Renatka était partagé à son retour. Raïvt se posait vraiment en vrai prince du royaume. Il avait protégé le pays mais avait refusé que ses parents reviennent. Il avait fait preuve d’une telle autorité que l’enchanteresse n’avait pas osé passer outre. Elle avait donc fait un rapport très rassurant. La magie de Raiwe opérait. Raïvt en était le maître. Les sentinelles faisaient leur rapport tous les jours. Une main sur le poteau, elles racontaient en langage ancien ce qu’elles voyaient. Raïvt, de la grande salle, entendait et voyait par leurs yeux. Les nomades n’avaient plus attaqué. Se retrouver face à la magie les avait terrorisés. Ils avaient dirigé leurs raids vers autre part. A Mipti, qui demandait des explications sur ce qui se passait, Raïvt tenta de lui expliquer la magie de Raiwe. A celui qui voulait pénétrer dans le royaume sans être en paix, la magie opposait son double le plus noir. Cela revenait à se battre contre son pire ennemi, soi. Renatka reconnaissait cette nouvelle autorité de son fils. C'était une bonne chose, mais lui se trouvait un peu en décalage. Il était le roi mais le cœur du peuple battait pour son prince. Cantasha avait une place à part. Elle était celle dont la voix avait délivré le pays et elle était la maîtresse enchanteresse. Il sentait en lui poindre de la jalousie, ainsi qu’une certaine nostalgie. Il y a bien longtemps, il avait été bûcheron, simple bûcheron, sans toutes les complications qu’il vivait aujourd’hui. Il savait bien que sans les cantileuses et sans la flamme qu’il portait, il serait mort depuis longtemps. Depuis tant d’années qu’il portait le poids de la responsabilité de sa mission, il avait réussi à rester sur une ligne juste sans abuser d’elle. Il avait eu beaucoup d’honneurs et de gloire, mais le plus important pour lui restait sa relation à Cantasha. Elle aussi était perturbée par ce qui venait de se passer. Son petit venait de donner la preuve qu’il n’était plus un enfant. Elle allait pouvoir lui laisser plus de place dans la gouvernance du royaume pour se consacrer plus aux cantileuses. La nostalgie l’envahit aussi. Elle se remémora tous les évènements depuis toutes ces saisons, depuis la fondation. Il faudrait qu’elle fasse un peu le point. Voilà bien longtemps qu’elle dirigeait les cantileuses. Peut-être fallait-il qu’elle laisse sa place ? Elle eut envie de revoir la maison des accueillis. Quand elle s’en ouvrit à Renatka, celui-ci lui répondit que justement, il voulait lui demander si un voyage pour faire le point la tentait. Ils éclatèrent d’un même rire.
Ils étaient partis quelques saisons plus tard, le temps de préparer les enfants et les autres à leur absence. Mipti était devenue malgré son jeune âge la maîtresse cantileuse la plus prometteuse de sa génération. Elle revendiquait maintenant son nom runique de Sintancasha. Sa voix, sa souplesse de corps lui permettaient de cantiler les runes les plus sophistiquées. Le plus étonnant pour les autres était sa capacité à trouver des liens entres différents niveaux runiques qu’elle n’était pas sensée connaître à ce niveau d’enseignement. Les autres cantileuses pensaient qu’elle bénéficiait de révélations de sa mère ou pour les enchanteresses de l’Être double. Quand Cantasha lui avait demandé si elle avait des visions, Sintancasha n’avait pas compris. Pour elle le monde des runes était aussi naturel que le monde des humains. Elle se déplaçait dans l’un ou l’autre de la même manière. Si elle manquait d’expérience pour ce qui était du monde des hommes, son avis concernant les runes commençait à faire autorité. Même Cantasha en tenait compte. Quant à son frère, les choses étaient devenues simples, il gouvernait le pays. Un beau jour de printemps, Cantasha et Renatka avaient repris à l’envers le chemin qui les avait amenés ici. Ils avaient marché jusqu’à la maison des accueillis. Sifréma les avait reçus assise, ses forces la quittant doucement. Elle leur confirma que le pays devenait plus dur, plus sombre. Ils étaient restés avec elle jusqu’à son dernier souffle. Les cantileuses de la montagne noire, comme elles commençaient à s’appeler, demandèrent à la maîtresse enchanteresse ce qu’elles devaient faire maintenant. Cantasha leur fit cadeau de l’autonomie. Il y aurait échange entre les deux fondations des diseuses de runes mais chacune suivrait sa voie. Une fois les cérémonies d’enterrement de Sifréma terminée, Cantasha aida les cantileuses de la montagne noire à désigner une nouvelle dirigeante qui prit le nom de Gardienne. Puis ils reprirent la route. Ils firent un détour pour rencontrer le peuple de la terre. Ragdra était devenu le personnage le plus important après le roi des guerriers. Son clan tenait les rennes du pouvoir et discutait d’égal à égal avec les forgerons. Le royaume était prospère. Tinchentaka avait été rassasiée de menturu. La paix régnait dans le pays souterrain. Les fêtes à l’occasion de leur visite furent grandioses. Quand ils se séparèrent, ils pleurèrent. Ragdra leur souhaita toutes les bénédictions qu’il connaissait. Il resta longtemps à la porte du monde souterrain jusqu’à ce que Cantasha et Renatka aient disparu à l’horizon.
Quand ils atteignirent le pays dAshra, personne ne les reconnut. Les tatoués n’étaient pas bien vus. On les évita. Le royaume s’était reconstruit. Ils ne reconnurent rien de la ville. Ils allaient repartir quand une voix les arrêta.
- Ne serais-tu pas Cantasha, fille de Sintacasha et d’Entablu, descendante de la grande Calentblu ?
- Si fait ! répondit Cantasha.
- Et toi ne serais-tu pas le vaillant Renatka, porteur de flamme, fils de Sounataka, petit-fils de celui dont le nom fut oublié ?
- Si je le suis. Et quoi qui es-tu ?
- Je suis Tsangapa, fils de Michatagoulfa, petit fils de Santagaltopa, arrière-petit-fils de Masantafiga. J’ai pour mission de vous conduire à mon père.
Cantasha et Renatka se regardèrent. S’il n'avait pas parlé, Tsangapa leur serait resté invisible. De nouveau tout un peuple leur fit fête. Ils étaient venus à la nouvelle Ashra spécialement parce que les guetteurs avaient signalé leur arrivée. Le peuple des petits avait maintenant sa terre un peu plus loin près de la mer. Les gendailleurs et le sorcier noir avaient vidé le pays avant d’être vaincus. La terre avait besoin de bras. Ils s’y étaient installés, mais avaient gardé leur coutumes de discrétion, qui leurs servaient encore bien quand ils sortaient de leur royaume. Là aussi le séjour, s’il fut agréable, fut empreint de nostalgie. Le « ptit Mich » avait atteint le grand âge de son peuple. S’il vivait encore, il ne se déplaçait plus qu’avec difficulté. Encore quelques saisons et ils rejoindrait ses ancêtres. La fête serait encore plus belle, mais lui n’en profiterait pas. Leur départ fut aussi sujet de larmes. Cantasha et Renatka ne purent reprendre la route qu’après avoir écouté toute la chanson de geste que le peuple des petits leur avait consacrée.
- Ne serais-tu pas Cantasha, fille de Sintacasha et d’Entablu, descendante de la grande Calentblu ?
- Si fait ! répondit Cantasha.
- Et toi ne serais-tu pas le vaillant Renatka, porteur de flamme, fils de Sounataka, petit-fils de celui dont le nom fut oublié ?
- Si je le suis. Et quoi qui es-tu ?
- Je suis Tsangapa, fils de Michatagoulfa, petit fils de Santagaltopa, arrière-petit-fils de Masantafiga. J’ai pour mission de vous conduire à mon père.
Cantasha et Renatka se regardèrent. S’il n'avait pas parlé, Tsangapa leur serait resté invisible. De nouveau tout un peuple leur fit fête. Ils étaient venus à la nouvelle Ashra spécialement parce que les guetteurs avaient signalé leur arrivée. Le peuple des petits avait maintenant sa terre un peu plus loin près de la mer. Les gendailleurs et le sorcier noir avaient vidé le pays avant d’être vaincus. La terre avait besoin de bras. Ils s’y étaient installés, mais avaient gardé leur coutumes de discrétion, qui leurs servaient encore bien quand ils sortaient de leur royaume. Là aussi le séjour, s’il fut agréable, fut empreint de nostalgie. Le « ptit Mich » avait atteint le grand âge de son peuple. S’il vivait encore, il ne se déplaçait plus qu’avec difficulté. Encore quelques saisons et ils rejoindrait ses ancêtres. La fête serait encore plus belle, mais lui n’en profiterait pas. Leur départ fut aussi sujet de larmes. Cantasha et Renatka ne purent reprendre la route qu’après avoir écouté toute la chanson de geste que le peuple des petits leur avait consacrée.
Elle les accompagna longtemps après leur départ. L’automne était bien entamé quand ils arrivèrent à la frontière du pays de Corc. Leur intuition les avait guidés jusque-là. Avant d’y pénétrer, ils se posèrent la question. Qu’est-ce que leur réservait le pays de Corc ?
Depuis quelques jours, ils marchaient dans cette forêt étrange du monde de Corc. De nouveau l’étrangeté du lieu les saisit. Les repères qu’ils prenaient bougeaient tout seuls. Parfois Renatka s’élevait dans le ciel pour faire le point. Il voulait s’approcher des premiers contreforts des montagnes, mais chaque fois, ils allaient ailleurs. Ils prirent la décision de ne plus lutter contre celui qui les dirigeait. Leur progression devint plus facile. Ils trouvaient des traces d’animaux où il était plus facile de marcher. Les arbres portaient du fruit. Renatka connaissait certaines espèces et les savait consommables. Un vent plus frais les attendait sur le bord d’une rivière à l’eau sautillante et froide. En face d’eux, un mur de verdure bloquait le passage. Des pierres dans l’eau permettaient de rejoindre un banc de sable un peu plus en amont. Ils avancèrent dans le lit ou juste à son bord jusqu’à la tombée de la nuit. Dans l’ombre du soir, ils trouvèrent une excavation qui leur procurerait une protection pour la nuit. La nuit était bien avancée quand un chuchotement les réveilla. Ils prêtèrent l’oreille. Le bruit semblait venir de la paroi de pierre. Renatka s’en approcha. Il tâta le mur et trouva une faille. Il revint chercher Cantasha. Lentement ils progressèrent dans ce couloir. Les paroles devenaient plus audibles.
Ils débouchèrent dans une grotte vaste et éclairée. Au fond, sur un trône d’or de forme ovale, un homme tête basse parlait tout seul.
- Allons, allons, il ne va pas pleurer d’être tout seul. Il est comme un dieu. Le monde lui appartient et rien ni personne ne peut s’opposer à lui. Qu’est-ce que c’est ?
- Ce n’est que moi Maître et Seigneur !
Un petit être sembla se matérialiser dans la lumière des feux qui brillaient. Derrière lui un grand guerrier à l’armure noire couverte de signes que Renatka identifia immédiatement pour des glyphes, suivit, visiblement mal à l'aise.
- J’arrive avec votre chef des armées, Maître et Seigneur !
- Me ramène-t-il de l’or ? Où alors des pierres précieuses ?
- Oui Maître et Seigneur, il ramène des richesses !
- Où sont-elles ? Je ne les vois pas ! Parle soldat !
Ils débouchèrent dans une grotte vaste et éclairée. Au fond, sur un trône d’or de forme ovale, un homme tête basse parlait tout seul.
- Allons, allons, il ne va pas pleurer d’être tout seul. Il est comme un dieu. Le monde lui appartient et rien ni personne ne peut s’opposer à lui. Qu’est-ce que c’est ?
- Ce n’est que moi Maître et Seigneur !
Un petit être sembla se matérialiser dans la lumière des feux qui brillaient. Derrière lui un grand guerrier à l’armure noire couverte de signes que Renatka identifia immédiatement pour des glyphes, suivit, visiblement mal à l'aise.
- J’arrive avec votre chef des armées, Maître et Seigneur !
- Me ramène-t-il de l’or ? Où alors des pierres précieuses ?
- Oui Maître et Seigneur, il ramène des richesses !
- Où sont-elles ? Je ne les vois pas ! Parle soldat !
- Maître et Seigneur, nos armées ont vaincu.
- Bien sûr qu’elles ont vaincu ! Montre-moi les richesses !
- Voilà, Maître et Seigneur, des cœurs frais de dragons.
- Imbécile ! Qu’est-ce que tu veux que j’en fasse, je suis déjà immortel ! Maudit sois-tu !
La silhouette sur le trône fit un geste. Un jet d’eau d’une puissance phénoménale jaillit de sa main et plaqua le soldat sur la paroi. Un autre geste et ce furent des pieux de pierre qui le clouèrent. Le guerrier hurla de douleur. Puis ce furent des flammes qui vinrent lécher l’armure la portant au rouge. Les hurlements de douleurs ne cessèrent qu’avec la mort.
Cantasha s’était détournée et avait bouché ses oreilles. Tout s’était passé si vite qu’elle n’avait pas eu le temps d’esquiver un geste. Renatka était resté debout comme tétanisé.
- Bien sûr qu’elles ont vaincu ! Montre-moi les richesses !
- Voilà, Maître et Seigneur, des cœurs frais de dragons.
- Imbécile ! Qu’est-ce que tu veux que j’en fasse, je suis déjà immortel ! Maudit sois-tu !
La silhouette sur le trône fit un geste. Un jet d’eau d’une puissance phénoménale jaillit de sa main et plaqua le soldat sur la paroi. Un autre geste et ce furent des pieux de pierre qui le clouèrent. Le guerrier hurla de douleur. Puis ce furent des flammes qui vinrent lécher l’armure la portant au rouge. Les hurlements de douleurs ne cessèrent qu’avec la mort.
Cantasha s’était détournée et avait bouché ses oreilles. Tout s’était passé si vite qu’elle n’avait pas eu le temps d’esquiver un geste. Renatka était resté debout comme tétanisé.
La vision s’effaça avec le lever du soleil. Ensemble, ils s’interrogèrent beaucoup sur ce qu’ils avaient vu. Qui était cet être sanguinaire au visage buriné, creusé de profondes rides de couleurs sombres ? Le monde de Corc leur avait donné à voir quelque chose du temps. Mais de quel temps ? Passé ou à venir ? Dehors les oiseaux chantaient. Ils reprirent leur route sans pouvoir se départir du malaise qui les habitait. Renatka s’était trouvé des ressemblances avec ce qu’il avait vu, lui aussi utilisait des glyphes et lui aussi avait le visage couvert de tracés qui commençaient à se creuser. Cantasha avait été horrifié de la cruauté, et en gardait la blessure. La forêt se paraît de roux, au fur et à mesure qu’ils montaient. Ils suivaient toujours la rivière qui se rétrécissait et devenait presque un torrent bondissant et chantant. Ils entendirent la cascade avant de la voir. Ils débouchèrent sur une clairière au pied d’une falaise. Le soleil éclairait l’eau qui tombait. Bien que la journée ne soit pas très avancée, ils décidèrent de s’arrêter là. L’idée d’une baignade leur avait traversé l’esprit. C’est alors qu’ils s’approchaient qu’ils le virent. Un homme jeune, assis un peu en retrait, taillait une branche avec son couteau. Brun de poil, il portait une chemise ouverte qui laissait voir sur son cou une fine cicatrice, trait plus pâle sur le hâle de sa peau.
- Bonjour à toi, Maîtresse Enchanteresse. Sois la bienvenue en mon royaume.
- Bonjour à toi, Maître de Corc.
- Je te salue aussi, Porteur de flamme. Ton retour dans mon pays me met en joie. Te voilà bien décoré à présent. Tous ces glyphes te vont à merveille. Enfin peut-être !
- Explique-toi, homme de Corc.
- Quand nous nous sommes rencontrés, je cherchais ce qui me manquait. Tu ne me l’as pas donné mais tu as allumé en moi une flamme que je n’attendais pas. J’ai eu ce que je désirais plus tard en combattant le démon du sorcier noir. Si je suis aujourd’hui devant vous avec ce corps, c’est aussi à vous que je le dois, à votre venue. Par contre ton cadeau a fait des ravages en moi. Nul endroit sombre n’y a résisté. Alors j’ai décidé de te rendre la politesse. As-tu aimé le spectacle hier soir ?
- C’est toi qui…
Renatka s’arrêta net quand le roi de Corc disparut. Il regarda autour de lui mais ne vit aucune trace du personnage.
- Où est-il ?
- Il est parti. Je ne sens plus sa présence. Reposons-nous ! Je crois que demain d’autres surprises nous attendent.
- Bonjour à toi, Maîtresse Enchanteresse. Sois la bienvenue en mon royaume.
- Bonjour à toi, Maître de Corc.
- Je te salue aussi, Porteur de flamme. Ton retour dans mon pays me met en joie. Te voilà bien décoré à présent. Tous ces glyphes te vont à merveille. Enfin peut-être !
- Explique-toi, homme de Corc.
- Quand nous nous sommes rencontrés, je cherchais ce qui me manquait. Tu ne me l’as pas donné mais tu as allumé en moi une flamme que je n’attendais pas. J’ai eu ce que je désirais plus tard en combattant le démon du sorcier noir. Si je suis aujourd’hui devant vous avec ce corps, c’est aussi à vous que je le dois, à votre venue. Par contre ton cadeau a fait des ravages en moi. Nul endroit sombre n’y a résisté. Alors j’ai décidé de te rendre la politesse. As-tu aimé le spectacle hier soir ?
- C’est toi qui…
Renatka s’arrêta net quand le roi de Corc disparut. Il regarda autour de lui mais ne vit aucune trace du personnage.
- Où est-il ?
- Il est parti. Je ne sens plus sa présence. Reposons-nous ! Je crois que demain d’autres surprises nous attendent.
Cette nuit là Renatka dormit mal. S’il fit des rêves, il n’en garda pas le souvenir. Le matin, au réveil, il était de mauvaise humeur. Cantasha prit la parole :
- Tu as peur ?
- Oui, je n’aime pas cette incertitude.
- Celui que nous avons rencontré n’est plus celui que nous avions vu la première fois. Il n’a plus en lui cette avidité.
- Par contre il continue de manipuler le temps et l’espace. Regarde !
Nous marchons depuis à peine une heure et nous avons déjà parcouru la distance d’une journée de marche. C’est lui qui mène la danse et je n’aime pas cela.
Ils continuèrent leur montée vers un col. Arrivés en haut, ils découvrirent une vaste plaine un peu en contrebas. Elle était noire de monde. Ils s’arrêtèrent pour observer. Il y avait à gauche une foule de cantileuses reconnaissables à leurs robes. A droite encore plus nombreux, des hommes au visage tatoué et aux habits divers.
- Qu’est-ce que c’est que cela ?
- Tu te poses la question, Porteur de flamme. La réponse est simple, voilà mon cadeau pour toi.
Renatka se retourna brusquement en entendant la voix. Un homme jeune, assis sur un rocher un peu en retrait taillait une branche avec son couteau.
- Que veux-tu dire, Homme de Corc ?
- Allez voir en bas, promenez-vous, interrogez mais surtout ne vous perdez pas !
Renatka n’eut pas le temps d’en demander plus avant la disparition de l’homme assis. Ils discutèrent un moment, mais ne trouvèrent pas d’autre solution que celle qu’il leur avait soufflée. Cantasha cantila une rune et la dessina sur ses paumes. Puis les pressa sur celles de Renatka. Le dessin s’imprégna dans sa peau.
- C'est une rune de reconnaissance. Nous seuls les portons et pour seulement une journée. Si tu presses tes deux mains, paume contre paume, tu sentiras où je suis. Pour moi, c’est pareil.
Renatka écouta à peine, intrigué par ce qu’il pressentait. Ils descendirent le chemin. Arrivés au dernier virage, ils firent une nouvelle halte pour observer. En chœur, ils poussèrent un cri. En dessous d’eux, c’étaient eux. Des eux multiples, mais eux. Chaque personnage s’agitait et bougeait comme s’il était seul. En regardant mieux, ils eurent l’impression qu’ils voyaient leurs différents avatars comme à travers une ouverture. Ils les voyaient mais ne voyaient pas ce qui les entourait. Pourtant cette Cantasha-là devant eux semblait s’adresser à quelqu’un. Comme elle criait, ils l’entendirent mais ne virent ni n’entendirent ceux à qui elle s’adressait. Cantasha et Renatka reprirent leur chemin. Ils s’étaient pris par la main et déambulaient entre les avatars d’eux-mêmes. Ils commencèrent par passer entre les images d’elle et de lui, puis ils s’enfoncèrent dans la foule des Cantasha.
- Regarde, celle-là est plus âgée !
- Celle-là aussi !
Ils se mirent à courir parmi les Cantasha. Les cheveux devenaient blancs, la silhouette plus voûtée. Au loin, ils en virent une allongée. Ils allèrent jusqu’à elle. Profondément ridé, mais serein, le visage de Cantasha restait reconnaissable. Immobile, respirant avec peine, celle qu’ils voyaient là était mourante. Il y eut un cri : « RENATKA », puis plus rien. Cantasha n’arrivait pas à détacher son regard de ce qu’elle voyait. Renatka la tira doucement en arrière. Elle résista un peu puis finit par se laisser entraîner. Renatka guida leurs pas vers ses avatars.
Quand ils pénétrèrent dans la foule des Renatka, leur première impression fut d’être noyés dans une masse de jumeaux tellement tous se ressemblaient. Ils se mirent à courir. Autour d’eux, une foule compacte de Renatka tous identiques, seuls les habits changeaient. Cantasha remarqua leur vieillissement, mais pas celui de l’homme dont elle tenait la main. Elle s’arrêta brusquement surprenant Renatka :
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Regarde, ce clone là.
- Qu’est-ce qu’il a ?
- Il est habillé de noir. Et tous les autres aussi.
- Viens !
Ils se remirent à courir. L’homme de Corc devait manipuler l’espace car ils se déplacèrent à la vitesse de l’oiseau qui vole. La journée n’était pas à son midi qu’ils commencèrent à voir un changement dans les silhouettes qu’ils entrapercevaient. Les glyphes devinrent comme des rides qui se creusèrent en devenant plus sombres. Continuant à la même vitesse, ils regardaient défiler les silhouettes devant eux sans que la fin de cette foule ne soit visible. Ce fut Renatka qui s’arrêta.
- Regarde, c’est horrible, on dirait celui que nous avons vu l’autre nuit.
Ils observèrent horrifiés le clone qui s’agitait :
- Me ramène-t-il de l’or ? Où alors des pierres précieuses ?...
- Où sont-elles ? Je ne les vois pas ! Parle soldat !...
- Bien sûr qu’elles ont vaincu ! Montre-moi les richesses !...
- Imbécile ! Qu’est-ce que tu veux que j’en fasse, je suis déjà immortel ! Maudit sois-tu !...
Ils virent l’eau jaillir des mains de ce Renatka puis les pieux de pierre, puis le feu.
Cantasha se tourna vers son Renatka, il pleurait.
- Tu as peur ?
- Oui, je n’aime pas cette incertitude.
- Celui que nous avons rencontré n’est plus celui que nous avions vu la première fois. Il n’a plus en lui cette avidité.
- Par contre il continue de manipuler le temps et l’espace. Regarde !
Nous marchons depuis à peine une heure et nous avons déjà parcouru la distance d’une journée de marche. C’est lui qui mène la danse et je n’aime pas cela.
Ils continuèrent leur montée vers un col. Arrivés en haut, ils découvrirent une vaste plaine un peu en contrebas. Elle était noire de monde. Ils s’arrêtèrent pour observer. Il y avait à gauche une foule de cantileuses reconnaissables à leurs robes. A droite encore plus nombreux, des hommes au visage tatoué et aux habits divers.
- Qu’est-ce que c’est que cela ?
- Tu te poses la question, Porteur de flamme. La réponse est simple, voilà mon cadeau pour toi.
Renatka se retourna brusquement en entendant la voix. Un homme jeune, assis sur un rocher un peu en retrait taillait une branche avec son couteau.
- Que veux-tu dire, Homme de Corc ?
- Allez voir en bas, promenez-vous, interrogez mais surtout ne vous perdez pas !
Renatka n’eut pas le temps d’en demander plus avant la disparition de l’homme assis. Ils discutèrent un moment, mais ne trouvèrent pas d’autre solution que celle qu’il leur avait soufflée. Cantasha cantila une rune et la dessina sur ses paumes. Puis les pressa sur celles de Renatka. Le dessin s’imprégna dans sa peau.
- C'est une rune de reconnaissance. Nous seuls les portons et pour seulement une journée. Si tu presses tes deux mains, paume contre paume, tu sentiras où je suis. Pour moi, c’est pareil.
Renatka écouta à peine, intrigué par ce qu’il pressentait. Ils descendirent le chemin. Arrivés au dernier virage, ils firent une nouvelle halte pour observer. En chœur, ils poussèrent un cri. En dessous d’eux, c’étaient eux. Des eux multiples, mais eux. Chaque personnage s’agitait et bougeait comme s’il était seul. En regardant mieux, ils eurent l’impression qu’ils voyaient leurs différents avatars comme à travers une ouverture. Ils les voyaient mais ne voyaient pas ce qui les entourait. Pourtant cette Cantasha-là devant eux semblait s’adresser à quelqu’un. Comme elle criait, ils l’entendirent mais ne virent ni n’entendirent ceux à qui elle s’adressait. Cantasha et Renatka reprirent leur chemin. Ils s’étaient pris par la main et déambulaient entre les avatars d’eux-mêmes. Ils commencèrent par passer entre les images d’elle et de lui, puis ils s’enfoncèrent dans la foule des Cantasha.
- Regarde, celle-là est plus âgée !
- Celle-là aussi !
Ils se mirent à courir parmi les Cantasha. Les cheveux devenaient blancs, la silhouette plus voûtée. Au loin, ils en virent une allongée. Ils allèrent jusqu’à elle. Profondément ridé, mais serein, le visage de Cantasha restait reconnaissable. Immobile, respirant avec peine, celle qu’ils voyaient là était mourante. Il y eut un cri : « RENATKA », puis plus rien. Cantasha n’arrivait pas à détacher son regard de ce qu’elle voyait. Renatka la tira doucement en arrière. Elle résista un peu puis finit par se laisser entraîner. Renatka guida leurs pas vers ses avatars.
Quand ils pénétrèrent dans la foule des Renatka, leur première impression fut d’être noyés dans une masse de jumeaux tellement tous se ressemblaient. Ils se mirent à courir. Autour d’eux, une foule compacte de Renatka tous identiques, seuls les habits changeaient. Cantasha remarqua leur vieillissement, mais pas celui de l’homme dont elle tenait la main. Elle s’arrêta brusquement surprenant Renatka :
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Regarde, ce clone là.
- Qu’est-ce qu’il a ?
- Il est habillé de noir. Et tous les autres aussi.
- Viens !
Ils se remirent à courir. L’homme de Corc devait manipuler l’espace car ils se déplacèrent à la vitesse de l’oiseau qui vole. La journée n’était pas à son midi qu’ils commencèrent à voir un changement dans les silhouettes qu’ils entrapercevaient. Les glyphes devinrent comme des rides qui se creusèrent en devenant plus sombres. Continuant à la même vitesse, ils regardaient défiler les silhouettes devant eux sans que la fin de cette foule ne soit visible. Ce fut Renatka qui s’arrêta.
- Regarde, c’est horrible, on dirait celui que nous avons vu l’autre nuit.
Ils observèrent horrifiés le clone qui s’agitait :
- Me ramène-t-il de l’or ? Où alors des pierres précieuses ?...
- Où sont-elles ? Je ne les vois pas ! Parle soldat !...
- Bien sûr qu’elles ont vaincu ! Montre-moi les richesses !...
- Imbécile ! Qu’est-ce que tu veux que j’en fasse, je suis déjà immortel ! Maudit sois-tu !...
Ils virent l’eau jaillir des mains de ce Renatka puis les pieux de pierre, puis le feu.
Cantasha se tourna vers son Renatka, il pleurait.
Renatka avait fui. De toute la puissance dont il était capable, il avait fui cette plaine et tous ces avatars de lui qui la peuplaient. Cantasha avait joint ses mains. Elles lui indiquèrent une direction. Elle avança au milieu de tous ces visages déformés de celui qu’elle aimait. Elle mit tout le reste de la journée à traverser cette foule indifférente. Elle s’arrêta un moment pour se reposer. Elle observa tous ces pantins à l’image de son amour qui s’agitaient dans leurs bulles.
Les gestes semblaient trop vifs, les paroles dites trop vite. Le temps dans ces enclaves ne devait pas être le même que pour elle. Elle avait faim, elle décida de manger quelque chose. Un détail la frappa. Elle se fit plus attentive. Le « Renatka » à sa droite était en train de redire ce qu’il avait dit au début de sa pause. Elle eut l’intuition que chaque bulle correspondait à un jour de la vie. Le roi de Corc, leur avait projeté chaque jour à venir dans une bulle différente. Elle commença à comprendre. Sa vie à elle avait une fin, pas celle de Renatka. Ils avaient vu ensemble des foules de foules d’avatars sans en voir la fin. Renatka était immortel ! Il fallait qu’elle le voie, maintenant. Elle joignit une nouvelle fois ses mains. Une fois qu’elle eut senti la direction, elle dit une rune de puissance et de vitesse et s’élança. Le vent siffla à ses oreilles, les objets devinrent flous autour d’elle. La nuit tombait. Elle cantila une rune de lumière. Le roi de Corc sourit en voyant cette étoile filante à travers la plaine. La nuit était jeune bien que noire quand l’étoile atteignit les premiers contreforts de la montagne. Elle ne s’arrêta pas et fila vers ce promontoire où un homme pleurait. Le roi de Corc hocha la tête de satisfaction et continua à tailler son morceau de bois.
Cantasha s’arrêta à distance de Renatka, elle cantila une rune de calme et de paix, pour elle, pour lui, pour eux. Elle s’approcha doucement, posa sa main sur son épaule et doucement, doucement, l’attira contre elle. Elle le berça presque et pour la première fois se donna à lui avec toute la plénitude de son amour, de sa vie, de son être. Le matin les trouva encore enlacés.
- Cantasha, tu as vu l’horreur que je vais devenir.
- Mais je suis là.
- Je sais, Mon Amour, mais après, après !
- Je te fais confiance, tu sauras ne pas devenir ça.
- Je ne sais pas, Cantasha, je ne sais pas !
- Il n’a pas tort !
Ils sursautèrent en entendant cette voix dans le brouillard du petit matin. Ils sautèrent sur leurs pieds. Renatka fit un geste, le vent qu’il créa dispersa la brume. Un homme jeune, assis sur un rocher un peu en retrait taillait une branche avec son couteau. Cantasha prit la parole :
- Qu’en sais-tu, Roi de Corc ?
- Tu as vu, Maîtresse Enchanteresse, je vous ai fait le cadeau de voir chaque jour de votre vie à venir. Tes jours sont encore nombreux, mais ceux du Porteur de flamme sont infinis.
- Ce n’est pas possible, il ne peut devenir cela !
- Tu as raison, Maîtresse Enchanteresse, tant que tu es là.
- Je ne peux pas être immortel, Homme de Corc.
- Tu as raison aussi, Porteur de flamme, mais tu ne peux ni mourir de maladie, ni d’accident, ni de vieillesse. Les glyphes qui t’ont été gravés, sont trop vieux et trop puissants pour laisser prise à ces contingences.
- Si j’en crois ce que tu montres, je vais devenir presque aussi mauvais que la Force Noire.
- Je n’y peux rien, Porteur de flamme, tels sont tes jours à venir. Je n’invente rien, je n’ai pas ce pouvoir. Dommage que tu n’aies pas été plus loin, tu aurais vu ta rencontre avec la Force Noire quand elle réussira à s’échapper, car elle réussira.
- Et qui a gagné la victoire ?
- Personne, Porteur de flamme ! Ta flamme est devenue noire et le monde fut perdu.
Renatka poussa un cri et tomba un genou à terre. Cantasha mit son bras autour de ses épaules.
- Prends-tu plaisir à le voir comme cela, Roi de Corc ?
- Non, Maîtresse Enchanteresse, car mon royaume ne résistera pas à cette alliance. Même si ici je suis maître du temps et de l’espace, je ne pourrais me battre contre cette chimère noire.
- Alors le monde est perdu !
Les gestes semblaient trop vifs, les paroles dites trop vite. Le temps dans ces enclaves ne devait pas être le même que pour elle. Elle avait faim, elle décida de manger quelque chose. Un détail la frappa. Elle se fit plus attentive. Le « Renatka » à sa droite était en train de redire ce qu’il avait dit au début de sa pause. Elle eut l’intuition que chaque bulle correspondait à un jour de la vie. Le roi de Corc, leur avait projeté chaque jour à venir dans une bulle différente. Elle commença à comprendre. Sa vie à elle avait une fin, pas celle de Renatka. Ils avaient vu ensemble des foules de foules d’avatars sans en voir la fin. Renatka était immortel ! Il fallait qu’elle le voie, maintenant. Elle joignit une nouvelle fois ses mains. Une fois qu’elle eut senti la direction, elle dit une rune de puissance et de vitesse et s’élança. Le vent siffla à ses oreilles, les objets devinrent flous autour d’elle. La nuit tombait. Elle cantila une rune de lumière. Le roi de Corc sourit en voyant cette étoile filante à travers la plaine. La nuit était jeune bien que noire quand l’étoile atteignit les premiers contreforts de la montagne. Elle ne s’arrêta pas et fila vers ce promontoire où un homme pleurait. Le roi de Corc hocha la tête de satisfaction et continua à tailler son morceau de bois.
Cantasha s’arrêta à distance de Renatka, elle cantila une rune de calme et de paix, pour elle, pour lui, pour eux. Elle s’approcha doucement, posa sa main sur son épaule et doucement, doucement, l’attira contre elle. Elle le berça presque et pour la première fois se donna à lui avec toute la plénitude de son amour, de sa vie, de son être. Le matin les trouva encore enlacés.
- Cantasha, tu as vu l’horreur que je vais devenir.
- Mais je suis là.
- Je sais, Mon Amour, mais après, après !
- Je te fais confiance, tu sauras ne pas devenir ça.
- Je ne sais pas, Cantasha, je ne sais pas !
- Il n’a pas tort !
Ils sursautèrent en entendant cette voix dans le brouillard du petit matin. Ils sautèrent sur leurs pieds. Renatka fit un geste, le vent qu’il créa dispersa la brume. Un homme jeune, assis sur un rocher un peu en retrait taillait une branche avec son couteau. Cantasha prit la parole :
- Qu’en sais-tu, Roi de Corc ?
- Tu as vu, Maîtresse Enchanteresse, je vous ai fait le cadeau de voir chaque jour de votre vie à venir. Tes jours sont encore nombreux, mais ceux du Porteur de flamme sont infinis.
- Ce n’est pas possible, il ne peut devenir cela !
- Tu as raison, Maîtresse Enchanteresse, tant que tu es là.
- Je ne peux pas être immortel, Homme de Corc.
- Tu as raison aussi, Porteur de flamme, mais tu ne peux ni mourir de maladie, ni d’accident, ni de vieillesse. Les glyphes qui t’ont été gravés, sont trop vieux et trop puissants pour laisser prise à ces contingences.
- Si j’en crois ce que tu montres, je vais devenir presque aussi mauvais que la Force Noire.
- Je n’y peux rien, Porteur de flamme, tels sont tes jours à venir. Je n’invente rien, je n’ai pas ce pouvoir. Dommage que tu n’aies pas été plus loin, tu aurais vu ta rencontre avec la Force Noire quand elle réussira à s’échapper, car elle réussira.
- Et qui a gagné la victoire ?
- Personne, Porteur de flamme ! Ta flamme est devenue noire et le monde fut perdu.
Renatka poussa un cri et tomba un genou à terre. Cantasha mit son bras autour de ses épaules.
- Prends-tu plaisir à le voir comme cela, Roi de Corc ?
- Non, Maîtresse Enchanteresse, car mon royaume ne résistera pas à cette alliance. Même si ici je suis maître du temps et de l’espace, je ne pourrais me battre contre cette chimère noire.
- Alors le monde est perdu !
Renatka avait relevé la tête.
- Si je ne peux mourir ni de maladie, ni de vieillesse, ni d’accident, alors peut-être sais-tu si je peux mourir au combat.
- Tu m’en demandes beaucoup, Porteur de flamme. Je ne sais pas mais vois-tu, je me pose la question.
Le roi de Corc en disant cela pointa sa branche taillée vers le couple. Brutalement, Renatka se précipita en avant et s’empala sur le morceau de bois. Cantasha poussa un cri d’horreur et se précipita pour rattraper Renatka qui tombait en arrière. Le roi de Corc avait lâché l’extrémité de la branche qu’il tenait, il regardait sans comprendre Renatka, son couteau, le bois. Puis jetant son couteau, il tomba à genoux en criant. Cantasha avait posé la tête de son bien-aimé sur ses genoux. La branche traversait tout le torse pour ressortir dans le dos sous l’omoplate. Elle n’osait pas la retirer ni cantiler une rune de guérison. Elle se dit que si le morceau de bois bougeait, il était mort. Puis lui vint la pensée que si elle n’y touchait pas, il était mort aussi.
- Pourquoi Renatka ? Pourquoi ?
- Je ne pouvais pas supporter l’idée de devenir ce que j’ai vu. Devenir l’allié de la Force Noire, autant en finir tout de suite.
- Mais moi, Renatka.
- Pardonne-moi !
Un voile passa sur le regard de Renatka. Cantasha hurla :
- Non…..
Le roi de Corc s’approcha :
- Je ne voulais pas, je ne voulais pas…
- Renatkaaaa…..
Du sang poissait la robe de Cantasha. La respiration de Renatka s’affaiblissait.
- Cantile, Maîtresse enchanteresse, cantile ce que tu connais de plus puissant, je vais essayer de lutter contre le temps de la mort.
Le Roi de Corc devint presque transparent. Son visage exprimait une concentration intense. Renatka prit une grande inspiration et poussa un cri, du sang coula de la blessure. Cantasha, des larmes pleins les yeux, cantila les cinq runes sacrées, en commençant par Cal…ent…blu puis elle continua par les noms sacrés des grands êtres. Celui du feu fut le premier arrivé, suivi par celui de l’eau, celui de l’air arriva en tourbillonnant, quant à celui de la terre il se manifesta en élevant le lieu où ils se tenaient. Il en fit une sphère de pierre dont le centre était Renatka flottant porté par l’être de vent. L’être de feu prit Cantasha dans ses bras. Usant des runes anciennes il dit :
- Ne pleure pas Cal…ent…blu. Je suis, nous sommes là.
- Mais, Fasssain…Ka, il est en train de mourir !
- Oui, mais Corc…ik…ti le maintient entre les deux mondes !
Le Roi de Corc, transpirait à grosses gouttes sous l’effort intense qu’il produisait.
- Fasssain…Ka, j’ai peur !
- Ecoute Cal…ent…blu !
Les quatre êtres cantilèrent la cantilène de l’être double, la cantilène royale qui ne peut être chantée par une gorge humaine. Une lumière prit naissance au-dessus d’eux. Cantasha tenait Renatka flottant au milieu du maelström de la danse des quatre êtres. Partout où son regard se posait, elle voyait le geste parfait de la cantilation et entendait l’inflexion exacte des runes. Elle sut que l’être double était là, approuvant ce qu’il voyait. Un son la fit vibrer, plus qu’un son, l’essence même des runes. Elle sentit bouger Renatka. Posant le regard sur lui, elle vit la lumière toucher le bois et la vibration s’amplifia. Le monde se brouilla autour d’elle. Elle vit la nature même des êtres. Elle vit et comprit le feu comme si elle était feu. Elle vit et comprit l’air comme si elle était vent. Elle vit et comprit la terre comme si elle était minérale. Elle vit et comprit l’eau comme si elle était liquide. Elle pensa aux runes sacrées, elle communia avec elles. Alors elle dit son amour, son désir de celui qui portait la flamme et qui vivait des glyphes. Alors l’être double la toucha de sa double nature. Elle eut la connaissance.
Elle sut pourquoi les runes étaient féminines et les glyphes masculins. Elle unit son esprit à celui de Renatka. Renatka y puisa sa force pour s’unir à elle. Il lui donna ses glyphes. Sentant le bois dans le corps, elle y draina les glyphes, puis elle y glissa les runes. La branche bougea. Renatka l’avait saisie et la retirait. Unie à sa nature, Cantasha guérissait ce corps meurtri qu’elle aimait tant.
La cantilène royale prit fin. Les quatre êtres s’immobilisèrent. Le roi de Corc reposait à terre, épuisé. Cantasha reprit conscience. Elle était debout, tenant la main de Renatka qui tenait la branche. L’être de la terre cantila sa rune, l’être de feu associa la sienne, puis l’être de l’air et celui de l’eau dirent les leurs. Sous l’action conjuguée des quatre runes élémentaires, Renatka sentit frémir ce qu’il tenait à la main. Quand son regard se posa dessus, brillant comme l’eau dans le soleil, le bois était devenu épée.
- Cal…ent…blu et toi Porteur de flamme, recevez le désir de BETH. Que cette épée ici forgée hors ton corps par la puissance des glyphes et des runes reçoive le nom de HoutKa. Quiconque la portera avec justice, recevra l’aide de BETH, quiconque essaiera de la détourner de la justice sera châtié.
L’être de l’air fut le premier à partir, suivi de l’être de l’eau. L’être de la terre emporta le roi de Corc qui se reposait de ses efforts.
Celui du feu s’attarda un peu. Cantasha lui prit la main :
- Sois remercié, Fasssain…Ka ainsi que tous les autres.
- Sans ton amour et ta fidélité rien ne serait arrivé, Cal…ent…blu. Toujours nous t’accompagnerons. Et toi Porteur de flamme, sans ce choix que tu as fait, le mal aurait envahi le monde. BETH, pour le purifier, l’aurait détruit.
- J’essaierai d’être digne du cadeau de l’être double. Mais que suis-je devenu ?
- Tu es devenu homme, simplement homme. HoutKa te servira tant que tu vivras. Après toi, d’autres luttes viendront et d’autres lutteurs de bien. Elle saura les servir. Puis un jour viendra où la Force Noire reviendra et d’autres l’enchaîneront si leur cœur est assez pur pour manier HoutKa. Maintenant, allez en paix.
A grandes enjambées, l’être de feu s’éloigna.
Accrochant HoutKa sur son dos et prenant la main de Cantasha, Renatka dit :
- Rentrons.
- Si je ne peux mourir ni de maladie, ni de vieillesse, ni d’accident, alors peut-être sais-tu si je peux mourir au combat.
- Tu m’en demandes beaucoup, Porteur de flamme. Je ne sais pas mais vois-tu, je me pose la question.
Le roi de Corc en disant cela pointa sa branche taillée vers le couple. Brutalement, Renatka se précipita en avant et s’empala sur le morceau de bois. Cantasha poussa un cri d’horreur et se précipita pour rattraper Renatka qui tombait en arrière. Le roi de Corc avait lâché l’extrémité de la branche qu’il tenait, il regardait sans comprendre Renatka, son couteau, le bois. Puis jetant son couteau, il tomba à genoux en criant. Cantasha avait posé la tête de son bien-aimé sur ses genoux. La branche traversait tout le torse pour ressortir dans le dos sous l’omoplate. Elle n’osait pas la retirer ni cantiler une rune de guérison. Elle se dit que si le morceau de bois bougeait, il était mort. Puis lui vint la pensée que si elle n’y touchait pas, il était mort aussi.
- Pourquoi Renatka ? Pourquoi ?
- Je ne pouvais pas supporter l’idée de devenir ce que j’ai vu. Devenir l’allié de la Force Noire, autant en finir tout de suite.
- Mais moi, Renatka.
- Pardonne-moi !
Un voile passa sur le regard de Renatka. Cantasha hurla :
- Non…..
Le roi de Corc s’approcha :
- Je ne voulais pas, je ne voulais pas…
- Renatkaaaa…..
Du sang poissait la robe de Cantasha. La respiration de Renatka s’affaiblissait.
- Cantile, Maîtresse enchanteresse, cantile ce que tu connais de plus puissant, je vais essayer de lutter contre le temps de la mort.
Le Roi de Corc devint presque transparent. Son visage exprimait une concentration intense. Renatka prit une grande inspiration et poussa un cri, du sang coula de la blessure. Cantasha, des larmes pleins les yeux, cantila les cinq runes sacrées, en commençant par Cal…ent…blu puis elle continua par les noms sacrés des grands êtres. Celui du feu fut le premier arrivé, suivi par celui de l’eau, celui de l’air arriva en tourbillonnant, quant à celui de la terre il se manifesta en élevant le lieu où ils se tenaient. Il en fit une sphère de pierre dont le centre était Renatka flottant porté par l’être de vent. L’être de feu prit Cantasha dans ses bras. Usant des runes anciennes il dit :
- Ne pleure pas Cal…ent…blu. Je suis, nous sommes là.
- Mais, Fasssain…Ka, il est en train de mourir !
- Oui, mais Corc…ik…ti le maintient entre les deux mondes !
Le Roi de Corc, transpirait à grosses gouttes sous l’effort intense qu’il produisait.
- Fasssain…Ka, j’ai peur !
- Ecoute Cal…ent…blu !
Les quatre êtres cantilèrent la cantilène de l’être double, la cantilène royale qui ne peut être chantée par une gorge humaine. Une lumière prit naissance au-dessus d’eux. Cantasha tenait Renatka flottant au milieu du maelström de la danse des quatre êtres. Partout où son regard se posait, elle voyait le geste parfait de la cantilation et entendait l’inflexion exacte des runes. Elle sut que l’être double était là, approuvant ce qu’il voyait. Un son la fit vibrer, plus qu’un son, l’essence même des runes. Elle sentit bouger Renatka. Posant le regard sur lui, elle vit la lumière toucher le bois et la vibration s’amplifia. Le monde se brouilla autour d’elle. Elle vit la nature même des êtres. Elle vit et comprit le feu comme si elle était feu. Elle vit et comprit l’air comme si elle était vent. Elle vit et comprit la terre comme si elle était minérale. Elle vit et comprit l’eau comme si elle était liquide. Elle pensa aux runes sacrées, elle communia avec elles. Alors elle dit son amour, son désir de celui qui portait la flamme et qui vivait des glyphes. Alors l’être double la toucha de sa double nature. Elle eut la connaissance.
Elle sut pourquoi les runes étaient féminines et les glyphes masculins. Elle unit son esprit à celui de Renatka. Renatka y puisa sa force pour s’unir à elle. Il lui donna ses glyphes. Sentant le bois dans le corps, elle y draina les glyphes, puis elle y glissa les runes. La branche bougea. Renatka l’avait saisie et la retirait. Unie à sa nature, Cantasha guérissait ce corps meurtri qu’elle aimait tant.
La cantilène royale prit fin. Les quatre êtres s’immobilisèrent. Le roi de Corc reposait à terre, épuisé. Cantasha reprit conscience. Elle était debout, tenant la main de Renatka qui tenait la branche. L’être de la terre cantila sa rune, l’être de feu associa la sienne, puis l’être de l’air et celui de l’eau dirent les leurs. Sous l’action conjuguée des quatre runes élémentaires, Renatka sentit frémir ce qu’il tenait à la main. Quand son regard se posa dessus, brillant comme l’eau dans le soleil, le bois était devenu épée.
- Cal…ent…blu et toi Porteur de flamme, recevez le désir de BETH. Que cette épée ici forgée hors ton corps par la puissance des glyphes et des runes reçoive le nom de HoutKa. Quiconque la portera avec justice, recevra l’aide de BETH, quiconque essaiera de la détourner de la justice sera châtié.
L’être de l’air fut le premier à partir, suivi de l’être de l’eau. L’être de la terre emporta le roi de Corc qui se reposait de ses efforts.
Celui du feu s’attarda un peu. Cantasha lui prit la main :
- Sois remercié, Fasssain…Ka ainsi que tous les autres.
- Sans ton amour et ta fidélité rien ne serait arrivé, Cal…ent…blu. Toujours nous t’accompagnerons. Et toi Porteur de flamme, sans ce choix que tu as fait, le mal aurait envahi le monde. BETH, pour le purifier, l’aurait détruit.
- J’essaierai d’être digne du cadeau de l’être double. Mais que suis-je devenu ?
- Tu es devenu homme, simplement homme. HoutKa te servira tant que tu vivras. Après toi, d’autres luttes viendront et d’autres lutteurs de bien. Elle saura les servir. Puis un jour viendra où la Force Noire reviendra et d’autres l’enchaîneront si leur cœur est assez pur pour manier HoutKa. Maintenant, allez en paix.
A grandes enjambées, l’être de feu s’éloigna.
Accrochant HoutKa sur son dos et prenant la main de Cantasha, Renatka dit :
- Rentrons.
Maintenant que le jour se lève, auditeur, nous pouvons revenir à notre aujourd’hui. Cette légende est tout ce qu’il nous reste de cette époque. Nul ne sait la suite, seule HoutKa a laissé sa trace dans la mémoire des peuples. Elle fut au service d’un homme des runes, puis quand les runes ont presque disparu, elle fut celle qui sauva Anguelbhorn, et plus tard TaatBangüelBuorn. Il existe bien d’autres légendes qui attendront car le jour est fait pour vivre.
Bonjour Leelou...
RépondreSupprimerQuel univers fantastique !
Pas eu le temps de tout lire, malheureusement, je reviendrai !
J'aime également écrire...des histoires (plus courtes, je l'avoue, je n'ai pas ton imagination :-)
Je suis allée jeter un coup d'oeil au site de photos: j'adore !
Mais impossible de laisser un message (autrement que sous "anonyme"), il doit y avoir un problème...
Bonne journée à toi !
Bonjour La Licorne,
RépondreSupprimerJe découvre ton commentaire un peu tardivement. Excuse-moi.
Merci... Tes paroles me touchent. Mais je ne suis pas l'auteure de ces histoires fantastiques même si j'en ai publié une. C'est le créateur du blog "Histoires à dire" qui a une imagination incroyable et qui couche sur écran de lumière ses fabuleuses histoires... Ses photos sont également superbes et les mots choisis de ses titres transportent toujours dans des interrogations multiples.
Nous espérons te voir revenir sur ce blog avec plaisir. J'apprécie de mon côté énormément ton site http://fabulo.blogspot.com/ et quotidiennement je m'en nourris... Merci de tous tes liens qui sont autant de fils qui mènent à nous-mêmes... Je suis allée aussi sur http://filigrane.over-blog.fr/ et j'apprécie beaucoup également :la poésie m'accompagne souvent.
Merci et au plaisir d'une lecture.
A bientôt.