait mis exprès tout cela pour être prévenu s’il se levait. Arrivé à la porte, il vit qu’elle était entrouverte. Se glissant par l’entrebâillement, il inspecta les alentours.
- Ici, nous ne risquons rien.
- Comment peux-tu être aussi affirmatif ?
- Parce que je suis chez moi, que je connais les bandits.
- Tu connais les bandits !
- Oui, c’est une bande de rançonneurs plutôt sympathiques. Le passeur les renseigne sur ceux qui passent. Ils ne les tuent pas, cela ferait venir l’armée. Ils ne les dépouillent même pas complètement. Non, ils leur font payer un droit de passage. Vous verrez, demain sur la route, il n’y aura plus personne. Les marchands seront repartis et les bandits auront rejoint leur refuge.
- Qui es-tu ? Tu n’es pas un petit.
- Non, tu as raison, diseuse. J’ai été adopté par le peuple des petits. Je suis un handicapé. Je n’ai pas d’ascendance. Ils m’ont trouvé sur la route et m’ont gardé. Mon nom est trop court. Je suis Katonga, celui qui n’a pas de famille. Je suis resté de longues années avec mon peuple adoptif dans une des cités d’Ashra. Mais ne pas avoir de nom digne était trop difficile à porter. Celui qui n’a pas de parent est toujours à part. Un jour en changeant de cité, j’ai découvert cette clairière. Je m’y suis réfugié. Une cabane, de l’eau, une route pour mendier pas loin, rien ne me manque. Mon peuple sait que je suis là. Je suis maintenant Katonga le solitaire. Je sers de relais pour certains voyageurs qui ne veulent pas être trop reconnus. Le passeur me connaît, comme les bandits. Ils me respectent. Je sais toujours à temps quand viennent les soldats, alors nous faisons du troc, des nouvelles contre ce qui me manque.
- Tu savais que nous venions ?
- Oui, Renatka, fils de Sounataka. Je sais même ton nom. Michatagoulfa, fils de Santagaltopa, petit fils de Masantafiga, arrière petit fils de Fagantasoulba dit le grand me l’a fait dire. Reposons-nous maintenant. Demain sera un autre jour.
Katonga leur fit visiter sa bâtisse. Il leur montra les paillasses où ils pourraient dormir et lui-même alla s’allonger dans une alcôve à côté de la porte. Un feu de braises réchauffait l’atmosphère. Tous trois s’allongèrent et bientôt les respirations devinrent calmes et profondes. Si Renatka respirait calmement, il ne dormait pas. Trop de choses s’étaient passées cette nuit. Bien sûr l’histoire de Kontaga se tenait, mais il avait un doute. Cantasha se tournait et se retournait dans son sommeil. Renatka avait l’ouie en éveil. Le temps passait, rien ne se produisait. La torpeur l’envahit doucement. Il se réveilla brusquement. Ses sens étaient en alerte. Quelque chose l’avait réveillé. A côté de lui la respiration maintenant calme de Cantasha le rassura. Mais… il n’entendait plus celle de Katonga. Silencieusement, il se leva. Le feu n’émettait que quelques faibles lueurs, pas assez pour se repérer dans la nuit noire de la maison. Il pensa que ce serait bien de pouvoir faire de la lumière. La chaleur monta en lui. Il eut l’intuition de regarder le feu. Celui-ci se ralluma sous ses yeux. De courtes flammes s’élevaient maintenant du foyer. Il vit distinctement les obstacles devant lui. Il y en avait beaucoup plus que lors de leur arrivée. Il pensa que Kontaga avait mis exprès tout cela pour être prévenu s’il se levait. Arrivé à la porte, il vit qu’elle était entrouverte. Se glissant par l’entrebâillement, il inspecta les alentours.
Du bruit se faisait entendre sur sa droite, derrière la maison. Précautionneusement, il fit le tour. Kontaga s’entretenait avec des hommes. La nuit sombre ne facilitait pas la tâche. Un des hommes avait une lanterne mais elle n’éclairait pas leur visage. Il tendit l’oreille mais ne put comprendre que des bribes de phrases. Kontaga parlait :
- …bien sûr que c’est lui….diseuse qui l’accompagne…ne sait pas encore…
Une voix grave lui répondit :
- …besoin de sa puissance… … flamme nue sera le signe… … plus loin sur la route…
Kontaga reprit.
- Je verrais ce … … vers Simantaba… …orcier noir sera là…
- … fais confiance, ils te croiront. … hache qu’il a laissée…
Le vent se mit à souffler l’empêchant d’entendre autre chose. Quand il vit que la rencontre semblait sur le point de se terminer, il rentra. Le feu éclairait encore la pièce. Il se glissa jusqu’à sa couche. Il avait à peine posé sa tête que les flammes moururent. La nuit reprit possession de la bâtisse. Il écouta la porte jouer doucement sur ses gonds. Kontaga entra aussi silencieusement que possible. Renatka l’entendit poser un objet lourd par terre. Au bruit, il évoqua sa hache. Il entendit Kontaga se glisser dans son alcôve. Quelques temps plus tard, le sommeil le prit. Quand il se réveilla, Renatka ne vit ni Cantasha, ni Kontaga. Il courut jusqu’au dehors. Il les trouva attablés, parlant tranquillement.
- …bien sûr que c’est lui….diseuse qui l’accompagne…ne sait pas encore…
Une voix grave lui répondit :
- …besoin de sa puissance… … flamme nue sera le signe… … plus loin sur la route…
Kontaga reprit.
- Je verrais ce … … vers Simantaba… …orcier noir sera là…
- … fais confiance, ils te croiront. … hache qu’il a laissée…
Le vent se mit à souffler l’empêchant d’entendre autre chose. Quand il vit que la rencontre semblait sur le point de se terminer, il rentra. Le feu éclairait encore la pièce. Il se glissa jusqu’à sa couche. Il avait à peine posé sa tête que les flammes moururent. La nuit reprit possession de la bâtisse. Il écouta la porte jouer doucement sur ses gonds. Kontaga entra aussi silencieusement que possible. Renatka l’entendit poser un objet lourd par terre. Au bruit, il évoqua sa hache. Il entendit Kontaga se glisser dans son alcôve. Quelques temps plus tard, le sommeil le prit. Quand il se réveilla, Renatka ne vit ni Cantasha, ni Kontaga. Il courut jusqu’au dehors. Il les trouva attablés, parlant tranquillement.
Cantasha lui fit le résumé de leur conversation, de la venue des messagers de la capitale, de l’arrivée de sa hache pour la suite. Elle semblait enthousiaste, Renatka pas du tout. Quand elle lui annonça que Kontaga allait les accompagner, il fut carrément de mauvaise humeur, ce qu’elle ne comprit pas. Ils ne partirent que le lendemain. Kontaga avait demandé un jour pour préparer son voyage. Pour Renatka, cela n’allait pas. Qu’est-ce que ce personnage venait faire entre eux, dans leur histoire ? Il restait de mauvaise humeur.
Profitant de ce jour de repos forcé, il était parti se promener dans la forêt qui s’étendait derrière la maison. En faisant cela, il s’éloignait de la route et du fleuve. Après plusieurs heures de marche, il arriva à un endroit découvert. Il était sur le plateau surplombant la rivière en contrebas. Celui-ci finissait par une falaise tombant à pic sur des gorges bouillonnantes. Une tour en ruines se dressait là. Il s’approcha. Cela devait être une ancienne tour de guet. La vue s’étendait au loin. Il resta un moment à la contempler. Se retournant, il regarda la tour et par curiosité voulut entrer dans les ruines. Avec la hache qu’il avait récupérée, il se fraya un chemin. Il sentait la chaleur de son corps augmenter avec l’effort pour s’ouvrir un passage. Arrivé devant ce qui était la porte, il eut une impression bizarre, quelque chose d’indéfinissable. Malgré ce mal aise, il pénétra dans la vieille enceinte. Ce fut comme s’il avait changé de monde. La tour semblait neuve et grouillait de personnages, il y avait des soldats et des prêtres. Ceux-ci faisaient un sacrifice humain. Renatka recula vivement. La nature était redevenue normale. Il refit ce pas en avant, repassant le seuil de la tour. Une autre scène était sous ses yeux. Il y avait encore des soldats, mais ils ne faisaient que monter la garde. Au centre deux prêtres discutaient, l’un était assis, l’autre debout.
- Et tu dis que l’ennemi avance.
- Oui, maître. Leurs armées surpassent les nôtres. De plus les éléments semblent avec eux. Même le feu semble leur obéir.
- Ne blasphème pas. Notre Dieu commande au feu. Notre manque de foi est la cause de notre défaite. Peut-être que si je t’offrais en sacrifice, Le dieu du feu serait content comme au temps de Noirsan. Renatka recula encore et refit un pas en avant. De nouveau le décor avait changé. La pièce était toujours la même mais les personnages différents. Une femme pas très grande se tenait assise et mangeait. Ses serviteurs l’entouraient.
- Tout a été fait selon tes ordres, CalEnBlu. Les êtres noirs ne pourront nous échapper.
- C’est bien. Que les armées se tiennent prêtes. Demain je gravirai le mont qui domine la plaine et je dirai les runes. Nous les repousserons à la mer. Après nous pourrons chanter nos morts et fêter la victoire.
Renatka fit l’expérience plusieurs fois. A chaque fois, une nouvelle scène se jouait sous ses yeux. Puis la tour tombait en ruine. Elle ressemblait à ce qu’il avait vu en arrivant de l’extérieur. Il fit un dernier essai. Un grand être encapuchonné se tenait au centre des ruines, hâtivement recouvertes contre la pluie. Il était penché sur une grande coupe posée sur un trépied en métal noir ouvragé. Des fumées s’en élevaient. L’être poussa un cri.
Une autre silhouette encapuchonnée apparut.
- Que se passe-t-il, Maître ?
- Le feu, l’être de feu se réveille !
Renatka se recula. La vision disparut. Il avança à nouveau. Des flammes ravageaient les ruines. Il fit un pas en arrière. Le présent reprit sa place. Des oiseaux chantaient devant la timide apparition du soleil. Renatka retourna vers la cabane, la tête remplie de questions.
Profitant de ce jour de repos forcé, il était parti se promener dans la forêt qui s’étendait derrière la maison. En faisant cela, il s’éloignait de la route et du fleuve. Après plusieurs heures de marche, il arriva à un endroit découvert. Il était sur le plateau surplombant la rivière en contrebas. Celui-ci finissait par une falaise tombant à pic sur des gorges bouillonnantes. Une tour en ruines se dressait là. Il s’approcha. Cela devait être une ancienne tour de guet. La vue s’étendait au loin. Il resta un moment à la contempler. Se retournant, il regarda la tour et par curiosité voulut entrer dans les ruines. Avec la hache qu’il avait récupérée, il se fraya un chemin. Il sentait la chaleur de son corps augmenter avec l’effort pour s’ouvrir un passage. Arrivé devant ce qui était la porte, il eut une impression bizarre, quelque chose d’indéfinissable. Malgré ce mal aise, il pénétra dans la vieille enceinte. Ce fut comme s’il avait changé de monde. La tour semblait neuve et grouillait de personnages, il y avait des soldats et des prêtres. Ceux-ci faisaient un sacrifice humain. Renatka recula vivement. La nature était redevenue normale. Il refit ce pas en avant, repassant le seuil de la tour. Une autre scène était sous ses yeux. Il y avait encore des soldats, mais ils ne faisaient que monter la garde. Au centre deux prêtres discutaient, l’un était assis, l’autre debout.
- Et tu dis que l’ennemi avance.
- Oui, maître. Leurs armées surpassent les nôtres. De plus les éléments semblent avec eux. Même le feu semble leur obéir.
- Ne blasphème pas. Notre Dieu commande au feu. Notre manque de foi est la cause de notre défaite. Peut-être que si je t’offrais en sacrifice, Le dieu du feu serait content comme au temps de Noirsan. Renatka recula encore et refit un pas en avant. De nouveau le décor avait changé. La pièce était toujours la même mais les personnages différents. Une femme pas très grande se tenait assise et mangeait. Ses serviteurs l’entouraient.
- Tout a été fait selon tes ordres, CalEnBlu. Les êtres noirs ne pourront nous échapper.
- C’est bien. Que les armées se tiennent prêtes. Demain je gravirai le mont qui domine la plaine et je dirai les runes. Nous les repousserons à la mer. Après nous pourrons chanter nos morts et fêter la victoire.
Renatka fit l’expérience plusieurs fois. A chaque fois, une nouvelle scène se jouait sous ses yeux. Puis la tour tombait en ruine. Elle ressemblait à ce qu’il avait vu en arrivant de l’extérieur. Il fit un dernier essai. Un grand être encapuchonné se tenait au centre des ruines, hâtivement recouvertes contre la pluie. Il était penché sur une grande coupe posée sur un trépied en métal noir ouvragé. Des fumées s’en élevaient. L’être poussa un cri.
Une autre silhouette encapuchonnée apparut.
- Que se passe-t-il, Maître ?
- Le feu, l’être de feu se réveille !
Renatka se recula. La vision disparut. Il avança à nouveau. Des flammes ravageaient les ruines. Il fit un pas en arrière. Le présent reprit sa place. Des oiseaux chantaient devant la timide apparition du soleil. Renatka retourna vers la cabane, la tête remplie de questions.
Ils prirent la route tous les trois au petit jour. Kontaga qui l'avait déjà parcourue ouvrait le chemin. Cantasha marchait près de lui et Renatka fermait la marche. Le temps était incertain, des nuages lourds passaient sans pleuvoir. Kontaga commentait le chemin. Il y aurait encore deux rivières à passer puis la longue plaine avant Simantaba qui faisait le tour du volcan éteint. Il leur faudrait probablement quinze ou vingt jours de marche. Il se révéla être un compagnon de route agréable dont le babil permettait au temps de passer sans s'en apercevoir. Le premier jour se passa ainsi, le deuxième pareil, puis le troisième. Renatka se dit que s’il devait supporter cela pendant encore des jours et des jours, il ne le pourrait pas. Il ne comprenait pas comment Cantasha pouvait trouver encore de quoi faire la conversation avec Kontaga. La route lui devint un supplice. Il ne pouvait s’avouer que le pire était qu’il se sentait délaissé.
Au palais, le conseiller Sinta avait grande réputation. Le roi l’écoutait. Son caractère n’était pas bon mais comme son influence grandissait depuis la mort de Entablu, nombreux étaient ceux qui désiraient entrer dans ses bonnes grâces. Secrètement, il rêvait du pouvoir. Son intelligence et sa connaissance des problèmes du royaume lui faisaient attendre une occasion propice pour s’emparer du pouvoir. Depuis que Entablu n’était plus, le sorcier noir lui avait envoyé des émissaires. Bien sûr, ils ne s’étaient pas présentés comme cela mais c’était bien leur pire ennemi qui avait essayé de l’acheter. Ils lui avaient fait miroiter le pouvoir sur le royaume d’Ashra si les guerriers noirs pouvaient attendre Simantaba. Pour montrer la bonne volonté de leur maître, il lui avait offert un vase contenant un puissant esprit qui allait lui être tout dévoué. Il pouvait le contrôler par son nom. Il suffisait que chaque phrase s’adressant à l’esprit commence par son nom : Darquiflou. Bien sûr, il ne fallait pas oublier ce détail car sinon l’esprit pouvait devenir dangereux. Mais n’était ce pas là le reflet du pouvoir, plus on en a, plus cela devient dangereux. Sinta avait été heureux de ce cadeau et avait promis de réfléchir à la proposition. Un esprit à ses ordres, voilà une chance de concrétiser ses désirs de pouvoir. Il ne doutait pas qu’il arriverait et à prendre la place du roi et à contrôler le sorcier noir en retournant l’arme contre lui. Sinta avait beaucoup écouté Entablu et beaucoup étudié. Il connaissait aussi certaines runes. Avant que d’ouvrir l’urne à l’esprit, il dessina sur le couvercle et sur la terre cuite le symbole runique de l’unité. Il avait sur lui une breloque qui pouvait s’ouvrir. Les amoureux y conservaient l’image de leur chéri. Lui avait dessiné le même symbole et un autre. En ouvrant la breloque, il savait qu’il libèrerait la force de la rune et que rien ni personne ne pourrait empêcher l’urne de se refermer sur son contenu : l’esprit envoyé par le sorcier noir. Où que soit l’esprit, quoi qu’il fasse, il serait obligé de rentrer dans l’urne et de laisser le couvercle se refermer.
Au palais, le conseiller Sinta avait grande réputation. Le roi l’écoutait. Son caractère n’était pas bon mais comme son influence grandissait depuis la mort de Entablu, nombreux étaient ceux qui désiraient entrer dans ses bonnes grâces. Secrètement, il rêvait du pouvoir. Son intelligence et sa connaissance des problèmes du royaume lui faisaient attendre une occasion propice pour s’emparer du pouvoir. Depuis que Entablu n’était plus, le sorcier noir lui avait envoyé des émissaires. Bien sûr, ils ne s’étaient pas présentés comme cela mais c’était bien leur pire ennemi qui avait essayé de l’acheter. Ils lui avaient fait miroiter le pouvoir sur le royaume d’Ashra si les guerriers noirs pouvaient attendre Simantaba. Pour montrer la bonne volonté de leur maître, il lui avait offert un vase contenant un puissant esprit qui allait lui être tout dévoué. Il pouvait le contrôler par son nom. Il suffisait que chaque phrase s’adressant à l’esprit commence par son nom : Darquiflou. Bien sûr, il ne fallait pas oublier ce détail car sinon l’esprit pouvait devenir dangereux. Mais n’était ce pas là le reflet du pouvoir, plus on en a, plus cela devient dangereux. Sinta avait été heureux de ce cadeau et avait promis de réfléchir à la proposition. Un esprit à ses ordres, voilà une chance de concrétiser ses désirs de pouvoir. Il ne doutait pas qu’il arriverait et à prendre la place du roi et à contrôler le sorcier noir en retournant l’arme contre lui. Sinta avait beaucoup écouté Entablu et beaucoup étudié. Il connaissait aussi certaines runes. Avant que d’ouvrir l’urne à l’esprit, il dessina sur le couvercle et sur la terre cuite le symbole runique de l’unité. Il avait sur lui une breloque qui pouvait s’ouvrir. Les amoureux y conservaient l’image de leur chéri. Lui avait dessiné le même symbole et un autre. En ouvrant la breloque, il savait qu’il libèrerait la force de la rune et que rien ni personne ne pourrait empêcher l’urne de se refermer sur son contenu : l’esprit envoyé par le sorcier noir. Où que soit l’esprit, quoi qu’il fasse, il serait obligé de rentrer dans l’urne et de laisser le couvercle se refermer.
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